Question d'origine :
Bonjour
J'ai à nouveau une question sur les surveillantes pénitentiaires auprès des détenus hommes.
Je souhaiterais recueillir les arguments de ceux qui sont pour les quotas de femmes surveillantes et qui soutiennent la présence des femmes en milieu pénitentiaire masculin, et ceux qui s'y opposent et qui pensent que les femmes n'y ont pas leur place.
J'ai recherché des documents, témoignages, prises de position officielles mais sans succès. Existe-il de tels documents ? Mis à part les textes de loi, et les extraits d'ouvrages sociologiques.
D'avance merci pour l'attention que vous porterez à mon message.
Belle journée à vous.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 22/08/2018 à 08h56
Bonjour,
De premières recherches nous montrent qu’il n’existe effectivement que peu d’études ou de retours sur votre sujet. C’est encore dans les études et ouvrages sociologiques que vous trouverez le plus de témoignage.
La dernière partie de l’ouvrage Femmes surveillantes. Hommes détenus pourrait vous intéresser et demeure la référence sur cette thématique.
L’auteure, Anne Christine Legendre est ainsi fréquemment questionnée sur le statut des femmes surveillantes et présente les différents points de vue.
Vous trouverez des extraits de ces considérations dans « Des femmes surveillantes dans les prisons pour hommes », Tapia Claude, Le Gendre Anne-Christine, Le Journal des psychologues, 2018/3 (n° 355), p. 58-63
De même, dans, L’obs, « femmes surveillantes : difficile d’entrer dans le « bastion viril » des prisons pour hommes »,(2017) , Agathe Ranc rapporte les propos de l’auteure :
« Comment les détenus vivent-ils la présence de femmes parmi les surveillants ?
J'ai effectué des entretiens dans des quartiers de différents types. Ils y sont globalement favorables. On entre un peu dans le stéréotype : ils disent par exemple qu'il n'y a "pas de mauvaise surprise" avec les surveillantes, qui sont moins versatiles dans leur façon d'interpréter le règlement, et donc plus dignes de confiance...
Les détenus remarquent aussi qu'il y a moins de rapports de force avec les surveillantes. Elles ne lâchent pas forcément plus que les surveillants, mais s'y prennent avec plus de diplomatie.
En 1983, lorsque la première femme directrice de l'administration pénitentiaire Myriam Ezratty justifie l'affectation de femmes dans les détentions pour hommes, elle estime qu'elles apporteront "un apaisement de la violence" et permettront de créer "d'autres formes de relations". Cette vision stéréotypée de ce que seraient les caractéristiques dites "féminines" (douceur, dialogue...) reposerait-elle sur une réalité ?
Détenus comme surveillants et surveillantes utilisent, pour parler des hommes, le champ lexical de l'autorité et pour parler des femmes celui du respect. Il y a probablement une part de stéréotypes, mais aussi une partie fondée. Ce qui est dit c'est que les surveillantes suscitent du respect tandis qu'avec les hommes, on est plus dans l'affrontement potentiel. »
L’autre étude clef à ne pas manquer sur ce sujet est celle de Guillaume Malochet dont vous trouverez là encore un exposé dans son article : « Des femmes dans la maison des hommes. L'exemple des surveillantes de prison », Travail, genre et sociétés, 2007/1 (Nº 17), p. 105-121.
Dans La féminisation à l’épreuve de la prison. Recompositions et permanences d’un ordre professionnel, Cécile Rambourg rapporte : « Dans l’analyse qu’il fait des arguments mis en avant par Mme Ezratty pour l’entrée des femmes en détention masculine, G. Malochet explique que cette dernière est convaincue de l’effet apaisant que les femmes apporteront sur le climat violent de détention (Malochet, 2007). La Directrice prolonge ainsi une certaine tradition relative aux qualités propres des femmes qui rendent leur présence particulièrement utile dans les relations sociales ou interpersonnelles. Elle situe la présence des femmes en détention masculine, non sur le versant du droit des femmes par exemple (ce qui ne signifie pas qu’elle n’y était pas attachée), mais sur les qualités spécifiques des femmes qui doivent être utilisées en tant que telles ».
Nous terminerons par la citation d’un article « Surveillante de prison mes collègues ont parfois tendance à me surprotéger », publié dans Nouvel Obs :
« Nous n'avons pas le même rapport aux détenus que nos collègues masculins : c'est un avantage dans la gestion humaine, mais un inconvénient sur le risque d'agression physique.
Aujourd'hui, les collègues ayant connu l'époque où les surveillants pénitentiaires étaient exclusivement masculins estiment que notre présence a apporté beaucoup d'apaisement en détention. Nous ne sommes pas dans le rapport de force.
Quand un détenu exige quelque chose auprès d'un collègue, il ne va pas se laisser faire. Il va vouloir en découdre, simplement parce qu'on est dans une relation entre hommes. J'ai observé qu'une femme surveillante, même si elle dit "non", va plutôt discuter, être dans le dialogue.
"Ma seule arme, c'est mon sifflet" : les gardiens de prison craquent
Des détenus vont même jusqu'à nous confier leur parcours de vie. Je me souviens très bien de l'un, incarcéré après une récidive. Pourtant, il avait vraiment eu une détention exemplaire ! Il était calme, posé, et travaillait. Après avoir juré qu'il ne reviendrait plus, il avait décidé de reprendre sa vie en main. Un jour, je l'ai croisé de nouveau derrière les barreaux. Il m'a dit :
(…)
Autre exemple : j'ai travaillé un temps à la surveillance des parloirs, côté familles. Certains détenus me l'ont dit : ils préfèrent lorsque ce sont des femmes en poste, c'est moins traumatisant pour eux. Ça les touche de voir qu'on s’occupe bien de leur famille, qu'on s’entend bien avec leurs enfants. Parfois, on les croise dans une coursive et ils nous glissent, contents ».
Ces quelques références devraient vous permettre de repérer les arguments des uns et des autres. Bon travail.
De premières recherches nous montrent qu’il n’existe effectivement que peu d’études ou de retours sur votre sujet. C’est encore dans les études et ouvrages sociologiques que vous trouverez le plus de témoignage.
La dernière partie de l’ouvrage Femmes surveillantes. Hommes détenus pourrait vous intéresser et demeure la référence sur cette thématique.
L’auteure, Anne Christine Legendre est ainsi fréquemment questionnée sur le statut des femmes surveillantes et présente les différents points de vue.
Vous trouverez des extraits de ces considérations dans « Des femmes surveillantes dans les prisons pour hommes », Tapia Claude, Le Gendre Anne-Christine, Le Journal des psychologues, 2018/3 (n° 355), p. 58-63
De même, dans, L’obs, « femmes surveillantes : difficile d’entrer dans le « bastion viril » des prisons pour hommes »,(2017) , Agathe Ranc rapporte les propos de l’auteure :
« Comment les détenus vivent-ils la présence de femmes parmi les surveillants ?
J'ai effectué des entretiens dans des quartiers de différents types. Ils y sont globalement favorables. On entre un peu dans le stéréotype : ils disent par exemple qu'il n'y a "pas de mauvaise surprise" avec les surveillantes, qui sont moins versatiles dans leur façon d'interpréter le règlement, et donc plus dignes de confiance...
Les détenus remarquent aussi qu'il y a moins de rapports de force avec les surveillantes. Elles ne lâchent pas forcément plus que les surveillants, mais s'y prennent avec plus de diplomatie.
En 1983, lorsque la première femme directrice de l'administration pénitentiaire Myriam Ezratty justifie l'affectation de femmes dans les détentions pour hommes, elle estime qu'elles apporteront "un apaisement de la violence" et permettront de créer "d'autres formes de relations". Cette vision stéréotypée de ce que seraient les caractéristiques dites "féminines" (douceur, dialogue...) reposerait-elle sur une réalité ?
Détenus comme surveillants et surveillantes utilisent, pour parler des hommes, le champ lexical de l'autorité et pour parler des femmes celui du respect. Il y a probablement une part de stéréotypes, mais aussi une partie fondée. Ce qui est dit c'est que les surveillantes suscitent du respect tandis qu'avec les hommes, on est plus dans l'affrontement potentiel. »
L’autre étude clef à ne pas manquer sur ce sujet est celle de Guillaume Malochet dont vous trouverez là encore un exposé dans son article : « Des femmes dans la maison des hommes. L'exemple des surveillantes de prison », Travail, genre et sociétés, 2007/1 (Nº 17), p. 105-121.
Dans La féminisation à l’épreuve de la prison. Recompositions et permanences d’un ordre professionnel, Cécile Rambourg rapporte : « Dans l’analyse qu’il fait des arguments mis en avant par Mme Ezratty pour l’entrée des femmes en détention masculine, G. Malochet explique que cette dernière est convaincue de l’effet apaisant que les femmes apporteront sur le climat violent de détention (Malochet, 2007). La Directrice prolonge ainsi une certaine tradition relative aux qualités propres des femmes qui rendent leur présence particulièrement utile dans les relations sociales ou interpersonnelles. Elle situe la présence des femmes en détention masculine, non sur le versant du droit des femmes par exemple (ce qui ne signifie pas qu’elle n’y était pas attachée), mais sur les qualités spécifiques des femmes qui doivent être utilisées en tant que telles ».
Nous terminerons par la citation d’un article « Surveillante de prison mes collègues ont parfois tendance à me surprotéger », publié dans Nouvel Obs :
« Nous n'avons pas le même rapport aux détenus que nos collègues masculins : c'est un avantage dans la gestion humaine, mais un inconvénient sur le risque d'agression physique.
Aujourd'hui, les collègues ayant connu l'époque où les surveillants pénitentiaires étaient exclusivement masculins estiment que notre présence a apporté beaucoup d'apaisement en détention. Nous ne sommes pas dans le rapport de force.
Quand un détenu exige quelque chose auprès d'un collègue, il ne va pas se laisser faire. Il va vouloir en découdre, simplement parce qu'on est dans une relation entre hommes. J'ai observé qu'une femme surveillante, même si elle dit "non", va plutôt discuter, être dans le dialogue.
"Ma seule arme, c'est mon sifflet" : les gardiens de prison craquent
Des détenus vont même jusqu'à nous confier leur parcours de vie. Je me souviens très bien de l'un, incarcéré après une récidive. Pourtant, il avait vraiment eu une détention exemplaire ! Il était calme, posé, et travaillait. Après avoir juré qu'il ne reviendrait plus, il avait décidé de reprendre sa vie en main. Un jour, je l'ai croisé de nouveau derrière les barreaux. Il m'a dit :
(…)
Autre exemple : j'ai travaillé un temps à la surveillance des parloirs, côté familles. Certains détenus me l'ont dit : ils préfèrent lorsque ce sont des femmes en poste, c'est moins traumatisant pour eux. Ça les touche de voir qu'on s’occupe bien de leur famille, qu'on s’entend bien avec leurs enfants. Parfois, on les croise dans une coursive et ils nous glissent, contents ».
Ces quelques références devraient vous permettre de repérer les arguments des uns et des autres. Bon travail.
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