Question d'origine :
Bonjour,
Je me demande environs combien de temps mettait une lettre à parvenir à son destinataire lorsque l'on vit à la fin du XIXe siècle en France. Par exemple, une correspondance entre un parisien et une personne d'un milieu rural d'un autre département.
La question est très vague, j'en ai conscience, mais était-ce des jours, des semaines, des mois ?
Merci pour votre travail !
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 05/09/2018 à 10h43
Bonjour,
Voici ce que nous dit l’ouvrage La mondialisation au XIXe siècle : 1850-1914 / Bruno Marnot
sur l’acheminement du courrier au XIXe siècle :
« De 1700 à 1850, le transport du courrier, placé sous le règne du cheval, connut un prodigieux développement. Cela fut particulièrement vrai de la France où le service de la poste devint un modèle en Europe… Dans la France de l’Ancien régime, le service postal était rarement quotidien et ne desservait que les grandes villes du royaume, grâce à un réseau routier de bonne qualité…. Il fallut attendre 1828 pour que les français jouissent d’un courrier quotidien. En 1793, la Révolution française introduisit une autre innovation, appelée à durer, la malle-poste, qui désignait la voiture du courrier. Ce service fut créé pour acheminer le courrier plus rapidement et dans des conditions de sécurité satisfaisantes. L’amélioration de la vitesse fut obtenue par l’allègement constant des voitures et celle de la sécurité par la solidité des matériaux qui la constituaient. Après plusieurs années de difficultés, la malle-poste prit un nouvel essor, lorsque l’un des derniers gouvernements de la Restauration décidé, en 1828, d’étendre à la province un service quotidien d’acheminement du courrier. La mise en service de nouveaux véhicules, les constantes avancées techniques dont ils bénéficièrent, ainsi que l’amélioration du revêtement des chaussées, furent autant de facteurs qui permirent à la malle-poste d’augmenter sa rapidité.Les délais de livraison du courrier se trouvèrent considérablement réduits à partir des années 1820. Entre Paris et Bordeaux, le transport des lettres et des voyageurs tomba à trente-sept heures contre trois journées et demie en 1814. Le gain de temps dans l’acheminement du courrier provoqua un bénéfice induit, en reculant la dernière levée des boîtes aux lettres dans la mesure où les malles-poste pouvaient partir plus tard. Elles purent en outre rouler de nuit dans de meilleures conditions, grâce à l’éclairage au gaz testé sur les voitures à partir de 1842. A cette date, quelque 200 véhicules sillonnaient les routes de France, effectuant une distance globale de plus de 7 millions de kilomètres annuels, à une vitesse moyenne de 14 km/h contre 6 km/h en 1814. » p. 204
Par la suite, le développement du nombre de facteurs ruraux (de 9476 en 1845 à 19000 en 1876), l’arrivée du transport par chemin de fer (et les fameux « ambulants ») qui remplaça définitivement la poste à cheval en 1873, puis la création de la Poste automobile rurale et la motorisation des tournées au XXe siècle… vont encore réduire les délais sur l’ensemble du territoire. Mais ceux-ci semblent rester assez incompressibles, et la rapidité de l’information va plutôt se jouer du côté des télécommunications que de celui du courrier postal. Voir Histoire de la Poste en France / Yves Lecouturier
De plus, il existe peu de sources ou d’ouvrages évoquant avec précision ces délais. Cependant, il semble quele temps mis par une lettre pour parvenir à son destinataire à la fin du XIXe siècle en France, se comptait plutôt en jours qu’en semaines ou mois. Ce délai devait très certainement être augmenté dans le cas d’une destination rurale reculée, car si le souci était bien réel de desservir de manière équitable le territoire, rappelons-le, les facteurs ruraux faisaient encore leur tournée quotidienne à pied !
Voici le constat fait par ce texte du Comité pour l’histoire de la Poste : 1830 ... 2030 : naissance, vie et disparition du « courrier » ? : «La question des délais de remise, hormis lors du pic de Noël et du Jour de l’An, ne transpire pas des sources : même si on devine bien qu’une lettre qui mettait trois jours pleins de Paris à Bordeaux avant 1850, n’en met plus que raisonnablement deux au pire en 1960, on constate quand même une ahurissante stagnation de ce concept de vitesse postale ! Paradoxalement, les postiers font d’ailleurs tout pour s’en tenir au critère de rapidité qui semble être la devise de l’administration. D’ailleurs, avant 1914, les PTT posent d’eux-mêmes les principes de l’acheminement dans un article du Bulletin mensuel des Postes et Télégraphes qui regroupe tous les textes et règlements administratifs régissant le service. Il est clairement dit que « l’acheminement idéal réunit les trois conditions suivantes qui sont conduire l’objet à destination dans les plus bref délais par le chemin le plus court en réduisant le nombre de manipulations ».
Voir ces deux articles très intéressants où vous trouverez de nombreux renseignements sur le nombre de facteurs, de lettres, et de kilomètres parcourus à travers la France et sur les évolutions de la poste au XIXe siècle :
Des éléments révélateurs de la société française : trafic postal et activité du service aux XIXe et XXe siècles, Sébastien Richez
Les mutations de La Poste de 1792 à 1990, entre ruptures et continuités, Benoit Oger
Voici quelques éléments glanés qui peuvent vous donner une idée des vitesses du courrier au XIXe siècle :
« Les vitesses de transport s’accroissent, les coûts diminuent : Paris-Lyon (500 km), 5 jours en 1816, 33 heures en 1848 par la malle-poste ; Paris Bordeaux : 6 jours en 1816, 40 heures en 1847. » (p. 196) dans Les campagnes françaises au XIXe siècle
« Au début du XIXe siècle, un courrier ordinaire envoyé par malle poste met trois jours à parcourir la distance Paris-Lille (250 km). Le développement du chemin de fer dans la deuxième moitié du XIXe siècle accélère ces déplacements, et permet par exemple à un journal imprimé à Paris de parvenir dès le lendemain dans la plupart des villes de province. » dans La transmission des informations, Musée des arts et métiers
« En 1830, les diligences atteignirent la moyenne d'un cheval au trot (10-11 km/h), en 1848, les malles-poste firent du 16-18 km/h, moyenne d'un cheval au galop. Mais le train fait alors du 32km/h.» dans Poste aux lettres – Poste aux chevaux - Bureau de poste à Triel et dans la région
Voir aussi :
La Poste : du messager à cheval au courrier électronique/ François Bertin
Histoire de la poste en milieu rural / Marino -Mauzan
Au temps des malles-postes et des diligences : histoire des transports publics et de poste du XVIIe au XIXe siècle
Histoire générale des postes française / Eugène Vaillé
Bonne journée !
Voici ce que nous dit l’ouvrage La mondialisation au XIXe siècle : 1850-1914 / Bruno Marnot
sur l’acheminement du courrier au XIXe siècle :
« De 1700 à 1850, le transport du courrier, placé sous le règne du cheval, connut un prodigieux développement. Cela fut particulièrement vrai de la France où le service de la poste devint un modèle en Europe… Dans la France de l’Ancien régime, le service postal était rarement quotidien et ne desservait que les grandes villes du royaume, grâce à un réseau routier de bonne qualité…. Il fallut attendre 1828 pour que les français jouissent d’un courrier quotidien. En 1793, la Révolution française introduisit une autre innovation, appelée à durer, la malle-poste, qui désignait la voiture du courrier. Ce service fut créé pour acheminer le courrier plus rapidement et dans des conditions de sécurité satisfaisantes. L’amélioration de la vitesse fut obtenue par l’allègement constant des voitures et celle de la sécurité par la solidité des matériaux qui la constituaient. Après plusieurs années de difficultés, la malle-poste prit un nouvel essor, lorsque l’un des derniers gouvernements de la Restauration décidé, en 1828, d’étendre à la province un service quotidien d’acheminement du courrier. La mise en service de nouveaux véhicules, les constantes avancées techniques dont ils bénéficièrent, ainsi que l’amélioration du revêtement des chaussées, furent autant de facteurs qui permirent à la malle-poste d’augmenter sa rapidité.
Par la suite, le développement du nombre de facteurs ruraux (de 9476 en 1845 à 19000 en 1876), l’arrivée du transport par chemin de fer (et les fameux « ambulants ») qui remplaça définitivement la poste à cheval en 1873, puis la création de la Poste automobile rurale et la motorisation des tournées au XXe siècle… vont encore réduire les délais sur l’ensemble du territoire. Mais ceux-ci semblent rester assez incompressibles, et la rapidité de l’information va plutôt se jouer du côté des télécommunications que de celui du courrier postal. Voir Histoire de la Poste en France / Yves Lecouturier
De plus, il existe peu de sources ou d’ouvrages évoquant avec précision ces délais. Cependant, il semble que
Voici le constat fait par ce texte du Comité pour l’histoire de la Poste : 1830 ... 2030 : naissance, vie et disparition du « courrier » ? : «
Voir ces deux articles très intéressants où vous trouverez de nombreux renseignements sur le nombre de facteurs, de lettres, et de kilomètres parcourus à travers la France et sur les évolutions de la poste au XIXe siècle :
Des éléments révélateurs de la société française : trafic postal et activité du service aux XIXe et XXe siècles, Sébastien Richez
Les mutations de La Poste de 1792 à 1990, entre ruptures et continuités, Benoit Oger
Voici quelques éléments glanés qui peuvent vous donner une idée des vitesses du courrier au XIXe siècle :
« Les vitesses de transport s’accroissent, les coûts diminuent : Paris-Lyon (500 km), 5 jours en 1816, 33 heures en 1848 par la malle-poste ; Paris Bordeaux : 6 jours en 1816, 40 heures en 1847. » (p. 196) dans Les campagnes françaises au XIXe siècle
« Au début du XIXe siècle, un courrier ordinaire envoyé par malle poste met trois jours à parcourir la distance Paris-Lille (250 km). Le développement du chemin de fer dans la deuxième moitié du XIXe siècle accélère ces déplacements, et permet par exemple à un journal imprimé à Paris de parvenir dès le lendemain dans la plupart des villes de province. » dans La transmission des informations, Musée des arts et métiers
« En 1830, les diligences atteignirent la moyenne d'un cheval au trot (10-11 km/h), en 1848, les malles-poste firent du 16-18 km/h, moyenne d'un cheval au galop. Mais le train fait alors du 32km/h.» dans Poste aux lettres – Poste aux chevaux - Bureau de poste à Triel et dans la région
La Poste : du messager à cheval au courrier électronique/ François Bertin
Histoire de la poste en milieu rural / Marino -Mauzan
Au temps des malles-postes et des diligences : histoire des transports publics et de poste du XVIIe au XIXe siècle
Histoire générale des postes française / Eugène Vaillé
Bonne journée !
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