Question d'origine :
ecole militaires pendant l occupation fracaise en algerie
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/06/2018 à 10h53
Bonjour,
Vous trouverez des informations sur les écoles militaires ouvertes en Algérie au début du XXe siècle dans l’article suivant :
Écoles d’élèves-officiers « indigènes » en Algérie (1912-1946), Alain Sainte-Marie, Cahiers de la Méditerranée, 80 | 2010, 199-210.
Pour compléter vous pouvez aussi consulter l’ouvrage de Gilbert Meynier : L'Algérie révélée : la guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle, dont voici un extrait :
« Les autorités coloniales étudient […] les modalités pratiques d’une suppression du remplacement. Depuis la fin 1916, des pelotons d’élèves aspirants, puis d’élèves sous-officiers fonctionnent, d’abord pour les fils de familles influentes engagés. En 1971, et surtout en 1918, ils accueillent les conscrits. Arrivé au pouvoir, Clemenceau est résolu à augmenter le rendement du recrutement militaire. Les propositions de Pierre-Etienne Flandin, rapporteur de la commission sénatoriale de l’armée, sont retenues fin 1917 par la S.A. : elles contiennent, entre autres, la suppression du remplacement, assortie de la création d’écoles d’élèves aspirants et d’élèves sous-officiers destinées aux « fils de famille » et aux « indigènes les plus instruits ». Début janvier 1918, une mission d’études dirigée par le député Cuttoli rédige un rapport dont les conclusions sont proches de celles de Flandin. Le remplacement est supprimé peu après. Il s’agit, dès lors, de mettre sur pied le programme d’écoles militaires qui doit compléter la mesure.
Dans l’immédiat avant-guerre, la question était à l’étude au G.G. et à la S.A. Un cours fonctionne à Alger, au moins jusqu’en 1916, qui reçoit quelques fils de caïds, d’officiers « indigènes », de fonctionnaires et magistrats musulmans, jugés capables de devenir sous-lieutenants. En octobre 1916, est créé au 7e Tir., à Constantine, un peloton d’élèves sous-officiers. Peu après, est créé à Miliana le premier peloton des élèves aspirants, d’abord ouvert aux « fils de familles notables ou maraboutiques » engagés. Pour la première promotion, sur une soixantaine d’engagés, 31 – dont six tunisiens – sont finalement admis à suivre les cours qui durent trois mois et sont sanctionnés par un examen trimestriel. La première promotion à sortir de l’école comprend 25 admis, dont 19 Algériens. En 1917, sont créés trois autres groupes dans le peloton des élèves aspirants. A l’issue de chaque trimestre, les élèves subissent un examen pour être admis dans le groupe suivant, et ils sont, à chaque fois, nommés au grade correspondant à leur groupe d’origine, de caporal à aspirant. Le cycle normal d’études dure ainsi une année au minimum (exceptionnellement neuf, voire six mois pour les plus brillants sujets) et deux années au maximum en cas de redoublement de chaque cours trimestriel. Les élèves non admis au redoublement passent au peloton des élèves sous-officiers créé début 1917, ou repassent à la troupe. A la fin du cycle, en cas de succès, les élèves attendent leur nomination au grade d’aspirant en suivant des cours de perfectionnement spécialisés à Blida. La consigne est de soigner les élèves : par rapport aux tirailleurs encasernés à Miliana ou Blida, ils jouissent d’avantages de tenue, de nourriture et d’hébergement. Le peloton des élèves sous-officiers fonctionne de la même manière. Les élèves, après un stage de quatre mois dans un régiment, suivent des cours sanctionnés par un examen trimestriel mais ne pouvant déboucher, au maximum, que sur le grade, nouvellement créé, d’« adjuvant indigène ». Un peloton spécial pour sous-officiers accueille les meilleurs éléments qui sont présentés, quand leur niveau est jugé suffisant, au dernier stage trimestriel des élèves aspirants.
Dès avant 1918, l’école de Miliana a bien pour objectif d’accueillir les fils de famille engagés en leur assurant pratiquement qu’ils n’iront pas au front. Il est spécifié que les élèves ne pourront en sortir que sous-officiers : en clair, même si après des dizaines de stages, un élève est toujours reconnu incapable de faire un sous-officier, il ne peut être renvoyé comme caporal ou simple soldat dans un régiment de tirailleurs. Il ne sortira de l’école que gradé, ou alors il n’en sortira pas… avant la fin de la guerre. Cette disposition intéresse particulièrement les fils de chefs, des Hautes Plaines et du Sud dont beaucoup sont illettrés. Or, la suppression du remplacement amène une forte augmentation du nombre des candidats aux pelotons, appelés et non plus seulement engagés. Le nombre des postulants analphabètes devient tel qu’une section spéciale est instituée pour eux à Miliana, dont les cadres et les moyens doivent être accrus. En 1918, sont créés successivement les pelotons d’élèves sous-officiers de Mostaghanem et d’Aïn M’lila où des sections spéciales fonctionnent également. Les candidats « lettrés » deviennent, eux aussi, plus nombreux, les Jeunes-Algériens, pas plus que les « fils de famille » ne pouvant plus se faire remplacer. »
Bonne journée.
Vous trouverez des informations sur les écoles militaires ouvertes en Algérie au début du XXe siècle dans l’article suivant :
Écoles d’élèves-officiers « indigènes » en Algérie (1912-1946), Alain Sainte-Marie, Cahiers de la Méditerranée, 80 | 2010, 199-210.
Pour compléter vous pouvez aussi consulter l’ouvrage de Gilbert Meynier : L'Algérie révélée : la guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle, dont voici un extrait :
« Les autorités coloniales étudient […] les modalités pratiques d’une suppression du remplacement. Depuis la fin 1916, des pelotons d’élèves aspirants, puis d’élèves sous-officiers fonctionnent, d’abord pour les fils de familles influentes engagés. En 1971, et surtout en 1918, ils accueillent les conscrits. Arrivé au pouvoir, Clemenceau est résolu à augmenter le rendement du recrutement militaire. Les propositions de Pierre-Etienne Flandin, rapporteur de la commission sénatoriale de l’armée, sont retenues fin 1917 par la S.A. : elles contiennent, entre autres, la suppression du remplacement, assortie de la création d’écoles d’élèves aspirants et d’élèves sous-officiers destinées aux « fils de famille » et aux « indigènes les plus instruits ». Début janvier 1918, une mission d’études dirigée par le député Cuttoli rédige un rapport dont les conclusions sont proches de celles de Flandin. Le remplacement est supprimé peu après. Il s’agit, dès lors, de mettre sur pied le programme d’écoles militaires qui doit compléter la mesure.
Dans l’immédiat avant-guerre, la question était à l’étude au G.G. et à la S.A. Un cours fonctionne à Alger, au moins jusqu’en 1916, qui reçoit quelques fils de caïds, d’officiers « indigènes », de fonctionnaires et magistrats musulmans, jugés capables de devenir sous-lieutenants. En octobre 1916, est créé au 7e Tir., à Constantine, un peloton d’élèves sous-officiers. Peu après, est créé à Miliana le premier peloton des élèves aspirants, d’abord ouvert aux « fils de familles notables ou maraboutiques » engagés. Pour la première promotion, sur une soixantaine d’engagés, 31 – dont six tunisiens – sont finalement admis à suivre les cours qui durent trois mois et sont sanctionnés par un examen trimestriel. La première promotion à sortir de l’école comprend 25 admis, dont 19 Algériens. En 1917, sont créés trois autres groupes dans le peloton des élèves aspirants. A l’issue de chaque trimestre, les élèves subissent un examen pour être admis dans le groupe suivant, et ils sont, à chaque fois, nommés au grade correspondant à leur groupe d’origine, de caporal à aspirant. Le cycle normal d’études dure ainsi une année au minimum (exceptionnellement neuf, voire six mois pour les plus brillants sujets) et deux années au maximum en cas de redoublement de chaque cours trimestriel. Les élèves non admis au redoublement passent au peloton des élèves sous-officiers créé début 1917, ou repassent à la troupe. A la fin du cycle, en cas de succès, les élèves attendent leur nomination au grade d’aspirant en suivant des cours de perfectionnement spécialisés à Blida. La consigne est de soigner les élèves : par rapport aux tirailleurs encasernés à Miliana ou Blida, ils jouissent d’avantages de tenue, de nourriture et d’hébergement. Le peloton des élèves sous-officiers fonctionne de la même manière. Les élèves, après un stage de quatre mois dans un régiment, suivent des cours sanctionnés par un examen trimestriel mais ne pouvant déboucher, au maximum, que sur le grade, nouvellement créé, d’« adjuvant indigène ». Un peloton spécial pour sous-officiers accueille les meilleurs éléments qui sont présentés, quand leur niveau est jugé suffisant, au dernier stage trimestriel des élèves aspirants.
Dès avant 1918, l’école de Miliana a bien pour objectif d’accueillir les fils de famille engagés en leur assurant pratiquement qu’ils n’iront pas au front. Il est spécifié que les élèves ne pourront en sortir que sous-officiers : en clair, même si après des dizaines de stages, un élève est toujours reconnu incapable de faire un sous-officier, il ne peut être renvoyé comme caporal ou simple soldat dans un régiment de tirailleurs. Il ne sortira de l’école que gradé, ou alors il n’en sortira pas… avant la fin de la guerre. Cette disposition intéresse particulièrement les fils de chefs, des Hautes Plaines et du Sud dont beaucoup sont illettrés. Or, la suppression du remplacement amène une forte augmentation du nombre des candidats aux pelotons, appelés et non plus seulement engagés. Le nombre des postulants analphabètes devient tel qu’une section spéciale est instituée pour eux à Miliana, dont les cadres et les moyens doivent être accrus. En 1918, sont créés successivement les pelotons d’élèves sous-officiers de Mostaghanem et d’Aïn M’lila où des sections spéciales fonctionnent également. Les candidats « lettrés » deviennent, eux aussi, plus nombreux, les Jeunes-Algériens, pas plus que les « fils de famille » ne pouvant plus se faire remplacer. »
Bonne journée.
Commentaire de
brhim :
Publié le 18/06/2018 à 15:46
nom des ecoles militaires et leur photo pendant l occupation
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 19/06/2018 à 13h05
Bonjour,
Avez-vous lu notre précédente réponse ?
Elle citait entre autres : l'école des élèves aspirants indigènes de l’Afrique du Nord ouverte en 1916 à Milana et l’École de cavalerie d’Alger , créée en 1942 puis transférée à Bau Saada sous le nom de l'École des élèves officiers indigènes d’Algérie et de Tunisie . Il y eut aussi, dans l’entre-deux-guerres, un centre de formation à Alger mais il n’accueilla que des promotions extrêmement réduites.
Voici quelques extraits de l'article cité plus haut : « Écoles d’élèves-officiers « indigènes » en Algérie (1912-1946) » Alain Sainte-Marie, Cahiers de la Méditerranée, 80 - 2010 :
"Prenant prétexte de la suppression de l’emploi d’aspirant par le décret du 23 septembre 1919, on décide de fermer Miliana. La décision de principe est prise dès 1920 et elle est effective le 15 août 1921. On ne maintient qu’un étroit accès à la carrière d’officier indigène, hors la promotion classique de sous-officiers, sous la forme du cours spécial d’élèves brigadiers indigènes de Maison-Carrée et de l’École de cavalerie indigène d’Alger qui deviendra le centre des spécialités de la cavalerie d’Alger." [...]
" Par décision ministérielle de mars 1942, il est prévu que l’école de cavalerie d’Alger recevra 30 élèves par an (24 Algériens et 6 Tunisiens), choisis parmi les fils de famille, d’officiers et sous-officiers, de fonctionnaires, pour former, selon l’expression du général Juin37, des « cadres énergiques et loyaux ». Après le débarquement allié de novembre 1942, ce centre de formation est transféré à Bou Saada sous la dénomination d’École des élèves officiers indigènes d’Algérie et de Tunisie. Cette mesure entre dans le cadre de la levée des goums et concrétise la promesse faite aux fils de « grande tente » de passer par une école militaire pour devenir officier. " [...]
" Cette école fonctionnera jusqu’en septembre 1946, moment où la dernière promotion est transférée àCherchell . À cette date, en fonction des réformes annoncées à Constantine par le général De Gaulle, il n’y a plus d’élèves officiers indigènes… mais musulmans comme le suggérait déjà le rapport de 1920. " [...]
" le 1er septembre 1945, l’école de Miliana renaissait sous la forme d’une École militaire préparatoire nord-africaine pour :
- « montrer la sollicitude de la Nation française vis-à-vis des populations musulmanes »
- permettre aux jeunes musulmans d’accéder aux écoles militaires françaises
- former de futurs cadres pour l’armée d’Afrique, bref pour « resserrer les liens qui nous unissent aux Musulmans »."
Citons donc L'École militaire de Cherchell dont vous trouverez quelques photographies sur le site www.emicherchell.com.
Une vidéo présente l'école militaire de Miliana ainsi que d'autres centres de formation. Voir le site de l'INA pour consulter cette vidéo.
" A Miliana, les autorités françaises ont inauguré "l'école militaire préparatoire" qui accueille les enfants des soldats indigènes tués à la guerre. L'école de vol à voile du Djebel Diss ainsi que l'école de mousses de La Pérouse forment les futurs pilotes et marins sans distinction de races. A Sidi Bel Abbes, on fête la Légion Etrangère et à Beni Abbes on se recueille devant la tombe du Père de Foucault. La présence militaire française s'étend jusque dans l'extrême-sud algérien, comme à Toggourt où s'est rendu le Gouverneur Général Yves CHATAIGNAUD afin de décorer de la Légion d'honneur un algérien méritant. Cette unité algéro-française a été fêtée à Alger lors de la commémoration de la victoire de 1945 qui a vu défiler des troupes françaises et indigènes."
Peut-être pouvez-vous compléter vos recherches avec l'ouvrage intitulé Les Musulmans algériens dans l'armée française : 1919-1945 / Belkacem Recham aux pages 79 à 81 ?
Bonne journée.
Avez-vous lu notre précédente réponse ?
Elle citait entre autres : l
Voici quelques extraits de l'article cité plus haut : « Écoles d’élèves-officiers « indigènes » en Algérie (1912-1946) » Alain Sainte-Marie, Cahiers de la Méditerranée, 80 - 2010 :
"Prenant prétexte de la suppression de l’emploi d’aspirant par le décret du 23 septembre 1919, on décide de fermer Miliana. La décision de principe est prise dès 1920 et elle est effective le 15 août 1921. On ne maintient qu’un étroit accès à la carrière d’officier indigène, hors la promotion classique de sous-officiers, sous la forme du cours spécial d’élèves brigadiers indigènes de Maison-Carrée et de l’École de cavalerie indigène d’Alger qui deviendra le centre des spécialités de la cavalerie d’Alger." [...]
" Par décision ministérielle de mars 1942, il est prévu que l’école de cavalerie d’Alger recevra 30 élèves par an (24 Algériens et 6 Tunisiens), choisis parmi les fils de famille, d’officiers et sous-officiers, de fonctionnaires, pour former, selon l’expression du général Juin37, des « cadres énergiques et loyaux ». Après le débarquement allié de novembre 1942, ce centre de formation est transféré à Bou Saada sous la dénomination d’École des élèves officiers indigènes d’Algérie et de Tunisie. Cette mesure entre dans le cadre de la levée des goums et concrétise la promesse faite aux fils de « grande tente » de passer par une école militaire pour devenir officier. " [...]
" Cette école fonctionnera jusqu’en septembre 1946, moment où la dernière promotion est transférée à
" le 1er septembre 1945, l’école de Miliana renaissait sous la forme d’une École militaire préparatoire nord-africaine pour :
- « montrer la sollicitude de la Nation française vis-à-vis des populations musulmanes »
- permettre aux jeunes musulmans d’accéder aux écoles militaires françaises
- former de futurs cadres pour l’armée d’Afrique, bref pour « resserrer les liens qui nous unissent aux Musulmans »."
Citons donc L'École militaire de Cherchell dont vous trouverez quelques photographies sur le site www.emicherchell.com.
Une vidéo présente l'école militaire de Miliana ainsi que d'autres centres de formation. Voir le site de l'INA pour consulter cette vidéo.
" A Miliana, les autorités françaises ont inauguré "l'école militaire préparatoire" qui accueille les enfants des soldats indigènes tués à la guerre. L
Peut-être pouvez-vous compléter vos recherches avec l'ouvrage intitulé Les Musulmans algériens dans l'armée française : 1919-1945 / Belkacem Recham aux pages 79 à 81 ?
Bonne journée.
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