Question d'origine :
operation militaires francais pendant la guerre d algerie
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 31/03/2018 à 14h37
Bonjour,
La ville de Souk Ahras en Algérie a joué depuis fort longtemps un rôle important dans l'histoire politique et culturelle de l'Algérie en raison de sa position stratégique, carrefour des civilisations.
Pendant la guerre d’Algérie, le territoire a été découpé par le FLN en six wilayas. Souk Ahras se trouvait dans la deuxième wilaya qui est la plus petite. Au déclenchement même de la révolution de 1954, Souk Ahras, ville frontalière à la Tunisie, devint une place stratégique : les Moudjahidines de l’Armée de Libération Nationale (ALN) s’en servaient comme base d’entrainement, d'approvisionnement en armes et en munitions et de supervision pour l'organisation de l'ALN, en collaboration avec une armée des frontières établie en Tunisie.
A partir de 1956, le rôle de la marine de l’armée française sur les côtes et de l’aviation dans la région de Souk Ahras avait donc pour objectif de limiter les approvisionnements en armes par le FLN en Tunisie. Souk Ahras fut alors mêlée à la bataille des Frontières, ou bataille du barrage. En effet, l'armée française cherche des parades efficaces aux infiltrations plus nombreuses depuis l'indépendance de la Tunisie en 1956. En automne 1957, plus de 2 000 armes par mois passent la frontière et sont distribuées dans les wilayas I, II, et III. Le gouvernement français exerce de fortes pressions sur la Tunisie, la menaçant même de représailles si les franchissements continuent. (Ce qui créa par la suite une grave crise des relations franco-tunisiennes). En vain. La solution ne peut être que militaire. Une des premières opérations dans la région permit à l'ALN, avec ses alliés en Tunisie de surprendre l'armée française et la repousser, comme en témoigneront plus tard le sergent Lasne et le lieutenant Saboureau, commandés alors par le capitaine Serge Beaumont, officier parachutiste français, qui tombera avec 32 de ses hommes. Elle a également traduit dans les faits «la doctrine militaire française exprimée par le général Vanuxem, commandant de la zone Est Constantinois, selon laquelle l'affrontement dans une guerre révolutionnaire exige non seulement de faire face aux insurgés de l'intérieur, mais également d'intercepter le soutien qu'ils reçoivent de l'extérieur.».
Source : article Wikipédia La bataille des frontières
Vous pouvez aussi consulter :
- Charles-Robert Ageron « Un versant de la guerre d’Algérie : La bataille des frontières (1956-1962) » dans Genèse de l'Algérie algérienne. Volume 2, Editions Bouchène, 2005, pp. 641-654.
- Pierre Dufour, La bataille des frontières : Guerre d'Algérie, Paris, Trésor du Patrimoine, coll. « Reportage de Guerre », 2004, voir un résumé
- « La batailles des frontières : Souk-Ahras » dans Historia Magazine - La Guerre d'Algérie, n° 235 , 1972, p. 1245.
- Pierre Dufour, La légion en Algérie, Panazol, Lavauzelle, 2002, p. 114.
C'est dans cette logique qu'a été lancé en juin 1957 l'opération de construction d'un barrage (voir le n° d’avril 2018 de la revue Historia, intitulé Guerre d'Algérie, Paroles de soldats) pour fermer les frontières par lesquelles les maquis étaient ravitaillés en armes et munitions». L’Atlas de la guerre d’Algérie (à partir de la page 34) permet de localiser très nettement ce barrage qui sera baptisé « La ligne Morice » (Son nom provient d'André Morice, ministre français de la Défense de cette époque). Cette barrière, quasiment infranchissable, est constituée d’un réseau de barbelés électrifiés, de champs de mines et défendue à partir de positions fortifiées par des régiments d’appelés.
Voir : L’évolution des barrages frontières en Algérie
La mission principale des forces françaises devient l'interception et la destruction des bandes armées qui tentaient de traverser ce barrage s'étendant sur 460 kilomètres de la Méditerranée aux confins sahariens. L'ensemble des opérations militaires a été mené dans cette région, du 21 janvier au 28 mai 1958, par les unités parachutistes de l'armée française. Elle a été la première ligne de défense française durant la bataille des frontières et la plus grande bataille de toute la guerre d'Algérie.
Les furieux combats portent un coup fatal aux combattants de l'ALN. Cette défaite débouche sur une crise politique sans précédent au sein du FLN. Trop éprouvé par le choc frontal avec le barrage électrifié et les unités parachutistes, l'ALN renonça à poursuivre son offensive. L'armée française y avait engagé ses unités d'élite les plus aguerries, dont les 9e et 14e régiments de parachutistes, les 8e et 28e régiments d'artillerie, et les 26e, 151e et 152e régiments d'infanterie mécanique ainsi que les unités de la légion étrangère et les forces de l'armée de l'air. Ces unités stationnées à Souk Ahras mais également dans la région, avaient pris part à la Seconde Guerre mondiale et à la Guerre d'Indochine. En face, se sont dressées, les unités de l'ALN composées du 4e bataillon. Les forces françaises gagnèrent la bataille des frontières. Elle sera achevée au cours du dernier trimestre de 1957.
Dans les mois suivants, une situation analogue devait s'établir à la frontière marocaine. Dès lors, la résistance intérieure des combattants de l'ALN se trouva coupée de l'extérieur et comme encagée en Algérie : le terrain étant ainsi préparé pour les opérations à grande échelle du plan Challe (dédoublement partiel de la ligne Morice). Souk Ahras se retrouve alors sur la ligne de deux barrages formant deux entonnoirs qui se rencontrent dans cette ville.
Voir :
Algérie, 1956-1962: la guerre des frontières sur les barrages électrifiés, André-Roger Voisin, Presses de Valmy, 2002. (185 pages) voir 77, 130, 136.
« Commandos de chasse de la Gendarmerie en Algérie », David Rey, dans Stratégique, vol. 100-101, no. 2, 2012, pp. 113-136. paragraphes 3 et 4 sur la ligne Morice
La région a vécu également les événements de Sakiet Sidi Youcouf le 8 février 1958, date à laquelle les troupes aériennes françaises la bombardèrent, considérée encore comme le refuge d'un grand nombre de moudjahidines et de familles algériennes (surtout sur le sol tunisien).
André Paul Comor explique dans « La Légion étrangère dans la guerre d'Algérie, 1954-1962 », le rôle de la légion étrangère française pendant la guerre d'Algérie et la place des régiments étrangers de parachutistes et d'infanterie dans la région de Souk Ahras.
Voir aussi :
- l'article En Algérie, des mines françaises explosent encore
- et le communiqué de presse du 10/02/2017 : Après des décennies de travail, l'Algérie, l'un des pays les plus touchés par les mines antipersonnel, est désormais libre de ce fléau
Bonne lecture !
La ville de Souk Ahras en Algérie a joué depuis fort longtemps un rôle important dans l'histoire politique et culturelle de l'Algérie en raison de sa position stratégique, carrefour des civilisations.
Pendant la guerre d’Algérie, le territoire a été découpé par le FLN en six wilayas. Souk Ahras se trouvait dans la deuxième wilaya qui est la plus petite. Au déclenchement même de la révolution de 1954, Souk Ahras, ville frontalière à la Tunisie, devint une place stratégique : les Moudjahidines de l’Armée de Libération Nationale (ALN) s’en servaient comme base d’entrainement, d'approvisionnement en armes et en munitions et de supervision pour l'organisation de l'ALN, en collaboration avec une armée des frontières établie en Tunisie.
A partir de 1956, le rôle de la marine de l’armée française sur les côtes et de l’aviation dans la région de Souk Ahras avait donc pour objectif de limiter les approvisionnements en armes par le FLN en Tunisie. Souk Ahras fut alors mêlée à la bataille des Frontières, ou bataille du barrage. En effet, l'armée française cherche des parades efficaces aux infiltrations plus nombreuses depuis l'indépendance de la Tunisie en 1956. En automne 1957, plus de 2 000 armes par mois passent la frontière et sont distribuées dans les wilayas I, II, et III. Le gouvernement français exerce de fortes pressions sur la Tunisie, la menaçant même de représailles si les franchissements continuent. (Ce qui créa par la suite une grave crise des relations franco-tunisiennes). En vain. La solution ne peut être que militaire. Une des premières opérations dans la région permit à l'ALN, avec ses alliés en Tunisie de surprendre l'armée française et la repousser, comme en témoigneront plus tard le sergent Lasne et le lieutenant Saboureau, commandés alors par le capitaine Serge Beaumont, officier parachutiste français, qui tombera avec 32 de ses hommes. Elle a également traduit dans les faits «la doctrine militaire française exprimée par le général Vanuxem, commandant de la zone Est Constantinois, selon laquelle l'affrontement dans une guerre révolutionnaire exige non seulement de faire face aux insurgés de l'intérieur, mais également d'intercepter le soutien qu'ils reçoivent de l'extérieur.».
Source : article Wikipédia La bataille des frontières
- Charles-Robert Ageron « Un versant de la guerre d’Algérie : La bataille des frontières (1956-1962) » dans Genèse de l'Algérie algérienne. Volume 2, Editions Bouchène, 2005, pp. 641-654.
- Pierre Dufour, La bataille des frontières : Guerre d'Algérie, Paris, Trésor du Patrimoine, coll. « Reportage de Guerre », 2004, voir un résumé
- « La batailles des frontières : Souk-Ahras » dans Historia Magazine - La Guerre d'Algérie, n° 235 , 1972, p. 1245.
- Pierre Dufour, La légion en Algérie, Panazol, Lavauzelle, 2002, p. 114.
C'est dans cette logique qu'a été lancé en juin 1957 l'opération de construction d'un barrage (voir le n° d’avril 2018 de la revue Historia, intitulé Guerre d'Algérie, Paroles de soldats) pour fermer les frontières par lesquelles les maquis étaient ravitaillés en armes et munitions». L’Atlas de la guerre d’Algérie (à partir de la page 34) permet de localiser très nettement ce barrage qui sera baptisé « La ligne Morice » (Son nom provient d'André Morice, ministre français de la Défense de cette époque). Cette barrière, quasiment infranchissable, est constituée d’un réseau de barbelés électrifiés, de champs de mines et défendue à partir de positions fortifiées par des régiments d’appelés.
La mission principale des forces françaises devient l'interception et la destruction des bandes armées qui tentaient de traverser ce barrage s'étendant sur 460 kilomètres de la Méditerranée aux confins sahariens. L'ensemble des opérations militaires a été mené dans cette région, du 21 janvier au 28 mai 1958, par les unités parachutistes de l'armée française. Elle a été la première ligne de défense française durant la bataille des frontières et la plus grande bataille de toute la guerre d'Algérie.
Les furieux combats portent un coup fatal aux combattants de l'ALN. Cette défaite débouche sur une crise politique sans précédent au sein du FLN. Trop éprouvé par le choc frontal avec le barrage électrifié et les unités parachutistes, l'ALN renonça à poursuivre son offensive. L'armée française y avait engagé ses unités d'élite les plus aguerries, dont les 9e et 14e régiments de parachutistes, les 8e et 28e régiments d'artillerie, et les 26e, 151e et 152e régiments d'infanterie mécanique ainsi que les unités de la légion étrangère et les forces de l'armée de l'air. Ces unités stationnées à Souk Ahras mais également dans la région, avaient pris part à la Seconde Guerre mondiale et à la Guerre d'Indochine. En face, se sont dressées, les unités de l'ALN composées du 4e bataillon. Les forces françaises gagnèrent la bataille des frontières. Elle sera achevée au cours du dernier trimestre de 1957.
Dans les mois suivants, une situation analogue devait s'établir à la frontière marocaine. Dès lors, la résistance intérieure des combattants de l'ALN se trouva coupée de l'extérieur et comme encagée en Algérie : le terrain étant ainsi préparé pour les opérations à grande échelle du plan Challe (dédoublement partiel de la ligne Morice). Souk Ahras se retrouve alors sur la ligne de deux barrages formant deux entonnoirs qui se rencontrent dans cette ville.
Algérie, 1956-1962: la guerre des frontières sur les barrages électrifiés, André-Roger Voisin, Presses de Valmy, 2002. (185 pages) voir 77, 130, 136.
« Commandos de chasse de la Gendarmerie en Algérie », David Rey, dans Stratégique, vol. 100-101, no. 2, 2012, pp. 113-136. paragraphes 3 et 4 sur la ligne Morice
La région a vécu également les événements de Sakiet Sidi Youcouf le 8 février 1958, date à laquelle les troupes aériennes françaises la bombardèrent, considérée encore comme le refuge d'un grand nombre de moudjahidines et de familles algériennes (surtout sur le sol tunisien).
André Paul Comor explique dans « La Légion étrangère dans la guerre d'Algérie, 1954-1962 », le rôle de la légion étrangère française pendant la guerre d'Algérie et la place des régiments étrangers de parachutistes et d'infanterie dans la région de Souk Ahras.
- l'article En Algérie, des mines françaises explosent encore
- et le communiqué de presse du 10/02/2017 : Après des décennies de travail, l'Algérie, l'un des pays les plus touchés par les mines antipersonnel, est désormais libre de ce fléau
Bonne lecture !
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