oued sybousse
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/04/2018 à 11h37
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Question d'origine :
operation militaire a oued sybousse bone 1959
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 16/04/2018 à 08h23
Bonjour,
Nous supposons que vous faites référence à des événements qui se sont produits en juin 1959 dans la banlieue de Bône.
Voici les éléments que nous avons pu trouver :
« Dans la nuit du 22 au 23 juin 1959, un convoi mené par l’aspirant Haïdouche passe la frontière. Il envisage de gagner le plus vite possible le massif de l’Edough, premier refuge de sa marche vers la Kabylie. La colonne se compose d’une cinquantaine de Kabyles destinés à renforcer la Wilaya 3, dont les effectifs ont fondu depuis un certain temps. Ils transportent une importante somme d’argent et trois encombrants postes de radio ANGRC 9 de grande portée. Mais les deux guides, probablement soudoyés par les services de renseignement français, les abandonnent à leur sort juste après le franchissement du barrage. Ne connaissant pas le terrain, le convoi erre.Dans la soirée du 23 juin , de nombreuses traces de pas sous un petit pont, non loin de la ferme de la Mafrague, trahissent sa présence. La bande est encerclée à la hauteur de Sidi-Salem au sud-est de Bône, dans un triangle dont les deux grands côtés sont formés par la Seybouse et la route de l’aérodrome qui, du nord au sud, relie Bône à Morris. Des unités du secteur, dont des gardes mobiles, la contiennent en attendant des renforts.
Dans la nuit, deux régiments de parachutistes sont placés sur le pied de guerre. Le 2e R.E.P., en opération dans le secteur de la Calle, fait mouvement de toute urgence vers Duzerville, petit bourg situé à une dizaine de kilomètres au sud de Bône. Le 14e R.C.P. quitte ses cantonnements de Souk-Ahras à deux heures du matin.
A l’aube, le bouclage est complet et les troupes d’assaut rameutées sont à pied d’œuvre. La bande rebelle est encerclée dans la ferme Calleja, à quatre kilomètres au sud-est de Bône. Reste à la localiser avec précision, puis à l’extraire du terrain broussailleux.
A 6h40, une patrouille de T-6 de l’escadrille 12/72 (Manille Rouge) bourdonne dans le ciel d’un bleu superbe. Le sergent-chef Jouret, leader, et son équipier le sergent Roville, repèrent parfaitement une arme automatique et ses servants dissimulés aux vues, dans les orangeraies, à moins de trente mètres des éléments avancés du 2e R.E.P. (Pastiche bleu). L’autorisation de tir, demandée au P.C. de l’opération installé à la casbah de Bône, est formellement refusée. Dans l’impossibilité d’alerter par radio les bérets-verts menacés, la patrouille effectue de nombreuses passes très poussées sans tirer, obligeant ainsi la mitrailleuse à se dévoiler. Mission accomplie, les deux T-6 rentrent au terrain après avoir été touchés à huit reprises.
Au sol, les paras mènent un assaut initial au cours duquel ils perdent 5 tués et 19 blessés. Les bérets-rouges de la Compagnie Portée du 14e R.C.P. repoussent une tentative de franchissement du bouclage. Devant un résultat aussi coûteux, le 2e R.E.P. demande à 7h53 directement au P.C. Air, un appui aérien massif. L’intervention est conduite par la patrouille Manille Jaune qui guide la chasse lourde. Deux Mistral de l’E.C. 1/7 Provence, plusieurs Corsair de la 12F et quatre B-26 du G.B. 1/91, se succèdent au-dessus de l’objectif. Le tandem T-6 – Corsair s’avère d’une redoutable efficacité. L’intervention est caractérisée par la précision de posé des bidons de napalm dans une bande de terrain très étroite bordée par les troupes au sol. Cependant, un projectile largué trop court cause un tué au 2e R.E.P. La réduction d’une arme automatique, malgré l’intensité des bombardements, est assurée par le lieutenant Bretagnon de l’escadrille 17/72 (Caret Argent) qui expédie une roquette à moins de quatre mètres.
L’assaut final donné par le 2e R.E.P. coûtera encore 5 blessés. Les légionnaires devront grenader l’oued pour déloger les survivants camouflés dans l’eau en utilisant des roseaux pour respirer. Le chef fellagha, l’aspirant Haïdouche, sera retrouvé mort, poignardé en fin de combat par ses hommes qui voulaient se rendre. Les trois postes ANGRC 9 et leurs génératrices seront repêchés dans la Seybouse par des plongeurs de la Marine Nationale venus de Bône. Outre ce matériel important, les rebelles transportaient une grosse somme d’argent. Lorsqu’ils se sont sentis perdus, ils ont lacéré les billets de banque, ce qui explique la fouille minutieuse des paras après les combats. […]
Ce combat, aux portes d’une grande agglomération, inspirera malencontreusement un journaliste américain présent alors que des diplomates étrangers étaient en visite, tout à fait fortuitement à Bône. Les autorités françaises ne voulant pas fournir rapidement des informations précises, et la presse ayant besoin de sensationnel, le mythe d’une attaque lancée par l’A.L.N. contre l’une des quatre plus grandes villes d’Algérie, s’est développé. […]
Au soir du 24 juin 1959, le laconique compte-rendu militaire destiné à la presse mettra un terme à ce délire médiatique :
« Dans le but d’appuyer la campagne pour la négociation actuellement lancée en métropole par les soutiens traditionnels du F.L.N., et de développer les actions du terrorisme, apanage du F.L.N., un commando avait été envoyé, il y a quelques jours, de Tunisie sur le massif de l’Edough, en vue d’agir sur la ville de Bône. Accroché après le barrage, ce groupe a perdu 25 hommes sur 33.
Malgré ces lourdes pertes, une nouvelle bande rebelle d’une cinquantaine d’hommes a tenté de franchir le barrage dans la nuit du 23 au 24 juin, dans le même secteur, au nord de Morris.
Décelée lors du franchissement, cette bande a été prise en chasse par les unités du secteur de Bône. Elle vient d’être pratiquement détruite au cours d’une série d’accrochages, vigoureusement menés par les forces de l’ordre, renseignées par la population. Les derniers éléments, égaillés dans la nature, ont été anéantis, à proximité de Bône, ce qui a permis à une certaine agence étrangère de presse de tenter de faire du sensationnel en présentant l’affaire comme une attaque d’un commando sur la ville.
Jusqu’à présent, sur les cinquante hommes ayant franchi le barrage, 47 ont été mis hors de combat. Un fusil-mitrailleur, 17 pistolets-mitrailleurs et 27 fusils de guerre ont été saisis. » »
Source : Aviateurs en guerre : Afrique du Nord-Sahara, 1954-1962 : chasse, bombardement, aviation légère, hélicos, Patrick-Charles Renaud
« […] En juin 1959, et sur instruction de Krim Belkacem et Mohammedi Saïd, un commando de 85 fidayîn a été mobilisé pour une mission d’acheminement d’armes vers la wilaya III (Kabylie). La compagnie, dotée de 3 postes émetteurs et d’armes automatiques, s’ébranla le 23 juin vers le poste de commandement (PC) Abderrahmane Ben Salem, en territoire tunisien à proximité des frontières, où l’on mettra à la disposition du commando un guide et des passeurs pour traverser la ligne Maurice, cela après que chaque Djoundi eut reçu sa ration alimentaire composée d’un kg de farine d’orge mélangée de sucre (ration de guerre). Le premier obstacle qui se dressa devant les Djounouds fut l’oued Medjedra, une rivière large de quelques 100m, et les passeurs ont dû utiliser des embarcations légères, deux éléments par barque. Malheureusement, le terrain sur l’autre rive étant nu et défriché, et l’approche du jour les obligea à rebrousser chemin, et ce n’est que dans la soirée du 23 juin que des membres du commando, au nombre de 34, se sont portés volontaires pour une 2ème tentative.
La traversée de Oued Medjedra
Ce commando s’est délesté de l’armement lourd, ne gardant que des mitraillettes, une pièce 24 et des Mausers. La rivière traversée, ils arrivèrent à la ligne Maurice à 1h du matin, après une heure de marche. Les passeurs choisirent un pont pour la traversée, mais le dessus de l’ouvrage étant barré par des fils de 3000 volts de la ligne Maurice, c’est par-dessous qu’ils se sont glissés en traversant à gué, après avoir coupé le barbelé à moins de 50m d’un mirador (puissant projecteur pivotant manipulé par une sentinelle). Ils reprirent, ensuite, leur marche pour déboucher sur la ferme d’un colon et se cachèrent dans un champ de blé durant 3 jours, attendant le moment propice pour reprendre leur avancée. Et c’est là qu’ils ont épuisé toutes leurs provisions, en aliments et en eau. Au 3eme jour, le propriétaire de la ferme, en tournée dans les champs, les remarqua. Ce qui les obligea à un nouveau déplacement dès la tombée de la nuit. Notre interlocuteur affirme que pas moins de 5 embuscades de l’armée française, dressées sur le passage du commando, furent déjouées grâce à leur expérience du terrain, et ce n’est qu’à la 6ème qu’ils ont été repérés, et l’alerte fut, ainsi, donnée. C’était à proximité de l’oued Seybouse, le mercredi 24juin 1959 à 1h du matin, que l’encerclement du commando commença. Le guide avait disparu aux premiers coups de feu. Ammi Ali pense qu’il s’était rendu et avait donné la position du commando aux officiers français, qui mobilisèrent pas moins de 20.000 hommes pour procéder à un bouclage hermétique du lieudit Sidi Salem où se trouvait le commando de l’ALN. Les Français ont procédé, ensuite, au lâchage des eaux du barrage de la localité pour provoquer une crue plus forte de la rivière Seybouse. A la levée du jour, l’aviation et les chars d’assaut succédèrent au pilonnage au mortier et lâchèrent une pluie de bombes au napalm et des gaz asphyxiants, avec la contribution des navires de guerre en rade dans le port d’Annaba. Après chaque raid, les officiers français tentaient des assauts terrestres, et plus d’une dizaine ont été repoussés par les fidayîn, qui étaient décidés à se battre jusqu’à la dernière cartouche.
L’accrochage a duré près de quinze heures
La bataille a duré environ 15 heures, de 1h du matin jusqu’à 16h. Un élément du commando se rendra à l’ennemi, emportant avec lui 3 millions de centimes et un paquet de grades destinés aux Moudjahiddines de la wilaya 3. En plus de plusieurs militaires abattus lors des assauts répétés, 3 avions de combat ont été détruits (un B26, un avion de chasse et un avion de reconnaissance). Les survivants du commando tentèrent une opération suicide, pour forcer le bouclage et pénétrer dans la ville de Annaba, mais un déluge de feu et de flammes ne leur laissa aucune chance. La majorité des éléments qui composaient le groupe ont été brûlés vifs au napalm. Laârbi Ali perdra connaissance, après avoir reçu une balle dans un brouillard de gaz asphyxiant. Il se réveilla dans une cellule, dans la prison de Koudiat à Annaba, où il fut soigné par deux autres Moudjahiddines, eux même blessés lors d’une autre bataille, qui ont réussi à le réanimer avec les moyens de bord. »
Source : Il est l’un des trois survivants d’un commando de l’ALN en mission de ravitaillement pour la wilaya III : Larbi Ali raconte La Bataille des kabyles à Annaba, depechedekabylie.com
« Noui Bouguessas est […] l'un des rares survivants du terrible accrochage de Sidi-Salem au cours duquel des dizaines de Chouhada, originaires notamment de Kabylie, avaient perdus la vie en juillet 1959 à l'embouchure même de l'Oued Seybouse. La mission, du reste périlleuse, à laquelle avait pris part le défunt Bouguessas consistait à acheminer de l'armement vers la Wilaya III qui en avait alors un besoin vital. À Annaba, quand on évoque aujourd'hui ce lourd sacrifice, on affirme souvent qu'il s'agissait, dans le cas d'espèce, d'une "zefa", en patois local, une délation qui serait à l'origine de cette hécatombe. Les bombardiers de l'aviation française avaient, en effet, été mobilisés pour la circonstance et avaient causé de lourdes pertes parmi les troupes de l'ALN.
La mémoire annabie garde de ce triste événement le souvenir de l'image horrible des cadavres emportés par les eaux. »
Source : Il était l'une des figures de la wilaya II : Noui Bouguessas n'est plus, djazairess.com
Par ailleurs, nous tenons à nous excuser pour le retard de notre réponse, dû à un problème technique indépendant de notre volonté.
Bonne journée.
Nous supposons que vous faites référence à des événements qui se sont produits en juin 1959 dans la banlieue de Bône.
Voici les éléments que nous avons pu trouver :
« Dans la nuit du 22 au 23 juin 1959, un convoi mené par l’aspirant Haïdouche passe la frontière. Il envisage de gagner le plus vite possible le massif de l’Edough, premier refuge de sa marche vers la Kabylie. La colonne se compose d’une cinquantaine de Kabyles destinés à renforcer la Wilaya 3, dont les effectifs ont fondu depuis un certain temps. Ils transportent une importante somme d’argent et trois encombrants postes de radio ANGRC 9 de grande portée. Mais les deux guides, probablement soudoyés par les services de renseignement français, les abandonnent à leur sort juste après le franchissement du barrage. Ne connaissant pas le terrain, le convoi erre.
Dans la nuit, deux régiments de parachutistes sont placés sur le pied de guerre. Le 2e R.E.P., en opération dans le secteur de la Calle, fait mouvement de toute urgence vers Duzerville, petit bourg situé à une dizaine de kilomètres au sud de Bône. Le 14e R.C.P. quitte ses cantonnements de Souk-Ahras à deux heures du matin.
A l’aube, le bouclage est complet et les troupes d’assaut rameutées sont à pied d’œuvre. La bande rebelle est encerclée dans la ferme Calleja, à quatre kilomètres au sud-est de Bône. Reste à la localiser avec précision, puis à l’extraire du terrain broussailleux.
A 6h40, une patrouille de T-6 de l’escadrille 12/72 (Manille Rouge) bourdonne dans le ciel d’un bleu superbe. Le sergent-chef Jouret, leader, et son équipier le sergent Roville, repèrent parfaitement une arme automatique et ses servants dissimulés aux vues, dans les orangeraies, à moins de trente mètres des éléments avancés du 2e R.E.P. (Pastiche bleu). L’autorisation de tir, demandée au P.C. de l’opération installé à la casbah de Bône, est formellement refusée. Dans l’impossibilité d’alerter par radio les bérets-verts menacés, la patrouille effectue de nombreuses passes très poussées sans tirer, obligeant ainsi la mitrailleuse à se dévoiler. Mission accomplie, les deux T-6 rentrent au terrain après avoir été touchés à huit reprises.
Au sol, les paras mènent un assaut initial au cours duquel ils perdent 5 tués et 19 blessés. Les bérets-rouges de la Compagnie Portée du 14e R.C.P. repoussent une tentative de franchissement du bouclage. Devant un résultat aussi coûteux, le 2e R.E.P. demande à 7h53 directement au P.C. Air, un appui aérien massif. L’intervention est conduite par la patrouille Manille Jaune qui guide la chasse lourde. Deux Mistral de l’E.C. 1/7 Provence, plusieurs Corsair de la 12F et quatre B-26 du G.B. 1/91, se succèdent au-dessus de l’objectif. Le tandem T-6 – Corsair s’avère d’une redoutable efficacité. L’intervention est caractérisée par la précision de posé des bidons de napalm dans une bande de terrain très étroite bordée par les troupes au sol. Cependant, un projectile largué trop court cause un tué au 2e R.E.P. La réduction d’une arme automatique, malgré l’intensité des bombardements, est assurée par le lieutenant Bretagnon de l’escadrille 17/72 (Caret Argent) qui expédie une roquette à moins de quatre mètres.
L’assaut final donné par le 2e R.E.P. coûtera encore 5 blessés. Les légionnaires devront grenader l’oued pour déloger les survivants camouflés dans l’eau en utilisant des roseaux pour respirer. Le chef fellagha, l’aspirant Haïdouche, sera retrouvé mort, poignardé en fin de combat par ses hommes qui voulaient se rendre. Les trois postes ANGRC 9 et leurs génératrices seront repêchés dans la Seybouse par des plongeurs de la Marine Nationale venus de Bône. Outre ce matériel important, les rebelles transportaient une grosse somme d’argent. Lorsqu’ils se sont sentis perdus, ils ont lacéré les billets de banque, ce qui explique la fouille minutieuse des paras après les combats. […]
Ce combat, aux portes d’une grande agglomération, inspirera malencontreusement un journaliste américain présent alors que des diplomates étrangers étaient en visite, tout à fait fortuitement à Bône. Les autorités françaises ne voulant pas fournir rapidement des informations précises, et la presse ayant besoin de sensationnel, le mythe d’une attaque lancée par l’A.L.N. contre l’une des quatre plus grandes villes d’Algérie, s’est développé. […]
Au soir du 24 juin 1959, le laconique compte-rendu militaire destiné à la presse mettra un terme à ce délire médiatique :
« Dans le but d’appuyer la campagne pour la négociation actuellement lancée en métropole par les soutiens traditionnels du F.L.N., et de développer les actions du terrorisme, apanage du F.L.N., un commando avait été envoyé, il y a quelques jours, de Tunisie sur le massif de l’Edough, en vue d’agir sur la ville de Bône. Accroché après le barrage, ce groupe a perdu 25 hommes sur 33.
Malgré ces lourdes pertes, une nouvelle bande rebelle d’une cinquantaine d’hommes a tenté de franchir le barrage dans la nuit du 23 au 24 juin, dans le même secteur, au nord de Morris.
Décelée lors du franchissement, cette bande a été prise en chasse par les unités du secteur de Bône. Elle vient d’être pratiquement détruite au cours d’une série d’accrochages, vigoureusement menés par les forces de l’ordre, renseignées par la population. Les derniers éléments, égaillés dans la nature, ont été anéantis, à proximité de Bône, ce qui a permis à une certaine agence étrangère de presse de tenter de faire du sensationnel en présentant l’affaire comme une attaque d’un commando sur la ville.
Jusqu’à présent, sur les cinquante hommes ayant franchi le barrage, 47 ont été mis hors de combat. Un fusil-mitrailleur, 17 pistolets-mitrailleurs et 27 fusils de guerre ont été saisis. » »
Source : Aviateurs en guerre : Afrique du Nord-Sahara, 1954-1962 : chasse, bombardement, aviation légère, hélicos, Patrick-Charles Renaud
« […] En juin 1959, et sur instruction de Krim Belkacem et Mohammedi Saïd, un commando de 85 fidayîn a été mobilisé pour une mission d’acheminement d’armes vers la wilaya III (Kabylie). La compagnie, dotée de 3 postes émetteurs et d’armes automatiques, s’ébranla le 23 juin vers le poste de commandement (PC) Abderrahmane Ben Salem, en territoire tunisien à proximité des frontières, où l’on mettra à la disposition du commando un guide et des passeurs pour traverser la ligne Maurice, cela après que chaque Djoundi eut reçu sa ration alimentaire composée d’un kg de farine d’orge mélangée de sucre (ration de guerre). Le premier obstacle qui se dressa devant les Djounouds fut l’oued Medjedra, une rivière large de quelques 100m, et les passeurs ont dû utiliser des embarcations légères, deux éléments par barque. Malheureusement, le terrain sur l’autre rive étant nu et défriché, et l’approche du jour les obligea à rebrousser chemin, et ce n’est que dans la soirée du 23 juin que des membres du commando, au nombre de 34, se sont portés volontaires pour une 2ème tentative.
La traversée de Oued Medjedra
Ce commando s’est délesté de l’armement lourd, ne gardant que des mitraillettes, une pièce 24 et des Mausers. La rivière traversée, ils arrivèrent à la ligne Maurice à 1h du matin, après une heure de marche. Les passeurs choisirent un pont pour la traversée, mais le dessus de l’ouvrage étant barré par des fils de 3000 volts de la ligne Maurice, c’est par-dessous qu’ils se sont glissés en traversant à gué, après avoir coupé le barbelé à moins de 50m d’un mirador (puissant projecteur pivotant manipulé par une sentinelle). Ils reprirent, ensuite, leur marche pour déboucher sur la ferme d’un colon et se cachèrent dans un champ de blé durant 3 jours, attendant le moment propice pour reprendre leur avancée. Et c’est là qu’ils ont épuisé toutes leurs provisions, en aliments et en eau. Au 3eme jour, le propriétaire de la ferme, en tournée dans les champs, les remarqua. Ce qui les obligea à un nouveau déplacement dès la tombée de la nuit. Notre interlocuteur affirme que pas moins de 5 embuscades de l’armée française, dressées sur le passage du commando, furent déjouées grâce à leur expérience du terrain, et ce n’est qu’à la 6ème qu’ils ont été repérés, et l’alerte fut, ainsi, donnée. C’était à proximité de l’oued Seybouse, le mercredi 24juin 1959 à 1h du matin, que l’encerclement du commando commença. Le guide avait disparu aux premiers coups de feu. Ammi Ali pense qu’il s’était rendu et avait donné la position du commando aux officiers français, qui mobilisèrent pas moins de 20.000 hommes pour procéder à un bouclage hermétique du lieudit Sidi Salem où se trouvait le commando de l’ALN. Les Français ont procédé, ensuite, au lâchage des eaux du barrage de la localité pour provoquer une crue plus forte de la rivière Seybouse. A la levée du jour, l’aviation et les chars d’assaut succédèrent au pilonnage au mortier et lâchèrent une pluie de bombes au napalm et des gaz asphyxiants, avec la contribution des navires de guerre en rade dans le port d’Annaba. Après chaque raid, les officiers français tentaient des assauts terrestres, et plus d’une dizaine ont été repoussés par les fidayîn, qui étaient décidés à se battre jusqu’à la dernière cartouche.
L’accrochage a duré près de quinze heures
La bataille a duré environ 15 heures, de 1h du matin jusqu’à 16h. Un élément du commando se rendra à l’ennemi, emportant avec lui 3 millions de centimes et un paquet de grades destinés aux Moudjahiddines de la wilaya 3. En plus de plusieurs militaires abattus lors des assauts répétés, 3 avions de combat ont été détruits (un B26, un avion de chasse et un avion de reconnaissance). Les survivants du commando tentèrent une opération suicide, pour forcer le bouclage et pénétrer dans la ville de Annaba, mais un déluge de feu et de flammes ne leur laissa aucune chance. La majorité des éléments qui composaient le groupe ont été brûlés vifs au napalm. Laârbi Ali perdra connaissance, après avoir reçu une balle dans un brouillard de gaz asphyxiant. Il se réveilla dans une cellule, dans la prison de Koudiat à Annaba, où il fut soigné par deux autres Moudjahiddines, eux même blessés lors d’une autre bataille, qui ont réussi à le réanimer avec les moyens de bord. »
Source : Il est l’un des trois survivants d’un commando de l’ALN en mission de ravitaillement pour la wilaya III : Larbi Ali raconte La Bataille des kabyles à Annaba, depechedekabylie.com
« Noui Bouguessas est […] l'un des rares survivants du terrible accrochage de Sidi-Salem au cours duquel des dizaines de Chouhada, originaires notamment de Kabylie, avaient perdus la vie en juillet 1959 à l'embouchure même de l'Oued Seybouse. La mission, du reste périlleuse, à laquelle avait pris part le défunt Bouguessas consistait à acheminer de l'armement vers la Wilaya III qui en avait alors un besoin vital. À Annaba, quand on évoque aujourd'hui ce lourd sacrifice, on affirme souvent qu'il s'agissait, dans le cas d'espèce, d'une "zefa", en patois local, une délation qui serait à l'origine de cette hécatombe. Les bombardiers de l'aviation française avaient, en effet, été mobilisés pour la circonstance et avaient causé de lourdes pertes parmi les troupes de l'ALN.
La mémoire annabie garde de ce triste événement le souvenir de l'image horrible des cadavres emportés par les eaux. »
Source : Il était l'une des figures de la wilaya II : Noui Bouguessas n'est plus, djazairess.com
Par ailleurs, nous tenons à nous excuser pour le retard de notre réponse, dû à un problème technique indépendant de notre volonté.
Bonne journée.
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