Question d'origine :
apeller et maintenu sous les drapeau francais pendant la guerre d algerie 1959
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 15/05/2018 à 11h44
Bonjour,
Pour compléter votre précédente question, vous pouvez consulter :
Appelé du contingent lors de la guerre d'Algérie
Histoire coloniale et poscoloniale :
“Appelés” de la guerre d’Algérie
À l’époque, les jeunes Français étaient appelés, dans l’année de leur vingtième anniversaire, afin d’effectuer le service militaire obligatoire, à l’exception des “réformés” qui en étaient dispensés, et des “sursitaires” – notamment les étudiants – qui bénéficiaient d’un report [1]. La durée du service était fixée à 18 mois par la loi du 30 novembre 1950 ; l’objection de conscience n’était pas reconnue, et les insoumis – appelés qui ne s’étaient pas présentés lors de leur appel – pouvaient être recherchés et jugés pour désertion.
Pendant la guerre d’Algérie, de 1954 à 1962, après la durée légale de 18 mois, certaines “classes” furent rappelées, d’autres furent maintenues sous les drapeaux jusqu’à 30, puis 28 mois.
Les effectifs militaires en AFN (Afrique française du Nord : Algérie, Maroc et Tunisie) :
en 1954, environ 50 000 hommes dont 38% d’appelés pour 18 mois de service,
en 1955, les effectifs passent à 100 000 hommes,
en 1956, le rappel sous les drapeaux porte les effectifs militaires à 200 000 hommes,
en 1957, le maintien sous les drapeaux jusqu’à 30 mois permet d’atteindre un effectif de 400 000 hommes, dont 57% d’appelés.
Entre 1952 et 1962, 1 343 000 appelés ou rappelés et 407 000 militaires d’active ont participé “au maintien de l’ordre en Afrique du Nord”, opérations qui ne seront reconnues comme “Guerre d’Algérie” que le 5 octobre 1999. Au cours de la même période, 12 000 hommes ont été déclarés réfractaires, dont 10 831 insoumis, 886 déserteurs et 420 objecteurs de conscience [2].
Bulletin de l’AFAS
La guerre sans nom :
ALGÉRIE DE 1954 À 1962
I. - Les effectifs de l’armée française en Algérie en 1954
Les estimations des effectifs présents en Algérie à telle ou telle date, fournies par différentes sources, sont rarement concordantes, parce qu’elles ne précisent généralement pas quelles catégories de troupes elles additionnent (armée de terre ou ensemble des trois armes, avec ou sans la gendarmerie, les CRS, les forces supplétives...).
Selon les mémoires de Jean Vaujour [1], les effectifs de la Xe région militaire (départements algériens et territoires du Sud) étaient inférieurs à 50.000 hommes, dont moins de 20.000 disponibles pour des opérations de maintien de l’ordre, en octobre 1954. En effet, l’Algérie servait de base arrière à l’armée d’Indochine qui y prélevait des renforts et du matériel.
De plus, l’Afrique du Nord devant servir de position de repli aux forces de l’OTAN en cas d’invasion soviétique de l’Europe occidentale, les états-majors et les services de l’armée d’Algérie étaient particulièrement fournis, au détriment des forces combattantes. Les troupes et le matériel disponibles étaient mal adaptés à la guérilla en terrain montagneux et sans route.
Informé à l’avance des préparatifs insurrectionnels, le gouvernement de Pierre Mendès-France décida dès le 1er novembre 1954 l’envoi de renforts (parachutistes, gendarmes mobiles, CRS) qui portèrent rapidement les effectifs à 65.000 hommes en novembre 1954, puis à 80.000 au début de 1955 (dont la moitié seulement étaient opérationnels). Par la suite, le retour d’Indochine d’unités aguerries renforça encore les moyens d’intervention.
II. - Premiers appelés, premiers rappelés en Algérie. Les dates
L’Algérie étant considérée comme un groupe de départements français, une partie du contingent métropolitain y était normalement affectée pour y faire son service militaire. C’est pourquoi trois appelés (le brigadier-chef Cochet, les soldats Audat et Marquet) furent tués à Batna et à Khenchela le 1er novembre 1954.
Pour faire face au développement de l’insurrection en envoyant de nouveaux renforts, le gouvernement d’Edgar Faure décida les premiers rappels de disponibles (réservistes ayant terminé leur service militaire depuis moins de trois ans) en vertu de la loi du 31 mars 1928. Le décret du 21 mai 1955 permit le rappel des membres du contingent 1953-2 qui résidaient en Algérie. Puis, après la sanglante insurrection qui éclata le 20 août 1955 dans le Nord Constantinois et dans l’Atlas marocain, les décrets du 24 et du 28 août rappelèrent tout le contingent 1953-2 (conscrits nés entre le 16 novembre 1932 et le 5 mars 1933), et maintinrent sous les drapeaux le contingent 1954-1 (conscrits nés entre le 6 mars et le 31 août 1933) qui était libérable à partir du 1er novembre 1955. Tous les officiers et sous-officiers de réserve nécessaires à leur encadrement pouvaient être rappelés, quelle que fût leur classe.
III. - La durée du service. (18 mois... 24 mois... 27 mois... 30 mois)
Pour calmer le mécontentement des intéressés, le gouvernement décida en novembre 1955 de limiter à quatre mois la prolongation du service militaire, en libérant les rappelés à la fin de l’année et les maintenus aux environs du 1er mai 1956.
Pendant la campagne électorale consécutive à la dissolution de l’Assemblée nationale, les partis du « Front républicain » (socialistes et radicaux principalement) promirent de les libérer le plus tôt possible. Le gouvernement, présidé par le socialiste Guy Mollet, tint ces promesses en libérant le contingent 1954-1 à partir du 1er mars 1956, mais il maintint le 1954-2. Puis, pour satisfaire les pressantes demandes de renforts de l’état-major d’Alger et du ministre résidant Robert Lacoste, le décret du 12 avril 1956 décida le rappel du contingent 1953-1 (conscrits nés entre le 28 juin et le 15 novembre 1932), puis des contingents 1952-1 et 2, et maintint sous les drapeaux le contingent 1955-1. Le rappel du contingent 1953-1 fut immédiat, celui du 1952-2 (conscrits nés entre le 1er février et le 27 juin 1932) fut annoncé le 12 mai.
De nouveau, des manifestations de mécontentement incitèrent le gouvernement à limiter à six mois la durée des rappels, en libérant les rappelés entre la mi-octobre et la fin décembre 1956. Mais il compensa la baisse des effectifs en prolongeant davantage la durée effective du service militaire : sans en modifier la durée légale, qui resta fixée à 18 mois, le ministre de la défense nationale joua sur le délai de disponibilité pour maintenir les contingents sous les drapeaux pendant 24, puis 27, puis 30 mois. Le Monde du 29 janvier 1957, annonçant les dates de libération des maintenus du contingent 1954-2, constatait que ces jeunes gens auraient ainsi accompli entre 29 mois et demi et 30 mois de service.
Peu après, le secrétaire d’État à l’Air, Henri Laforest, répondit à une question d’un député que tous les appelés accomplissaient la même durée de service : « ceux qui doivent être libérés le 1er mars et le 1er mai auront servi 30 mois, comme ceux libérés à la Noël dernier. La durée du service des contingents suivants dépendra des besoins en effectifs, qui dépendent eux-mêmes de l’évolution de la situation en Afrique du Nord » [2].
Le Président du Conseil, Guy Mollet, interviewé par Pierre Sabbagh devant les caméras de télévision le 1er avril 1957, eut quelque peine à justifier d’une manière convaincante cette prolongation de la durée du service pour une durée non fixée d’avance.
Pris entre les pressions contraires de l’état-major d’Alger et de l’opinion publique métropolitaine, les gouvernements firent alterner des mesures de prolongation et de réduction de la durée du service. Le gouvernement de Félix Gaillard décida le retour au service de 24 mois en novembre 1957, puis il revint à 27 mois en avril 1958, à la demande du général Salan, commandant en chef en Algérie.
Contre l’avis de celui-ci, le général de Gaulle, revenu au pouvoir, décida en décembre 1958 d’étudier un retour progressif au service de 24 mois.
A partir de 1959, de toute façon, l’arrivée des « classes creuses » nées pendant la guerre de 1939 à 1945 ne permettait plus de maintenir des effectifs métropolitains constants sans rallonger la durée du service dans des proportions inacceptables. Pour maintenir ces effectifs, le général Challe, successeur de Salan, dut intensifier le recrutement d’appelés, d’engagés et de supplétifs musulmans en Algérie.
IV. - Les effectifs d’appelés et de rappelés en Algérie, entre 1954 et 1962
Le contingent 1954-1, maintenu en août 1955, comptait plus de 100.000 hommes : 77.000 dans l’armée de terre, 25.000 dans l’armée de l’air, 2.000 dans la marine.
Le contingent 1953-2, rappelé à la même date, en comptait plus de 75.000 : 60.000 de l’armée de terre, 15.000 de l’armée de l’air, et 700 de la marine.
Les rappels d’avril et mai 1956 concernaient environ 200.000 disponibles. Mais l’organisation plus complexe des rappels et des départs ne permet pas de chiffrer aisément l’apport de chaque contingent.
Selon les mémoires du général Salan [3], les rappelés de 1956 avaient fourni environ 150.000 hommes à l’armée d’Algérie (une partie des renforts ayant été prélevée sur les troupes déjà incorporées en métropole et en Allemagne).
Les rappels et la prolongation de la durée du service permirent une rapide augmentation des effectifs présents en Algérie. Les effectifs terrestres passèrent de 114.000 hommes en juillet 1955 à 160.000 en octobre, et à 176.000 en novembre. De 187.000 au 1er mars 1956 (ou 220.000 en incluant toutes les forces terrestres, aériennes et maritimes), ils atteignirent 355.000 hommes à la fin de mai 1956, 325.000 en juillet, et 380.000 en décembre.
Après le départ des derniers disponibles, les effectifs instruits de l’armée de terre varièrent en fonction de la durée du service : 325.000 hommes en décembre 1956, 308.000 en janvier 1957, 396.000 en octobre 1957, 371.000 en décembre 1957, 400.000 en juin 1958, 442.000 en octobre 1958, 394.000 en décembre 1958 (ou 426.000 hommes pour l’ensemble des trois armées), selon les Mémoires du général Salan [4].
Le général Challe, nommé commandant en chef en Algérie en décembre 1958, s’efforça de conserver un minimum de 380.000 hommes dans les forces terrestres régulières.
Au total, on estime à près de 2 millions le nombre des soldats métropolitains qui servirent en Algérie de 1954 à 1962. Les appelés et rappelés en constituèrent sans doute la grande majorité ( Pour porsuivreparticulièrement dans l’armée de terre), mais il n’est pas facile de calculer leur nombre exact.
Une mémoire partagée
Jeunes appelés et rappelés en guerre d’Algérie, un article très intéressant de Ludivine Bantigny
Faut-il vous rappeler que les bibliothécaires du guichet apprécient comme tout un chacun politesse et courtoisie ?
Bonnes lectures
Pour compléter votre précédente question, vous pouvez consulter :
Appelé du contingent lors de la guerre d'Algérie
Histoire coloniale et poscoloniale :
“Appelés” de la guerre d’Algérie
À l’époque, les jeunes Français étaient appelés, dans l’année de leur vingtième anniversaire, afin d’effectuer le service militaire obligatoire, à l’exception des “réformés” qui en étaient dispensés, et des “sursitaires” – notamment les étudiants – qui bénéficiaient d’un report [1]. La durée du service était fixée à 18 mois par la loi du 30 novembre 1950 ; l’objection de conscience n’était pas reconnue, et les insoumis – appelés qui ne s’étaient pas présentés lors de leur appel – pouvaient être recherchés et jugés pour désertion.
Pendant la guerre d’Algérie, de 1954 à 1962, après la durée légale de 18 mois, certaines “classes” furent rappelées, d’autres furent maintenues sous les drapeaux jusqu’à 30, puis 28 mois.
Les effectifs militaires en AFN (Afrique française du Nord : Algérie, Maroc et Tunisie) :
en 1954, environ 50 000 hommes dont 38% d’appelés pour 18 mois de service,
en 1955, les effectifs passent à 100 000 hommes,
en 1956, le rappel sous les drapeaux porte les effectifs militaires à 200 000 hommes,
en 1957, le maintien sous les drapeaux jusqu’à 30 mois permet d’atteindre un effectif de 400 000 hommes, dont 57% d’appelés.
Entre 1952 et 1962, 1 343 000 appelés ou rappelés et 407 000 militaires d’active ont participé “au maintien de l’ordre en Afrique du Nord”, opérations qui ne seront reconnues comme “Guerre d’Algérie” que le 5 octobre 1999. Au cours de la même période, 12 000 hommes ont été déclarés réfractaires, dont 10 831 insoumis, 886 déserteurs et 420 objecteurs de conscience [2].
Bulletin de l’AFAS
La guerre sans nom :
ALGÉRIE DE 1954 À 1962
I. - Les effectifs de l’armée française en Algérie en 1954
Les estimations des effectifs présents en Algérie à telle ou telle date, fournies par différentes sources, sont rarement concordantes, parce qu’elles ne précisent généralement pas quelles catégories de troupes elles additionnent (armée de terre ou ensemble des trois armes, avec ou sans la gendarmerie, les CRS, les forces supplétives...).
Selon les mémoires de Jean Vaujour [1], les effectifs de la Xe région militaire (départements algériens et territoires du Sud) étaient inférieurs à 50.000 hommes, dont moins de 20.000 disponibles pour des opérations de maintien de l’ordre, en octobre 1954. En effet, l’Algérie servait de base arrière à l’armée d’Indochine qui y prélevait des renforts et du matériel.
De plus, l’Afrique du Nord devant servir de position de repli aux forces de l’OTAN en cas d’invasion soviétique de l’Europe occidentale, les états-majors et les services de l’armée d’Algérie étaient particulièrement fournis, au détriment des forces combattantes. Les troupes et le matériel disponibles étaient mal adaptés à la guérilla en terrain montagneux et sans route.
Informé à l’avance des préparatifs insurrectionnels, le gouvernement de Pierre Mendès-France décida dès le 1er novembre 1954 l’envoi de renforts (parachutistes, gendarmes mobiles, CRS) qui portèrent rapidement les effectifs à 65.000 hommes en novembre 1954, puis à 80.000 au début de 1955 (dont la moitié seulement étaient opérationnels). Par la suite, le retour d’Indochine d’unités aguerries renforça encore les moyens d’intervention.
II. - Premiers appelés, premiers rappelés en Algérie. Les dates
L’Algérie étant considérée comme un groupe de départements français, une partie du contingent métropolitain y était normalement affectée pour y faire son service militaire. C’est pourquoi trois appelés (le brigadier-chef Cochet, les soldats Audat et Marquet) furent tués à Batna et à Khenchela le 1er novembre 1954.
Pour faire face au développement de l’insurrection en envoyant de nouveaux renforts, le gouvernement d’Edgar Faure décida les premiers rappels de disponibles (réservistes ayant terminé leur service militaire depuis moins de trois ans) en vertu de la loi du 31 mars 1928. Le décret du 21 mai 1955 permit le rappel des membres du contingent 1953-2 qui résidaient en Algérie. Puis, après la sanglante insurrection qui éclata le 20 août 1955 dans le Nord Constantinois et dans l’Atlas marocain, les décrets du 24 et du 28 août rappelèrent tout le contingent 1953-2 (conscrits nés entre le 16 novembre 1932 et le 5 mars 1933), et maintinrent sous les drapeaux le contingent 1954-1 (conscrits nés entre le 6 mars et le 31 août 1933) qui était libérable à partir du 1er novembre 1955. Tous les officiers et sous-officiers de réserve nécessaires à leur encadrement pouvaient être rappelés, quelle que fût leur classe.
III. - La durée du service. (18 mois... 24 mois... 27 mois... 30 mois)
Pour calmer le mécontentement des intéressés, le gouvernement décida en novembre 1955 de limiter à quatre mois la prolongation du service militaire, en libérant les rappelés à la fin de l’année et les maintenus aux environs du 1er mai 1956.
Pendant la campagne électorale consécutive à la dissolution de l’Assemblée nationale, les partis du « Front républicain » (socialistes et radicaux principalement) promirent de les libérer le plus tôt possible. Le gouvernement, présidé par le socialiste Guy Mollet, tint ces promesses en libérant le contingent 1954-1 à partir du 1er mars 1956, mais il maintint le 1954-2. Puis, pour satisfaire les pressantes demandes de renforts de l’état-major d’Alger et du ministre résidant Robert Lacoste, le décret du 12 avril 1956 décida le rappel du contingent 1953-1 (conscrits nés entre le 28 juin et le 15 novembre 1932), puis des contingents 1952-1 et 2, et maintint sous les drapeaux le contingent 1955-1. Le rappel du contingent 1953-1 fut immédiat, celui du 1952-2 (conscrits nés entre le 1er février et le 27 juin 1932) fut annoncé le 12 mai.
De nouveau, des manifestations de mécontentement incitèrent le gouvernement à limiter à six mois la durée des rappels, en libérant les rappelés entre la mi-octobre et la fin décembre 1956. Mais il compensa la baisse des effectifs en prolongeant davantage la durée effective du service militaire : sans en modifier la durée légale, qui resta fixée à 18 mois, le ministre de la défense nationale joua sur le délai de disponibilité pour maintenir les contingents sous les drapeaux pendant 24, puis 27, puis 30 mois. Le Monde du 29 janvier 1957, annonçant les dates de libération des maintenus du contingent 1954-2, constatait que ces jeunes gens auraient ainsi accompli entre 29 mois et demi et 30 mois de service.
Peu après, le secrétaire d’État à l’Air, Henri Laforest, répondit à une question d’un député que tous les appelés accomplissaient la même durée de service : « ceux qui doivent être libérés le 1er mars et le 1er mai auront servi 30 mois, comme ceux libérés à la Noël dernier. La durée du service des contingents suivants dépendra des besoins en effectifs, qui dépendent eux-mêmes de l’évolution de la situation en Afrique du Nord » [2].
Le Président du Conseil, Guy Mollet, interviewé par Pierre Sabbagh devant les caméras de télévision le 1er avril 1957, eut quelque peine à justifier d’une manière convaincante cette prolongation de la durée du service pour une durée non fixée d’avance.
Pris entre les pressions contraires de l’état-major d’Alger et de l’opinion publique métropolitaine, les gouvernements firent alterner des mesures de prolongation et de réduction de la durée du service. Le gouvernement de Félix Gaillard décida le retour au service de 24 mois en novembre 1957, puis il revint à 27 mois en avril 1958, à la demande du général Salan, commandant en chef en Algérie.
Contre l’avis de celui-ci, le général de Gaulle, revenu au pouvoir, décida en décembre 1958 d’étudier un retour progressif au service de 24 mois.
A partir de 1959, de toute façon, l’arrivée des « classes creuses » nées pendant la guerre de 1939 à 1945 ne permettait plus de maintenir des effectifs métropolitains constants sans rallonger la durée du service dans des proportions inacceptables. Pour maintenir ces effectifs, le général Challe, successeur de Salan, dut intensifier le recrutement d’appelés, d’engagés et de supplétifs musulmans en Algérie.
IV. - Les effectifs d’appelés et de rappelés en Algérie, entre 1954 et 1962
Le contingent 1954-1, maintenu en août 1955, comptait plus de 100.000 hommes : 77.000 dans l’armée de terre, 25.000 dans l’armée de l’air, 2.000 dans la marine.
Le contingent 1953-2, rappelé à la même date, en comptait plus de 75.000 : 60.000 de l’armée de terre, 15.000 de l’armée de l’air, et 700 de la marine.
Les rappels d’avril et mai 1956 concernaient environ 200.000 disponibles. Mais l’organisation plus complexe des rappels et des départs ne permet pas de chiffrer aisément l’apport de chaque contingent.
Selon les mémoires du général Salan [3], les rappelés de 1956 avaient fourni environ 150.000 hommes à l’armée d’Algérie (une partie des renforts ayant été prélevée sur les troupes déjà incorporées en métropole et en Allemagne).
Les rappels et la prolongation de la durée du service permirent une rapide augmentation des effectifs présents en Algérie. Les effectifs terrestres passèrent de 114.000 hommes en juillet 1955 à 160.000 en octobre, et à 176.000 en novembre. De 187.000 au 1er mars 1956 (ou 220.000 en incluant toutes les forces terrestres, aériennes et maritimes), ils atteignirent 355.000 hommes à la fin de mai 1956, 325.000 en juillet, et 380.000 en décembre.
Après le départ des derniers disponibles, les effectifs instruits de l’armée de terre varièrent en fonction de la durée du service : 325.000 hommes en décembre 1956, 308.000 en janvier 1957, 396.000 en octobre 1957, 371.000 en décembre 1957, 400.000 en juin 1958, 442.000 en octobre 1958, 394.000 en décembre 1958 (ou 426.000 hommes pour l’ensemble des trois armées), selon les Mémoires du général Salan [4].
Le général Challe, nommé commandant en chef en Algérie en décembre 1958, s’efforça de conserver un minimum de 380.000 hommes dans les forces terrestres régulières.
Au total, on estime à près de 2 millions le nombre des soldats métropolitains qui servirent en Algérie de 1954 à 1962. Les appelés et rappelés en constituèrent sans doute la grande majorité ( Pour porsuivreparticulièrement dans l’armée de terre), mais il n’est pas facile de calculer leur nombre exact.
Une mémoire partagée
Jeunes appelés et rappelés en guerre d’Algérie, un article très intéressant de Ludivine Bantigny
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