Question d'origine :
Pourquoi le cheval de sir Gauvain qui est décrit comme puissant et solide se nomme Gringalet?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 06/03/2018 à 12h18
Bonjour,
Les interrogations sur le nom de gringalet ne sont pas nouvelles et dès 1872, Paul Meyer, Gaston Bruno Paulin Paris, Antoine Thomas, Mario Roques dans Romania: recueil trimestriel consacré à l'étude des langues et des apportaient de premières explications. Dans un article de 1958, Le Rôle de Gauvain dans "Erec et Enide", C. Foulon revient sur l’origine du terme. Si les explications sont parfois différentes, elles ont le mérite d’indiquer clairement que le nom du cheval gringalet n’a absolument rien à voir avec le sens actuel de chétif.
Plus récemment, Philippe Walter dans Gauvain le chevalier solaire explique que « Le Gringalet avec article défini suggère un nom commun. On a voulu à tort le rapprocher de l’adjectif moderne gringalet en suggérant qu’il pourrait s’agir d’un cheval nain . Les étymologistes rappellent que le nom médiéval serait apparenté au gallois keinkaled (« beau hardi » ) qui est le nom propre du même cheval dans un texte gallois. Le terme se serait appliqué à un cheval chétif avant de concerner l’homme lui-même. Mais ce sens de « gringalet » pour un homme chétif n’existe pas en français avant le XVIIe siècle ; il ne peut donc pas avoir été à l’origine du nom du cheval (…) De plus, dans les textes arthuriens, rien n’indique que le cheval de Gauvain soit effectivement chétif. L’explication par la petitesse n’est donc pas satisfaisante
(…)
En moyen français (1445), le mot galier signifie « cheval » . Ce terme est donné comme argotique au XIXe siècle, mais il survit dans quelques parlers de l’Ouest. Il s’agit d’un ancien nom du cheval (…) Dans ces conditions, le grin de Gringalet serait ‘’équivalent de grand et l’ensemble du nom signifierait simplement le « Grand cheval » . (soit le grand galier). Cette explication supposerait que ce nom a été forgé dans l’Ouest de la France où il a survécu de manière isolée dans le folklore.
(…) un vers de Gaugain et le Chevalier vert confirme notre interprétation du nom du gringalet. Au vers 2047, on lit (…) (« Ensuite Gringalet fut prêt, lui qui était grand et énorme »). Le Gringalet, cheval de gauvain, serait bel et bien un « grand cheval », c’est-à-dire tout le contraire d’un « gringalet » au sens moderne du mot …. »
On retrouve des explications similaires dans le Dictionnaire de mythologie arthurienne, du même auteur.
Par ailleurs, les actes du colloque Le cheval dans le monde médiéval (1992) suggèrent aussi des pistes de réflexion. google livres en publie des extraits :
« Le dictionnaire étymologique de Bloch et Von Wartburg n’est pas très écalirant non plus propose le cheminement inverse :
Gringalet […] nom propre du cheval de Gauvain […] aura été dit, par antiphrase, d’un cheval chétif, puis appliqué à l’homme.
Cette explication n’apporte rien pour la compréhension de notre passage, il faut remonter plus loin. Les celtologues qui se sont penchés sur l’étymologie de « Gringalet » ont proposé, en partant de « keincaled », « beau et dur » ou « blanc et dur », ce qui convient assez ; nous en reparlerons … «
Nous vous suggérons de parcourir également :
• Le cheval en France au Moyen Âge : sa place dans le monde médiéval : sa médecine : l'exemple d'un traité vétérinaire du XIVe siècle, la "Cirurgie des chevaux"/ Brigitte Prévot, Bernard Ribémont, 1994.
• Bibolet Jean-Claude, Le nom des personnages originaux dans le Mystère de la Passion de Troyes, Nouvelle revue d'onomastique, n°9-10, 1987. L'Ardenne, l'eau et la forêt. pp. 103-107.
Pour finir, nous vous renvoyons sur une de nos réponses apportées sur Légendes arthuriennes qui pourrait vous intéresser.
Bon travail.
Les interrogations sur le nom de gringalet ne sont pas nouvelles et dès 1872, Paul Meyer, Gaston Bruno Paulin Paris, Antoine Thomas, Mario Roques dans Romania: recueil trimestriel consacré à l'étude des langues et des apportaient de premières explications. Dans un article de 1958, Le Rôle de Gauvain dans "Erec et Enide", C. Foulon revient sur l’origine du terme. Si les explications sont parfois différentes, elles ont le mérite d’indiquer clairement que le nom du cheval gringalet n’a absolument rien à voir avec le sens actuel de chétif.
Plus récemment, Philippe Walter dans Gauvain le chevalier solaire explique que « Le Gringalet avec article défini suggère un nom commun.
(…)
(…) un vers de Gaugain et le Chevalier vert confirme notre interprétation du nom du gringalet. Au vers 2047, on lit (…) (« Ensuite Gringalet fut prêt, lui qui était grand et énorme »). Le Gringalet, cheval de gauvain, serait bel et bien un « grand cheval », c’est-à-dire tout le contraire d’un « gringalet » au sens moderne du mot …. »
On retrouve des explications similaires dans le Dictionnaire de mythologie arthurienne, du même auteur.
Par ailleurs, les actes du colloque Le cheval dans le monde médiéval (1992) suggèrent aussi des pistes de réflexion. google livres en publie des extraits :
« Le dictionnaire étymologique de Bloch et Von Wartburg n’est pas très écalirant non plus propose le cheminement inverse :
Gringalet […] nom propre du cheval de Gauvain […] aura été dit, par antiphrase, d’un cheval chétif, puis appliqué à l’homme.
Cette explication n’apporte rien pour la compréhension de notre passage, il faut remonter plus loin. Les celtologues qui se sont penchés sur l’étymologie de « Gringalet » ont proposé, en partant de « keincaled », « beau et dur » ou « blanc et dur », ce qui convient assez ; nous en reparlerons … «
Nous vous suggérons de parcourir également :
• Le cheval en France au Moyen Âge : sa place dans le monde médiéval : sa médecine : l'exemple d'un traité vétérinaire du XIVe siècle, la "Cirurgie des chevaux"/ Brigitte Prévot, Bernard Ribémont, 1994.
• Bibolet Jean-Claude, Le nom des personnages originaux dans le Mystère de la Passion de Troyes, Nouvelle revue d'onomastique, n°9-10, 1987. L'Ardenne, l'eau et la forêt. pp. 103-107.
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Bon travail.
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