Question d'origine :
Bonjour à toute votre équipe,
je suis étudiante en Master 2 et je dois traiter du thème des naviculaires en Histoire du droit maritime. J'ai beau chercher, je ne trouve pas de réponse claire et concise à ma question : qu'est-ce que c'est qu'un Naviculaire ?
A travers ce que j'ai lu, j'ai compris qu'ils sont une des clés de l'organisation de la cité romaine, mais que font-ils ? quelle est leur tâche, qui sont les Naviculaires ?
Je vous remercie de l'attention que vous porterez à ma question,
bien cordialement,
Alix Nicolas
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 31/05/2018 à 13h49
Bonjour,
Pour une première approche "claire et concise" des fonctions du naviculaire, voici une définition extraite du Lexique d'histoire et de civilisation romaines de Jean-Luc Lamboley :
NAVICULAIRE (navicularius) : armateur et entrepreneur de transports maritimes. Il appartient à un corps de métier très important, dont le collège est soumis à une étroite réglementation, dans la mesure où ce sont eux qui assurent le ravitaillement de Rome et des grandes villes.
Pour préciser le contexte, lisons le Précis d'histoire romaine de Marcel Bordet :
" C'est pour assurer le ravitaillement de l'Empire et la rentée régulière de l'impôt que l’État impose peu à peu sa contrainte à diverses activités : réglementation professionnelle, responsabilité collective, hérédité des conditions en sont les aspects majeurs. Ainsi tous les métiers concernant la production ou le transport du ravitaillement sont astreints à se constituer en collegia ou corpora ; ces associations, que le Haut Empire voyait d'un mauvais oeil, sont devenues des moyens de surveillance et de contrôle : en échange d'avantages juridiques ou honorifiques, elles sont tenues d'assurer un service public aux conditions fixées par l'autorité ; parmi les mieux connues, celles des boulangers (pistores) de Rome et celle des naviculaires : au début du IVe siècle, elles sont soumises à l’hérédité ; les biens de leurs membres ne peuvent en aucun cas échoir à des personnes extérieures à la profession, si bien que lorsque le boulanger entre au Sénat ou que le naviculaire meurt sans laisser de testament, leurs biens vont au consortium, qui est le fonds commun et solidaire de la corporation. "
C'est aussi ce que développe Claude Mossé dans Le Travail en Grèce et à Rome :
" L’approvisionnement de la ville en blé était la préoccupation essentielle. Il existait certes un marché libre constitué par les surplus que les propriétaires italiens mettaient en vente. Mais il s’agissait de quantités limitées et le préfet de l’annone se contentait de surveiller les prix. C’est au contraire le blé fourni par le fisc et destiné aux distributions officielles dont l’importation et la transformation étaient strictement réglementées. La quantité de blé envoyée chaque année à Rome, le « canon » frumentaire, était fixée par l’empereur. La plus grande partie de ce blé venait d’Afrique, et dès son embarquement dans les ports africains, il était l’objet d’une surveillance qui ne se relâchait pas, d’abord exercée par le préfet de l’annone d’Afrique. Celui contrôlait sa prise en charge par les naviculaires chargés du transport jusqu’à Ostie. Ces naviculaires groupés en corporations étaient soumis à une double tutelle. Pendant la durée de la traversée, ils dépendaient du préfet du prétoire et du préfet de l’annone d’Afrique. A leur arrivée à Porto ou à Ostie, ils passaient sous le contrôle du préfet de l’annone de Rome et du préfet urbain. Les naviculaires devaient emprunter le trajet le plus court et ne s’arrêter nulle part, sous peine de mort ou de déportation. Ils étaient tenus pour responsables de la livraison et payaient de leur fortune toute perte de marchandises. Un album des naviculaires de Rome était tenu par le préfet de la Ville, un registre contenait la liste des propriétés de la corporation dont les soixante membres les plus riches contribuaient chaque année à l’entretien des thermes de Rome. Mais les naviculaires n’étaient pas la seule corporation concernée par le ravitaillement de Rome… "
Nous vous invitons également à lire aux pages 319 et 320 l'ouvrage intitulé L'Empire chrétien par André Piganiol dont vous trouverez un extrait sur Google livre.
Pour aller plus loin :
- Recherches sur l'organisation du commerce maritime en Méditerranée sous l'Empire romain / Jean Rougé
- Les naviculaires d'Arles et les structures du grand commerce maritime sous l'Empire Romain
- Les élites et leurs facettes: les élites locales dans le monde hellénistique / textes réunis par Mireille Cébeillac-Gervasoni et Laurent Lamoine
Bonne journée.
Pour une première approche "claire et concise" des fonctions du naviculaire, voici une définition extraite du Lexique d'histoire et de civilisation romaines de Jean-Luc Lamboley :
Pour préciser le contexte, lisons le Précis d'histoire romaine de Marcel Bordet :
" C'est pour assurer le ravitaillement de l'Empire et la rentée régulière de l'impôt que
C'est aussi ce que développe Claude Mossé dans Le Travail en Grèce et à Rome :
" L’approvisionnement de la ville en blé était la préoccupation essentielle. Il existait certes un marché libre constitué par les surplus que les propriétaires italiens mettaient en vente. Mais il s’agissait de quantités limitées et le préfet de l’annone se contentait de surveiller les prix. C’est au contraire le blé fourni par le fisc et destiné aux distributions officielles dont l’importation et la transformation étaient strictement réglementées. La quantité de blé envoyée chaque année à Rome, le « canon » frumentaire, était fixée par l’empereur. La plus grande partie de ce blé venait d’Afrique, et dès son embarquement dans les ports africains, il était l’objet d’une surveillance qui ne se relâchait pas, d’abord exercée par le préfet de l’annone d’Afrique. Celui contrôlait sa prise en charge par les naviculaires chargés du transport jusqu’à Ostie. Ces naviculaires groupés en corporations étaient soumis à une double tutelle. Pendant la durée de la traversée, ils dépendaient du préfet du prétoire et du préfet de l’annone d’Afrique. A leur arrivée à Porto ou à Ostie, ils passaient sous le contrôle du préfet de l’annone de Rome et du préfet urbain. Les naviculaires devaient emprunter le trajet le plus court et ne s’arrêter nulle part, sous peine de mort ou de déportation. Ils étaient tenus pour responsables de la livraison et payaient de leur fortune toute perte de marchandises. Un album des naviculaires de Rome était tenu par le préfet de la Ville, un registre contenait la liste des propriétés de la corporation dont les soixante membres les plus riches contribuaient chaque année à l’entretien des thermes de Rome. Mais les naviculaires n’étaient pas la seule corporation concernée par le ravitaillement de Rome… "
Nous vous invitons également à lire aux pages 319 et 320 l'ouvrage intitulé L'Empire chrétien par André Piganiol dont vous trouverez un extrait sur Google livre.
Pour aller plus loin :
- Recherches sur l'organisation du commerce maritime en Méditerranée sous l'Empire romain / Jean Rougé
- Les naviculaires d'Arles et les structures du grand commerce maritime sous l'Empire Romain
- Les élites et leurs facettes: les élites locales dans le monde hellénistique / textes réunis par Mireille Cébeillac-Gervasoni et Laurent Lamoine
Bonne journée.
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