Origine mythe hiérarchie/dominance chien familier
SCIENCES ET TECHNIQUES
+ DE 2 ANS
Le 24/08/2018 à 17h37
352 vues
Question d'origine :
Bonjour,
c'est la toute première fois que je me permets d'utiliser vos services et je vous remercie d'avance de votre réponse.
Voici de quoi il s'agit : le monde cynophile est régulièrement embarrassé d'une théorie que l'on pourrait nommer "Meute/Hiérarchie/Dominance", qui prône que le chien familier et son foyer constituent une "meute" qui répond à une "hiérarchie", et que le manieur du chien doit être le "dominant", toutes choses qui produisent bien des dérives au quotidien.
Bien que les savoirs éthologiques confirment depuis près de deux décennies qu'il n'en est rien, qu'il ne s'agit que d'un anthropomorphisme calqué que les modèles sociétaux pyramidaux humains, cette croyance perdure cependant, d'ailleurs en partie propagée par les vétérinaires eux-mêmes, qui de fait sont certes spécialisés dans la santé animale mais aucunement en éthologie ni en comportementalisme.
Je rédige moi-même un ouvrage qui traite de ce sujet (ou du moins en constitue-t-il une partie) et j'avoue avoir du mal à trouver l'origine de la croyance en question.
J'ai entendu dire (ce qui laisse grand place à bien des élucubrations j'en ai conscience) qu'après guerre, ou peut-être dans les années 50 ou 60, une équipe de 2 (ou 3 ?) chercheurs, qui n'étaient pas éthologues (!), avaient rassemblé des loups sauvages en enclos, les avaient observé et en avaient tiré moult déductions erronées, puis qu'ils s'étaient rétractés quelques années plus tard mais que personne ne les avait entendu. Mais je n'arrive malheureusement pas à identifier l'équipe en question malgré mes différentes recherches, et il est hors de question que je fournisse à mes (j'espère) lecteurs des informations non consolidées.
Il semblerait aussi que Lucyan David Mech, zoologiste américain, ait été partie prenante dans l'affaire, ou bien qu'ils soit intervenu de son côté sans lien avec la première équipe (pour peu qu'elle ait existé), mais là encore je manque de matière consolidée.
J'espère avoir été suffisamment clair sur mes interrogations ...
Toute information que vous pourriez me transmettre me sera obligatoirement utile !
Bien courtoisement vôtre,
LM
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 28/08/2018 à 14h38
Réponse du département Sciences et techniques :
Bonjour,
Nous avons effectivement retrouvé des pistes sur les travaux que vous évoquez.
Vinciane Despret, dans « Que diraient les animaux, si on leur posait les bonnes questions ? », aborde ces questions et cite ses sources.
D’abord sur ce qui constituerait l’origine de cette conception de la dominance, elle renvoie aux travaux de Thelma Rowell sur la primatologie car les premières controverses concerneraient les babouins avant les loups.
C’est dans " the concept of social dominance", Behavioral Biology, 11, 1974, p.131-154 que Thelma Rowell aborde ce questionnement.
Vinciane Despret fait ensuite des hypothèses sur les fondements de la conception de la dominance. Selon ce qu’elle rapporte, elle relèverait d’une conception du social que les primatologues emprunteraient à la sociologie, et selon laquelle la société préexisterait au travail des acteurs. Elle s’appuie en cela sur les thèses de Bruno Latour.
Quant à la question des loups et aux études dont vous parlez, voilà ce que dit Vinciane Despret :
« Dans années 1930, suite aux travaux du spécialiste Rudolph Schenkel, la théorie du loup Alpha s’est imposée. Fin des années 1960, le grand spécialiste américain des loups David Mech la reprendra ; il prolongera les recherches dans cette direction et contribuera à la populariser. Fin des années 1990, cependant, David Mech remet toute la théorie en cause. Il a suivi des meutes pendant treize étés au Canada : ce qu’on appelle meute est en fait une famille […]. Il n’y a pas de dominance […]»
Plus loin elle explique que les recherches antérieures de Schenkel et Mech s’étaient cantonnées dans les parcs animaliers et zoos créés d’individus étrangers les uns des autres avec nourritures fournies par les humains. Dans ces conditions, les loups tentent de s’organiser dans le stress. Alors les « Alphas dominent, les bêtas composent et les Omégas tentent de survivre aux persécutions incessantes ».
C’est donc à ces recherches que vous faisiez référence.
On peut trouver les thèses de Rudolph Schenkel dans «expression studies on wolves : captivity observations », basle and the zoological institute of the university of basle, p.81-112. Vinciane Despret ajoute que "le texte n‘est pas daté mais qu’il s’agit d’un travail entaméen 1947 . La lecture en vaut la peine : on y trouve toutes les affirmations théoriques ususelles concernant la théorie de la dominance".
Nous avons retrouvé une trace de ce texte par le biais des publications de David Mech.
Toujours concernant les travaux de Mech, Viciane Despret renvoie à son article récapitulatif « whatever happened to the term Alpha wolf ? », International wolf, 4,18, hiver 2008, p 4-8.
Plus précisément sur la recherche de treize années sur les loups en milieu naturel, L. David Mech en rend compte dans un article publié en 1999. L’article est en anglais. Alpha status, dominance and division of labor in wolf packs
Il explique que l’étude a été réalisée de1986 à 1998 .
Cordialement
Bonjour,
Nous avons effectivement retrouvé des pistes sur les travaux que vous évoquez.
Vinciane Despret, dans «
D’abord sur ce qui constituerait l’origine de cette conception de la dominance, elle renvoie aux travaux de Thelma Rowell sur la primatologie car les premières controverses concerneraient les babouins avant les loups.
C’est dans " the concept of social dominance", Behavioral Biology, 11, 1974, p.131-154 que Thelma Rowell aborde ce questionnement.
Vinciane Despret fait ensuite des hypothèses sur les fondements de la conception de la dominance. Selon ce qu’elle rapporte, elle relèverait d’une conception du social que les primatologues emprunteraient à la sociologie, et selon laquelle la société préexisterait au travail des acteurs. Elle s’appuie en cela sur les thèses de Bruno Latour.
Quant à la question des loups et aux études dont vous parlez, voilà ce que dit Vinciane Despret :
« Dans années 1930, suite aux travaux du spécialiste Rudolph Schenkel, la théorie du loup Alpha s’est imposée. Fin des années 1960, le grand spécialiste américain des loups David Mech la reprendra ; il prolongera les recherches dans cette direction et contribuera à la populariser. Fin des années 1990, cependant, David Mech remet toute la théorie en cause. Il a suivi des meutes pendant treize étés au Canada : ce qu’on appelle meute est en fait une famille […]. Il n’y a pas de dominance […]»
Plus loin elle explique que les recherches antérieures de Schenkel et Mech s’étaient cantonnées dans les parcs animaliers et zoos créés d’individus étrangers les uns des autres avec nourritures fournies par les humains. Dans ces conditions, les loups tentent de s’organiser dans le stress. Alors les « Alphas dominent, les bêtas composent et les Omégas tentent de survivre aux persécutions incessantes ».
C’est donc à ces recherches que vous faisiez référence.
On peut trouver les thèses de Rudolph Schenkel dans «expression studies on wolves : captivity observations », basle and the zoological institute of the university of basle, p.81-112. Vinciane Despret ajoute que "le texte n‘est pas daté mais qu’il s’agit d’un travail entamé
Nous avons retrouvé une trace de ce texte par le biais des publications de David Mech.
Toujours concernant les travaux de Mech, Viciane Despret renvoie à son article récapitulatif « whatever happened to the term Alpha wolf ? », International wolf, 4,18, hiver 2008, p 4-8.
Plus précisément sur la recherche de treize années sur les loups en milieu naturel, L. David Mech en rend compte dans un article publié en 1999. L’article est en anglais. Alpha status, dominance and division of labor in wolf packs
Il explique que l’étude a été réalisée de
Cordialement
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