Question d'origine :
Existe-t-il un militantisme gay sans paillette ? Si oui (je pense que oui) pourquoi ce monopole de la paillette ? (peut-être seulement dans notre imaginaire) Merci !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 04/05/2018 à 13h51
Bonjour,
Nous ne voyons pas à quoi vous faites allusion en parlant de militantisme gay à paillettes... parlez-vous des Drag Queens que l'on peut voir lors des défilés de la Gay pride ? Si c'est le cas, elles ne représentent qu'une minorité des militants de la cause LGBT...
Une petite définition issue du Dictionnaire des cultures Gays et lesbiennes publié sous la direction de Didier Eribon " :
Drag queen : personnages traverstis créés et joués par des hommes, les drag queens réalisent une spectaculaire traversée des genres, soit en s'appropriant de manière ludique et parodique les codes d'une "surféminité" irréelle, soit en inventant des créatures fantastiques défiant toutes les tentatives de catégorisation. Souvent perchées sur de vertigineuses platform boots, vêtues de robes extravagantes, coiffées de gigantesques perruques, maquillées de façon outrancière, équipées de faux cils démesurés, les drag queens multiplient les poses provocantes ou glamour. [...] Parodiques et festives, les drag queens n'en sont pas moins dans une certaine mesure politiques, et participent ainsi, à leur manière, au mouvement queer. RuPaul n'affirmait-elle pas : "Chaque battement de mes cils est un acte de rébellion..." ? "
auteur : P. Le Brun-Cordier
Le militantisme Gay est loin de se cantonner à la Gay Pride et aux paillettes, même si les médias aiment diffuser des images spectaculaires de cette marche des fiertés festive !
Il existe en effet une multitude d’associations qui œuvrent tout au long de l’année sur des terrains divers. En témoigne cette liste des associations LGBT que l'on peut trouver sur Lyon. Sans parler des militants qui se battent dans les pays où l'homosexualité est considérée comme une maladie ou un crime. Selon le dernier rapport de l'Association internationale LGBTI (Ilga), dans 72 pays du monde, un rapport homosexuel est considéré comme un crime. Dans 8 pays, il est même passible de la peine de mort : Iran, Soudan, Arabie saoudite, Yémen, Somalie, Nigeria, Irak, Territoires au nord de l’Irak et au nord de la Syrie occupés par Daech. Difficile de porter des paillettes dans ces conditions !
La composante « paillettes » pourrait représenter pour partie des courants « folles » / transgenres / drag queens assumés, revendiqués, se jouant des stéréoptypes, le tout dans une ambiance festive libératrice car exprimée dans l’espace public (et non dans des espaces circonscrits et cachés).
Nous vous invitons à consulter les travaux de Jean-Yves Le Talec publiés dans Folles de France : repenser l'homosexualité masculine pour approfondir le sujet :
" De Zaza Napoli à Priscilla, dans les bars du Marais ou à la Gay Pride, les folles font partie de notre paysage culturel. Exubérante, provocante, flamboyante, cette figure hypervisible se tient pourtant dans l’ombre de l’homosexualité masculine et brille par son absence dans le discours des sciences sociales françaises. Seul affleure l’archétype folklorique de l’homme efféminé marqué du double stigmate de l’inversion et de l’extravagance. L’ambition du livre de Jean-Yves Le Talec est d’ouvrir ces oubliettes. Refusant de considérer les folles comme les accessoires d’une homosexualité prétendument « sérieuse », il a choisi de les replacer au centre d’une histoire des représentations de l’homosexualité en France. Il montre ainsi que les folles occupent depuis longtemps un espace social, à travers une sous-culture spécifique, le camp. Cet art de l’apparence est en pratique une forme de lien et de langage social, de résistance et de stratégie politique. L’émergence du mouvement homosexuel, puis son implication dans la lutte contre le sida, apparaissent dès lors comme une succession d’appropriations et de transformations de cette figure de la folle : un zazou sous l’Occupation, une folle de Saint-Germain-des-Prés, une Gazoline du Front homosexuel d’action révolutionnaire ou une Pom-Pom Girl d’Act Up s’inscrivent ainsi dans une même histoire de la follie. Ce parcours, depuis les années 1930 jusqu’à nos jours, redonne aux folles une vraie place au sein du mouvement homosexuel, de son histoire mais aussi de son actualité, et permet de penser sous un nouveau jour les liens entre sexe, genre et sexualité."
A lire aussi : Le Talec Jean-Yves, Folles de France. Repenser l’homosexualité masculine / Catherine Deschamps - Genre, sexualité & société, 2 | Automne 2009.
Voici quelques documents qui retracent l'histoire du militantisme homosexuel :
- La longue marche des gays / Frédéric Martel
- Global gay : la longue marche des homosexuels / Frédéric Martel
- Le rose et le noir. Les homosexuels en France depuis 1968 / Frédéric Martel
- Pride : chroniques de la révolution gay / Erik Remes
- Ayoub Phillip M, Paternotte David, «L’International Lesbian and Gay Association (ILGA) et l’expansion du militantisme LGBT dans une Europe unifiée», Critique internationale, 2016/1 (N° 70), p. 55-70.
- Prearo Massimo, « La naissance de la formule « LGBT » en France et en Italie : une analyse comparative des discours de mobilisation », Cultures & Conflits, 2015/1 (n° 97), p. 77-95.
Bonne journée.
Nous ne voyons pas à quoi vous faites allusion en parlant de militantisme gay à paillettes... parlez-vous des Drag Queens que l'on peut voir lors des défilés de la Gay pride ? Si c'est le cas, elles ne représentent qu'une minorité des militants de la cause LGBT...
Une petite définition issue du Dictionnaire des cultures Gays et lesbiennes publié sous la direction de Didier Eribon " :
auteur : P. Le Brun-Cordier
Le militantisme Gay est loin de se cantonner à la Gay Pride et aux paillettes, même si les médias aiment diffuser des images spectaculaires de cette marche des fiertés festive !
Il existe en effet une multitude d’associations qui œuvrent tout au long de l’année sur des terrains divers. En témoigne cette liste des associations LGBT que l'on peut trouver sur Lyon. Sans parler des militants qui se battent dans les pays où l'homosexualité est considérée comme une maladie ou un crime. Selon le dernier rapport de l'Association internationale LGBTI (Ilga), dans 72 pays du monde, un rapport homosexuel est considéré comme un crime. Dans 8 pays, il est même passible de la peine de mort : Iran, Soudan, Arabie saoudite, Yémen, Somalie, Nigeria, Irak, Territoires au nord de l’Irak et au nord de la Syrie occupés par Daech. Difficile de porter des paillettes dans ces conditions !
La composante « paillettes » pourrait représenter pour partie des courants « folles » / transgenres / drag queens assumés, revendiqués, se jouant des stéréoptypes, le tout dans une ambiance festive libératrice car exprimée dans l’espace public (et non dans des espaces circonscrits et cachés).
Nous vous invitons à consulter les travaux de Jean-Yves Le Talec publiés dans Folles de France : repenser l'homosexualité masculine pour approfondir le sujet :
" De Zaza Napoli à Priscilla, dans les bars du Marais ou à la Gay Pride, les folles font partie de notre paysage culturel. Exubérante, provocante, flamboyante, cette figure hypervisible se tient pourtant dans l’ombre de l’homosexualité masculine et brille par son absence dans le discours des sciences sociales françaises. Seul affleure l’archétype folklorique de l’homme efféminé marqué du double stigmate de l’inversion et de l’extravagance. L’ambition du livre de Jean-Yves Le Talec est d’ouvrir ces oubliettes. Refusant de considérer les folles comme les accessoires d’une homosexualité prétendument « sérieuse », il a choisi de les replacer au centre d’une histoire des représentations de l’homosexualité en France. Il montre ainsi que les folles occupent depuis longtemps un espace social, à travers une sous-culture spécifique, le camp. Cet art de l’apparence est en pratique une forme de lien et de langage social, de résistance et de stratégie politique. L’émergence du mouvement homosexuel, puis son implication dans la lutte contre le sida, apparaissent dès lors comme une succession d’appropriations et de transformations de cette figure de la folle : un zazou sous l’Occupation, une folle de Saint-Germain-des-Prés, une Gazoline du Front homosexuel d’action révolutionnaire ou une Pom-Pom Girl d’Act Up s’inscrivent ainsi dans une même histoire de la follie. Ce parcours, depuis les années 1930 jusqu’à nos jours, redonne aux folles une vraie place au sein du mouvement homosexuel, de son histoire mais aussi de son actualité, et permet de penser sous un nouveau jour les liens entre sexe, genre et sexualité."
A lire aussi : Le Talec Jean-Yves, Folles de France. Repenser l’homosexualité masculine / Catherine Deschamps - Genre, sexualité & société, 2 | Automne 2009.
Voici quelques documents qui retracent l'histoire du militantisme homosexuel :
- La longue marche des gays / Frédéric Martel
- Global gay : la longue marche des homosexuels / Frédéric Martel
- Le rose et le noir. Les homosexuels en France depuis 1968 / Frédéric Martel
- Pride : chroniques de la révolution gay / Erik Remes
- Ayoub Phillip M, Paternotte David, «L’International Lesbian and Gay Association (ILGA) et l’expansion du militantisme LGBT dans une Europe unifiée», Critique internationale, 2016/1 (N° 70), p. 55-70.
- Prearo Massimo, « La naissance de la formule « LGBT » en France et en Italie : une analyse comparative des discours de mobilisation », Cultures & Conflits, 2015/1 (n° 97), p. 77-95.
Bonne journée.
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