Question d'origine :
Bonjour,
Je fait un travail de fin de scolarité sur l'illustration, et j'ai une question a laquelle je n'arrive pas vraiment a répondre.
"qu'est ce qui rend une illustration intéressante ?"
J'ai pensé a quelques critères, mais ça m'intéresserais beaucoup d'avoir d'autres avis et points de vue tels que le votre!
merci pour votre aide
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 30/01/2018 à 11h15
Bonjour,
Votre sujet pourrait être envisagé différemment selon votre niveau (en englobant par exemple des réflexions sur l’histoire de l’art et l’esthétique) ou votre domaine d’étude (en privilégiant par exemple des ouvrages spécialisés sur la communication interne). Néanmoins, de notre point de vue, nous commencerions par travailler sur la notion même d’illustration et d’en définir le sens et ainsi d’en poser les limites. Vous pourriez ainsi parcourir les définitions Dictionnaire mondial des images ou consulter l’article « illustration » publié l’ surEncyclopaedia Universalis disponible dans les bibliothèques municipales de Lyon. En voici de premiers extraits :
« Le mot illustration, nom de l'hebdomadaire « à images » fondé en 1843 par Paulin, Johanne et Charton, peut désigner autant un survol de l'histoire du livre illustré qu'un bilan méthodologique sur un domaine d'études, le texte et l'image, apparu dans les années 1870 et dont la dénomination varie. On parle parfois, par exemple, d'iconotexte (colloque de Clermont-Ferrand, printemps de 1988), terme par lequel Michael Nehrlich souhaitait caractériser l'ensemble des travaux en cours sur le texte et l'image, aussi divers par leur extension chronologique que par celle des corpus et des méthodes. À l'ambiguïté de la notion d'illustration s'ajoute la polémique qui entache un terme problématique, tantôt vilipendé parce qu'il définirait un genre mineur, fondé sur la dépendance littérale de l'image par rapport au texte, tantôt valorisé parce qu'il permettrait la saisie de nouvelles interrogations à la croisée de l'histoire de l'art et de la gravure, de l'histoire littéraire et de l'histoire du livre. L'approche ici retenue sera fondée sur l'itinéraire de cette notion depuis la « révolution de l'image du xixe siècle », dans la langue française. Utilisée dans le sens d'image gravée associée à un texte imprimé sur un support en papier, cette notion se développe tout au long du romantisme et du réalisme, pour être contestée dans le dernier quart du xixe siècle, remise en cause tant par les applications de la photographie que par l'esthétique de l'art pour l'art et le livre de peintre.
Au xxe siècle, les champs d'application des images d'illustration restent nombreux et accompagnent l'émergence de nouveaux supports qui donnent lieu à la « troisième révolution du livre ». Le livre illustré surréaliste recourt à la photographie, le rôle des revues est important, tandis que le livre d'art devient un « musée imaginaire » qui répond à la dispersion des œuvres dans les musées et collections du monde entier. Il sera question, moins de l'ensemble des aspects susceptibles d'être abordés à ce propos que du domaine du livre de peintre et de ses mutations jusqu'au xxie siècle : là aussi, les dénominations sont variées, du « livre d'artiste » à l'artist book, au « livre de dialogue » ou au « livre de création ».
(…)
Le sens visuel, aujourd'hui le plus courant du mot illustration, comme « représentation graphique (dessin, figure, image, photographie) généralement exécutée pour être intercalée dans un texte imprimé » n'est apparu que sous la monarchie de Juillet ; auparavant prévalait le sens apparu au début du xvie siècle, mais de nos jours perçu comme vieilli, d'« action de rendre illustre quelqu'un ou de se rendre illustre », ou « personnage illustre » (Trésor de la langue française). En 1835, le dictionnaire de l'Académie ignore encore le mot illustrateur et par là même ne sanctionne pas l'apparition de ce nouveau métier. Elle n'admet illustre, comme illustration et illustrer, que dans le sens de l'homme illustre, « éclatant, célèbre par le mérite, par la noblesse, par quelque chose de louable et d'extraordinaire » ; quatre ans plus tard, dans le complément à ce dictionnaire, le sens moderne est reconnu, puisque illustrer, ce sera « orner de gravures, de dessins un livre ».
Les dictionnaires ne font qu'entériner les nouveaux sens ou les nouveaux mots, déjà reconnus par la langue courante ou les vocabulaires spécialisés
(…)
Bien qu'elle soit issue de modèles anglais offerts par la presse et le livre, c'est en France que l'illustration a trouvé son plein essor au point de devenir momentanément un art majeur. Favorisé par la rencontre de l'écrivain et de l'artiste que suppose le cénacle romantique, cet essor remarquable découle aussi de l'importance accrue du monde des éditeurs : en effet, l'illustration est une lecture du texte qui a pour fonction principale d'adapter l'écrit au lecteur visé afin d'élargir le public de l'imprimé.
(…)
Alors que l'époque romantique a forgé le langage de l'illustration, qui pouvait se prêter à toute la gamme de l'édition illustrée, mise à la mode par les éditeurs de pittoresques, la seconde moitié du siècle voit l'illustration se spécialiser sur ses terrains de prédilection, la presse, le livre populaire, le livre pour enfants.
La presse illustrée
Si, dans le livre, les genres illustratifs qui se sont dégagés dans les années 1840 se confirment, le journal suscite le croquis de presse et l'histoire en images. Vignette satirique légendée en une ligne, dans laquelle se spécialisent Cham, Nadar ou Hadol, le croquis de presse décoche d'un trait sa flèche et fait sourire le lecteur ; il réussit au mieux lorsqu'il est présenté en série pour la « revue » figurée de la semaine ou du mois »
Si vous vouliez approfondir cette réflexion nous vous suggérons de consulter : L’illustration : essais d’iconographie et L’illustration : histoire d’un art.
Vous pourriez aussi réfléchir à la place et l ’influence de l’image ( la fabrique des images contemporaines ) ou à celui des caricatures (dont la caricature et si c’était sérieux ? Décryptage de la violence satirique).
Plus simplement et si vous vous intéressé.e à la communication, certains ouvrages comme La communication interne abordent les techniques de l’illustration
Ainsi dans l’ouvrage elle est présentée comme un acte éditorial qui « interpelle directement le lecteur, éveille sa curiosité (…) elle revêt plusieurs fonctions :
- Informative quand elle donne un supplément d’information et éclaire le propos
- Documentaire ou technique quand elle permet de visualiser le sujet ou de l’expliquer par l’image
- Esthétique quand elle contribue à la lisibilité ou à l’équilibre de la mise en page
- Humoristique quand elle apporte un éclairage décalé à l’information
- Emotionnelle quand elle ajoute à l’information une dimension moins rationnelle ey cartésienne.
En procédant au choix des illustrations le journaliste fait un choix nettement éditorial : il sélectionne en fonction de l’intérêt, du sens, de la portée, il hiérarchise. »
Nous vous soumettons d’autres pistes de réflexion :
• Vezin Liliane, « Les illustrations, leur rôle dans l'apprentissage des textes », Enfance, tome 39, n°1, 1986. pp. 109-126.
• pressealecole.fr résume les grandes caractéristiques de l’illustration
• L’Académie de Reims met en ligne un document PDf sur Place et techniques de l’illustration dans l’album et le livre illustré
• « L’illustration pour la jeunesse » par Marie-Claude Hubert publié sur • Myriam Chermette, « », Études photographiques, 20 | Juin 2007,
Pour finir, sur le forum études-litteraires.com un lycéen aborde un sujet un peu similaire au vôtre.
Bon travail.
Votre sujet pourrait être envisagé différemment selon votre niveau (en englobant par exemple des réflexions sur l’histoire de l’art et l’esthétique) ou votre domaine d’étude (en privilégiant par exemple des ouvrages spécialisés sur la communication interne). Néanmoins, de notre point de vue, nous commencerions par travailler sur la notion même d’illustration et d’en définir le sens et ainsi d’en poser les limites. Vous pourriez ainsi parcourir les définitions Dictionnaire mondial des images ou consulter l’article « illustration » publié l’ surEncyclopaedia Universalis disponible dans les bibliothèques municipales de Lyon. En voici de premiers extraits :
« Le mot illustration, nom de l'hebdomadaire « à images » fondé en 1843 par Paulin, Johanne et Charton, peut désigner autant un survol de l'histoire du livre illustré qu'un bilan méthodologique sur un domaine d'études, le texte et l'image, apparu dans les années 1870 et dont la dénomination varie. On parle parfois, par exemple, d'iconotexte (colloque de Clermont-Ferrand, printemps de 1988), terme par lequel Michael Nehrlich souhaitait caractériser l'ensemble des travaux en cours sur le texte et l'image, aussi divers par leur extension chronologique que par celle des corpus et des méthodes. À l'ambiguïté de la notion d'illustration s'ajoute la polémique qui entache un terme problématique, tantôt vilipendé parce qu'il définirait un genre mineur, fondé sur la dépendance littérale de l'image par rapport au texte, tantôt valorisé parce qu'il permettrait la saisie de nouvelles interrogations à la croisée de l'histoire de l'art et de la gravure, de l'histoire littéraire et de l'histoire du livre. L'approche ici retenue sera fondée sur l'itinéraire de cette notion depuis la « révolution de l'image du xixe siècle », dans la langue française. Utilisée dans le sens d'image gravée associée à un texte imprimé sur un support en papier, cette notion se développe tout au long du romantisme et du réalisme, pour être contestée dans le dernier quart du xixe siècle, remise en cause tant par les applications de la photographie que par l'esthétique de l'art pour l'art et le livre de peintre.
Au xxe siècle, les champs d'application des images d'illustration restent nombreux et accompagnent l'émergence de nouveaux supports qui donnent lieu à la « troisième révolution du livre ». Le livre illustré surréaliste recourt à la photographie, le rôle des revues est important, tandis que le livre d'art devient un « musée imaginaire » qui répond à la dispersion des œuvres dans les musées et collections du monde entier. Il sera question, moins de l'ensemble des aspects susceptibles d'être abordés à ce propos que du domaine du livre de peintre et de ses mutations jusqu'au xxie siècle : là aussi, les dénominations sont variées, du « livre d'artiste » à l'artist book, au « livre de dialogue » ou au « livre de création ».
(…)
Le sens visuel, aujourd'hui le plus courant du mot illustration, comme « représentation graphique (dessin, figure, image, photographie) généralement exécutée pour être intercalée dans un texte imprimé » n'est apparu que sous la monarchie de Juillet ; auparavant prévalait le sens apparu au début du xvie siècle, mais de nos jours perçu comme vieilli, d'« action de rendre illustre quelqu'un ou de se rendre illustre », ou « personnage illustre » (Trésor de la langue française). En 1835, le dictionnaire de l'Académie ignore encore le mot illustrateur et par là même ne sanctionne pas l'apparition de ce nouveau métier. Elle n'admet illustre, comme illustration et illustrer, que dans le sens de l'homme illustre, « éclatant, célèbre par le mérite, par la noblesse, par quelque chose de louable et d'extraordinaire » ; quatre ans plus tard, dans le complément à ce dictionnaire, le sens moderne est reconnu, puisque illustrer, ce sera « orner de gravures, de dessins un livre ».
Les dictionnaires ne font qu'entériner les nouveaux sens ou les nouveaux mots, déjà reconnus par la langue courante ou les vocabulaires spécialisés
(…)
Bien qu'elle soit issue de modèles anglais offerts par la presse et le livre, c'est en France que l'illustration a trouvé son plein essor au point de devenir momentanément un art majeur. Favorisé par la rencontre de l'écrivain et de l'artiste que suppose le cénacle romantique, cet essor remarquable découle aussi de l'importance accrue du monde des éditeurs : en effet, l'illustration est une lecture du texte qui a pour fonction principale d'adapter l'écrit au lecteur visé afin d'élargir le public de l'imprimé.
(…)
Alors que l'époque romantique a forgé le langage de l'illustration, qui pouvait se prêter à toute la gamme de l'édition illustrée, mise à la mode par les éditeurs de pittoresques, la seconde moitié du siècle voit l'illustration se spécialiser sur ses terrains de prédilection, la presse, le livre populaire, le livre pour enfants.
La presse illustrée
Si, dans le livre, les genres illustratifs qui se sont dégagés dans les années 1840 se confirment, le journal suscite le croquis de presse et l'histoire en images. Vignette satirique légendée en une ligne, dans laquelle se spécialisent Cham, Nadar ou Hadol, le croquis de presse décoche d'un trait sa flèche et fait sourire le lecteur ; il réussit au mieux lorsqu'il est présenté en série pour la « revue » figurée de la semaine ou du mois »
Si vous vouliez approfondir cette réflexion nous vous suggérons de consulter : L’illustration : essais d’iconographie et L’illustration : histoire d’un art.
Vous pourriez aussi réfléchir à la place et l ’influence de l’image ( la fabrique des images contemporaines ) ou à celui des caricatures (dont la caricature et si c’était sérieux ? Décryptage de la violence satirique).
Plus simplement et si vous vous intéressé.e à la communication, certains ouvrages comme La communication interne abordent les techniques de l’illustration
Ainsi dans l’ouvrage elle est présentée comme un acte éditorial qui « interpelle directement le lecteur, éveille sa curiosité (…) elle revêt plusieurs fonctions :
- Informative quand elle donne un supplément d’information et éclaire le propos
- Documentaire ou technique quand elle permet de visualiser le sujet ou de l’expliquer par l’image
- Esthétique quand elle contribue à la lisibilité ou à l’équilibre de la mise en page
- Humoristique quand elle apporte un éclairage décalé à l’information
- Emotionnelle quand elle ajoute à l’information une dimension moins rationnelle ey cartésienne.
En procédant au choix des illustrations le journaliste fait un choix nettement éditorial : il sélectionne en fonction de l’intérêt, du sens, de la portée, il hiérarchise. »
Nous vous soumettons d’autres pistes de réflexion :
• Vezin Liliane, « Les illustrations, leur rôle dans l'apprentissage des textes », Enfance, tome 39, n°1, 1986. pp. 109-126.
• pressealecole.fr résume les grandes caractéristiques de l’illustration
• L’Académie de Reims met en ligne un document PDf sur Place et techniques de l’illustration dans l’album et le livre illustré
• « L’illustration pour la jeunesse » par Marie-Claude Hubert publié sur • Myriam Chermette, « », Études photographiques, 20 | Juin 2007,
Pour finir, sur le forum études-litteraires.com un lycéen aborde un sujet un peu similaire au vôtre.
Bon travail.
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