Montée de la Grande Côte
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/03/2018 à 17h54
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Question d'origine :
Bonsoir,
Qui a urbanisé la Montée de la Grande Côte dans les pentes lyonnaises ?
Je vous remercie.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 13/03/2018 à 09h51
Bonjour,
L’urbanisation des montées de la Croix-Rousse est progressive. Celle de la montée de la Grande-Côte démarre au XVIe siècle.
« À l’origine, un simple chemin de campagne
Au Moyen-Âge, la Grande-Côte est encore un chemin de campagne, bordé de terrains agricoles et de vignes. Jusque vers 1750, avec la Grande-Rue (de la Croix-Rousse), elle constitue la seule voie importante pour relier Lyon à la Dombes et au-delà. Dès le XVIe siècle, devenant un axe majeur de liaison d’entrée et de sortie de la Presqu’île par le Nord, depuis la porte Saint-Sébastien (ou de la Croix-Rousse), elle s’urbanise progressivement.
En effet, « afin de répondre à la demande de certains habitants de la ville, désireux de profiter de la reprise économique, les Dames de la Desserte commencent, dès 1505, à vendre des terrains situés au bas de la Grande-Côte. Simultanément, des particuliers possédant d’autres terrains les mettent en vente. En un demi-siècle, la plupart des vignes longeant la Grande-Côte deviennent ainsi des terrains à bâtir. » (1) Leurs acheteurs sont pour les deux-tiers des commerçants et artisans. De beaux immeubles avec fenêtres à meneaux témoignent de cette époque, et de l’urbanisation précoce. »
Source : leprogres.fr
« La montée de la Grande Côte est le lieu emblématique des Canuts. Avant la Révolution française, alors que les Pentes étaient principalement occupées par les congrégations religieuses, la Grande Côte accueillait déjà de nombreux Canuts. En 1788, on y dénombrait 705 métiers à tisser. Leur nombre s’accrut au cours du XIXe siècle avec l’urbanisation des Pentes.
En octobre 1831, dans les semaines qui précédèrent la première insurrection des Canuts, les ouvriers de la soie descendaient en cortège la Grande Côte pour aller se rassembler sous les fenêtres des Négociants du quartier des Capucins ou aller manifester devant la Préfecture (située alors place des Jacobins).
Le 21 novembre 1831, le cortège, qui pour la première fois arborait le drapeau noir portant la devise « Vivre en travaillant ou mourir en combattant », fut stoppé par les tirs de la garde nationale. Ce fut le point de départ de l’insurrection de 1831. »
Source : Histoire(s) de Lyon au 19ème siècle
Les ouvrages sur les rues de Lyon que nous avons pu consulter en rayon (Rues de Lyon à travers les siècles : XIVe-XXIe siècles, Maurice Vanario ; Histoires, légendes et anecdotes à propos des rues de Lyon avec indication de ce qu'on peut y remarquer en les parcourant par Louis Maynard…) ne donnent que des informations succinctes sur cette montée et son histoire ; c’est dans un document de travail du Département du Rhône que nous trouvons l’historique le plus détaillé. En voici quelques extraits :
«La Grande-Côte au XVIème siècle.
Cet axe historique demeure jusqu’en 1750 le seul grand axe au départ de Lyon permettant de rejoindre les territoires situés au nord de la ville de Lyon, entre Rhône et Saône : Dombes, Bresse, Alsace, Genevois, France-Comté, terres d’Empire ( les rives, encore fortement soumises aux crues, sont impraticables). La ville étant en pleine croissance économique au tournant du XVIème siècle et jusqu’aux guerres de religion, notamment grâce à son rôle toujours croissant de carrefour commercial entre l’Europe du Nord et la Méditerranée (Lyon est sur la route Italie du Nord-Bruges) les volumes transportés sont en augmentation, et une partie de ce trafic emprunte nécessairement la montée de la Grande-Côte.
En 1500, on ne dénombre que quatre maisons, situées tout en bas de la rue. Puis les sœurs de la Déserte, ayant des difficultés financières, lotissent des terrains situés à l’Est de leur couvent, qui deviendront les maisons au sud-ouest de la Grande-Côte. Ce type d’opération sera répété plusieurs fois dans les années qui suivent.
L’urbanisation des Pentes, ayant débuté dès la fin du XVe siècle , est constituée avant tout de petits édifices abritant des commerces dédiés aux transporteurs transitant par la rue. Elle s’accentuera toutefois fortement avec la construction du mur, celui-ci plaçant les pentes dans un secteur «sécurisé.» En 1560, l’on dénombre déjà 114 maisons !
Cette urbanisation se concentre le long de l’axe principal. Mais on voit également apparaître des ramifications, réalisées par des propriétaires de vergers ou de vignes, car ceux-ci se mettent à lotir. Les tronçons les plus occidentaux de l’actuelle rue René-Leynaud apparaissent dans la première moitié du XVIème, même si leur urbanisation est plus lente et ponctuelle.
[…]La «Fabrique» regroupe les industries liées à la production et au commerce de la Soie. Cette institution fonctionne sur le modèle dit «de la manufacture dispersée» ; et est basée sur une division du travail au sein de petits ateliers (répartis et dispersés dans toute la ville : Grande-Côte, Bourgneuf, Saint-Georges...)
En 1780, la Grande-Côte s’affirme comme l’un des centres importants de la production lyonnaise : plus d’un quart des métiers y sont situés. Ceci s’explique notamment par la grande vacance des locaux commerciaux sur la Côte, d’abord concurrencés par la Grande-Rue de Croix-Rousse, ou les tarifs sont moins élevés, et surtout par les nouveaux quais, notamment depuis 1767 par celui dit «de la route de Bresse» (futur cours d’Herbouville.).
Ces parcelles de la Grande-Côte sont généralement perpendiculaires à l’axe-principal, et d’une superficie réduite. (entre 100 et 250 m² usuellement) Les maisons qui y sont édifiées sont peu pratiques et peu adaptées, car assez sombres, mais on s’en contente, faute de mieux.
[…]Le plan Coillet, à l’Est de la Grande-Côte
Louis-Benoit Coillet trace dès 1825 un plan d’ouverture des voies pour les clos des Oratoriens, Bernardines, Colinettes, et le séminaire Saint-Irénée, soit environ douze hectares qui ne sont pas encore lotis. Le tracé général est géométrique, avec des rues se coupant à angle droit et de bonne largeur : plus de dix mètres. Les montées anciennes étant devenues très dangereuses en raison de l’important trafic, Coillet envisage d’améliorer les dessertes du plateau vers la presqu’ile par le biais de nouvelles rues, en lacets, d’une pente régulière et moyenne, avec de bons dégagements pour faciliter les manœuvres, et des places pour permettre le repos des chevaux : place Colbert, place Bellevue. Ces lacets seront doublés d’un réseau d’escaliers, plus directs, dans les portions les plus raides.
Le plan Coillet s’inscrit dans un contexte de forte rivalité entre Lyon et la commune de Croix-Rousse. Celle-ci, pratiquant un véritable dumping social, attire de nombreux tisseurs sur le plateau, qui bénéficient des infrastructures de la ville de Lyon sans pour autant les financer. Lyon réagit donc en cherchant à établir des quartiers lotis d’immeubles de qualité destinés aux tisseurs, aux rues pavées et propres, aux escaliers nombreux et solides, etc. A ce titre, le plan Coillet se révèle une véritable opération de communication et de séduction, destiné aux tisseurs localisés sur le Plateau.
Le projet se concrétise très rapidement et dès 1830 celui-ci est quasiment achevé. Les rues Diderot, Lemot, Desserve, ainsi que l’escalier raccordant cette dernière à la place Colbert, sont facilement tracées. De la même manière, les rues Audran, Magneval, Mottet de Gerando, Bodin, les montées Adamoli et Grognard, sont tracées dans le clos des Bernardines.
Le cas du clos des Oratoriens est plus compliqué, car Coillet doit composer avec les rues précédemment entamées, ou crées sans concertation avec les autorités. Ainsi, la rue Burdeau a déjà été partiellement constituée, de même que la rue des Tables Claudiennes, qui a été prolongée. La ville se montre toutefois conciliante avec les propriétaires et accepte à titre de dédommagement un terrain qui deviendra, en 1838, la place Chardonnet. La rue Pouteau, également entamée par des propriétaires privés, est prolongée dans le clos des Bernardines par la ville, mais la partie la plus au nord, c’est à dire le raccord avec le mur Saint-Sébastien, ne sera pas réalisée, car elle est jugée trop coûteuse.
Cependant si en 1830 la plupart des rues actuelles existent, peu d’entre-elles sont réellement abouties. Ainsi, aucune des rues est-ouest, ouvertes à partir de la montée Saint-Sebastien, ne se raccorde à la montée de la Grande-Côte car la ville ne veut pas engager d’expropriations, et laisse donc les propriétaires fonciers gérer ces cas particuliers. Il faudra attendre 1844-1845 pour voir les rues Burdeau, Imbert-Colomes, et des Tables Claudiennes connectées à la montée de la Grande-Côte.
Le plan Coillet, à l’Ouest de la Grande-Côte
Coillet conçoit également des plans pour les clos situés au centre des pentes : Annonciades, Saint-Benoit, Carmélites. Mais contrairement aux premiers évoqués plus hauts, ici, les propriétaires ont déjà tracé des rues et loti les parcelles : la planification urbaine de ce secteur des pentes ne sera donc que peu suivie d’effets. Ainsi, plusieurs rues nord-sud sont envisagées pour relier les différents clos, mais aucune ne sera effectivement percée. Le «Passage Gonin» témoigne de ces échecs : la rue était initialement prévue comme étant une montée large et sinueuse, conduisant place Rouville, mais le projet échoue face au refus obstiné d’une propriétaire de vendre son terrain.
Coillet arrive toutefois à faire ouvrir avec l’accord de Gonin, propriétaire du clos Saint-Benoit, la montée de l’Annonciade. La rue de Flesselles est également prolongée jusqu’au cours des Chartreux, au nord.
Bilan de l’urbanisation des clos.
L’histoire de l’urbanisation des pentes de la Croix-Rousse au XIXème siècle, intense surtout dans la première moitié du siècle, est à la fois originale et révélatrice de mécanismes courants. La persistance des tracés et des limites anciennes dans des lotissements nouveaux est un phénomène répandu dans l’évolution des villes. Il est particulièrement bien illustré ici avec la transformation de nombreuses allées d’anciens jardins en rues, mais aussi avec le système des lotissements autonomes dont la forme est issue de celle des clos. De même, le rôle des propriétaires est souvent essentiel dans l’urbanisation des zones à lotir à cette période, car les municipalités n’ont encore ni les moyens financiers, ni les moyens juridiques d’intervenir. La cohérence des morceaux de ville ainsi créés dépend alors de la qualité des accords passés entre les propriétaires et les municipalités, ces dernières ayant le rôle primordial d’incitateur et d’arbitre. Plus le nombre des propriétaires concernés est élevé et la parcellisation des propriétés foncières importante, plus les accords sont difficiles à mettre en œuvre.
C’est le cas sur les pentes de la Croix Rousse, dans la partie sud, et cela explique en partie le peu de cohérence du dessin actuel des voies. A Lyon, l’exemple opposé est celui de la Guillotière où l’existence d’un seul propriétaire, les Hospices Civils, simplifie les transactions et permet l’instauration d’un plan en damier rigoureux.
Les opérations de la municipalité sont donc un franc succès, même si celle-ci s’est vue régulièrement dépassée. Entre 1815 et 1850, la majorité des rues sont tracées et les immeubles édifiés. Par la suite, les projets sur les Pentes seront très ponctuels.
[…]La formation urbaine des pentes de la Croix-Rousse
La trame viaire des Pentes s’est essentiellement constituée autour d’un nombre limité de rues : les trois montées, c’est à dire la montée Saint-Sébastien, de la Grande-Côte, des Carmélites. Dans les secteurs situés au sud, à proximité de la place des Terreaux, des voies anciennes relient ces montées entre-elles, parallèlement au mur de la Lanterne, ou rejoignent les fleuves et leurs ports : rue du Sergent Blandan (supposée relier une porte à un gué naturel de Saône, disparu) rue Sainte-Catherine, rue du Griffon, rue Bouteille, rue de la Vieille.Avant 1512 , il n’y a aucun rempart en haut des Pentes, en conséquence de quoi le terrain est essentiellement dédié à l’agriculture et occupé par de petits édifices liés à cette activité.
Le nouveau rempart va conduire à une urbanisation progressive des terrains. Les montées vont être bâties, le bas des Pentes également : on ouvre la rue Désirée, la rue Terraille, la rue Leynaud, la rue Neyret au XVI° siècle. Les couvents s’installent et ces grands tènements empêchent l’ouverture de nouvelles rues.
La Révolution rend ces grands tènements disponibles, et ceux-ci sont alors livrés à l’urbanisation. Les percements des voies sont trop nombreux pour être listés ici, citons toutefois la rue Burdeau, Pouteau, des Capucins, Imbert-Colomès, de Flesselles... toutes les rues sont bâties en balcon ou en pente douce, sauf les rues Pouteau et de Flesselles, qui complètent l’antique réseau de montées.
Enfin, on assiste à quelques percements dans le bas des pentes, surtout entre 1850 et 1900, de manière à réorganiser le tissu urbain bâti : les rues Terme, du Jardin des Plantes, et surtout la rue de la Martinière, en sont les exemples les plus éloquents.
[…]La montée de la Grande-Côte est intimement liée à l’histoire de Lyon.Elle n’est pas attestée à l’époque antique, mais est déjà présente au moyen-âge, bien que très peu urbanisée . Elle prend le rôle de la montée antique en offrant un itinéraire plus court, et se couvre de boutiques au cours des XVI et XVII siècles , a contrario de la montée des Carmélites, bordée des deux côtés dans sa partie basse par des couvents.
[…]Les rues à caractère médiéval restent peu nombreuses sur le secteur de l’actuelle ZP-PAUP : en effet, le fait que le bas des pentes était au moyen-âge un faubourg n’était pas pour favoriser l’urbanisation du secteur. De plus, les pentes les moins raides sont rapidement utilisées par les premières congrégations religieuses (Augustins, Clarisses de la Déserte, Carmes) qui s’installent en bas des différentes montées, à proximité immédiate de la ville.Au delà, les contraintes topographiques découragent l’urbanisation, à l’exception notable de la Grande-Côte, dont le trafic suffisamment important suffisait à attirer les investisseurs, et qui ne s’urbanise réellement qu’à partir de la Renaissance. (XVIème.) »
Bonne journée.
L’urbanisation des montées de la Croix-Rousse est progressive. Celle de la montée de la Grande-Côte démarre au XVIe siècle.
« À l’origine, un simple chemin de campagne
Au Moyen-Âge, la Grande-Côte est encore un chemin de campagne, bordé de terrains agricoles et de vignes. Jusque vers 1750, avec la Grande-Rue (de la Croix-Rousse), elle constitue la seule voie importante pour relier Lyon à la Dombes et au-delà. Dès le XVIe siècle, devenant un axe majeur de liaison d’entrée et de sortie de la Presqu’île par le Nord, depuis la porte Saint-Sébastien (ou de la Croix-Rousse), elle s’urbanise progressivement.
En effet, « afin de répondre à la demande de certains habitants de la ville, désireux de profiter de la reprise économique, les Dames de la Desserte commencent, dès 1505, à vendre des terrains situés au bas de la Grande-Côte. Simultanément, des particuliers possédant d’autres terrains les mettent en vente. En un demi-siècle, la plupart des vignes longeant la Grande-Côte deviennent ainsi des terrains à bâtir. » (1) Leurs acheteurs sont pour les deux-tiers des commerçants et artisans. De beaux immeubles avec fenêtres à meneaux témoignent de cette époque, et de l’urbanisation précoce. »
Source : leprogres.fr
« La montée de la Grande Côte est le lieu emblématique des Canuts. Avant la Révolution française, alors que les Pentes étaient principalement occupées par les congrégations religieuses, la Grande Côte accueillait déjà de nombreux Canuts. En 1788, on y dénombrait 705 métiers à tisser. Leur nombre s’accrut au cours du XIXe siècle avec l’urbanisation des Pentes.
En octobre 1831, dans les semaines qui précédèrent la première insurrection des Canuts, les ouvriers de la soie descendaient en cortège la Grande Côte pour aller se rassembler sous les fenêtres des Négociants du quartier des Capucins ou aller manifester devant la Préfecture (située alors place des Jacobins).
Le 21 novembre 1831, le cortège, qui pour la première fois arborait le drapeau noir portant la devise « Vivre en travaillant ou mourir en combattant », fut stoppé par les tirs de la garde nationale. Ce fut le point de départ de l’insurrection de 1831. »
Source : Histoire(s) de Lyon au 19ème siècle
Les ouvrages sur les rues de Lyon que nous avons pu consulter en rayon (Rues de Lyon à travers les siècles : XIVe-XXIe siècles, Maurice Vanario ; Histoires, légendes et anecdotes à propos des rues de Lyon avec indication de ce qu'on peut y remarquer en les parcourant par Louis Maynard…) ne donnent que des informations succinctes sur cette montée et son histoire ; c’est dans un document de travail du Département du Rhône que nous trouvons l’historique le plus détaillé. En voici quelques extraits :
«
Cet axe historique demeure jusqu’en 1750 le seul grand axe au départ de Lyon permettant de rejoindre les territoires situés au nord de la ville de Lyon, entre Rhône et Saône : Dombes, Bresse, Alsace, Genevois, France-Comté, terres d’Empire ( les rives, encore fortement soumises aux crues, sont impraticables). La ville étant en pleine croissance économique au tournant du XVIème siècle et jusqu’aux guerres de religion, notamment grâce à son rôle toujours croissant de carrefour commercial entre l’Europe du Nord et la Méditerranée (Lyon est sur la route Italie du Nord-Bruges) les volumes transportés sont en augmentation, et une partie de ce trafic emprunte nécessairement la montée de la Grande-Côte.
En 1500, on ne dénombre que quatre maisons, situées tout en bas de la rue. Puis les sœurs de la Déserte, ayant des difficultés financières, lotissent des terrains situés à l’Est de leur couvent, qui deviendront les maisons au sud-ouest de la Grande-Côte. Ce type d’opération sera répété plusieurs fois dans les années qui suivent.
Cette urbanisation se concentre le long de l’axe principal. Mais on voit également apparaître des ramifications, réalisées par des propriétaires de vergers ou de vignes, car ceux-ci se mettent à lotir. Les tronçons les plus occidentaux de l’actuelle rue René-Leynaud apparaissent dans la première moitié du XVIème, même si leur urbanisation est plus lente et ponctuelle.
[…]La «Fabrique» regroupe les industries liées à la production et au commerce de la Soie. Cette institution fonctionne sur le modèle dit «de la manufacture dispersée» ; et est basée sur une division du travail au sein de petits ateliers (répartis et dispersés dans toute la ville : Grande-Côte, Bourgneuf, Saint-Georges...)
Ces parcelles de la Grande-Côte sont généralement perpendiculaires à l’axe-principal, et d’une superficie réduite. (entre 100 et 250 m² usuellement) Les maisons qui y sont édifiées sont peu pratiques et peu adaptées, car assez sombres, mais on s’en contente, faute de mieux.
[…]
Louis-Benoit Coillet trace dès 1825 un plan d’ouverture des voies pour les clos des Oratoriens, Bernardines, Colinettes, et le séminaire Saint-Irénée, soit environ douze hectares qui ne sont pas encore lotis. Le tracé général est géométrique, avec des rues se coupant à angle droit et de bonne largeur : plus de dix mètres. Les montées anciennes étant devenues très dangereuses en raison de l’important trafic, Coillet envisage d’améliorer les dessertes du plateau vers la presqu’ile par le biais de nouvelles rues, en lacets, d’une pente régulière et moyenne, avec de bons dégagements pour faciliter les manœuvres, et des places pour permettre le repos des chevaux : place Colbert, place Bellevue. Ces lacets seront doublés d’un réseau d’escaliers, plus directs, dans les portions les plus raides.
Le plan Coillet s’inscrit dans un contexte de forte rivalité entre Lyon et la commune de Croix-Rousse. Celle-ci, pratiquant un véritable dumping social, attire de nombreux tisseurs sur le plateau, qui bénéficient des infrastructures de la ville de Lyon sans pour autant les financer. Lyon réagit donc en cherchant à établir des quartiers lotis d’immeubles de qualité destinés aux tisseurs, aux rues pavées et propres, aux escaliers nombreux et solides, etc. A ce titre, le plan Coillet se révèle une véritable opération de communication et de séduction, destiné aux tisseurs localisés sur le Plateau.
Le projet se concrétise très rapidement et dès 1830 celui-ci est quasiment achevé. Les rues Diderot, Lemot, Desserve, ainsi que l’escalier raccordant cette dernière à la place Colbert, sont facilement tracées. De la même manière, les rues Audran, Magneval, Mottet de Gerando, Bodin, les montées Adamoli et Grognard, sont tracées dans le clos des Bernardines.
Le cas du clos des Oratoriens est plus compliqué, car Coillet doit composer avec les rues précédemment entamées, ou crées sans concertation avec les autorités. Ainsi, la rue Burdeau a déjà été partiellement constituée, de même que la rue des Tables Claudiennes, qui a été prolongée. La ville se montre toutefois conciliante avec les propriétaires et accepte à titre de dédommagement un terrain qui deviendra, en 1838, la place Chardonnet. La rue Pouteau, également entamée par des propriétaires privés, est prolongée dans le clos des Bernardines par la ville, mais la partie la plus au nord, c’est à dire le raccord avec le mur Saint-Sébastien, ne sera pas réalisée, car elle est jugée trop coûteuse.
Cependant si en 1830 la plupart des rues actuelles existent, peu d’entre-elles sont réellement abouties. Ainsi, aucune des rues est-ouest, ouvertes à partir de la montée Saint-Sebastien, ne se raccorde à la montée de la Grande-Côte car la ville ne veut pas engager d’expropriations, et laisse donc les propriétaires fonciers gérer ces cas particuliers. Il faudra attendre 1844-1845 pour voir les rues Burdeau, Imbert-Colomes, et des Tables Claudiennes connectées à la montée de la Grande-Côte.
Coillet conçoit également des plans pour les clos situés au centre des pentes : Annonciades, Saint-Benoit, Carmélites. Mais contrairement aux premiers évoqués plus hauts, ici, les propriétaires ont déjà tracé des rues et loti les parcelles : la planification urbaine de ce secteur des pentes ne sera donc que peu suivie d’effets. Ainsi, plusieurs rues nord-sud sont envisagées pour relier les différents clos, mais aucune ne sera effectivement percée. Le «Passage Gonin» témoigne de ces échecs : la rue était initialement prévue comme étant une montée large et sinueuse, conduisant place Rouville, mais le projet échoue face au refus obstiné d’une propriétaire de vendre son terrain.
Coillet arrive toutefois à faire ouvrir avec l’accord de Gonin, propriétaire du clos Saint-Benoit, la montée de l’Annonciade. La rue de Flesselles est également prolongée jusqu’au cours des Chartreux, au nord.
L’histoire de l’urbanisation des pentes de la Croix-Rousse au XIXème siècle, intense surtout dans la première moitié du siècle, est à la fois originale et révélatrice de mécanismes courants. La persistance des tracés et des limites anciennes dans des lotissements nouveaux est un phénomène répandu dans l’évolution des villes. Il est particulièrement bien illustré ici avec la transformation de nombreuses allées d’anciens jardins en rues, mais aussi avec le système des lotissements autonomes dont la forme est issue de celle des clos. De même, le rôle des propriétaires est souvent essentiel dans l’urbanisation des zones à lotir à cette période, car les municipalités n’ont encore ni les moyens financiers, ni les moyens juridiques d’intervenir. La cohérence des morceaux de ville ainsi créés dépend alors de la qualité des accords passés entre les propriétaires et les municipalités, ces dernières ayant le rôle primordial d’incitateur et d’arbitre. Plus le nombre des propriétaires concernés est élevé et la parcellisation des propriétés foncières importante, plus les accords sont difficiles à mettre en œuvre.
C’est le cas sur les pentes de la Croix Rousse, dans la partie sud, et cela explique en partie le peu de cohérence du dessin actuel des voies. A Lyon, l’exemple opposé est celui de la Guillotière où l’existence d’un seul propriétaire, les Hospices Civils, simplifie les transactions et permet l’instauration d’un plan en damier rigoureux.
Les opérations de la municipalité sont donc un franc succès, même si celle-ci s’est vue régulièrement dépassée. Entre 1815 et 1850, la majorité des rues sont tracées et les immeubles édifiés. Par la suite, les projets sur les Pentes seront très ponctuels.
[…]
La trame viaire des Pentes s’est essentiellement constituée autour d’un nombre limité de rues : les trois montées, c’est à dire la montée Saint-Sébastien, de la Grande-Côte, des Carmélites. Dans les secteurs situés au sud, à proximité de la place des Terreaux, des voies anciennes relient ces montées entre-elles, parallèlement au mur de la Lanterne, ou rejoignent les fleuves et leurs ports : rue du Sergent Blandan (supposée relier une porte à un gué naturel de Saône, disparu) rue Sainte-Catherine, rue du Griffon, rue Bouteille, rue de la Vieille.
La Révolution rend ces grands tènements disponibles, et ceux-ci sont alors livrés à l’urbanisation. Les percements des voies sont trop nombreux pour être listés ici, citons toutefois la rue Burdeau, Pouteau, des Capucins, Imbert-Colomès, de Flesselles... toutes les rues sont bâties en balcon ou en pente douce, sauf les rues Pouteau et de Flesselles, qui complètent l’antique réseau de montées.
Enfin, on assiste à quelques percements dans le bas des pentes, surtout entre 1850 et 1900, de manière à réorganiser le tissu urbain bâti : les rues Terme, du Jardin des Plantes, et surtout la rue de la Martinière, en sont les exemples les plus éloquents.
[…]La montée de la Grande-Côte est intimement liée à l’histoire de Lyon.
[…]Les rues à caractère médiéval restent peu nombreuses sur le secteur de l’actuelle ZP-PAUP : en effet, le fait que le bas des pentes était au moyen-âge un faubourg n’était pas pour favoriser l’urbanisation du secteur. De plus, les pentes les moins raides sont rapidement utilisées par les premières congrégations religieuses (Augustins, Clarisses de la Déserte, Carmes) qui s’installent en bas des différentes montées, à proximité immédiate de la ville.
Bonne journée.
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