Reconnaissance du territoire des aborigènes d’Australie
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 13/06/2018 à 16h17
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Question d'origine :
Bonsoir,
En quelle année les aborigènes d’Australie ont recouvré leurs droits devant le Tribunal grâce aux toiles qu’ils ont peintes qui retracent le parcours de leur territoire par leurs ancêtres ?
Je vous remercie.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 14/06/2018 à 14h47
Bonjour,
Entre les années 50 et 60, les Aborigènes du Spinifex (Ilkurlka) ont dû s'éloigner de leur territoires traditionnels en raison de périodes d'extrême sécheresse et des essais nucléaires Britanniques sur leurs terres de Maralinga.
En 1997, le Spinifex Arts Project sera lancé sur leur territoire à Tjuntjunjara et fera partie du processus de récupération de leurs terres auprès des tribunaux fédéraux dans le cadre du Native Act Title.
Le «Native Title Act» a été adopté en 1993. Il donne aux aborigènes des droits d’accès aux terres. La législation leur impose de prouver que leur mode de vie est resté "traditionnel". Or, l’appréciation du caractère traditionnel de ce mode de vie est soumise à la seule interprétation des juges et des avocats.
Voici quelques extraits qui pourront vous intéresser :
" Aux environs de 1950, à cause des essais nucléaires britanniques autour de Maralinga, les Aborigènes sont forcés de quitter leurs terres et rejoignent le désert. Ce fut une déchirure car ils quittaient les lieux sacrés et la mythologie du Temps des Rêves qui s’exprime dans les peintures. Ils n’y revinrent qu’en 1986 et grâce au Spinifex Arts Project, ils purent entamer le processus de récupération de leurs terres auprès des tribunaux fédéraux dans le cadre du Native Act Title. Depuis 2000, leurs peintures sont incluses dans le préambule du Native Title agreement. Elles constituent leur activité principale et leurs permettent de vivre en communauté en poursuivant la transmission de leurs traditions. "
source : Découvrir l’art et la culture des aborigènes australiens / Claude Lorent
" L’affaire remonte à 1979, lorsque les Larrakia font valoir leur droit sur un territoire de 637 km2 situé sur la Péninsule de Cox, dans le Nord de l’Australie. La décision récente signifie donc l’aboutissement d’une longue et fatigante bataille. Cette victoire a été rendue possible par l’évolution du droit : depuis 1993, le Native Title Act donne la possibilité aux aborigènes de faire établir un titre de propriété par les autorités compétentes. Un processus qui n’est visiblement pas rapide ni simple…
Le Native Title Act permet aux populations autochtones de faire prévaloir l’antériorité de leur présence, si elles peuvent prouver l’existence d’un lien ininterrompu avec les terres réclamées. Cependant, à partir de cette date, vingt trois ans ont encore été nécessaires pour que les autochtones aient enfin gain de cause. La décision intervenue la semaine passée marque ainsi la fin de l’un des procès les plus longs de l’histoire australienne et va bénéficier à environ 1600 aborigènes. Au total, pas moins de 2,4 millions d’hectares, soit 31 pour cent de la totalité des terres immergées, font ainsi à l’heure actuelle l’objet d’un titre de propriété aborigène."
source : Australie : un peuple aborigène récupère ses terres après 37 ans de lutte
et enfin :
" À Fitzroy Crossing, des artistes du désert ont produit un tableau très important qui s’appelle Ngurrara (mot Walmajarri qui signifie « terre natale ») :une toile qui fait huit mètres sur dix, produite par une quarantaine d’artistes dans le cadre d’une revendication territoriale portant sur une grosse partie du Great Sandy Desert , dans l’Australie de l’Ouest. La législation veut que pour récupérer les terres les Aborigènes parviennent à prouver qu’ils ont maintenu des liens culturels ininterrompus avec les territoires qu’ils revendiquent. Or le système de propriété aborigène ne correspond bien évidemment pas strictement au système de propriété tel qu’il est défini dans le droit britannique et australien. Il y a donc des problèmes de traduction. Les artistes ont pris la décision de montrer leur connexion et leur lien avec ces terres sous la forme d’une peinture en se disant : ça, c’est un langage qu’ils seront capables de comprendre. Ils sont donc allés à Pirnini, un site proche de Fitzroy Crossing situé dans l’aire revendiquée, et ont fait un premier tableau, à la manière d’une carte, avec pour point de référence central la Canning Stock Route, une route qui traverse le désert de l’ouest et servait autrefois à amener le bétail élevé dans le nord vers les mines du sud, qui est aussi une succession de trous d’eau bien connus des Aborigènes, qui ont de gré ou de force aidé à la construire. Les gens se sont assis, ont commencé à peindre, ils ont fait un premier tableau qui faisait six mètres sur huit. Lorsqu’ils l’ont fini, ils l’ont regardé et se sont aperçu qu’il y avait des choses qui n’étaient pas tout à fait justes : l’orientation de certains points d’eau par rapport à d’autres, par exemple. Ils ont donc décidé d’en refaire un autre, et cela a donné une toile encore plus grande qui fait huit mètres sur dix. Quand ils ont fini, ils ont obtenu que la séance d’audition du tribunal du Native Title [titre autochtone] se tienne sur le lieu même où ils avaient peint . Chacun des anciens impliqués dans la revendication s’est mis sur le trou d’eau ou sur la zone qui lui est propre, et a raconté dans sa propre langue son lien avec eux. Ce tableau a ensuite été envoyé à Canberra pour une autre audition du tribunal, où la toile fut déroulée par terre, et utilisée comme une scène sur laquelle les plaignants dansèrent. Ce tableau est donc un objet à la rencontre de différents systèmes. Il est utilisé comme pièce de danse pour faire une revendication territoriale. Il a aussi permis, dans sa production même, à tous les anciens qui étaient impliqués de recréer des liens, de réaffirmer leurs positions d’alliance les uns par rapport aux autres. Le brouillon, la première toile, a été vendue par Sotheby’s à un collectionneur australien — autour de 350 000 dollars australiens, environ 280 000 €. L’argent est allé au fonds de la coopérative d’artistes.
Quelle fut l’issue du procès ?
Il y a un mois et demi, l’État de l’Australie de l’Ouest a levé toutes ses objections à la revendication qui porte sur plus de 77 000 km2. Les plaignants ont été reconnus comme propriétaires traditionnels de la zone en question. Il a fallu quatorze ans pour arriver à cette décision. Maintenant, il faut finaliser un accord pour le futur et dire comment cela va se passer concrètement. Mais ça a marché. "
source : «danser sur une carte. art, politique, économie aborigènes », Vacarme, 2007/2 (n° 39), p. 14-24.
A consulter également :
- National Active Tribunal
- www.aboriginalsignature.com et notamment cette page Naissance et histoire de l'art Aborigène d'Australie
- Une tribu aborigène récupère ses terres volées par l'Australie ! / Axel Leclercq - 29 juin 2016
Bonne journée.
Entre les années 50 et 60, les Aborigènes du Spinifex (Ilkurlka) ont dû s'éloigner de leur territoires traditionnels en raison de périodes d'extrême sécheresse et des essais nucléaires Britanniques sur leurs terres de Maralinga.
En 1997, le Spinifex Arts Project sera lancé sur leur territoire à Tjuntjunjara et fera partie du processus de récupération de leurs terres auprès des tribunaux fédéraux dans le cadre du Native Act Title.
Le «Native Title Act» a été adopté en 1993. Il donne aux aborigènes des droits d’accès aux terres. La législation leur impose de prouver que leur mode de vie est resté "traditionnel". Or, l’appréciation du caractère traditionnel de ce mode de vie est soumise à la seule interprétation des juges et des avocats.
Voici quelques extraits qui pourront vous intéresser :
" Aux environs de 1950, à cause des essais nucléaires britanniques autour de Maralinga, les Aborigènes sont forcés de quitter leurs terres et rejoignent le désert. Ce fut une déchirure car ils quittaient les lieux sacrés et la mythologie du Temps des Rêves qui s’exprime dans les peintures. Ils n’y revinrent qu’en 1986 et grâce au Spinifex Arts Project, ils purent entamer le processus de récupération de leurs terres auprès des tribunaux fédéraux dans le cadre du Native Act Title. Depuis 2000, leurs peintures sont incluses dans le préambule du Native Title agreement. Elles constituent leur activité principale et leurs permettent de vivre en communauté en poursuivant la transmission de leurs traditions. "
source : Découvrir l’art et la culture des aborigènes australiens / Claude Lorent
" L’affaire remonte à 1979, lorsque les Larrakia font valoir leur droit sur un territoire de 637 km2 situé sur la Péninsule de Cox, dans le Nord de l’Australie. La décision récente signifie donc l’aboutissement d’une longue et fatigante bataille. Cette victoire a été rendue possible par l’évolution du droit : depuis 1993, le Native Title Act donne la possibilité aux aborigènes de faire établir un titre de propriété par les autorités compétentes. Un processus qui n’est visiblement pas rapide ni simple…
Le Native Title Act permet aux populations autochtones de faire prévaloir l’antériorité de leur présence, si elles peuvent prouver l’existence d’un lien ininterrompu avec les terres réclamées. Cependant, à partir de cette date, vingt trois ans ont encore été nécessaires pour que les autochtones aient enfin gain de cause. La décision intervenue la semaine passée marque ainsi la fin de l’un des procès les plus longs de l’histoire australienne et va bénéficier à environ 1600 aborigènes. Au total, pas moins de 2,4 millions d’hectares, soit 31 pour cent de la totalité des terres immergées, font ainsi à l’heure actuelle l’objet d’un titre de propriété aborigène."
source : Australie : un peuple aborigène récupère ses terres après 37 ans de lutte
et enfin :
" À Fitzroy Crossing, des artistes du désert ont produit un tableau très important qui s’appelle Ngurrara (mot Walmajarri qui signifie « terre natale ») :
Quelle fut l’issue du procès ?
Il y a un mois et demi, l’État de l’Australie de l’Ouest a levé toutes ses objections à la revendication qui porte sur plus de 77 000 km2. Les plaignants ont été reconnus comme propriétaires traditionnels de la zone en question. Il a fallu quatorze ans pour arriver à cette décision. Maintenant, il faut finaliser un accord pour le futur et dire comment cela va se passer concrètement. Mais ça a marché. "
source : «danser sur une carte. art, politique, économie aborigènes », Vacarme, 2007/2 (n° 39), p. 14-24.
A consulter également :
- National Active Tribunal
- www.aboriginalsignature.com et notamment cette page Naissance et histoire de l'art Aborigène d'Australie
- Une tribu aborigène récupère ses terres volées par l'Australie ! / Axel Leclercq - 29 juin 2016
Bonne journée.
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