Question d'origine :
Pourquoi Fabergé fabriquait des oeufs et pourquoi sont-ils aussi chers ?
Merci pour votre aide.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/09/2018 à 10h43
Bonjour,
Ce sont les tsars Alexandre III et Nicolas II qui ont passé commande d’œufs de Pâques au joailler Fabergé car il était d'usage d'offrir un œuf décoré à l'arrivée du printemps fin XVIIIe et courant XIXe siècle.
Voici ce qu'explique Géza von Habsburg-Lothringen, dans l'ouvrage Faberge : joaillier à la cour de Russie :
De tous les symboles païens qui nous viennent de la nuit des temps, l'œuf — image de la création et de la vie — demeure aujourd'hui l'un des plus présents.A l'époque de Saint-Augustin, l'œuf devint le symbole de la Résurrection du Christ et dès le Moyen Age l'on prit, en Europe, l'habitude d'offrir des œufs à Pâques. En Russie également, dès l'aube du Christianisme, s'instaura cette coutume de célébrer tout à la fois la Résurrection et le début du printemps par l'échange de trois baisers et l'offrande d'un œuf. Vers la fin du XIIIe siècle, en Europe, l'on eut l'idée de teindre les œufs et à l'instar des autres pays, la Russie se mit à peindre des œufs de Pâques avec des colorants naturels et cette habitude s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Mais ce n'est que vers la fin du XVIIIe siècle qu'apparaissent les premiers œufs de Pâques artificiels : les œufs de verre ou de porcelaine des manufactures impériales de Saint-Pétersbourg, de pierre dure des ateliers d'Ekaterinenburg, de papier mâché de Lukutin ou de Vish-niakov — et qui remportent aussitôt un très vif succès populaire. L'aristocratie et la riche bourgeoisie, toutefois, commandent des modèles plus élaborés, en or ou argent émaillés et sertis de pierres précieuses. Les bonbonnières en forme d'œuf et remplies de dragées sont les plus recherchées.
La breloque — œuf de Pâques miniature — apparaît également au XVIIIe siècle. On peut en admirer quelques-unes serties de diamants à l'Ermitage, dans le Trésor. Fabergé sut s'en inspirer et même certains de ses œufs sont de pures et simples copies des modèles les plus anciens. Mais c'est à Fabergé que revient le mérite d'avoir rendu tellement populaire l'œuf de Pâques miniature. A Pâques, les dames de la bonne société portaient ces œufs accrochés à leurs colliers ou à leurs bracelets. [...]
Et bien que ces objets aient été fabriqués par milliers pour répondre à une demande croissante, il est bien rare d'en trouver deux qui soient identiques (ill. 124).
Fabergé réalisa aussi, pour des cadeaux de Pâques, des objets fonctionnels en forme d'œuf comme des bonbonnières, nombre de boutons de sonnette, des flacons ou des sceaux. On peut en voir aujourd'hui de nombreux exemples dans des collections, tel ce bouton de sonnette en jaspe surmonté d'un éléphant et renfermé dans un original écrin de bois peint en forme d'œuf de Pâques.
Tous ces œufs inaugurent la série des œufs de grande dimension commandés par les Tsars Alexandre III et Nicolas II et qui ne connaissent pas de précédent dans l'histoire des Arts. On peut voir un rapport entre laconcession du privilège de fournisseur de la Cour à Fabergé en 1884 et la livraison du premier œuf de Pâques commandé par Alexandre III pour la Tsarine. L'on raconte que le Tsar désirait offrir à sa femme Dagmar, née princesse de Danemark, un cadeau de Pâques lui rappelant sa patrie. Le premier œuf de Pâques impérial de Fabergé (Cat. 1) reproduit très fidèlement un œuf d'or émaillé de blanc opaque contenant une poule miniature. L'original se trouve aujourd'hui au château de Rosenborg, à Copenhague27. Le succès immédiat de cette idée assura à Fabergé la commande impériale d'un nouvel œuf chaque année et chacun d'eux contenait quelque délicieuse et charmante surprise. D'où cette extraordinaire série d'œufs de Pâques impériaux signés Fabergé et qui surpassa en beauté et en prix tout ce qui avait été réalisé jusqu'alors.
Onze de ces œufs furent exécutés pour le Tsar Alexandre III entre 1884 et 1894, année de sa mort. De 1895 31917, son fils Nicolas II perpétua la tradition en offrant à l'occasion de Pâques un de ces œufs et à sa mère et à sa femme Alexandra, soit 46 en tout. Des 57 œufs réalisés selon toute vraisemblance, 46 nous sont connus d'une façon ou d'une autre. Dix d'entre eux demeurent en Russie, précieusement conservés au Palais des Armures du Kremlin. Tous les autres ont pris le chemin de l'Ouest: vingt-trois — dont les neuf de la collection Forbes — se trouvent aux Etats-Unis, sept sont en Europe et quatre demeurent disparus.
Alexandre de Solodkoff dans son ouvrage intitulé Fabergé revient sur l'histoire du premier œuf impérial, L'Œuf à la poule :
Le premier œuf impérial
C'est Alexandre III qui demande à Fabergé de réaliser un œuf à l'occasion de Pâques 1885, pour l'offrir à la tsarine. L'histoire veut que le tsar souhaitait offrir à son épouse, née princesse de Danemark, un cadeau qui lui rappelle sa patrie. Le premier œuf de Pâques impérial de Fabergé est une copie fidèle d'un œuf d'or émaillé de blanc opaque, contenant une poule miniature. Cet original fait aujourd'hui partie de la collection royale danoise et se trouve au château de Rosenborg à Copenhague. Le succès immédiat de cette idée vaut à Fabergé d'avoir chaque année la commande impériale d'un nouvel œuf et plus tard de deux œufs ; il signera pour une série de de cinquante-quatre œufs de Pâques impériaux.
Pourquoi ces oeufs sont-ils si chers ?
Tout concourt à ce qu'ils soient onéreux : la finesse et qualité de réalisation, la matière (pierres et métaux précieux) et l'ingéniosité du mécanisme, le temps passé à les concevoir et les fabriquer (tous les modèles sont faits mains et originaux), leur rareté.... ce sont de véritables objets d'art.
Alexandre de Solodkoff nous dit " Après avoir passé quelques dizaines, quelques centaines, voire quelques milliers d'heures dans les mains des artisans, quand l'objet est prêt à être emballé (généralement dans un écrin d'érable ou de houx, garni de soie imprimée avec la marque de la maison), c'est Fabergé lui-même qui décide si la pièce est digne de porter le label "Fabergé". Brainbridge se souvient l'avoir vu à plusieurs reprises rejeter, sans un commentaire, un article qui ne le satisfaisait pas. Comme il en est fait état dans le catalogue de 1899, "chaque article, même si sa valeur n'excède pas un rouble, doit être fabriqué avec le souci du moindre détail." "
A lire aussi en ligne :
- Dictionnaire amoureux de Saint-Pétersbourg / Vladimir FÉDOROVSKI
- La Russie fantôme: l'émigration russe de 1920 à 1950 / Marina Gorboff
Bonne journée.
Ce sont les tsars Alexandre III et Nicolas II qui ont passé commande d’œufs de Pâques au joailler Fabergé car il était d'usage d'offrir un œuf décoré à l'arrivée du printemps fin XVIIIe et courant XIXe siècle.
Voici ce qu'explique Géza von Habsburg-Lothringen, dans l'ouvrage Faberge : joaillier à la cour de Russie :
De tous les symboles païens qui nous viennent de la nuit des temps, l'œuf — image de la création et de la vie — demeure aujourd'hui l'un des plus présents.
La breloque — œuf de Pâques miniature — apparaît également au XVIIIe siècle. On peut en admirer quelques-unes serties de diamants à l'Ermitage, dans le Trésor. Fabergé sut s'en inspirer et même certains de ses œufs sont de pures et simples copies des modèles les plus anciens. Mais c'est à Fabergé que revient le mérite d'avoir rendu tellement populaire l'œuf de Pâques miniature. A Pâques, les dames de la bonne société portaient ces œufs accrochés à leurs colliers ou à leurs bracelets. [...]
Et bien que ces objets aient été fabriqués par milliers pour répondre à une demande croissante, il est bien rare d'en trouver deux qui soient identiques (ill. 124).
Fabergé réalisa aussi, pour des cadeaux de Pâques, des objets fonctionnels en forme d'œuf comme des bonbonnières, nombre de boutons de sonnette, des flacons ou des sceaux. On peut en voir aujourd'hui de nombreux exemples dans des collections, tel ce bouton de sonnette en jaspe surmonté d'un éléphant et renfermé dans un original écrin de bois peint en forme d'œuf de Pâques.
Tous ces œufs inaugurent la série des œufs de grande dimension commandés par les Tsars Alexandre III et Nicolas II et qui ne connaissent pas de précédent dans l'histoire des Arts. On peut voir un rapport entre la
Onze de ces œufs furent exécutés pour le Tsar Alexandre III entre 1884 et 1894, année de sa mort. De 1895 31917, son fils Nicolas II perpétua la tradition en offrant à l'occasion de Pâques un de ces œufs et à sa mère et à sa femme Alexandra, soit 46 en tout. Des 57 œufs réalisés selon toute vraisemblance, 46 nous sont connus d'une façon ou d'une autre. Dix d'entre eux demeurent en Russie, précieusement conservés au Palais des Armures du Kremlin. Tous les autres ont pris le chemin de l'Ouest: vingt-trois — dont les neuf de la collection Forbes — se trouvent aux Etats-Unis, sept sont en Europe et quatre demeurent disparus.
Alexandre de Solodkoff dans son ouvrage intitulé Fabergé revient sur l'histoire du premier œuf impérial, L'Œuf à la poule :
Le premier œuf impérial
C'est Alexandre III qui demande à Fabergé de réaliser un œuf à l'occasion de Pâques 1885, pour l'offrir à la tsarine. L'histoire veut que le tsar souhaitait offrir à son épouse, née princesse de Danemark, un cadeau qui lui rappelle sa patrie. Le premier œuf de Pâques impérial de Fabergé est une copie fidèle d'un œuf d'or émaillé de blanc opaque, contenant une poule miniature. Cet original fait aujourd'hui partie de la collection royale danoise et se trouve au château de Rosenborg à Copenhague. Le succès immédiat de cette idée vaut à Fabergé d'avoir chaque année la commande impériale d'un nouvel œuf et plus tard de deux œufs ; il signera pour une série de de cinquante-quatre œufs de Pâques impériaux.
Pourquoi ces oeufs sont-ils si chers ?
Tout concourt à ce qu'ils soient onéreux : la finesse et qualité de réalisation, la matière (pierres et métaux précieux) et l'ingéniosité du mécanisme, le temps passé à les concevoir et les fabriquer (tous les modèles sont faits mains et originaux), leur rareté.... ce sont de véritables objets d'art.
Alexandre de Solodkoff nous dit " Après avoir passé quelques dizaines, quelques centaines, voire quelques milliers d'heures dans les mains des artisans, quand l'objet est prêt à être emballé (généralement dans un écrin d'érable ou de houx, garni de soie imprimée avec la marque de la maison), c'est Fabergé lui-même qui décide si la pièce est digne de porter le label "Fabergé". Brainbridge se souvient l'avoir vu à plusieurs reprises rejeter, sans un commentaire, un article qui ne le satisfaisait pas. Comme il en est fait état dans le catalogue de 1899, "chaque article, même si sa valeur n'excède pas un rouble, doit être fabriqué avec le souci du moindre détail." "
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