Question d'origine :
Bonjour cher Guichet,
Je viens de finir "Seule Au Fond Du Gouffre", qui raconte l'expérience d'isolation temporelle de Veronique Le Guen.
Je reste un peu sur ma faim : il n'y a aucune présentation (même succincte) des résultats obtenue par cette courageuse aventurière.
Je n'ai pas trouvé non plus d'ouvrage écrit après sa mort (dont elle parle presque par sous-entendu, dans les dernières lignes prémonitoires de son journal), pour étudier les relations entre son expérience et son suicide.
Auriez-vous des ouvrages à me conseiller sur ces deux points ? (où, idéalement, apparaitraient les opinions de son compagnon de l'époque, Francis Le Guen, et/ou de l'organisateur de l'expérience Michel Siffre )
En vous remerciant par avance !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 27/02/2018 à 14h42
Bonjour,
Nous n'avons pas trouvé d'ouvrage consacré au bilan de cette expérience, ni relatif aux résultats scientifiques, ni sur les causes du suicide de Véronique Le Guen.
Nous pouvons seulement vous proposer ces quelques extraits d'articles consultables sur Europresse :
"Objectif : étudier les rythmes biologiques spontanément adoptés par l'organisme. Notamment le cycle veille-sommeil, que l'on sait différer sensiblement du rythme circadien (privée de l'alternance du jour et de la nuit,Véronique Le Guen a ainsi vécu des " nuits " de trente heures et plusieurs " journées " de cinquante, voire soixante-dix heures). On a pu aussi étudier les variations rythmiques de la température du corps, de la tension artérielle et de multiples sécrétions hormonales, que contrôlent en permanence nos horloges biologiques.
Cette expérience fera-t-elle pour autant progresser nos connaissances scientifiques ?
Au-delà de la performance psychologique,nombre de biologistes sont loin d'en être convaincus . Mais cette étude menée par Michel Siffre, ancien cobaye de l'isolement prolongé dans les année 60, et réalisée en collaboration avec le centre anti-cancéreux Antoine-Lacassagne de Nice, le laboratoire de thermologie biomédicale de l'université Louis-Pasteur de Strasbourg et le Centre neuro-cardiologique de Lyon, aura en tout cas le mérite de fournir aux scientifiques une batterie de données physiologiques enregistrées par la spéléologue, plongée hors du temps. "
source :SCIENCES Mission accomplie pour Véronique Le Guen Cent onze jours " hors du temps " / VINCENT CATHERINE - Le Monde - jeudi 1 décembre 1988, p. 11 - 29 NOVEMBRE 1988
" Avec sa petite association baptisée « Institut français de spéléologie », [Michel Siffre] bénéficie d'aides financières d'industriels et de l'armée, et collabore parfois avec les scientifiques du CNRS ou de la Nasa. Sous sa houlette, une demi-douzaine de personnes vont effectuer de longs séjours, dont Josie Laurès, qui sera en 1964 la première femme à séjourner trois mois sous terre, et Véronique Le Guen (110 jours) qui, malheureusement, se suicidera quatorze mois après sa remontée.
Toutefois, des milliers d'échantillons sanguins et urinaires prélevés lors de ces différentes expériences n'ont, à ce jour, toujours pas été analysés. Michel Siffre laisse donc une impression mitigée : héros pour le public, pionnier pour certains scientifiques, trop médiatique pour d'autres. Aujourd'hui, « ces expériences sont moins pertinentes, coûtent cher et sont risquées pour les cobayes. "
source :Dossier. Les calendriers. Dans la mesure du temps... L'homme ne peut se soustraire au temps. Les expériences « hors du temps », popularisées par le spéléonaute Michel Siffre, ne sont plus d'actualités. / SERGENT Denis - La Croix - SOCIETE, samedi 1 janvier 2005, p. 6
"Les rythmes fondamentaux
L'objectif de cette réclusion volontaire, dans le gouffre de Valat-Nègre, près de Millau, en France, était d'étudier les rythmes biologiques fondamentaux, spontanément adoptés par l'organisme en l'absence de jours et de nuits.
Entre autres, le cycle veille-sommeil est différent du rythme nuit-jour terrestre. Véronique Le Guen a ainsi vécu des «nuits» de trente heures et plusieurs «journées» de cinquante, voire soixante-dix heures, à tel point qu'elle a vécu quarante-deux jours en trois mois et demi. Elle ne possédait pas de montre sous terre et la température ambiante, en quatre mois, n'a pas varié d'un iota: 9,5 degrés Celsius.
Grâce aux échantillons de sang, d'urine et de salive qu'elle envoyait sur terre régulièrement et grâce aussi aux électrodes dont elle était bardée et qui captaient son activité cardiaque et son activité cérébrale, la spéléologue a fourni aux scientifiques une batterie de données physiologiques sur les réactions de l'organisme lorsque plongé hors du temps.
On peut étudier ainsi les variations périodiques de la température du corps, de la tension artérielle et de multiples sécrétions hormonales, contrôlées en permanence par nos horloges biologiques.
Ces notions sur la réponse de l'organisme à un contexte sans jour et ni nuit peuvent s'avérer utiles à ceux qui planifient des voyages dans l'espace, des longs séjours dans les sous-marins nucléaires, les expéditions polaires, etc.
Résultats d'ici quelques mois
«Nous sommes en train d'établir sur ordinateur une banque de données assez astronomique. Nous avons recueilli une centaine d'échantillons d'urine, sur lesquels nous avons pratiqué 18000 analyses. Il en reste encore quelques centaines à faire, sans compter les analyses sanguines», affirme M. Michel Siffre, directeur du projet.
Les conclusions relatives à cette études devraient être publiées d'ici quelques mois dans des revues scientifiques. «Nous ne sommes pas pressé, soutient M. Siffre. Ma banque de donnée devance et écrase celle de tous les autres chercheurs qui travaillent dans le même domaine dans le monde.»
M. Siffre, lui-même spéléologue, avait battu un record d'isolement dans les années 60. Pour l'expérience Le Guen, il s'est adjoint la collaboration de laboratoires reconnus: le centre anti-cancéreux Antoine-Lacassagne de Nice, le laboratoire de thermologie biomédicale de l'Université de Strasbourg et le Centre neurologique de Lyon.
[...]
Il n'est pas exceptionnel que les personnes soumises à une privation ou à une réduction sensorielle soient sujettes à des épisodes dépressifs encore longtemps après l'expérience.
«J'ai peur de la vie» disait Véronique le Guen, un an après être sortie du gouffre de Valat-Nègre, indemne physiquement mais profondément atteinte psychologiquement. Au cours de ses 111 jours d'isolement sensoriel, Véronique Le Guen avait vécu des expériences mystiques et avait pensé devenir folle. Elle avait cependant acquis durant ce temps une mémoire phénoménale.
Ces expériences sont difficiles et angoissantes, mais la réadaptation à la réalité, après l'expérience, est plus difficile encore. Pour Véronique Le Guen, cela a été l'expérience la plus dure de sa vie.«Il y a des revers très difficiles à vivre quand on revient sur terre, confiait-elle il y trois mois à la radio française. C'est une alternance de hauts et de bas. Néanmoins, c'est une expérience à vivre. C'est une expérience que l'on met dix ans à digérer totalement. »
Il semble que Véronique Le Guen n'ait pas eu le courage d'attendre si longtemps. Quatorze mois après son exploit de recluse volontaire, la spéléologue avalait un tube de barbituriques. "
source :Les 111 jours hors du temps de Véronique Le Guen: les résultats en valent-ils le coup?; "Les risques pour la santé mentale n'ont pas été pris assez au sérieux" / Thibaudeau, Carole - La Presse - Sciences et techniques, dimanche 22 avril 1990 , p. B1
Cette expérience est abordée brièvement dans les ouvrages suivants :
- Des rythmes de vie aux rythmes scolaires : Une histoire sans fin / Claire Leconte
- Reliques des morts illustres / Yann Gaillard
- Les mécanismes du sommeil : rythmes et pathologies, sous la direction de Sylvie Royant-Parola
Bonne journée.
Nous n'avons pas trouvé d'ouvrage consacré au bilan de cette expérience, ni relatif aux résultats scientifiques, ni sur les causes du suicide de Véronique Le Guen.
Nous pouvons seulement vous proposer ces quelques extraits d'articles consultables sur Europresse :
"Objectif : étudier les rythmes biologiques spontanément adoptés par l'organisme. Notamment le cycle veille-sommeil, que l'on sait différer sensiblement du rythme circadien (privée de l'alternance du jour et de la nuit,
Cette expérience fera-t-elle pour autant progresser nos connaissances scientifiques ?
Au-delà de la performance psychologique,
source :
" Avec sa petite association baptisée « Institut français de spéléologie », [Michel Siffre] bénéficie d'aides financières d'industriels et de l'armée, et collabore parfois avec les scientifiques du CNRS ou de la Nasa. Sous sa houlette, une demi-douzaine de personnes vont effectuer de longs séjours, dont Josie Laurès, qui sera en 1964 la première femme à séjourner trois mois sous terre, et Véronique Le Guen (110 jours) qui, malheureusement, se suicidera quatorze mois après sa remontée.
source :
"
L'objectif de cette réclusion volontaire, dans le gouffre de Valat-Nègre, près de Millau, en France, était d'étudier les rythmes biologiques fondamentaux, spontanément adoptés par l'organisme en l'absence de jours et de nuits.
Entre autres, le cycle veille-sommeil est différent du rythme nuit-jour terrestre. Véronique Le Guen a ainsi vécu des «nuits» de trente heures et plusieurs «journées» de cinquante, voire soixante-dix heures, à tel point qu'elle a vécu quarante-deux jours en trois mois et demi. Elle ne possédait pas de montre sous terre et la température ambiante, en quatre mois, n'a pas varié d'un iota: 9,5 degrés Celsius.
Grâce aux échantillons de sang, d'urine et de salive qu'elle envoyait sur terre régulièrement et grâce aussi aux électrodes dont elle était bardée et qui captaient son activité cardiaque et son activité cérébrale, la spéléologue a fourni aux scientifiques une batterie de données physiologiques sur les réactions de l'organisme lorsque plongé hors du temps.
Ces notions sur la réponse de l'organisme à un contexte sans jour et ni nuit peuvent s'avérer utiles à ceux qui planifient des voyages dans l'espace, des longs séjours dans les sous-marins nucléaires, les expéditions polaires, etc.
Résultats d'ici quelques mois
«Nous sommes en train d'établir sur ordinateur une banque de données assez astronomique. Nous avons recueilli une centaine d'échantillons d'urine, sur lesquels nous avons pratiqué 18000 analyses. Il en reste encore quelques centaines à faire, sans compter les analyses sanguines», affirme M. Michel Siffre, directeur du projet.
Les conclusions relatives à cette études devraient être publiées d'ici quelques mois dans des revues scientifiques.
M. Siffre, lui-même spéléologue, avait battu un record d'isolement dans les années 60. Pour l'expérience Le Guen, il s'est adjoint la collaboration de laboratoires reconnus: le centre anti-cancéreux Antoine-Lacassagne de Nice, le laboratoire de thermologie biomédicale de l'Université de Strasbourg et le Centre neurologique de Lyon.
[...]
Il n'est pas exceptionnel que les personnes soumises à une privation ou à une réduction sensorielle soient sujettes à des épisodes dépressifs encore longtemps après l'expérience.
«
Ces expériences sont difficiles et angoissantes, mais la réadaptation à la réalité, après l'expérience, est plus difficile encore. Pour Véronique Le Guen, cela a été l'expérience la plus dure de sa vie.
Il semble que Véronique Le Guen n'ait pas eu le courage d'attendre si longtemps. Quatorze mois après son exploit de recluse volontaire, la spéléologue avalait un tube de barbituriques. "
source :
Cette expérience est abordée brièvement dans les ouvrages suivants :
- Des rythmes de vie aux rythmes scolaires : Une histoire sans fin / Claire Leconte
- Reliques des morts illustres / Yann Gaillard
- Les mécanismes du sommeil : rythmes et pathologies, sous la direction de Sylvie Royant-Parola
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter