Question d'origine :
Existe-t-il un secteur public du théâtre dans d'autres pays que la France ? Quelles sont les différences avec le système français ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 30/04/2018 à 12h54
Bonjour,
Plusieurs pays, notamment en Europe, ont une grande tradition du théâtre public. Chacune de ces traditions a ses spécificités. En Allemagne, par exemple, elle est basée sur la pluridisciplinarité et l’implantation locale :
« En 1945, dans la partie occidentale qui va devenir en 1949 la R.F.A., la vie théâtrale reprend immédiatement ses droits, en conformité avec la tradition historique accordant la prépondérance aux théâtres publics : théâtres à répertoire entretenant une troupe permanente – qu'ils soient « de municipalité » (Stadttheater) comme c'est majoritairement le cas, ou « d'États » (Staatstheater, à savoir les Länder souverains en matière de culture), tandis que la confédération proprement dite (le Bund) ne verse qu'une infime partie des subventions. En général, il s'agit de théâtres « à trois branches » (Dreispartentheater), intégrant l'opéra, le ballet et la comédie dans un même complexe, sous la direction d'un « intendant » (terme d'origine féodale) nommé par les autorités responsables, et qui assume souvent aussi les fonctions de metteur en scène « régisseur », à moins qu'il ne les délègue à d'autres. Vu de France, le système théâtral ouest-allemand étonne par l'importance de ses moyens (encore que les trois quarts des subventions couvrent juste les frais de personnel) et par sa décentralisation rôdée depuis longtemps. »
(Source : universalis-edu.com)
D’après le https://catalogue.bm-lyon.fr/ark:/75584 ... .locale=fr] Dictionnaire des politiques culturelles de la France depuis 1959 [Livre] [/url](consultable à la Bibliothèque de la Part-Dieu), pour le théâtre et les arts vivants, « dans bien des pays d’Europe continentale, il existe une longue tradition de gestion publique. En Russie, Pierre le Grand fonde un théâtre public en 1702. Le Théâtre national et l’Opéra de Stockholm ont été créés il y a plus de deux cents ans. L’Opéra national du Portugal, quant à lui, date des premières années du XIXème siècle. » A contrario, « Au Royaume-Uni et en Irlande, comme aux Etats-Unis et au Canada, il n’existe pas, pour les arts de la scène, de grandes institutions culturelles de droit public ».
Et, ce n’est guère étonnant, les pays de l’ex-bloc soviétique sont eux aussi attachés à la culture subventionnée :
« Si l’on se tourne vers l’Est, on observe des politiques culturelles en développement rapide. Sur les ruines – persistantes – des appareils culturels de l’ère communiste, les pays d’Europe centrale et orientale ont légiféré – souvent dans la hâte – au cours des quinze dernières années en s’inspirant des divers "modèles" occidentaux sans en copier aucun. Et si les moyens manquent, si les pratiques professionnelles se renouvellent moins facilement que les lois, les structures politiques sont désormais en place, notamment dans les nouveaux pays membres de l’Union européenne. Cependant, la rotation rapide des ministres en charge de la culture entrave souvent une réelle progression dans cette région (depuis la chute du communisme, plus de quinze ministres successifs en Pologne, treize en Roumanie…), dans laquelle les jeunes professionnels du secteur culturel indépendant s’orientent vers les partenaires internationaux, laissant s’élargir le fossé avec les institutions et les politiques nationales. »
(Source : Odile Chenal, « L’Europe et la culture : combien de politiques ? » dans la revue La Pensée de midi, disponible sur cairn.info)
Ce qui est peut-être plus spécifique dans la tradition française ancrée depuis les années 1930, c’est la volonté d’un théâtre public de création et pas uniquement de patrimoine, le théâtre étant vu, selon le mot de Jean Vilar, comme un service public, au même titre que « l’eau, le gaz, l’électricité. » - dans l’esprit du Front Populaire :
« C’est donc dans cette gestation de l’entre-deux-guerres que s’imposa l’idée que le théâtre devait faire partie des conquêtes de 1936 : un théâtre, service public pour l’éducation et le loisir de classes populaires désormais affranchies des excès de travail, prétendant à l’égalité culturelle. »
(Source : Claude Liscia, « Les dérives du service public dans le théâtre contemporain », dans l’Année sociologique, sur cairn.info)
Le théâtre public français tranche donc par son origine ouvertement politique – de par son ampleur aussi : un article de bfmtv.com soulignait en 2015 que même un pays comme l’Allemagne consacrait trois fois moins d’argent que la France à la culture.
Dans tous les cas, il faut cependant souligner les modèles traditionnels ont été durement impactés par la crise. Le site lemonde.fr relatait la difficulté qu’avaient notamment les petites structures britanniques à survivre aux coupes drastiques de subvention – et un état des lieux sur telerama.fr montrait que même dans le pays de Molière, les directeurs de théâtres nationaux étaient d’ores et déjà contraints d’inventer de nouveaux modèles…
Bonne journée.
Plusieurs pays, notamment en Europe, ont une grande tradition du théâtre public. Chacune de ces traditions a ses spécificités. En Allemagne, par exemple, elle est basée sur la pluridisciplinarité et l’implantation locale :
« En 1945, dans la partie occidentale qui va devenir en 1949 la R.F.A., la vie théâtrale reprend immédiatement ses droits, en conformité avec la tradition historique accordant la prépondérance aux théâtres publics : théâtres à répertoire entretenant une troupe permanente – qu'ils soient « de municipalité » (Stadttheater) comme c'est majoritairement le cas, ou « d'États » (Staatstheater, à savoir les Länder souverains en matière de culture), tandis que la confédération proprement dite (le Bund) ne verse qu'une infime partie des subventions. En général, il s'agit de théâtres « à trois branches » (Dreispartentheater), intégrant l'opéra, le ballet et la comédie dans un même complexe, sous la direction d'un « intendant » (terme d'origine féodale) nommé par les autorités responsables, et qui assume souvent aussi les fonctions de metteur en scène « régisseur », à moins qu'il ne les délègue à d'autres. Vu de France, le système théâtral ouest-allemand étonne par l'importance de ses moyens (encore que les trois quarts des subventions couvrent juste les frais de personnel) et par sa décentralisation rôdée depuis longtemps. »
(Source : universalis-edu.com)
D’après le https://catalogue.bm-lyon.fr/ark:/75584 ... .locale=fr] Dictionnaire des politiques culturelles de la France depuis 1959 [Livre] [/url](consultable à la Bibliothèque de la Part-Dieu), pour le théâtre et les arts vivants, « dans bien des pays d’Europe continentale, il existe une longue tradition de gestion publique. En Russie, Pierre le Grand fonde un théâtre public en 1702. Le Théâtre national et l’Opéra de Stockholm ont été créés il y a plus de deux cents ans. L’Opéra national du Portugal, quant à lui, date des premières années du XIXème siècle. » A contrario, « Au Royaume-Uni et en Irlande, comme aux Etats-Unis et au Canada, il n’existe pas, pour les arts de la scène, de grandes institutions culturelles de droit public ».
Et, ce n’est guère étonnant, les pays de l’ex-bloc soviétique sont eux aussi attachés à la culture subventionnée :
« Si l’on se tourne vers l’Est, on observe des politiques culturelles en développement rapide. Sur les ruines – persistantes – des appareils culturels de l’ère communiste, les pays d’Europe centrale et orientale ont légiféré – souvent dans la hâte – au cours des quinze dernières années en s’inspirant des divers "modèles" occidentaux sans en copier aucun. Et si les moyens manquent, si les pratiques professionnelles se renouvellent moins facilement que les lois, les structures politiques sont désormais en place, notamment dans les nouveaux pays membres de l’Union européenne. Cependant, la rotation rapide des ministres en charge de la culture entrave souvent une réelle progression dans cette région (depuis la chute du communisme, plus de quinze ministres successifs en Pologne, treize en Roumanie…), dans laquelle les jeunes professionnels du secteur culturel indépendant s’orientent vers les partenaires internationaux, laissant s’élargir le fossé avec les institutions et les politiques nationales. »
(Source : Odile Chenal, « L’Europe et la culture : combien de politiques ? » dans la revue La Pensée de midi, disponible sur cairn.info)
Ce qui est peut-être plus spécifique dans la tradition française ancrée depuis les années 1930, c’est la volonté d’un théâtre public de création et pas uniquement de patrimoine, le théâtre étant vu, selon le mot de Jean Vilar, comme un service public, au même titre que « l’eau, le gaz, l’électricité. » - dans l’esprit du Front Populaire :
« C’est donc dans cette gestation de l’entre-deux-guerres que s’imposa l’idée que le théâtre devait faire partie des conquêtes de 1936 : un théâtre, service public pour l’éducation et le loisir de classes populaires désormais affranchies des excès de travail, prétendant à l’égalité culturelle. »
(Source : Claude Liscia, « Les dérives du service public dans le théâtre contemporain », dans l’Année sociologique, sur cairn.info)
Le théâtre public français tranche donc par son origine ouvertement politique – de par son ampleur aussi : un article de bfmtv.com soulignait en 2015 que même un pays comme l’Allemagne consacrait trois fois moins d’argent que la France à la culture.
Dans tous les cas, il faut cependant souligner les modèles traditionnels ont été durement impactés par la crise. Le site lemonde.fr relatait la difficulté qu’avaient notamment les petites structures britanniques à survivre aux coupes drastiques de subvention – et un état des lieux sur telerama.fr montrait que même dans le pays de Molière, les directeurs de théâtres nationaux étaient d’ores et déjà contraints d’inventer de nouveaux modèles…
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Je cherche des documents sur l'accompagnement des enfants/parents...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter