Question d'origine :
Pourquoi le roi Louis IX refusa-t-il que la reine Isambour soit enterrée à la basilique Saint Denis comme elle le souhaitait?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 03/03/2018 à 14h17
Bonjour,
Sur la vie et la mort d’Ingenburge, reine répudiée par son époux le roi Philippe Auguste au lendemain de leurs noces, nous vous renvoyons à une précédente question que vous nous aviez posée sur le sujet et dans laquelle figurait une bibliographie sur cette reine qui fut maintenue en captivité pendant vingt ans par son époux.
En revanche, nous ne savons pas pourquoi Louis IX a refusé que la reine Ingerburge soit inhumée à la basilique Saint Denis alors que son grand père, le roi Philippe Auguste, avait fini par se réconcilier avec la reine :
" Le roi finit par se réconcilier sincèrement avec Ingeburge à qui il rendait la plénitude de ses droits d’épouse et de reine. - Les sources écrites en attestent. Dans son testament, Philippe appelle Ingeburge, karissimae uxori " -à savoir chère épouse- cf. "Testament du roi", Recueil général des anciennes lois françaises,Paris, 1820, n° 133, p. 220)
Source : «Etude phénoménologique sur la répudiation d'Ingeburge du Danemark, Jérôme Devard » (livre consultable en ligne sur le site des « Cahiers de recherches médiévales et humanistes »)
Nos recherches nous poussent à avancer deux –maigres- hypothèses (qu’il vous faudra sans doute mettre à l’épreuve)
1 –Louis IX n’a pas pris acte de la réconciliation de son grand-père, Philippe Auguste, avec Ingenburge (cette dernière n'ayant pas vraiment régné) :
« Au milieu du 13ème siècle, une importante campagne de travaux avait perturbé la mise en place des sépultures de la basilique. Louis IX en profita pour faire rechercher l’emplacement des tombes et les noms de tous les souverains inhumés dans l’abbatiale. On retrouva seize corps. Pour les honorer, le roi leur fit sculpter des gisants qui les représentent tous de la même façon avec les insignes de la royauté.
Puis, selon une disposition chronologique, qui affirmait la continuité dynastique entre Mérovingiens, Carolingiens et Capétiens, les Carolingiens prirent place du côté sud et les Capétiens du côté nord...
2- La volonté de la reine d’être inhumée à la basilique n'a pu être satisfaite, du fait de la résistance roi Philippe Auguste sur ce point. En effet, on apprend dans l’extrait suivant que le roi n’a pas renoué avec son épouse de façon tout à fait volontaire :
« Célestin III ordonna Philippe Auguste il est vrai, pour la rémission de ses péchés, de reprendre sa femme et de lui rendre son affection mais il sembla donner cet ordre à contre-cœur , et demander grâce , en quelque sorte, pour l'intervention de l'Église dans cette délicate affaire. La faiblesse du pontife eut pour résultat d'encourager la résistance du roi… Le roi se moqua de cette prohibition, et un mois s'était à peine écoulé depuis le concile de Paris, qu'au mépris de la morale publique et sans s'inquiéter du scandaleux exemple qu'il allait donner à ses sujets, à ses vassaux , à l'Europe entière, il épousa solennellement Agnès, fille de Berthold , duc de Méranie, de là maison d'Andech, nièce du margrave Didier de Misnie et descendante de Charlemagne »
(Source en ligne : [url=https://books.google.fr/books?id=w2y4tRB-jS0C&pg=PA117&dq=prieuré+de+Saint-Jean-en-l’Ile&hl=fr&sa=X&ved=0a]Prieuré SaintJean en l'Ile[/url])
Sur les contrats conjugaux et les conditions de répudiation, vous pouvez également consulter l’ouvrage suivant "Contrat conjugal ou lois du mariage de la répudiation et du divorce"
L’affaire ira très loin et c’est finalement le Pape Innocent III qui frappe d’interdit les territoires royaux :
Comme Philippe-Auguste fait encore la sourde oreille, le pape, en janvier 1200, frappe d’interdit les territoires royaux. L’interdit est une véritable calamité publique. La population se voit privée des sacrements et des offices, à une époque où l’on est croyant et superstitieux jusqu’à la moelle. Le son des cloches, qui rythme la vie des gens, ne retentit plus en France. Conditions pour obtenir la levée de sanctions ? Toujours les mêmes : se séparer d’Agnès, réintégrer Ingeburge dans ses droits.
Philippe-Auguste s’étouffe de colère : « J’aimerais mieux perdre la moitié de mes domaines, que de me séparer d’Agnès ; elle m’est unie par la chair ». Scandaleuse obstination ! Mais voilà qu’après avoir donné naissance à deux enfants, Agnès de Méranie rend son âme à Dieu en juillet 1201. Sa mort arrange les affaires du Pape et d’Ingeburge, et épargne à Philippe-Auguste l’embarras, voire le ridicule, d’une bigamie. L’interdit est levé. » (Source : le site Plume d'Histoire, article « le cauchemar d’Ingerburge, épouse bafouée de Philippe Auguste »)
Bonnes recherches !
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