Question d'origine :
histoire de la reine kahina et massinissa
Réponse attendue le 03/05/2018 - 17:05.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 03/05/2018 à 10h58
Réponse du Département Civilisation
Bonjour,
Le destin de ces deux personnalités marquantes de l’histoire algérienne semble plutôt méconnu et assez peu documenté. Voici quelques repères biographiques ainsi que des documents qui vous permettront, nous l’espèrons, d’en savoir plus.
La Kahina
La reine berbère Kâhina (ou Kahéna) aussi appelée Dihya est l’une des femmes illustres de l’histoire du Maghreb et l’une des figures légendaire de la résistance à la conquête arabe de 695 à 702. Si son nom apparaît dans plusieurs ouvrages historiques, les pages qui lui sont consacrées sont relativement peu nombreuses et relatent presque uniquement ses faits d’armes.
Dans le chapitre 14 de L'Algérie des origines de Gilbert Meynier on peut lire : «(…) le Sud constantinois des montagnes continua à être un bastion de résistance. Après la disparition de Koceila, ce fut une femme, la Kâhina, chéfesse des Berbères Jerawas de l’Aurès, qui réunifia le regimbement berbère en Aurès-Nemenchas. Cette haute personnalité légendaire est de plus en plus célébrée de nos jours à Khenchela comme incarnation de la résistance algérienne des profondeurs aux conquérants de tout poil. Les historiens sont désormais d’accord pour admettre qu’elle était chrétienne, contrairement à une tradition qui la dit juive, tradition reprise par Ibn Khaldoun et, plus tard par de nombreux historiens coloniaux. En 695, une nouvelle expédition arabe se présenta, commandée par Hassân b. Nu’mâ. La Kâhina aurait pratiqué une politique de terre brûlée pour affamer les envahisseurs et aurait même ordonné de détourner les cours d’eau pour entraver leurs déplacements. A la fin du VIIe siècle, le parti armé qu’elle conduisait écrasa l’armée arabe près de l’actuelle Meskiana, à mi-chemin entre les villes actuelles de Tebessa et d’Aïn-Beïda , et la repoussa en Tripolitaine. Il est cependant possible que sa tactique de dévastation destructrice ait davantage nui aux coalisés de la résistance qu’aux envahisseurs. »
Dans Histoire de l'Afrique du Nord - des origines à 1830, Charles-André Julien écrit à propos de la Kahina dans le chapitre consacré à la conquête arabe :« Entre-temps, Hassan s’était retourné contre les Berbères de l’Aurès. Il avait appris, dit-on, que sur eux régnait une reine puissante surnommée la Kahina, c’est-à-dire la prophétesse. Cette femme dont le nom même est inconnu (Damya, Dihya ?), pratiquait assure Ibn Khaldoun, le judaïsme, ainsi que les gens de sa tribu. On a même voulu en voir une preuve dans son surnom pourtant purement arabe. […] Notons d’ailleurs une fois pour toutes qu’en Berbérie les femmes jouent à maintes reprises un rôle de premier plan, au moins jusqu’à l’époque almohade ; […] Nulle pourtant ne s’est élevé aussi haut que la Kahina. A vrai dire nous ne connaissons guère d’elle que son nom, son prestige et sa farouche résistance à l’envahisseur, nourrie semble-t-il de patriotisme berbère et de foi hébraïque. Un fait paraît certain, c’est que la Kahina refit le bloc berbère, écrasa l’armée arabe sur les bords de la Meskiana (entre Aïn Beïda et Tébessa) et la rejeta en Tripolitaine. […] La Kahina aurait gouverné le Maghreb cinq années durant, selon les principes des nomades. […] La veille de la suprême bataille, la Kahina ordonna à ses fils de passer à l’ennemi. […] La vieille reine livra un combat désespéré, peut-être près de Tabarka, puis fut pourchassée avec ses fidèles jusque dans l’Aurès. Elle fut tuée près d’un puits nommé dès lors Bîr el-Kahina, et sa tête envoyée en trophée au calife. Avec sa mort, l’ère de défense héroïque prenait fin. »
Tous ces éléments sont également évoqués par Smaïl Goumeziane dans • Algérie - l'Histoire en héritage et Gabriel Camps dans son livre • Les Berbères, mémoire et identité.
Massinissa
Massinissa né en 238 av. J.-C. et mort en 148 entre dans l’histoire très jeune en combattant lors de la seconde guerre punique. Il règne sur la Numidie de 203 à 148, c’est-à-dire jusqu’à la fin de sa vie.
Vous pourrez trouver dans les détails, les épisodes principaux de la longue vie de Massinissa dans la biographie que lui a consacrée en 2013 l’historienne algérienne Haouaria Kadra-Hadjadji, Massinissa le Grand Africain.
Voici comment elle présente elle-même le roi berbère : «Je vous dirai l’essentiel de l’épopée de ce grand homme, qui s’est hissé au faîte de la puissance. Né vers 238 av. J.-C., il est, avec Syphax, l’un des premiers rois de la Berbérie antique, ce qui équivaut à un véritable titre de noblesse. Tous deux ont été entraînés dans la guerre de Rome contre Carthage, dite guerre d’Hannibal ou deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.), combattant dans les camps opposés. Quand la guerre éclata, Syphax était un puissant souverain, courtisé par les grandes puissances de l’époque, Rome et Carthage. Tandis que Massinissa n’était que le prince héritier, à certaines conditions, du modeste royaume de son père Gaïa. Ce qui était loin de satisfaire son immense ambition. Il possédait les qualités requises pour la réaliser, physiques (endurance exceptionnelle, sobriété, etc.), morales (bravoure, audace, fougue), militaires et, par-dessus tout, des talents d’homme politique et de diplomate. […] Un jour d’octobre 202 eut lieu la célèbre bataille de Zama où s’affrontèrent « Les deux plus grands capitaines de l’époque et sans doute de toute l’Antiquité » (S. Lancel) pour la domination mondiale, Hannibal Barca et Publius Cornelius Scipion. La cavalerie de Massinissa forte de 4 000 hommes eut une part décisive dans la victoire, ainsi que la résistance acharnée des fantassins placés en première ligne. […]Après la guerre, on assiste à un retournement complet de situation : Syphax vaincu par les Romains et Massinissa, sa puissance s’effondre, tandis que Massinissa, au terme de longues conquêtes, se retrouve à la tête d’un immense royaume, dit “la Grande Numidie”, avec la bénédiction des Romains (vers 150 av. J.-C.). L’épopée de Massinissa comporte, en dehors des descriptions de batailles, des épisodes qui donnent de la variété au récit : les luttes de Massinissa pour récupérer son royaume usurpé ; sa vie de proscrit dans le mont Bellus, dans l’attente du débarquement de l’armée romaine ; sa passion pour Sophonisbe, l’épouse de Syphax tombée en son pouvoir ; la mort de Sophonisbe, sacrifiée à son ambition… Son long règne (plus de 50 ans) est mal connu, mais on sait qu’il assura la paix à ses sujets, développa l’agriculture, et intégra son royaume dans la communauté culturelle grecque, à l’image des monarchies hellénistiques, tant était puissant le rayonnement de l’hellénisme (usage du grec, architecture des grands mausolées, monnaies). »
Vous pouvez par ailleurs écouter une rencontre datée de novembre 2013 avec Haouaria Kadra-Hadjadji à propos de son livre. Dans cet échange, elle évoque assez longuement la personnalité de Massinissa.
Bibliographie
A lire et à voir, quelques livres disponibles au catalogue de la BmL
Dans ces ouvrages généraux, de nombreuses pages reprennent les principaux éléments de la vie de Massinissa :
• Histoire de l'Afrique du Nord - des origines à 1830 / Charles-André Julien
• Les Berbères, mémoire et identité / Gabriel Camps
• Algérie - l'Histoire en héritage / Smaïl Goumeziane
• L'Algérie des origines - de la préhistoire à l'avènement de l'Islam / Gilbert Meynier
• Les cavaliers d'Allah / Geneviève Chauvel
• L'Algérie antique de Massinissa à saint Augustin / Serge Lancel ; photographies Omar Daoud
• L'Algérie au temps des royaumes numides : Ve siècle avant J.-C.-1er siècle après J.-C
Une biographie de Massinissa :
• Massinissa le Grand Africain / Houaria Kadra-Hadjadji
Deux romans historiques consacrés à la reine berbère :
• La Kahina / Gisèle Halimi
• La Kahina / Roger Ikor
Et une pièce de théâtre :
Parce que c'est une femme / Kateb Yacine : La Kahina ou Dihya
Bonne lecture !
Bonjour,
Le destin de ces deux personnalités marquantes de l’histoire algérienne semble plutôt méconnu et assez peu documenté. Voici quelques repères biographiques ainsi que des documents qui vous permettront, nous l’espèrons, d’en savoir plus.
La reine berbère Kâhina (ou Kahéna) aussi appelée Dihya est l’une des femmes illustres de l’histoire du Maghreb et l’une des figures légendaire de la résistance à la conquête arabe de 695 à 702. Si son nom apparaît dans plusieurs ouvrages historiques, les pages qui lui sont consacrées sont relativement peu nombreuses et relatent presque uniquement ses faits d’armes.
Dans le chapitre 14 de L'Algérie des origines de Gilbert Meynier on peut lire : «
Dans Histoire de l'Afrique du Nord - des origines à 1830, Charles-André Julien écrit à propos de la Kahina dans le chapitre consacré à la conquête arabe :
Tous ces éléments sont également évoqués par Smaïl Goumeziane dans • Algérie - l'Histoire en héritage et Gabriel Camps dans son livre • Les Berbères, mémoire et identité.
Massinissa né en 238 av. J.-C. et mort en 148 entre dans l’histoire très jeune en combattant lors de la seconde guerre punique. Il règne sur la Numidie de 203 à 148, c’est-à-dire jusqu’à la fin de sa vie.
Vous pourrez trouver dans les détails, les épisodes principaux de la longue vie de Massinissa dans la biographie que lui a consacrée en 2013 l’historienne algérienne Haouaria Kadra-Hadjadji, Massinissa le Grand Africain.
Voici comment elle présente elle-même le roi berbère : «
Vous pouvez par ailleurs écouter une rencontre datée de novembre 2013 avec Haouaria Kadra-Hadjadji à propos de son livre. Dans cet échange, elle évoque assez longuement la personnalité de Massinissa.
A lire et à voir, quelques livres disponibles au catalogue de la BmL
Dans ces ouvrages généraux, de nombreuses pages reprennent les principaux éléments de la vie de Massinissa :
• Histoire de l'Afrique du Nord - des origines à 1830 / Charles-André Julien
• Les Berbères, mémoire et identité / Gabriel Camps
• Algérie - l'Histoire en héritage / Smaïl Goumeziane
• L'Algérie des origines - de la préhistoire à l'avènement de l'Islam / Gilbert Meynier
• Les cavaliers d'Allah / Geneviève Chauvel
• L'Algérie antique de Massinissa à saint Augustin / Serge Lancel ; photographies Omar Daoud
• L'Algérie au temps des royaumes numides : Ve siècle avant J.-C.-1er siècle après J.-C
Une biographie de Massinissa :
• Massinissa le Grand Africain / Houaria Kadra-Hadjadji
Deux romans historiques consacrés à la reine berbère :
• La Kahina / Gisèle Halimi
• La Kahina / Roger Ikor
Et une pièce de théâtre :
Parce que c'est une femme / Kateb Yacine : La Kahina ou Dihya
Bonne lecture !
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