Question d'origine :
Bonjour,
Les canuts avaient-ils sur leur fenêtres du papier huilé pour filtrer la lumière naturelle et empêcher ainsi que les fils de soie ne s’altèrent ?
Sinon Comment faisaient-ils ?
Où et quand utilisait-on du papier huilé à Lyon et faisait-On de même ailleurs en France ?
Je vous remercie vivement.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/06/2018 à 14h29
Bonjour,
Pour vous répondre, nous reprendrons en partie les sources mentionnées dans une réponse, papier huilé, que nous vous avions faite une semaine auparavant.
Toutes les sources s’accordent sur le fait que le papier huilé était largement employé. Ainsi, parlant des appartements-ateliers des tisseurs, Josette Barre dans l’article Soierie lyonnaise et habitat. Typologie des immeubles de la Croix-Rousse vers 1830 explique que « Selon Baton, ce logis se composait « d’une pièce à deux ou trois fenêtres avec, au lieu de vitres, du papier huilé collé sur des châssis »
Dans le Progrès illustré, l’article Canuts et soyeux (Tisseurs et fabricants), également disponible dans Le Canut par Denis Augier mentionne effectivement que « les carreaux sont de papier huilé au-lieu de vitres … » et plus récemment, Maurice Garden, écrit un article, Quelques remarques sur l'habitat urbain. L'exemple de Lyon au XVIIIe siècle, dans lequel il relate que « Le chauffage est inexistant, les fenêtres sont encore recouvertes de papier huilé, alors que le verre transparent triomphe dans les maisons neuves, mais là les loyers sont inaccessibles ».
Quant au pourquoi de cet emploi, il ne faut pas oublier que le papier huilé est largement utilisé sur tout le territoire même s'il l'est tout particulièrement dans les canuts.
L’ouvrage Les Vieilleries Lyonnaises mentionne ainsi
« Comment les pauvres canuts pouvaient-ils travaillent, alors que, au lieu de vitres, on n’usait que de papier huilé, collé sur des châssis, montants et descendants, comme ceux qu’on voit encore, mais vitrés dans les vieilles maisons, en Suisse et en Angleterre (…) Dans le premier quart du siècle, Cochard pouvait encore écrire : » On ne conserve plus les châssis que dans les ateliers où l’on manufacture les étoffes de soye, soit pour ne pas blesser la vue des ouvriers, soit aussi pour ne pas altérer la finesse, des teintes par un jour trop éclatant
(…) L’auteur de la Pétition des canuts de Lyon à M. de Saint-Criq leur fait dire :
Le châssis déchiré laisse le plus souvent
Entrer par la catole et la pluie et le vent »
Dans ce sens, une édition de l’ens s’intéresse aux canuts et indique que « la lumière ne pénètre dans les appartements que par des fenêtres couvertes de papier huilé pour protéger les tissus des rayons trop crus ».
Cette information est alors reprise sur divers sites dont @lyon.org, canutdelacroixrousse.blogspot.com.
L’article « Les canuts. Histoires d’immeubles », publié dans laficelle.com mentionne : "Les tisserands doivent coller du papier huilé sur le châssis de la fenêtre pour éviter d’avoir une lumière trop directe qui décolorerait le tissu".
Comme nous vous le rappelions peu auparavant, l’emploi du papier huilé n’est pas propre à Lyon.
Dans l’article « La fenêtre et le verre à Lyon » publié dans Mélanges de travaux offerts à maître Jean Tricou Cottin indique qu’avant « la fin du XVIIIe siècle, le verre plat atteint les dimensions qui sont encore celles des vitres de nos fenêtres traditionnelles ; au panneau de petites pièces de verre serties de plomb succèdent le petit carreau puis le grand carreau qui transforment totalement l’économie intérieure de la fenêtre. Ces étapes sont franchies en moins d’un siècle par la construction monumentale, mais le caractère même de celle-ci interdit d'y rapporter la construction courante, où l’usage du verre apparaît tardif, restreint et lié aux conditions locales (…) Les observations des contemporains témoignent en effet d’importants décalages dans l’espace et dans le temps (…) Young [XVIIIE siècle] marque une égale surprise de ne point voir de vitres aux fenêtres des maisons du Quercy …
(…) Au XVIIe à Lyon, les châssis de fenêtres sont pour la plupart garnis de papier huilé ou de toile cirée, le verre n’étant utilisé qu’avec parcimonie, même dans les maisons les plus somptueusement bâties.
(…) les dimensions de ces carreaux sont déterminées par la découpe économique du plat de verre de Paris et s’accordent avec celles des trous de papier, papier qui au début du siècle [XVIIIe] occupe une place importante dans la fenêtre … »
Les délices du feu: L'homme, le chaud et le froid à l'époque moderne, Olivier Jandot précise bien : « Il faut dire que les ouvertures posent à l’époque de véritables problèmes d’étanchéité à l’air. Le verre ne se généralise que progressivement au cours de l’époque moderne, remplaçant les châssis garnis de papier huilé. A Lyon, le papier huilé garnira durablement les châssis des fenêtres des étages supérieurs dans lesquels vivent et travaillent les canuts. Dans certaines régions, comme en Languedoc ou en Provence, les fenêtres de la plupart des habitations n’ont ni croisées, ni vitres, ni châssis, mais des volets qu’on ferme en dedans seulement pendant la nuit ».
D’autres exemples peuvent être évoqués. Alain Menil dans La maison rurale dans le Maine et le Haut-Anjou mentionne qu’en « Sarthe, la fenêtre est hérissée de barres de fer verticales, deux ou trois selon la grandeur de la fenêtre, et dont le rôle, outre celui de la protection, est de briser la force du vent, car anciennement les fenêtres n’étaient pas munies de vitres : une toile ou bien un papier huilé isolait des intempéries les habitants de la masure. »
De même Pascal Dibie dans Ethnologie de la chambre à coucher écrit que « Si la parade traditionnelle contre les intempéries et la lumière était l’utilisation de volets intérieurs ou, plus légère, de rideaux accrochés à des perches, elles restait pratiquement inefficace contre le froid. La fermeture des fenêtres, pour laquelle, dans le Nord, on utilisait le papier huilé (l’industrie papetière est venue de Chine au XIIIe siècle), se faisait le plus souvent par des claies d’osier ou une toile cirée transparente tendue sur des châssis. Ces toiles verrines étaient enduites d »’une composition où entraient de la cire blanche et de la résine ou de la térébenthine ».
Nous vous laissons lire également l’article Fenêtres de Paris, XVIIe et XVIIIe siècles ainsi que deux réponses précédentes :
Quelle est l’histoire des volets ?
histoire du verre
Pour vous répondre, nous reprendrons en partie les sources mentionnées dans une réponse, papier huilé, que nous vous avions faite une semaine auparavant.
Toutes les sources s’accordent sur le fait que le papier huilé était largement employé. Ainsi, parlant des appartements-ateliers des tisseurs, Josette Barre dans l’article Soierie lyonnaise et habitat. Typologie des immeubles de la Croix-Rousse vers 1830 explique que « Selon Baton, ce logis se composait « d’une pièce à deux ou trois fenêtres avec, au lieu de vitres, du papier huilé collé sur des châssis »
Dans le Progrès illustré, l’article Canuts et soyeux (Tisseurs et fabricants), également disponible dans Le Canut par Denis Augier mentionne effectivement que « les carreaux sont de papier huilé au-lieu de vitres … » et plus récemment, Maurice Garden, écrit un article, Quelques remarques sur l'habitat urbain. L'exemple de Lyon au XVIIIe siècle, dans lequel il relate que « Le chauffage est inexistant, les fenêtres sont encore recouvertes de papier huilé, alors que le verre transparent triomphe dans les maisons neuves, mais là les loyers sont inaccessibles ».
Quant au pourquoi de cet emploi, il ne faut pas oublier que le papier huilé est largement utilisé sur tout le territoire même s'il l'est tout particulièrement dans les canuts.
L’ouvrage Les Vieilleries Lyonnaises mentionne ainsi
« Comment les pauvres canuts pouvaient-ils travaillent, alors que, au lieu de vitres, on n’usait que de papier huilé, collé sur des châssis, montants et descendants, comme ceux qu’on voit encore, mais vitrés dans les vieilles maisons, en Suisse et en Angleterre (…) Dans le premier quart du siècle, Cochard pouvait encore écrire : » On ne conserve plus les châssis que dans les ateliers où l’on manufacture les étoffes de soye, soit pour ne pas blesser la vue des ouvriers, soit aussi pour ne pas altérer la finesse, des teintes par un jour trop éclatant
(…) L’auteur de la Pétition des canuts de Lyon à M. de Saint-Criq leur fait dire :
Le châssis déchiré laisse le plus souvent
Entrer par la catole et la pluie et le vent »
Dans ce sens, une édition de l’ens s’intéresse aux canuts et indique que « la lumière ne pénètre dans les appartements que par des fenêtres couvertes de papier huilé pour protéger les tissus des rayons trop crus ».
Cette information est alors reprise sur divers sites dont @lyon.org, canutdelacroixrousse.blogspot.com.
L’article « Les canuts. Histoires d’immeubles », publié dans laficelle.com mentionne : "Les tisserands doivent coller du papier huilé sur le châssis de la fenêtre pour éviter d’avoir une lumière trop directe qui décolorerait le tissu".
Comme nous vous le rappelions peu auparavant, l’emploi du papier huilé n’est pas propre à Lyon.
Dans l’article « La fenêtre et le verre à Lyon » publié dans Mélanges de travaux offerts à maître Jean Tricou Cottin indique qu’avant « la fin du XVIIIe siècle, le verre plat atteint les dimensions qui sont encore celles des vitres de nos fenêtres traditionnelles ; au panneau de petites pièces de verre serties de plomb succèdent le petit carreau puis le grand carreau qui transforment totalement l’économie intérieure de la fenêtre. Ces étapes sont franchies en moins d’un siècle par la construction monumentale, mais le caractère même de celle-ci interdit d'y rapporter la construction courante, où l’usage du verre apparaît tardif, restreint et lié aux conditions locales (…) Les observations des contemporains témoignent en effet d’importants décalages dans l’espace et dans le temps (…) Young [XVIIIE siècle] marque une égale surprise de ne point voir de vitres aux fenêtres des maisons du Quercy …
(…) Au XVIIe à Lyon, les châssis de fenêtres sont pour la plupart garnis de papier huilé ou de toile cirée, le verre n’étant utilisé qu’avec parcimonie, même dans les maisons les plus somptueusement bâties.
(…) les dimensions de ces carreaux sont déterminées par la découpe économique du plat de verre de Paris et s’accordent avec celles des trous de papier, papier qui au début du siècle [XVIIIe] occupe une place importante dans la fenêtre … »
Les délices du feu: L'homme, le chaud et le froid à l'époque moderne, Olivier Jandot précise bien : « Il faut dire que les ouvertures posent à l’époque de véritables problèmes d’étanchéité à l’air. Le verre ne se généralise que progressivement au cours de l’époque moderne, remplaçant les châssis garnis de papier huilé. A Lyon, le papier huilé garnira durablement les châssis des fenêtres des étages supérieurs dans lesquels vivent et travaillent les canuts. Dans certaines régions, comme en Languedoc ou en Provence, les fenêtres de la plupart des habitations n’ont ni croisées, ni vitres, ni châssis, mais des volets qu’on ferme en dedans seulement pendant la nuit ».
D’autres exemples peuvent être évoqués. Alain Menil dans La maison rurale dans le Maine et le Haut-Anjou mentionne qu’en « Sarthe, la fenêtre est hérissée de barres de fer verticales, deux ou trois selon la grandeur de la fenêtre, et dont le rôle, outre celui de la protection, est de briser la force du vent, car anciennement les fenêtres n’étaient pas munies de vitres : une toile ou bien un papier huilé isolait des intempéries les habitants de la masure. »
De même Pascal Dibie dans Ethnologie de la chambre à coucher écrit que « Si la parade traditionnelle contre les intempéries et la lumière était l’utilisation de volets intérieurs ou, plus légère, de rideaux accrochés à des perches, elles restait pratiquement inefficace contre le froid. La fermeture des fenêtres, pour laquelle, dans le Nord, on utilisait le papier huilé (l’industrie papetière est venue de Chine au XIIIe siècle), se faisait le plus souvent par des claies d’osier ou une toile cirée transparente tendue sur des châssis. Ces toiles verrines étaient enduites d »’une composition où entraient de la cire blanche et de la résine ou de la térébenthine ».
Nous vous laissons lire également l’article Fenêtres de Paris, XVIIe et XVIIIe siècles ainsi que deux réponses précédentes :
Quelle est l’histoire des volets ?
histoire du verre
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