Morvan au centre de la Bourgogne
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 04/05/2018 à 20h41
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Question d'origine :
Bonjour,
Lors d'un périple en vélo dans le Morvan avec un ami bourguignon, nous avons découvert que ce massif de basse montagne est situé au cœur de la Bourgogne, à cheval sur ses quatre départements. Ceci nous a interpelé, et nous nous demandons si l'histoire du Morvan conjoint à celle de la région Bourgogne expliquent cette position centrale, dans un sens par exemple "réserve de bois" donc stratégique, ou encore "zone montagneuse facile à défendre" donc centrale, etc.
Pourriez-vous nous éclairer un peu sur l'histoire conjointe de ce massif et de la région qui semble s'être construite autour ?
Merci d'avance pour votre aide !
Christophe
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 07/05/2018 à 14h43
Bonjour,
Voici quelques extraits de l’ouvrage La Bourgogne, de Bernard Lecomte, qui donne des indications sur l’histoire du Morvan, de sa population, et les raisons de son morcellement entre différents territoires :
«La Bourgogne celte
A partir de l’époque du bronze moyen (1600-1200 av. J.-C.) arrivent en Bourgogne, provenant de l’est par vagues successives, les Celtes. Venus des confins de la Silésie, du Brandebourg et de l’Europe centrale, ils apporteront bientôt avec eux (800-450 av. J.-C.) le fer, qui va supplanter le bronze, ainsi que de nouveaux rites funéraires. Les hommes de la fin de la préhistoire enterraient leurs morts ; les Celtes, eux, les brûlent. Au grand dam des archéologues d’aujourd’hui !
Eduens, Sénons et autres Séquanes
Si l’on sait peu de chose sur ces envahisseurs qui vont développer l’agriculture et le commerce dans tout le pays, c’est qu’ils n’ont qu’une tradition orale : ce qu’on connaît d’eux, pour l’essentiel, ce sont leurs futurs envahisseurs romains qui nous l’ont rapporté. […]
Les Celtes sont plutôt pacifiques, mais ils s’attribuent les meilleurs emplacements de vie, repoussant les anciens habitants sur les hauteurs du Morvan ou dans les sombres forêts de Puisaye. […]
Le territoire de la Bourgogne actuelle, à peu de chose près, est occupé par les Eduens, qui, du haut de leur orgueilleuse capitale morvandelle, Bibracte, surveillent les Séquanes de la vallée de Saône et de la plaine de Bresse. […]
Non, il n’y a jamais eu de « cinquième » département bourguignon ! Le massif du Morvan, malgré sa cohérence et son unité manifestes, a toujours été découpé et partagé entre les comtés, les royaumes, les provinces, les départements, et même les « pays » d’aujourd’hui !
Nivernais-Morvan, Auxois-Morvan, Autunois-Morvan…
Le Morvan, c’est le Morvan ! Sa cohérence géologique, hydrologique et climatique a donné au Morvan et à ses quelque 30 000 habitants (les morvandiaux et les morvandelles) une forte identité sociologique et une réelle unité culturelle. Pourtant, l’histoire politique et administrative n’a pas respecté cette cohérence. Tiraillé entre le royaume franc et le royaume burgonde, le massif du Morvan a été très tôt divisé entre deux provinces rivales (Bourgogne au nord, Nivernais au sud), avant de se voir écarteler, à la Révolution française, entre quatre départements qui constitueront deux siècles plus tard la région Bourgogne !
Le massif du Morvan domine ainsi le Bazois à l’ouest (du côté de la Nièvre), la Terre-Plaine au nord (du côté de l’Yonne), l’Auxois à l’est (du côté de la Côte-d’Or) et le Charolais au sud (du côté de la Saône-et-Loire). Son nom a été emprunté par plusieurs « pays » bourguignons soucieux de mieux se définir, chacun dans son cadre départemental : le Nivernais-Morvan (dans la Nièvre), l’Autunois-Morvan (en Saône-et-Loire) et l’Auxois-Morvan-Côte-d’Orien (en Côte-d’Or). Enfin, l’administration du parc naturel régional du Morvan a distingué quatre ensembles paysagers distincts : la « Dorsale boisée », le « Morvan des 400 mètres », les « Piedmonts », et les « Franges » ».
Nous trouvons par ailleurs un paragraphe consacré au Morvan dans Noms de lieux de Bourgogne : plus de 1.200 noms expliqués, de Gérard Taverdet :
« Ce bastion montagneux, centre géographique de la Bourgogne, demeure un mystère étymologique ; certains auteurs modernes glosent « la montagne noire », sans apporter de justification linguistique ; une des premières attestations est une inscription de l’Antiquité : M(anibus) Aemilio Morvinnico Aeduo ; ce texte nous donne manifestement le nom du Morvan ; il est toutefois difficile de dire avec certitude si Morvinnico est un nom d’homme déjà figé ; dans ce cas, s’agit-il du personnage qui a laissé son nom à la région, comme on l’a dit parfois ; s’agit-il tout simplement d’un homme originaire du Morvan, déjà considéré comme une partie du territoire éduen ? Plus tard, le nom du Morvan réapparaît dans la Vie de saint Germain (ces hagiographies anciennes ont souvent été remaniées à la fin du Moyen Age et il convient de se méfier de leurs informations, surtout dans le domaine de la toponymie) : Dum de vico Cervedone in Murvinno progreditur (« …alors, partant de Cervon, il fait route dans le Morvan »). Dans ce texte, Morvan apparaît déjà comme un nom de région et a son emploi moderne. Le problème reste donc entier. »
Notons que la page Wikipedia consacrée au Morvan propose une bibliographie abondante qui vous permettra d’approfondir ces premiers éléments.
Pour finir, quelques ressources en ligne :
- patrimoinedumorvan.org
- Mystères de Bourgogne : Bibracte, la capitale disparue des Éduens, geo.fr
- Maison des hommes et des paysages en Morvan
Bonne journée.
Voici quelques extraits de l’ouvrage La Bourgogne, de Bernard Lecomte, qui donne des indications sur l’histoire du Morvan, de sa population, et les raisons de son morcellement entre différents territoires :
«
A partir de l’époque du bronze moyen (1600-1200 av. J.-C.) arrivent en Bourgogne, provenant de l’est par vagues successives, les Celtes. Venus des confins de la Silésie, du Brandebourg et de l’Europe centrale, ils apporteront bientôt avec eux (800-450 av. J.-C.) le fer, qui va supplanter le bronze, ainsi que de nouveaux rites funéraires. Les hommes de la fin de la préhistoire enterraient leurs morts ; les Celtes, eux, les brûlent. Au grand dam des archéologues d’aujourd’hui !
Si l’on sait peu de chose sur ces envahisseurs qui vont développer l’agriculture et le commerce dans tout le pays, c’est qu’ils n’ont qu’une tradition orale : ce qu’on connaît d’eux, pour l’essentiel, ce sont leurs futurs envahisseurs romains qui nous l’ont rapporté. […]
Les Celtes sont plutôt pacifiques, mais ils s’attribuent les meilleurs emplacements de vie, repoussant les anciens habitants sur les hauteurs du Morvan ou dans les sombres forêts de Puisaye. […]
Le territoire de la Bourgogne actuelle, à peu de chose près, est occupé par les Eduens, qui, du haut de leur orgueilleuse capitale morvandelle, Bibracte, surveillent les Séquanes de la vallée de Saône et de la plaine de Bresse. […]
Non, il n’y a jamais eu de « cinquième » département bourguignon ! Le massif du Morvan, malgré sa cohérence et son unité manifestes, a toujours été découpé et partagé entre les comtés, les royaumes, les provinces, les départements, et même les « pays » d’aujourd’hui !
Le Morvan, c’est le Morvan ! Sa cohérence géologique, hydrologique et climatique a donné au Morvan et à ses quelque 30 000 habitants (les morvandiaux et les morvandelles) une forte identité sociologique et une réelle unité culturelle. Pourtant, l’histoire politique et administrative n’a pas respecté cette cohérence. Tiraillé entre le royaume franc et le royaume burgonde, le massif du Morvan a été très tôt divisé entre deux provinces rivales (Bourgogne au nord, Nivernais au sud), avant de se voir écarteler, à la Révolution française, entre quatre départements qui constitueront deux siècles plus tard la région Bourgogne !
Le massif du Morvan domine ainsi le Bazois à l’ouest (du côté de la Nièvre), la Terre-Plaine au nord (du côté de l’Yonne), l’Auxois à l’est (du côté de la Côte-d’Or) et le Charolais au sud (du côté de la Saône-et-Loire). Son nom a été emprunté par plusieurs « pays » bourguignons soucieux de mieux se définir, chacun dans son cadre départemental : le Nivernais-Morvan (dans la Nièvre), l’Autunois-Morvan (en Saône-et-Loire) et l’Auxois-Morvan-Côte-d’Orien (en Côte-d’Or). Enfin, l’administration du parc naturel régional du Morvan a distingué quatre ensembles paysagers distincts : la « Dorsale boisée », le « Morvan des 400 mètres », les « Piedmonts », et les « Franges » ».
Nous trouvons par ailleurs un paragraphe consacré au Morvan dans Noms de lieux de Bourgogne : plus de 1.200 noms expliqués, de Gérard Taverdet :
« Ce bastion montagneux, centre géographique de la Bourgogne, demeure un mystère étymologique ; certains auteurs modernes glosent « la montagne noire », sans apporter de justification linguistique ; une des premières attestations est une inscription de l’Antiquité : M(anibus) Aemilio Morvinnico Aeduo ; ce texte nous donne manifestement le nom du Morvan ; il est toutefois difficile de dire avec certitude si Morvinnico est un nom d’homme déjà figé ; dans ce cas, s’agit-il du personnage qui a laissé son nom à la région, comme on l’a dit parfois ; s’agit-il tout simplement d’un homme originaire du Morvan, déjà considéré comme une partie du territoire éduen ? Plus tard, le nom du Morvan réapparaît dans la Vie de saint Germain (ces hagiographies anciennes ont souvent été remaniées à la fin du Moyen Age et il convient de se méfier de leurs informations, surtout dans le domaine de la toponymie) : Dum de vico Cervedone in Murvinno progreditur (« …alors, partant de Cervon, il fait route dans le Morvan »). Dans ce texte, Morvan apparaît déjà comme un nom de région et a son emploi moderne. Le problème reste donc entier. »
Notons que la page Wikipedia consacrée au Morvan propose une bibliographie abondante qui vous permettra d’approfondir ces premiers éléments.
Pour finir, quelques ressources en ligne :
- patrimoinedumorvan.org
- Mystères de Bourgogne : Bibracte, la capitale disparue des Éduens, geo.fr
- Maison des hommes et des paysages en Morvan
Bonne journée.
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