Civilisations/peuples à la fois pacifiques et redoutables ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 30/06/2018 à 07h09
1196 vues
Question d'origine :
Je voulais savoir s'il existait, dans l'Histoire, des cas de civilisations ou de peuples pacifiques mais redoutables quand c'est la guerre.
Merci à vous.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/07/2018 à 10h03
Bonjour,
Dans un monde fictif, nous pourrions dire que le peuple des Houyhnhnms, dans Les voyages de Gulliver, ou en remontant encore dans l’histoire, que les citoyens des îles d’Or, - la Crète pour les Grecs anciens, les îles fortunées chez Plutarque, Héliopolis chez Diodore de Sicile, l’Atlantide décrite par Platon dans Le Critias – représentent ces « civilisations pacifiques » mais dans le monde réel, il en est tout autre.
Le terme même de « civilisation » est en soi tout une histoire et difficilement transposable à votre questionnement étant entendu qu’elle qualifie le « fait pour un peuple de quitter une condition primitive (un état de nature) pour progresser dans le domaine des mœurs, des connaissances, des idées ».
Source : Trésor de la langue française informatisé.
Nous reformulerions plus volontiers pour nous interroger de savoir s’il existe ou non des peuples ou des tribus pacifiques et s’il est possible d’être toute à la fois pacifique et redoutable.
De premières recherches, laissent à penser que ces termes antinomiques ne peuvent être employés pour qualifier un peuple.
Ainsi, le site clio.fr rapporte que les Taïnos, originaires du delta de l'Orénoque – le Venezuela actuel, établis dans les Antilles au début de notre ère et probablement un peu avant, peuple prospère et pacifique, furent décimés par les armes des conquistadors.
Difficile donc d’être à la fois pacifique et un guerrier redoutable.
Sans tomber dans le mythe du bon sauvage le cas d’une tribu récemment découverte, celle des Sentinelles, présente sur les îles Andaman et qui refuse tout contact avec la civilisation moderne, n’hésitant pas lorsqu’elle se sent attaquée d’utiliser les armes, pourrait correspondre à votre description. Peut-on pour autant présumer que les sentinelles sont pacifiques ? Est-ce un préalable à la vie en autarcie sur une île ?
En élargissant le point de vue, nous pourrions éventuellement considérer que les tibétains sont tout à la fois pacifiques et de redoutables guerriers. Le premier étant reflété par leur religion, le boudhisme, le deuxième par leur histoire marquée par de nombreuses guerres, violences et exactions. Nous pourrions alors envisager d'inclure d'autres peuples d'Asie dans ce "groupe".
Aussi, pour rebondir sur votre question, nous nous interrogeons de savoir si, par essence, une civilisation peut être pacifique ? La violence ne serait-elle pas inhérente à l’homme, la guerre une donnée propre à l’homme ?
Ainsi, dans une réponse du Guichet du savoir portant sur la fatalité de la guerre nous citions Pourquoi la guerre ? Comment la paix ?, Élisabeth Combres et Florence Thinard qui expliquent que la guerre est une catastrophe quotidienne et naturelle dont l’humanité devrait s’accommoder. Pourtant la guerre ne s’abat pas sur les nations et sur les peuples comme une tempêtes ou un tremblement de terre. Elle naît des tensions qui parcourent les sociétés humaines, des rivalités qui les déchirent, de l’avidité de quelques-uns pour la richesse et le pouvoir. Les êtres humains sont-ils donc violents par nature ?
Les auteures présentent une chronologie des guerres et rappellent ainsi qu’à l’aube de l’humanité des empoignades avaient déjà lieu, les guerres préhistoriques apparaissant en même temps que l’agriculteur. Elles visaient probablement les premières récoltes et les premiers villages du néolithique vers 6500 avant J.C.
L’étude des guerres montre qu’aucune civilisation et qu’aucune époque n’a été épargnée et les causes semblent les mêmes : soif de pouvoir ou de richesse, peur de l’autre, désir de vengeance. La guerre serait-elle dans la nature de l’homme ?
Une guerre début souvent pour plusieurs causes, certaines officielles, d’autres cachées ; les guerres de défense apparaissent comme les plus claires et les plus justes. On répond à une attaque, on porte secours à un pays allié, on se rebelle contre un oppresseur … Mais, aiguillonnés par la peur, certains en viennent à appliquer le principe cher à Napoléon : « La meilleur défense, c’est l’attaque ». Des Etats prennent alors les devants pour se protéger d’une menace réelle … ou imaginaire.
Pourquoi l’homme fait-il la guerre ?
Les penseurs s’interrogent depuis des siècles sur la cause des violences. Dans l’Antiquité. Platon la trouva dans la nature passionnée de l’homme. Au Ve siècle, saint Augustin estima qu’elle venait de son âme corrompue. Pour Hobbes, les hommes et leurs pays ont les mêmes défauts.
Souvenons-nous que « l’homme est un loup pour l’homme »
Pour Rousseau, l’homme est au contraire un être pacifique, poussé à la guerre par les injustices (…) Selon Freud, père de la psychanalyse au XXe siècle, elle est le produit de l’esprit humain, dont certaines pulsions poussent à détruire et à tuer ….
Pour approfondir cette réflexion, nous vous laissons consulter Archéologie de la violence : la guerre dans les sociétés primitives de Pierre Clastres.
Ne reste donc plus qu’un « peuple » pouvant correspondre à votre description : les ewok !!
Dans un monde fictif, nous pourrions dire que le peuple des Houyhnhnms, dans Les voyages de Gulliver, ou en remontant encore dans l’histoire, que les citoyens des îles d’Or, - la Crète pour les Grecs anciens, les îles fortunées chez Plutarque, Héliopolis chez Diodore de Sicile, l’Atlantide décrite par Platon dans Le Critias – représentent ces « civilisations pacifiques » mais dans le monde réel, il en est tout autre.
Le terme même de « civilisation » est en soi tout une histoire et difficilement transposable à votre questionnement étant entendu qu’elle qualifie le « fait pour un peuple de quitter une condition primitive (un état de nature) pour progresser dans le domaine des mœurs, des connaissances, des idées ».
Source : Trésor de la langue française informatisé.
Nous reformulerions plus volontiers pour nous interroger de savoir s’il existe ou non des peuples ou des tribus pacifiques et s’il est possible d’être toute à la fois pacifique et redoutable.
De premières recherches, laissent à penser que ces termes antinomiques ne peuvent être employés pour qualifier un peuple.
Ainsi, le site clio.fr rapporte que les Taïnos, originaires du delta de l'Orénoque – le Venezuela actuel, établis dans les Antilles au début de notre ère et probablement un peu avant, peuple prospère et pacifique, furent décimés par les armes des conquistadors.
Difficile donc d’être à la fois pacifique et un guerrier redoutable.
Sans tomber dans le mythe du bon sauvage le cas d’une tribu récemment découverte, celle des Sentinelles, présente sur les îles Andaman et qui refuse tout contact avec la civilisation moderne, n’hésitant pas lorsqu’elle se sent attaquée d’utiliser les armes, pourrait correspondre à votre description. Peut-on pour autant présumer que les sentinelles sont pacifiques ? Est-ce un préalable à la vie en autarcie sur une île ?
En élargissant le point de vue, nous pourrions éventuellement considérer que les tibétains sont tout à la fois pacifiques et de redoutables guerriers. Le premier étant reflété par leur religion, le boudhisme, le deuxième par leur histoire marquée par de nombreuses guerres, violences et exactions. Nous pourrions alors envisager d'inclure d'autres peuples d'Asie dans ce "groupe".
Aussi, pour rebondir sur votre question, nous nous interrogeons de savoir si, par essence, une civilisation peut être pacifique ? La violence ne serait-elle pas inhérente à l’homme, la guerre une donnée propre à l’homme ?
Ainsi, dans une réponse du Guichet du savoir portant sur la fatalité de la guerre nous citions Pourquoi la guerre ? Comment la paix ?, Élisabeth Combres et Florence Thinard qui expliquent que la guerre est une catastrophe quotidienne et naturelle dont l’humanité devrait s’accommoder. Pourtant la guerre ne s’abat pas sur les nations et sur les peuples comme une tempêtes ou un tremblement de terre. Elle naît des tensions qui parcourent les sociétés humaines, des rivalités qui les déchirent, de l’avidité de quelques-uns pour la richesse et le pouvoir. Les êtres humains sont-ils donc violents par nature ?
Les auteures présentent une chronologie des guerres et rappellent ainsi qu’à l’aube de l’humanité des empoignades avaient déjà lieu, les guerres préhistoriques apparaissant en même temps que l’agriculteur. Elles visaient probablement les premières récoltes et les premiers villages du néolithique vers 6500 avant J.C.
L’étude des guerres montre qu’aucune civilisation et qu’aucune époque n’a été épargnée et les causes semblent les mêmes : soif de pouvoir ou de richesse, peur de l’autre, désir de vengeance. La guerre serait-elle dans la nature de l’homme ?
Une guerre début souvent pour plusieurs causes, certaines officielles, d’autres cachées ; les guerres de défense apparaissent comme les plus claires et les plus justes. On répond à une attaque, on porte secours à un pays allié, on se rebelle contre un oppresseur … Mais, aiguillonnés par la peur, certains en viennent à appliquer le principe cher à Napoléon : « La meilleur défense, c’est l’attaque ». Des Etats prennent alors les devants pour se protéger d’une menace réelle … ou imaginaire.
Pourquoi l’homme fait-il la guerre ?
Les penseurs s’interrogent depuis des siècles sur la cause des violences. Dans l’Antiquité. Platon la trouva dans la nature passionnée de l’homme. Au Ve siècle, saint Augustin estima qu’elle venait de son âme corrompue. Pour Hobbes, les hommes et leurs pays ont les mêmes défauts.
Souvenons-nous que « l’homme est un loup pour l’homme »
Pour Rousseau, l’homme est au contraire un être pacifique, poussé à la guerre par les injustices (…) Selon Freud, père de la psychanalyse au XXe siècle, elle est le produit de l’esprit humain, dont certaines pulsions poussent à détruire et à tuer ….
Pour approfondir cette réflexion, nous vous laissons consulter Archéologie de la violence : la guerre dans les sociétés primitives de Pierre Clastres.
Ne reste donc plus qu’un « peuple » pouvant correspondre à votre description : les ewok !!
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter