Question d'origine :
Bonjour,
Ces 3 termes sont utilisée dans le Liber Basiorum ( Le Livre des Baisers) de Jean Second, poète néo-latin.
Je travaille sur la signification de ces 3 mots en latin: leur signification à l'Antiquité et à la Renaissance.
Auriez-vous des références à me communiquer pour éclairer mes recherches?
D'avance merci,
Cordialement
Annick Maurech
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 08/03/2018 à 17h14
Bonjour,
Vous trouverez des outils dans Lexilogos>latin, où de très nombreux dictionnaires de latin, y compris des dictionnaires étymologiques du latin, sont répertoriés, le plus souvent avec des liens vers les versions numérisées. D’autres ressources peuvent être trouvées sur le portail du Centre national de ressources textuelles et linguistiques, notamment sur les emprunts latin de la langue française renaissante et moderne. Enfin, et cela sera sans doute l’outil le plus intéressant pour vos recherches, le site Classical latin texts du Packard humanities Institute (CLT) comporte un outil de concordance des mots latins dans un corpus assez large pour vous permettre de distinguer les différentes nuances selon les auteurs.
Quelques résultats obtenus :
Pour le latin classique, les choses semblent assez claires. Outre le fait que le Gaffiot vous donnera de nombreuses citations qui vous permettront de remettre les mots en contexte dans la langue classique, de même que la concordance du CLT déjà cité, le travail de Ernout et Meillet demeure d’actualité :
Basium : « usité surtout au pluriel. Baiser. Employé d’abord comme suavium, avec un sens érotique qui n’est pas dans osculum. Toutefois la distinction a tendu à s’effacer, et à basse époque, basium et son dérivé basiare s’emploient pour osculum. Semble évité par la langue classique, qui devait trouver le mot inconvenant. Basium, basiare ont seuls survécus dans les langues romanes. L’apparition tardive du mot laisse supposer un emprunt, celtique ? Catulle, qui semble l’avoir introduit dans la langue écrite, était originaire de Vérone.
Osculum, i : diminutif de tendresse « petite bouche » ; par suite, en raison de la forme que prend la bouche en baisant, « baiser », sens qui s’est développé dans des expressions comme oscula figere « appliquer des petites bouches ». […] Sur la différence entre osculum et basium, suavium, voir ces mots. Ancien, usuel, classique. Non roman.
Suavis, e : (je n’ai pas trouvé suavium) : doux. Se dit de toutes les sensations ; doux au toucher, au goût, à l’odorat, à la vue, etc. et par extension des sentiments ou du caractère. Ancien, classique, usuel. Sur l’emploi par les poètes, voir Axelson, Unpoetische Wörter, p. 36. Celtique, de l’irlandais suabh.
Habituellement, pour la Renaissance, la référence demeure le Glossarium de Du Cange, mais seul Opusculum semble défini.
En 1606, dans son Trésor de langue Française, Jean Nicot donne à « baiser » la traduction latine suivante :
« Un baiser : Basium, Osculum, Suavium. Je ne parle point des baisers et accolées, Je n’en fay conte, Motto iam osculari atque amplexari, id nihil puto. »
Les trois mots apparaissent donc comme de parfaits synonymes. C’est aussi le cas dans le Calepino. En revanche, le Trésor de la langue latine, Robert Estienne donne quelques nuances, bien que cet érudit reprenne les sens du latin classique. Le mot Basium n’y apparaît pas (ce qui en soi est intéressant) ; Osculum est défini comme « ung baiser que on baille à ses amis. » et Suavium est d’abord synonyme de douceur avant d’être mentionné comme « baiser » dans les expressions « Suavium sumere » ou « suavium facere » utilisées par Plaute : « Suavium si sumpsit, sumere eum licet sine retibus. » ou « Tu labellum absterges potius quàm cuiquam illa suavium faciat palam. ».
Il apparaît donc que Osculum est sans doute le mot le plus ancien et le plus générique en latin classique. Il désigne l’acte d’embrasser. Basium et suavium ont, à l’époque classique, une connotation plus érotique, ou du moins plus charnelle et intime. Dans les langues romanes, Basium devenu « baiser », perd sa connotation érotique, et cela bien avant la Renaissance. De plus, le simple fait que le livre de Jean second s’intitule Liber basiorum semble indiquer que basium a par ailleurs gagner un sens générique qu’il n’avait pas auparavant, et que, comme Estienne le mentionne, osculum tend à se cantonner au baiser entre amis.
En espérant vous avoir été utile,
Vous trouverez des outils dans Lexilogos>latin, où de très nombreux dictionnaires de latin, y compris des dictionnaires étymologiques du latin, sont répertoriés, le plus souvent avec des liens vers les versions numérisées. D’autres ressources peuvent être trouvées sur le portail du Centre national de ressources textuelles et linguistiques, notamment sur les emprunts latin de la langue française renaissante et moderne. Enfin, et cela sera sans doute l’outil le plus intéressant pour vos recherches, le site Classical latin texts du Packard humanities Institute (CLT) comporte un outil de concordance des mots latins dans un corpus assez large pour vous permettre de distinguer les différentes nuances selon les auteurs.
Quelques résultats obtenus :
Pour le latin classique, les choses semblent assez claires. Outre le fait que le Gaffiot vous donnera de nombreuses citations qui vous permettront de remettre les mots en contexte dans la langue classique, de même que la concordance du CLT déjà cité, le travail de Ernout et Meillet demeure d’actualité :
Basium : « usité surtout au pluriel. Baiser. Employé d’abord comme suavium, avec un sens érotique qui n’est pas dans osculum. Toutefois la distinction a tendu à s’effacer, et à basse époque, basium et son dérivé basiare s’emploient pour osculum. Semble évité par la langue classique, qui devait trouver le mot inconvenant. Basium, basiare ont seuls survécus dans les langues romanes. L’apparition tardive du mot laisse supposer un emprunt, celtique ? Catulle, qui semble l’avoir introduit dans la langue écrite, était originaire de Vérone.
Osculum, i : diminutif de tendresse « petite bouche » ; par suite, en raison de la forme que prend la bouche en baisant, « baiser », sens qui s’est développé dans des expressions comme oscula figere « appliquer des petites bouches ». […] Sur la différence entre osculum et basium, suavium, voir ces mots. Ancien, usuel, classique. Non roman.
Suavis, e : (je n’ai pas trouvé suavium) : doux. Se dit de toutes les sensations ; doux au toucher, au goût, à l’odorat, à la vue, etc. et par extension des sentiments ou du caractère. Ancien, classique, usuel. Sur l’emploi par les poètes, voir Axelson, Unpoetische Wörter, p. 36. Celtique, de l’irlandais suabh.
Habituellement, pour la Renaissance, la référence demeure le Glossarium de Du Cange, mais seul Opusculum semble défini.
En 1606, dans son Trésor de langue Française, Jean Nicot donne à « baiser » la traduction latine suivante :
« Un baiser : Basium, Osculum, Suavium. Je ne parle point des baisers et accolées, Je n’en fay conte, Motto iam osculari atque amplexari, id nihil puto. »
Les trois mots apparaissent donc comme de parfaits synonymes. C’est aussi le cas dans le Calepino. En revanche, le Trésor de la langue latine, Robert Estienne donne quelques nuances, bien que cet érudit reprenne les sens du latin classique. Le mot Basium n’y apparaît pas (ce qui en soi est intéressant) ; Osculum est défini comme « ung baiser que on baille à ses amis. » et Suavium est d’abord synonyme de douceur avant d’être mentionné comme « baiser » dans les expressions « Suavium sumere » ou « suavium facere » utilisées par Plaute : « Suavium si sumpsit, sumere eum licet sine retibus. » ou « Tu labellum absterges potius quàm cuiquam illa suavium faciat palam. ».
Il apparaît donc que Osculum est sans doute le mot le plus ancien et le plus générique en latin classique. Il désigne l’acte d’embrasser. Basium et suavium ont, à l’époque classique, une connotation plus érotique, ou du moins plus charnelle et intime. Dans les langues romanes, Basium devenu « baiser », perd sa connotation érotique, et cela bien avant la Renaissance. De plus, le simple fait que le livre de Jean second s’intitule Liber basiorum semble indiquer que basium a par ailleurs gagner un sens générique qu’il n’avait pas auparavant, et que, comme Estienne le mentionne, osculum tend à se cantonner au baiser entre amis.
En espérant vous avoir été utile,
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