Question d'origine :
Cher Guichet du Savoir,
Je souhaiterais enterrer des messages manuscrits dans une boîte, les y laisser 10 ans sous terre avant de les déterrer et en découvrir le contenu. Quelles précautions dois-je prendre afin de m’assurer que le papier et l’encre ne souffriront pas de ce traitement, notamment de l’humidité? Une boîte en fer hermétiquement close suffit-elle à protéger ces fragiles trésors?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 21/03/2018 à 09h30
Bonjour Crapaupe,
La conservation de documents papiers est un problème qui occupe bibliothécaires et archivistes depuis plusieurs milliers d’années. Le site loire.fr propose une page très synthétique consacrée aux agressions diverses que de tels documents ont à subir avec le temps.
Enterrer vos messages aura au moins, vous le verrez, l’avantage de les préserver contre une des pires ennemies du manuscrit : la lumière. Mais il vous faudra penser à d’autres périls: les insectes, les rongeurs, l’humidité et les moisissures.
L’humidité est à elle seule un énorme problème. Si on a pu trouver des manuscrits plusieurs fois millénaires tels que ceux de Qumran dans un bon état de conservation, c’est qu’aux alentours de la mer Morte, de même qu’en Egypte, on trouve des climats secs, à faible variations hygrométriques.
Si nous ne pouvez vous procurer un bout de terrain au Moyen-Orient, l’usage d’une boîte hermétique semble une assez bonne stratégie. Attention toutefois : s’il résiste aux rongeurs et aux insectes, il vous faudra tout de même éviter le fer : il rouille en présence d’humidité, et se fragilise rapidement. En revanche, « Pour d’autres métaux comme le zinc, le plomb ou le cuivre, l’oxydation reste solidaire du support. La couche oxydée protège la structure inférieure en l’isolant de l’extérieur. » (Source : je-comprends-enfin.fr) C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces métaux sont utilisés en plomberie.
Mais les conditions d’enfouissement ne sont pas les seules à prendre en compte. Il vous faudra aussi prendre garde à la qualité du papier et de l’encre que vous utiliserez.
Le papier qu’on trouve le plus couramment dans le commerce est fabriqué à base de pâte à bois. Or, d’après une publication des Archives Départementales d’Indre-et-Loire, « Contrairement aux fibres textiles quasiment pures en cellulose, les fibres de bois sont très composites. On y trouve en plus de la cellulose (moins de 50 %) de la lignine (c’est ce qui donne la rigidité aux troncs), des résines, des
protéines... La lignine notamment pose un grand nombre de problèmes en matière de conservation car elle s’acidifie avec le temps et provoque le jaunissement du papier (par oxydation) ainsi que sa fragilisation (aspect cassant). Le meilleur exemple en est le papier journal.
De plus, les fibres de bois étant complexes, l’extraction de la cellulose, par des procédés mécaniques ou chimiques, nécessite l’ajout de nombreux agents chimiques qui contribuent fortement à la détérioration du papier sur le long terme.
[…]
Il existe néanmoins certaines normes concernant les papiers « permanents », conçus pour une conservation à long terme.
La définition de ce type de papier est donnée par la norme ISO 9706. Pour qu'un papier puisse être déclaré conforme à cette norme, il doit répondre aux critères suivants :
• le pH de l'extrait aqueux de la pâte à papier doit être compris entre 7,5 et 10,
• l'indice Kappa de la pâte à papier qui indique la résistance à l'oxydation (liée à la présence de lignine) doit être inférieur à 5,
• la réserve alcaline doit être supérieure ou égale à 2 %,
• la résistance à la déchirure doit être supérieure à 350 mN pour un papier dont le grammage est supérieur à 70 g/m2. »
Le même document précise, en ce qui concerne l’encre :
« Pendant longtemps, l’encre est principalement constituée de noir de fumée ou de tout autre élément carboné issu de produits de calcination. Ce pigment est mis en suspension dans un liant (miel, gomme, gélatine, blanc d’œuf, huile...) pour en augmenter la viscosité. Le carbone étant de nature inerte (c’est – à - dire qu’il ne se dégrade pas dans le temps), cette encre est très stable. »
Mais nous parlons ici de l’antiquité. Aujourd’hui, « il y a désormais plusieurs procédés utilisés. L’encre des stylos billes par exemple se montre assez stable alors que les autres encres manuscrites modernes, à base de sels métalliques, sont solubles dans l’eau et sensibles à la lumière. »
Pour résumer : créer votre future découverte archéologique, dialoguer avec la personne que vous serez dans dix ans, est une belle idée. Vous mettrez le maximum de chances de votre côté en écrivant votre message de préférenceau stylo bille, sur du papier normé , que vous enfermerez à l'abri de la lumière, des bêtes et de l'humidité, dans une boîte par exemple en zinc, ou un pot en verre .
Bonne journée.
La conservation de documents papiers est un problème qui occupe bibliothécaires et archivistes depuis plusieurs milliers d’années. Le site loire.fr propose une page très synthétique consacrée aux agressions diverses que de tels documents ont à subir avec le temps.
Enterrer vos messages aura au moins, vous le verrez, l’avantage de les préserver contre une des pires ennemies du manuscrit : la lumière. Mais il vous faudra penser à d’autres périls: les insectes, les rongeurs, l’humidité et les moisissures.
L’humidité est à elle seule un énorme problème. Si on a pu trouver des manuscrits plusieurs fois millénaires tels que ceux de Qumran dans un bon état de conservation, c’est qu’aux alentours de la mer Morte, de même qu’en Egypte, on trouve des climats secs, à faible variations hygrométriques.
Si nous ne pouvez vous procurer un bout de terrain au Moyen-Orient, l’usage d’une boîte hermétique semble une assez bonne stratégie. Attention toutefois : s’il résiste aux rongeurs et aux insectes, il vous faudra tout de même éviter le fer : il rouille en présence d’humidité, et se fragilise rapidement. En revanche, « Pour d’autres métaux comme le zinc, le plomb ou le cuivre, l’oxydation reste solidaire du support. La couche oxydée protège la structure inférieure en l’isolant de l’extérieur. » (Source : je-comprends-enfin.fr) C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces métaux sont utilisés en plomberie.
Mais les conditions d’enfouissement ne sont pas les seules à prendre en compte. Il vous faudra aussi prendre garde à la qualité du papier et de l’encre que vous utiliserez.
Le papier qu’on trouve le plus couramment dans le commerce est fabriqué à base de pâte à bois. Or, d’après une publication des Archives Départementales d’Indre-et-Loire, « Contrairement aux fibres textiles quasiment pures en cellulose, les fibres de bois sont très composites. On y trouve en plus de la cellulose (moins de 50 %) de la lignine (c’est ce qui donne la rigidité aux troncs), des résines, des
protéines... La lignine notamment pose un grand nombre de problèmes en matière de conservation car elle s’acidifie avec le temps et provoque le jaunissement du papier (par oxydation) ainsi que sa fragilisation (aspect cassant). Le meilleur exemple en est le papier journal.
De plus, les fibres de bois étant complexes, l’extraction de la cellulose, par des procédés mécaniques ou chimiques, nécessite l’ajout de nombreux agents chimiques qui contribuent fortement à la détérioration du papier sur le long terme.
[…]
Il existe néanmoins certaines normes concernant les papiers « permanents », conçus pour une conservation à long terme.
La définition de ce type de papier est donnée par la norme ISO 9706. Pour qu'un papier puisse être déclaré conforme à cette norme, il doit répondre aux critères suivants :
• le pH de l'extrait aqueux de la pâte à papier doit être compris entre 7,5 et 10,
• l'indice Kappa de la pâte à papier qui indique la résistance à l'oxydation (liée à la présence de lignine) doit être inférieur à 5,
• la réserve alcaline doit être supérieure ou égale à 2 %,
• la résistance à la déchirure doit être supérieure à 350 mN pour un papier dont le grammage est supérieur à 70 g/m2. »
Le même document précise, en ce qui concerne l’encre :
« Pendant longtemps, l’encre est principalement constituée de noir de fumée ou de tout autre élément carboné issu de produits de calcination. Ce pigment est mis en suspension dans un liant (miel, gomme, gélatine, blanc d’œuf, huile...) pour en augmenter la viscosité. Le carbone étant de nature inerte (c’est – à - dire qu’il ne se dégrade pas dans le temps), cette encre est très stable. »
Mais nous parlons ici de l’antiquité. Aujourd’hui, « il y a désormais plusieurs procédés utilisés. L’encre des stylos billes par exemple se montre assez stable alors que les autres encres manuscrites modernes, à base de sels métalliques, sont solubles dans l’eau et sensibles à la lumière. »
Pour résumer : créer votre future découverte archéologique, dialoguer avec la personne que vous serez dans dix ans, est une belle idée. Vous mettrez le maximum de chances de votre côté en écrivant votre message de préférence
Bonne journée.
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