Surveillants prisons femmes/hommes
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 13/08/2018 à 10h22
1060 vues
Question d'origine :
Bonjour
Nous avons une question sur les surveillants en prison.
Nous savons que les femmes peuvent surveiller les hommes détenus. Elles ont les mêmes tâches que les hommes et peuvent tout faire comme eux sauf fouiller les détenus.
En revanche, nous ne savons pas si à l'inverse, les hommes peuvent surveiller les détenues femmes. Il y a beaucoup de documentation sur les femmes surveillantes dans les maisons d'arrêt pour hommes mais rien en revanche sur les surveillants de quartiers réservés aux femmes. Pourriez-vous nous éclairer sur cette partie ?
Merci beaucoup pour votre réponse
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 14/08/2018 à 10h52
Bonjour,
Dans son article publié en 2014 dans la revue Hermès : Conduites sexualisées et pouvoir dans les prisons de femmes, Myriam Joël-Lauf précise que « contrairement à la détention masculine où la surveillance mixte a été introduite en 1998,les femmes détenues ne sont surveillées que par des femmes (les premiers surveillants et les chefs de bâtiment peuvent cependant être des hommes). »
Voici en outre ce que nous pouvons lire dans un extrait de son ouvrage La sexualité en prison de femmes (2017), disponible dans Google Books (le livre étant actuellement emprunté à la BmL, nous n’avons pas pu le consulter directement) :
« Des détenues qui démontrent leur pouvoir
La détention féminine est un espace d’exception sur le sol pénitentiaire car il s’y produit un renversement des rapports de pouvoir ayant cours dans les autres espaces carcéraux : elle est un espace d’affirmation du pouvoir féminin au-dedans d’un espace d’affirmation du pouvoir masculin. Si les surveillantes et les gradées s’attachent à réguler en ce sens les conduites de leurs collègues masculins, les détenues adoptent pour leur part des comportements ouvertement sexualisés à l’égard des hommes de passage.
Elles aussi se déclarent en majorité opposées à l’introduction de la mixité dans le personnel de surveillance . Non seulement le peu d’intimité qu’on leur concède serait dès lors impossible à sauvegarder à leurs yeux, mais plus généralement elles assimilent la présence de surveillants à un élément perturbateur et à une intrusion dans un entre-soi qu’elles entendent préserver (et ce, alors même qu’elles déplorent le caractère vicié des relations féminines).
Le souvenir d’expériences traumatisantes avec les hommes est d’abord si présent qu’elles se sentent spontanément intimidées face aux agents masculins, voire face aux surveillantes à l’allure masculine. Mais surtout, leurs réseaux de sociabilité précarcérale se caractérisent fréquemment par une éviction des hommes et, partant, par des rapports monosexués, notamment au travers de la constitution de noyaux de solidarité féminine avec leur mère, leurs sœurs, leurs tantes, leurs amies et leurs voisines. Pour les femmes violentées, la relation intense entretenue avec la mère ou la sœur était devenue un « couple-refuge […] prenant la place du couple conjugal en cas de rupture. Outre cette fuite du conjugal, la pression exercée par le conjoint pour limiter les rapports avec d’autres hommes, sa défection du foyer familial et les mauvaises relations, voire l’absence de liens, avec le père et les autres hommes de la famille concourent à ce que, dès avant leur incarcération, les hommes ne constituaient déjà plus des interlocuteurs quotidiens privilégiés pour de nombreuses détenues. Les réticences exprimées à l’encontre d’une surveillance mixte ne se réduisent donc pas à une question de pudeur ou à la crainte de la reconduction d’une domination masculine tel que cela est spontanément mis en avant, elles résultent aussi, plus finement, de l’élaboration précarcérale d’un système de relations monosexuées au sein de la sphère privée, et notamment domestique. »
Dans la prison de femmes de Rennes, « Parmi les 145 surveillants en uniforme qui [y] travaillent […],seuls les personnels féminins sont au contact direct des détenues . »
Source : Prison de femmes, à Rennes : document inédit ce dimanche sur TF1, leblogtvnews.com
Vous pouvez visionner le documentaire d’Eric Masson pour l'émission Grands Reportages dans cette prison sur le site bigreplay.com.
Pour aller plus loin :
- Dans une prison de femmes : une juge en immersion, Isabelle Rome
- Les conditions de détention en France : rapport 2011, Observatoire international des prisons
Bonne journée.
Dans son article publié en 2014 dans la revue Hermès : Conduites sexualisées et pouvoir dans les prisons de femmes, Myriam Joël-Lauf précise que « contrairement à la détention masculine où la surveillance mixte a été introduite en 1998,
Voici en outre ce que nous pouvons lire dans un extrait de son ouvrage La sexualité en prison de femmes (2017), disponible dans Google Books (le livre étant actuellement emprunté à la BmL, nous n’avons pas pu le consulter directement) :
« Des détenues qui démontrent leur pouvoir
La détention féminine est un espace d’exception sur le sol pénitentiaire car il s’y produit un renversement des rapports de pouvoir ayant cours dans les autres espaces carcéraux : elle est un espace d’affirmation du pouvoir féminin au-dedans d’un espace d’affirmation du pouvoir masculin. Si les surveillantes et les gradées s’attachent à réguler en ce sens les conduites de leurs collègues masculins, les détenues adoptent pour leur part des comportements ouvertement sexualisés à l’égard des hommes de passage.
Le souvenir d’expériences traumatisantes avec les hommes est d’abord si présent qu’elles se sentent spontanément intimidées face aux agents masculins, voire face aux surveillantes à l’allure masculine. Mais surtout, leurs réseaux de sociabilité précarcérale se caractérisent fréquemment par une éviction des hommes et, partant, par des rapports monosexués, notamment au travers de la constitution de noyaux de solidarité féminine avec leur mère, leurs sœurs, leurs tantes, leurs amies et leurs voisines. Pour les femmes violentées, la relation intense entretenue avec la mère ou la sœur était devenue un « couple-refuge […] prenant la place du couple conjugal en cas de rupture. Outre cette fuite du conjugal, la pression exercée par le conjoint pour limiter les rapports avec d’autres hommes, sa défection du foyer familial et les mauvaises relations, voire l’absence de liens, avec le père et les autres hommes de la famille concourent à ce que, dès avant leur incarcération, les hommes ne constituaient déjà plus des interlocuteurs quotidiens privilégiés pour de nombreuses détenues. Les réticences exprimées à l’encontre d’une surveillance mixte ne se réduisent donc pas à une question de pudeur ou à la crainte de la reconduction d’une domination masculine tel que cela est spontanément mis en avant, elles résultent aussi, plus finement, de l’élaboration précarcérale d’un système de relations monosexuées au sein de la sphère privée, et notamment domestique. »
Dans la prison de femmes de Rennes, « Parmi les 145 surveillants en uniforme qui [y] travaillent […],
Source : Prison de femmes, à Rennes : document inédit ce dimanche sur TF1, leblogtvnews.com
Vous pouvez visionner le documentaire d’Eric Masson pour l'émission Grands Reportages dans cette prison sur le site bigreplay.com.
- Dans une prison de femmes : une juge en immersion, Isabelle Rome
- Les conditions de détention en France : rapport 2011, Observatoire international des prisons
Bonne journée.
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