Question d'origine :
Bonjour,
Quel est l'état actuel de la politique de controle ou régulation ,de la natalité dans le monde ?
Cette croissance démographique, quasi exponentielle depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, va t elle connaitre des limites plus ou moins naturelles ?
Ou en est, en particulier , la politique de l'enfant unique en Chine populaire, mais aussi la démographie de l'Inde, et du continent Africain, pour ne citer que ces trois zones du monde? merci.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/09/2018 à 10h52
Bonjour,
" La population mondiale augmente chaque année de 86 millions d'individus, ce qui représente un rythme de progression d'environ 1,2% par an. Cette croissance démographique a connu une accélération durant la seconde moitié du XXe siècle, liée en partie à un accroissement naturel très élevé dans la plupart des pays en voie de développement. Les rythmes actuels marquent toutefois unerelative décélération, mais l'augmentation de la population mondiale reste importante . [...]
Au rythme actuel de croissance de la population mondiale, le nombre total d'habitants sur la planète pourrait atteindre plus de 9 milliards à l'horizon 2050. Ce sont des niveaux de progression spectaculaires, même s'il faut souligner un tassement relatif depuis le début des années 1990. Les projections internationales ont en effet été revues à la baisse depuis deux décennies, alors que les scénarios les plus alarmistes promettaient plus de 15 milliards d'habitants au milieu du XXIe siècle. "
source : La population mondiale / Olivier David
Sur l'ensemble du globe, on observe des profils démographiques très différents voire opposés. Certains pays ont déjà terminé leur transition démographique depuis longtemps, d'autres l'amorcent à peine.
" La transition démographique désigne le passage d’un régime traditionnel où la fécondité et la mortalité sont élevées et s’équilibrent à peu près, à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s’équilibrent également." (source : INED)
Vous souhaitez connaître l'état des politiques de régulation des naissances dans trois espaces géographiques. Voici quelques données qui pourront vous intéresser :
La Chine
La Chine présente une évolution démographique assez brutale car elle a connu une famine meurtrière (1958-1961) consécutive au Grand Bond en avant puis une très coercitive politique de limitation des naissances. Passant sous le seuil de remplacement des génération dès la fin du XXe siècle, elle verra sa population stagner, puis décroître à partir de 2020 environ.
"Lafin de la politique de l'enfant unique, il y a deux ans , n'a visiblement pas suffi à relancer durablement la fécondité en Chine. Le nombre de naissances a ainsi chuté de 3,5% l'an dernier, malgré la possibilité offerte aux parents - effective depuis début 2016 - d'avoir deux enfants, après plus de trois décennies d'une politique de contrôle des naissances extrêmement controversée.
Selon les statistiques officielles, la Chine a enregistré l'an dernier 17,23 millions de naissances, soit moins que les 17,86 millions de 2016, qui avaient constitué un record de natalité depuis 2000 et avaient été mis en avant par Pékin pour prouver que la nouvelle réglementation portait ses fruits. [...]
Selon les conclusions d'une étude publiée en 2016 dans la revue scientifique The Lancet, l'assouplissement du contrôle des naissances aura le mérite de déplacer le pic de la population chinoise à 1,45 milliard de personnes en 2029, au lieu de 1,4 milliard en 2023 s'il n'avait pas eu lieu. Puis le géant asiatique commencera à rétrécir, pour tomber à 1,42 milliard de personnes en 2050. "
source : Le nombre de naissances a baissé en Chine l'an dernier / Cyrille Pluyette - Lefigaro.fr - 19/01/2018
Lire aussi : La Chine pourrait renoncer entièrement au contrôle des naissances / Cyrille Pluyette - Lefigaro.fr - 15/03/2018
L'Inde
" L’Inde fut la première au monde à s’aviser de la gravité du facteur démographique. Dès 1930, à Bangalore et à Mysore, dès 1933 à Madras, étaient créés les premiers centres de limitation des naissances financés par un gouvernement. Dès 1952, cinq ans après l’indépendance, c’est toute l’Inde qui a adopté une politique résolument antinataliste ; et cependant elle a largement échoué. Pourquoi ?
Indira Gandhi, pendant l’état d’urgence de 1976-1977, a profité des pouvoirs dictatoriaux pour imposer unestérilisation massive , souvent coercitive, à quelque 11 millions de personnes, pour la plupart des hommes. La réaction a été si brutale qu’elle perdu les élections et, pour un temps, le pouvoir."
source : Un monde intolérable. Le libéralisme en question / René Dumont
" À la différence de la Chine, qui est à peu près parvenue à maitriser sa croissance démographique, l'Inde connait toujours une augmentation rapide de sa population. La population indienne augmente d'environ 19 millions d'habitants par an (conséquence d'un taux global de fécondité de 2,7 enfants par femme - contre 1,7 pour la Chine). On peut ainsi s'attendre à ce que l'Inde devienne le pays le plus peuplé du monde aux alentours de 2025, ce qui pose des problèmes de surpopulation.
Ce constat est à nuancer au vu de la baisse du nombre d'enfant par femme ces dernières années (2,32 en 20166).
Ce qui est à noter ce ne sont pas tant les chiffres eux-mêmes, mais la tendance irrégulière et relativement lente des évolutions. La fécondité indienne commence à baisser à partir de 1975. En effet,à la différence de la Chine où est appliquée la politique de l'enfant unique, l'Inde a plus axé ses efforts sur la responsabilisation individuelle (centres d'information sur la contraception) . "
source : Démographie de l'Inde / Wikipedia
A lire aussi :
- Métamorphoses de l'Inde depuis 1947 / Emmanuel Derville
- En Inde, les dérives de la politique de stérilisation / Vanessa Dougnac - La Croix - 02/03/2015
L'Afrique
" La fécondité diminue bien en Afrique intertropicale, mais dans les milieux instruits et en villes plus que dans les campagnes où vit encore la majorité de la population. Si la baisse de la fécondité y est pour l'instant plus lente que celle observée il y a quelques décennies en Asie et en Amérique latine (voir la figure ci-contre), cela ne vient pas d'un refus de la contraception.
La plupart des familles rurales ne se sont certes pas encore converties au modèle à deux enfants, mais elles souhaitent avoir moins d'enfants et notamment plus espacés. Elles sont prêtes pour cela à utiliser la contraception mais ne bénéficient pas de services adaptés pour y arriver. Les programmes nationaux de limitation des naissances existent mais sont peu efficaces, manquent de moyens, et surtout souffrent d'un manque de motivation de leurs responsables et des personnels chargés de les mettre en œuvre sur le terrain.Beaucoup ne sont pas persuadés de l'intérêt de limiter les naissances y compris au plus haut niveau de l'État, même si ce n'est pas le discours officiel tenu aux organisations internationales . "
source : Sommes-nous trop nombreux sur Terre ? / Gilles Pison - La Tribune - 28/07/2017
La meilleure arme pour réguler les naissances ne semble pas uniquement relever de mesures politiques mais plutôt d'une amélioration de la situation économique, sociale et culturelle de ces États.
Comment maîtriser la progression démographique ?
Jacques Véron, directeur de recherches émérite à l’Ined, est formel. À court terme, c’est-à-dire dans les vingt prochaines années, on ne peut pas vraiment limiter la croissance démographique mondiale. En cause, l’inertie démographique : lorsqu’une population a eu une croissance rapide dans le passé, sa structure par âge étant très jeune, elle comprend une part importante de femmes en âge d’avoir des enfants. « Selon les hypothèses des Nations unies, dans l’hypothèse pondérée du renouvellement (2,1 enfants par femme), la population mondiale dépasse 8 milliards en 2025, en atteint 10 en 2050 et plus de 11 milliards en 2100, illustre-t-il. Si l’on prend le scénario le plus bas (1,6 enfant par femme), elle est toujours de 8 milliards en 2025, presque 9 en 2050 et diminue à partir de 2075 pour atteindre 7,3 en 2 100. Il n’y a donc pas d’effet immédiat. »
Dans cette perspective, c’est uniquement sur le long terme qu’il est possible d’agir. «L’amélioration des conditions de vie constitue un véritable levier , poursuit le chercheur. Tout l’enjeu aujourd’hui est que les individus puissent consommer davantage sans dégrader l’environnement de manière dramatique. En l’absence d’accès à l’éducation et à l’emploi, de régularité de revenus et de protection sociale, il n’existe pas d’incitations fortes à changer de comportements. » En Inde, des décennies de politiques incitatives ont été vaines, alors que le développement du sud du pays a provoqué la première décroissance démographique, argue-t-il.
En Afrique, dont la population pourrait dépasser 2 milliards en 2050, réduire progressivement la fécondité tout en améliorant la santé des populations est une urgence. Et en la matière, le premier levier est l’éducation des femmes et des filles de façon à ce qu’elles maîtrisent leur fécondité. "
source : Faut-il limiter la population pour sauver la planète ? / Denis Sergent, Jean-Baptiste François, Antoine d’Abbundo et Béatrice Bouniol - La Croix - 14/11/2017
Pour aller plus loin, quelques articles :
- Fécondité : un enjeu pour la planète ? / Revue Projet - 2017/4 (N° 359)
- Le début de la transition de la fécondité en Asie centrale / Thomas Spoorenberg - Population, 2017/3 (Vol. 72), p. 491-524
- Démographie : 11 milliards d'habitants prévus en 2100 / Grégoire Normand - La Tribune - 20/09/2017
- En 2100, un humain sur 3 sera africain / Lise Loumé - Sciences et avenir - 26.09.2017
- L'Inde «manque» de 63 millions de femmes / Shannah Mehidi - Le Figaro - 31/01/2018
- Tous les pays du monde (2017) / Gilles Pison - INED - septembre 2017
Quelques livres :
- Population mondiale / Olivier David
- population, mondialisation et développement : quelles dynamiques ? / sous la direction de Luc Cambrézy et Véronique Petit
- Géographie des peuplements et des populations : L'homme sur la terre / Jean-Marc Zaninetti
Bonne journée.
" La population mondiale augmente chaque année de 86 millions d'individus, ce qui représente un rythme de progression d'environ 1,2% par an. Cette croissance démographique a connu une accélération durant la seconde moitié du XXe siècle, liée en partie à un accroissement naturel très élevé dans la plupart des pays en voie de développement. Les rythmes actuels marquent toutefois une
Au rythme actuel de croissance de la population mondiale, le nombre total d'habitants sur la planète pourrait atteindre plus de 9 milliards à l'horizon 2050. Ce sont des niveaux de progression spectaculaires, même s'il faut souligner un tassement relatif depuis le début des années 1990. Les projections internationales ont en effet été revues à la baisse depuis deux décennies, alors que les scénarios les plus alarmistes promettaient plus de 15 milliards d'habitants au milieu du XXIe siècle. "
source : La population mondiale / Olivier David
Sur l'ensemble du globe, on observe des profils démographiques très différents voire opposés. Certains pays ont déjà terminé leur transition démographique depuis longtemps, d'autres l'amorcent à peine.
" La transition démographique désigne le passage d’un régime traditionnel où la fécondité et la mortalité sont élevées et s’équilibrent à peu près, à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s’équilibrent également." (source : INED)
Vous souhaitez connaître l'état des politiques de régulation des naissances dans trois espaces géographiques. Voici quelques données qui pourront vous intéresser :
La Chine
La Chine présente une évolution démographique assez brutale car elle a connu une famine meurtrière (1958-1961) consécutive au Grand Bond en avant puis une très coercitive politique de limitation des naissances. Passant sous le seuil de remplacement des génération dès la fin du XXe siècle, elle verra sa population stagner, puis décroître à partir de 2020 environ.
"La
Selon les statistiques officielles, la Chine a enregistré l'an dernier 17,23 millions de naissances, soit moins que les 17,86 millions de 2016, qui avaient constitué un record de natalité depuis 2000 et avaient été mis en avant par Pékin pour prouver que la nouvelle réglementation portait ses fruits. [...]
Selon les conclusions d'une étude publiée en 2016 dans la revue scientifique The Lancet, l'assouplissement du contrôle des naissances aura le mérite de déplacer le pic de la population chinoise à 1,45 milliard de personnes en 2029, au lieu de 1,4 milliard en 2023 s'il n'avait pas eu lieu. Puis le géant asiatique commencera à rétrécir, pour tomber à 1,42 milliard de personnes en 2050. "
source : Le nombre de naissances a baissé en Chine l'an dernier / Cyrille Pluyette - Lefigaro.fr - 19/01/2018
Lire aussi : La Chine pourrait renoncer entièrement au contrôle des naissances / Cyrille Pluyette - Lefigaro.fr - 15/03/2018
L'Inde
" L’Inde fut la première au monde à s’aviser de la gravité du facteur démographique. Dès 1930, à Bangalore et à Mysore, dès 1933 à Madras, étaient créés les premiers centres de limitation des naissances financés par un gouvernement. Dès 1952, cinq ans après l’indépendance, c’est toute l’Inde qui a adopté une politique résolument antinataliste ; et cependant elle a largement échoué. Pourquoi ?
Indira Gandhi, pendant l’état d’urgence de 1976-1977, a profité des pouvoirs dictatoriaux pour imposer une
source : Un monde intolérable. Le libéralisme en question / René Dumont
" À la différence de la Chine, qui est à peu près parvenue à maitriser sa croissance démographique, l'Inde connait toujours une augmentation rapide de sa population. La population indienne augmente d'environ 19 millions d'habitants par an (conséquence d'un taux global de fécondité de 2,7 enfants par femme - contre 1,7 pour la Chine). On peut ainsi s'attendre à ce que l'Inde devienne le pays le plus peuplé du monde aux alentours de 2025, ce qui pose des problèmes de surpopulation.
Ce constat est à nuancer au vu de la baisse du nombre d'enfant par femme ces dernières années (2,32 en 20166).
Ce qui est à noter ce ne sont pas tant les chiffres eux-mêmes, mais la tendance irrégulière et relativement lente des évolutions. La fécondité indienne commence à baisser à partir de 1975. En effet,
source : Démographie de l'Inde / Wikipedia
A lire aussi :
- Métamorphoses de l'Inde depuis 1947 / Emmanuel Derville
- En Inde, les dérives de la politique de stérilisation / Vanessa Dougnac - La Croix - 02/03/2015
L'Afrique
" La fécondité diminue bien en Afrique intertropicale, mais dans les milieux instruits et en villes plus que dans les campagnes où vit encore la majorité de la population. Si la baisse de la fécondité y est pour l'instant plus lente que celle observée il y a quelques décennies en Asie et en Amérique latine (voir la figure ci-contre), cela ne vient pas d'un refus de la contraception.
La plupart des familles rurales ne se sont certes pas encore converties au modèle à deux enfants, mais elles souhaitent avoir moins d'enfants et notamment plus espacés. Elles sont prêtes pour cela à utiliser la contraception mais ne bénéficient pas de services adaptés pour y arriver. Les programmes nationaux de limitation des naissances existent mais sont peu efficaces, manquent de moyens, et surtout souffrent d'un manque de motivation de leurs responsables et des personnels chargés de les mettre en œuvre sur le terrain.
source : Sommes-nous trop nombreux sur Terre ? / Gilles Pison - La Tribune - 28/07/2017
La meilleure arme pour réguler les naissances ne semble pas uniquement relever de mesures politiques mais plutôt d'une amélioration de la situation économique, sociale et culturelle de ces États.
Jacques Véron, directeur de recherches émérite à l’Ined, est formel. À court terme, c’est-à-dire dans les vingt prochaines années, on ne peut pas vraiment limiter la croissance démographique mondiale. En cause, l’inertie démographique : lorsqu’une population a eu une croissance rapide dans le passé, sa structure par âge étant très jeune, elle comprend une part importante de femmes en âge d’avoir des enfants. « Selon les hypothèses des Nations unies, dans l’hypothèse pondérée du renouvellement (2,1 enfants par femme), la population mondiale dépasse 8 milliards en 2025, en atteint 10 en 2050 et plus de 11 milliards en 2100, illustre-t-il. Si l’on prend le scénario le plus bas (1,6 enfant par femme), elle est toujours de 8 milliards en 2025, presque 9 en 2050 et diminue à partir de 2075 pour atteindre 7,3 en 2 100. Il n’y a donc pas d’effet immédiat. »
Dans cette perspective, c’est uniquement sur le long terme qu’il est possible d’agir. «
En Afrique, dont la population pourrait dépasser 2 milliards en 2050, réduire progressivement la fécondité tout en améliorant la santé des populations est une urgence. Et en la matière, le premier levier est l’éducation des femmes et des filles de façon à ce qu’elles maîtrisent leur fécondité.
source : Faut-il limiter la population pour sauver la planète ? / Denis Sergent, Jean-Baptiste François, Antoine d’Abbundo et Béatrice Bouniol - La Croix - 14/11/2017
Pour aller plus loin, quelques articles :
- Fécondité : un enjeu pour la planète ? / Revue Projet - 2017/4 (N° 359)
- Le début de la transition de la fécondité en Asie centrale / Thomas Spoorenberg - Population, 2017/3 (Vol. 72), p. 491-524
- Démographie : 11 milliards d'habitants prévus en 2100 / Grégoire Normand - La Tribune - 20/09/2017
- En 2100, un humain sur 3 sera africain / Lise Loumé - Sciences et avenir - 26.09.2017
- L'Inde «manque» de 63 millions de femmes / Shannah Mehidi - Le Figaro - 31/01/2018
- Tous les pays du monde (2017) / Gilles Pison - INED - septembre 2017
Quelques livres :
- Population mondiale / Olivier David
- population, mondialisation et développement : quelles dynamiques ? / sous la direction de Luc Cambrézy et Véronique Petit
- Géographie des peuplements et des populations : L'homme sur la terre / Jean-Marc Zaninetti
Bonne journée.
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Je recherche le nom de l'architecte qui a bâti l'immeuble...
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