La main de Napoléon
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 27/07/2018 à 12h53
590 vues
Question d'origine :
Bonjour. Sait-on pourquoi Napoléon Bonaparte met-il la main sur sa poitrine dans presque tous ses tableaux?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 30/07/2018 à 12h42
Bonjour,
La page Wikipedia consacrée à la main dans le gilet évoque plusieurs hypothèses plus ou moins crédibles :
«Douleurs à l'estomac
La première, la plus connue et la plus décriée par les historiens, comme Thierry Lentz, raconte que Napoléon se tenait le ventre à cause de douleurs stomacales.
Les raisons probables
La posture que l'on retrouve sur les portraits de nombreuses personnalités serait en réalité le fruit de deux causes :
Gestuelle oratoire
Ce geste rencontré dans les portraits officiels, était une posture inspirée de l'attitude du philosophe grec Eschine lors de ses discours, bien avant Napoléon.
Règle de décence
À cette époque, il était inconvenant de laisser pendre ses bras le long du corps, mais les culottes et pantalons étaient dénués de poches, c'est pourquoi l'usage pour les hommes était de porter la main à l'intérieur de son gilet, une posture notamment inspirée de l'œuvre de l'ecclésiastique et écrivain saint Jean-Baptiste de La Salle, Les règles de la bienséance et de la civilité chrétienne en 1702.
« C’est un défaut de croiser les bras sur la poitrine, de les entrelacer derrière le dos, de les laisser pendre avec nonchalance, de les balancer en marchant, sous prétexte de soulagement ; l’usage veut que si l’on se promène avec une canne à la main, le bras qui est sans appui soit posé légèrement contre le corps, et qu’il reçoive un mouvement presque imperceptible, sans cependant le laisser tomber de côté ; si l’on n’a point de canne, ni manchon, ni gants, il est assez ordinaire de poser le bras droit sur la poitrine ou sur l’estomac, en mettant la main dans l’ouverture de la veste, à cet endroit, et de laisser tomber la gauche en pliant le coude, pour faciliter la position de la main, sous la basque de la veste. En général, il faut tenir les bras dans une situation qui soit honnête et décente. »
— Jean-Baptiste de La Salle, Les règles de la bienséance et de la civilité chrétienne, chapitre XI »
Notons que Napoléon n’est pas le seul ni le premier personnage représenté avec sa main dans le gilet. On trouve de nombreux exemples de portraits avec ce type de posture, par exemple :
- Portrait de Régis Courbet
- Portrait d'homme la main dans le gilet
- Et quelques autres
Par ailleurs cette pose qui lui est si étroitement associée pourrait justement être, avec le bicorne et l’uniforme, un moyen de rendre Napoléon plus facilement reconnaissable dans ses portraits. Dans la mesure où les peintres se voient rarement accorder un de pose pour croquer ses traits, il leur faut recourir à d’autres moyens :
« Des centaines de représentations contemporaines de Napoléon, portraits, tableaux sur lesquels il figure sont disponibles : miniatures, bustes, statues, profils sur les pièces de monnaie, etc. Pour les réaliser, rares sont les artistes qui peuvent se targuer d’avoir obtenu une séance de pose. Cet homme toujours en mouvement estime que c’est une perte de temps. Ainsi, pour préparer son Bonaparte au pont d’Arcole (1797), Gros a bénéficié de la complicité de Joséphine, qui aurait maintenu son mari sur ses genoux pour l’immobiliser pendant que le peintre le croquait. Plus tard, David a droit lui aussi à quelques minutes pour son portrait (inachevé) du général Bonaparte (1797-1798) et d’autres œuvres, comme le fameux Sacre (présenté en 1808) ou le Napoléon dans son cabinet de travail aux Tuileries (1812). Il n’a pas eu cette chance pour son [i]Bonaparte franchissant les Alpes (1801), pour lequel il a dû demander… à son fils de poser à la place du Premier consul. Gérard et Isabey sont sans doute de ceux qui ont aussi eu le privilège d’un moment de pose. La plupart des autres artistes devront se contenter de crayonner leur modèle lors d’audiences, de présences dans les théâtres ou lors de revues, les seuls moments où, si l’on ose dire, il reste en place. Pour rendre les portraits « crédibles », le célèbre bicorne, l’uniforme de colonel des chasseurs ou des grenadiers de la garde et la main dans le gilet sont autant de moyens de rendre l’Empereur toujours « reconnaissable », y compris dans les compositions complexes, comme les scènes de bataille, les grandes cérémonies ou les scènes plus intimes.
De toutes ces représentations, souvent sous-tendues par le désir de flatter, voire de magnifier le modèle, ressort une physionomie « moyenne » de Napoléon : yeux bleu-gris, nez aquilin, lèvres fines, teint pâle, cheveu devenu rare au fil du temps, embonpoint de plus en plus marqué et revu à la baisse par les artistes. Les témoignages du temps, qui notent tous son regard perçant, la sévérité de son maintien, la séduction de son sourire permettent de cerner encore mieux sa physionomie. »
Source : Napoléon en 100 questions Thierry Lentz
Bonne journée.
La page Wikipedia consacrée à la main dans le gilet évoque plusieurs hypothèses plus ou moins crédibles :
«
La première, la plus connue et la plus décriée par les historiens, comme Thierry Lentz, raconte que Napoléon se tenait le ventre à cause de douleurs stomacales.
La posture que l'on retrouve sur les portraits de nombreuses personnalités serait en réalité le fruit de deux causes :
Ce geste rencontré dans les portraits officiels, était une posture inspirée de l'attitude du philosophe grec Eschine lors de ses discours, bien avant Napoléon.
À cette époque, il était inconvenant de laisser pendre ses bras le long du corps, mais les culottes et pantalons étaient dénués de poches, c'est pourquoi l'usage pour les hommes était de porter la main à l'intérieur de son gilet, une posture notamment inspirée de l'œuvre de l'ecclésiastique et écrivain saint Jean-Baptiste de La Salle, Les règles de la bienséance et de la civilité chrétienne en 1702.
« C’est un défaut de croiser les bras sur la poitrine, de les entrelacer derrière le dos, de les laisser pendre avec nonchalance, de les balancer en marchant, sous prétexte de soulagement ; l’usage veut que si l’on se promène avec une canne à la main, le bras qui est sans appui soit posé légèrement contre le corps, et qu’il reçoive un mouvement presque imperceptible, sans cependant le laisser tomber de côté ; si l’on n’a point de canne, ni manchon, ni gants, il est assez ordinaire de poser le bras droit sur la poitrine ou sur l’estomac, en mettant la main dans l’ouverture de la veste, à cet endroit, et de laisser tomber la gauche en pliant le coude, pour faciliter la position de la main, sous la basque de la veste. En général, il faut tenir les bras dans une situation qui soit honnête et décente. »
— Jean-Baptiste de La Salle, Les règles de la bienséance et de la civilité chrétienne, chapitre XI »
Notons que Napoléon n’est pas le seul ni le premier personnage représenté avec sa main dans le gilet. On trouve de nombreux exemples de portraits avec ce type de posture, par exemple :
- Portrait de Régis Courbet
- Portrait d'homme la main dans le gilet
- Et quelques autres
Par ailleurs cette pose qui lui est si étroitement associée pourrait justement être, avec le bicorne et l’uniforme, un moyen de rendre Napoléon plus facilement reconnaissable dans ses portraits. Dans la mesure où les peintres se voient rarement accorder un de pose pour croquer ses traits, il leur faut recourir à d’autres moyens :
« Des centaines de représentations contemporaines de Napoléon, portraits, tableaux sur lesquels il figure sont disponibles : miniatures, bustes, statues, profils sur les pièces de monnaie, etc. Pour les réaliser, rares sont les artistes qui peuvent se targuer d’avoir obtenu une séance de pose. Cet homme toujours en mouvement estime que c’est une perte de temps. Ainsi, pour préparer son Bonaparte au pont d’Arcole (1797), Gros a bénéficié de la complicité de Joséphine, qui aurait maintenu son mari sur ses genoux pour l’immobiliser pendant que le peintre le croquait. Plus tard, David a droit lui aussi à quelques minutes pour son portrait (inachevé) du général Bonaparte (1797-1798) et d’autres œuvres, comme le fameux Sacre (présenté en 1808) ou le Napoléon dans son cabinet de travail aux Tuileries (1812). Il n’a pas eu cette chance pour son [i]Bonaparte franchissant les Alpes (1801), pour lequel il a dû demander… à son fils de poser à la place du Premier consul. Gérard et Isabey sont sans doute de ceux qui ont aussi eu le privilège d’un moment de pose. La plupart des autres artistes devront se contenter de crayonner leur modèle lors d’audiences, de présences dans les théâtres ou lors de revues, les seuls moments où, si l’on ose dire, il reste en place. Pour rendre les portraits « crédibles », le célèbre bicorne, l’uniforme de colonel des chasseurs ou des grenadiers de la garde et la main dans le gilet sont autant de moyens de rendre l’Empereur toujours « reconnaissable », y compris dans les compositions complexes, comme les scènes de bataille, les grandes cérémonies ou les scènes plus intimes.
De toutes ces représentations, souvent sous-tendues par le désir de flatter, voire de magnifier le modèle, ressort une physionomie « moyenne » de Napoléon : yeux bleu-gris, nez aquilin, lèvres fines, teint pâle, cheveu devenu rare au fil du temps, embonpoint de plus en plus marqué et revu à la baisse par les artistes. Les témoignages du temps, qui notent tous son regard perçant, la sévérité de son maintien, la séduction de son sourire permettent de cerner encore mieux sa physionomie. »
Source : Napoléon en 100 questions Thierry Lentz
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter