Question d'origine :
Bonjour!
Je une question simple qui appelle des réponses que j'imagine complexe: qu'est-ce qu'une pensée?
Je sais que des philosophes ont travaillé sur l'articulation entre langage et pensée et j'imagine que des scientifique ont aussi planché sur la question mais j'aurais aimé savoir si un ouvrage regroupe les différentes recherches et courants de pensée sur... la pensée.
Merci!
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 02/05/2018 à 13h17
Bonjour,
Nous vous remercions chaleureusement de l’estime que vous manifestez envers nos capacités intellectuelles, en nous posant une question à la base de la philosophie, de la psychologie, des sciences cognitives, de la pédagogie, voire de l’éthologie !
D’abord, il nous faut nous débrouiller des nombreux sens du mot « pensée ». Si nous vous comprenons bien, votre question porte sur la pensée en tant que « Phénomène psychique à caractère représentatif et objectif (voir : Idée) » (Source : Dictionnaire culturel en langue française, Robert, 2005) – c’est le processus concret de production de ces phénomènes (pensées/idées) qui vous intéresse. Nous nous tiendrons donc à une approche matérielle de la question.
Comme ne montre un article de scienceshumaines.com, les sciences cognitives ont fait ces dernières années un bond de géant dans la découvertes de ce processus : «grâce aux techniques des neurosciences cognitives, le rêve de comprendre en profondeur comment le cerveau fait naître la pensée paraît tellement plus proche maintenant que voilà quinze ans» - mais le même article admet : « Mais peut-on pour autant dire que le cerveau est devenu transparent, compris jusqu'au plus petit neurone ? Au contraire, de nouveaux questionnements apparaissent sans cesse, des certitudes sont balayées. »
D’après d’Yves Assouline dans son livre La Fabrique de la pensée, et plus précisément dans un chapitre joliment intitulé « Nos pensées sont des billes qui circulent », une pensée est, très concrètement, un courant électrique :
« le neurone baigne en permanence dans un milieu riche en ions. […] les lions sont des molécules chargées électriquement, positivement ou négativement (cela résulte du fait que certains atomes de la molécule ont perdu ou gagné des électrons, suite à des réactions chimiques) […] il existe des neurones spécifiques, les neurones de « perception » qui ont la particularité de réagir à une excitation extérieure […] ces neurones de perception, excités, génèrent une tension électrique initiale, qui est transmise de neurones en neurones, tout comme dans un courant électrique. […]Les neurotransmetteurs vont alors pouvoir recréer le petit courant électrique, c’est-à-dire le potentiel d’action, sur la ou les dendrites du neurone qui les a captés ».
Plus loin, l’auteur ajoute :
« les informations provenant d’une perception, par exemple visuelle, passent par le thalamus, qui les centralise, puis l’amygdale, qui majore leur importance. Elles arrivent ensuite dans les aires du cortex dédiées aux perceptions sensorielles. Dans un premier temps, les données de perceptions sont stockées telles quelles dans ces aires sensorielles du cortex […] dans un second temps, ces données sont envoyées dans des aires associatives du cortex : aires préfrontales, pariétales, et temporales. Elles y subissent un traitement intelligent, associatif et comparatif. »
Selon le type de pensée qui est mené alors, diverses zones du cerveau seront parcourus par ces flux électriques. Mais si on en croit une étude récente citée par lexpress.fr, le cortex préfrontal a toujours un rôle central :
« Selon les chercheurs, leurs résultats démontrent très clairement comment le cortex préfrontal organise l'activité cérébrale. Cette fonction est surtout visible pour l'accomplissement des tâches les plus compliquées, comme celles impliquant de nombreuses zones différentes du cerveau, soulignent les neuroscientifiques.
"Nous avons constaté que le cortex préfrontal restait actif pendant presque toute la durée du processus de fabrication de la pensée, exactement comme le ferait une région 'multitâches' du cerveau", explique Robert Knight, neuroscientifique à l'Université Berkeley. "Ces tests démontrent que le cortex préfrontal est le chef d'orchestre qui relie les choses entre elles pour obtenir un résultat, ajoute-t-il. Que c'est la colle des capacités cognitives."
"Les études se basant sur l'IRMf montrent le plus souvent que plus une tâche devient complexe, plus l'activité cérébrale est intense, en particulier dans le cortex préfrontal, ajoute Avgusta Shestyuk, également neuroscientifique et principal auteur de l'étude. Dans notre étude, nous pouvons voir que ce n'est pas seulement parce que les neurones travaillent vraiment très dur et s'activent en continu, mais plutôt que de plus en plus de régions du cortex sont recrutées [pour participer à l'effort]." »
Nous avons trouvé sur lejournal.cnrs.fr un diaporama mettant en image les activités neuronales en jeu dans la production des pensées.
Voici quelques ouvrages de la Bibliothèque Municipale de Lyon qui pourraient vous aider à aller plus loin :
Qu'est-ce que penser / calculer ? [Livre] : Hobbes, Leibniz et Boole / par Daniel Parrochia
Comment homo est devenu sapiens [Livre] : sur l'évolution de la pensée / Peter Gärdenfors ;
Qu'est-ce que la pensée ? [Livre] / Pierre Steiner ¬
Qu'est-ce que penser ? [Livre] / Henri Lefebvre
¬¬¬
Penser est une fête [Livre] / Bernard Sichère
Bonne journée.
Nous vous remercions chaleureusement de l’estime que vous manifestez envers nos capacités intellectuelles, en nous posant une question à la base de la philosophie, de la psychologie, des sciences cognitives, de la pédagogie, voire de l’éthologie !
D’abord, il nous faut nous débrouiller des nombreux sens du mot « pensée ». Si nous vous comprenons bien, votre question porte sur la pensée en tant que «
Comme ne montre un article de scienceshumaines.com, les sciences cognitives ont fait ces dernières années un bond de géant dans la découvertes de ce processus : «grâce aux techniques des neurosciences cognitives, le rêve de comprendre en profondeur comment le cerveau fait naître la pensée paraît tellement plus proche maintenant que voilà quinze ans» - mais le même article admet : « Mais peut-on pour autant dire que le cerveau est devenu transparent, compris jusqu'au plus petit neurone ? Au contraire, de nouveaux questionnements apparaissent sans cesse, des certitudes sont balayées. »
D’après d’Yves Assouline dans son livre La Fabrique de la pensée, et plus précisément dans un chapitre joliment intitulé « Nos pensées sont des billes qui circulent », une pensée est, très concrètement, un courant électrique :
« le neurone baigne en permanence dans un milieu riche en ions. […] les lions sont des molécules chargées électriquement, positivement ou négativement (cela résulte du fait que certains atomes de la molécule ont perdu ou gagné des électrons, suite à des réactions chimiques) […] il existe des neurones spécifiques, les neurones de « perception » qui ont la particularité de réagir à une excitation extérieure […] ces neurones de perception, excités, génèrent une tension électrique initiale, qui est transmise de neurones en neurones, tout comme dans un courant électrique. […]Les neurotransmetteurs vont alors pouvoir recréer le petit courant électrique, c’est-à-dire le potentiel d’action, sur la ou les dendrites du neurone qui les a captés ».
Plus loin, l’auteur ajoute :
« les informations provenant d’une perception, par exemple visuelle, passent par le thalamus, qui les centralise, puis l’amygdale, qui majore leur importance. Elles arrivent ensuite dans les aires du cortex dédiées aux perceptions sensorielles. Dans un premier temps, les données de perceptions sont stockées telles quelles dans ces aires sensorielles du cortex […] dans un second temps, ces données sont envoyées dans des aires associatives du cortex : aires préfrontales, pariétales, et temporales. Elles y subissent un traitement intelligent, associatif et comparatif. »
Selon le type de pensée qui est mené alors, diverses zones du cerveau seront parcourus par ces flux électriques. Mais si on en croit une étude récente citée par lexpress.fr, le cortex préfrontal a toujours un rôle central :
« Selon les chercheurs, leurs résultats démontrent très clairement comment le cortex préfrontal organise l'activité cérébrale. Cette fonction est surtout visible pour l'accomplissement des tâches les plus compliquées, comme celles impliquant de nombreuses zones différentes du cerveau, soulignent les neuroscientifiques.
"Nous avons constaté que le cortex préfrontal restait actif pendant presque toute la durée du processus de fabrication de la pensée, exactement comme le ferait une région 'multitâches' du cerveau", explique Robert Knight, neuroscientifique à l'Université Berkeley. "Ces tests démontrent que le cortex préfrontal est le chef d'orchestre qui relie les choses entre elles pour obtenir un résultat, ajoute-t-il. Que c'est la colle des capacités cognitives."
"Les études se basant sur l'IRMf montrent le plus souvent que plus une tâche devient complexe, plus l'activité cérébrale est intense, en particulier dans le cortex préfrontal, ajoute Avgusta Shestyuk, également neuroscientifique et principal auteur de l'étude. Dans notre étude, nous pouvons voir que ce n'est pas seulement parce que les neurones travaillent vraiment très dur et s'activent en continu, mais plutôt que de plus en plus de régions du cortex sont recrutées [pour participer à l'effort]." »
Nous avons trouvé sur lejournal.cnrs.fr un diaporama mettant en image les activités neuronales en jeu dans la production des pensées.
Qu'est-ce que penser / calculer ? [Livre] : Hobbes, Leibniz et Boole / par Daniel Parrochia
Comment homo est devenu sapiens [Livre] : sur l'évolution de la pensée / Peter Gärdenfors ;
Qu'est-ce que la pensée ? [Livre] / Pierre Steiner ¬
Qu'est-ce que penser ? [Livre] / Henri Lefebvre
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Penser est une fête [Livre] / Bernard Sichère
Bonne journée.
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