Forme interrogative par "est-ce que"
LANGUES ET LITTÉRATURES
+ DE 2 ANS
Le 22/01/2018 à 14h15
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Question d'origine :
Bonjour,
J'ai lu quelque part -mais je ne retrouve pas ma source- que l'interrogation par "est-ce que" était une idiosyncrasie de la langue française. A partir de cette particularité de notre langue, je me pose plusieurs questions.
1/ quand cette forme est-elle apparue ? L'ancien français la connaissait-il?
2/cette forme permet de garder l'ordre des mots de la phrase non-interrogative. Globalement comment s'y prennent d'autres langues romanes ( italien, espagnol,...),inversion ou autre ?
3/et l'occitan ?
Un grand merci pour votre réponse,chers si compétents guichetiers du savoir.
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 24/01/2018 à 11h06
Selon Le bon usage, de Maurice Grevisse et Anfré Goosse, il convient de distinguer plusieurs utilisations de l’introducteur est-ce que (ou… qui).
Dans la langue parlée courante, cette construction est beaucoup plus fréquente que l’inversion ou la reprise du sujet, mais elle est très fortement concurrencée par l’interrogation marquée par l’intonation seule : Tu connais la nouvelle ?
Si l’interrogatif est sujet, on le fait suivre de est-ce qui : Qu’est-ce qui est préférable ?
Si l’interrogatif n’est pas sujet, on le fait suivre de est-ce que : Qu’est-ce que tu as vu ?
Historiquement, le renforcement des mots interrogatifs au moyen de est-ce que apparaît en français dès le XIIe siècle.
Le latin vulgaire connaissait déjà des périphrases analogues : Quis ea est quam uis dulcere mulierem ? (Plaute) (trad. : Qui est-ce que tu veux épouser ?)
Dans l’interrogation globale, est-ce que ne date que du XVIe siècle.
A l’écrit, ces formes avec est-ce que sont souvent considérées comme peu élégantes et lourdes. Elles sont très anciennes pourtant et les classiques ne les rebutaient pas.
Le succès de est-ce que s’explique par le fait que cet introducteur permet d’indiquer dès le début de la phrase qu’elle est interrogative et par le fait qu’elle sauvegarde l’ordre sujet + verbe ; le français n’a cessé en effet, depuis les origines, de réduire le nombre des inversions.
Qu’en est-il dans d’autres langues langues romanes ?
Comme en français, à l’oral, on remplace fréquemment l’inversion par un simple déplacement de l'intonation (intonation montante) : Maria è italiana ? Sì, Maria è italiana.
Notons cependant une certaine ressemblance de la formule Che cosa ? avec le français qu’est-ce que : Que cosa era successo ieri ? (Qu’est-ce qui s’est passé hier ?). Mais on peut traduire aussi : Que s’est-il passé hier ? alors qu'il n'y a pas d'alternative en italien.
En
Comme le pronom personnel est souvent omis, c'est à l'oral, l'intonation, et à l'écrit, la ponctuation qui indiquent la forme interrogative.
¿ Compraron el coche que les gustaba tanto ? (Ont-il acheté la voiture qui leur plaisait tant ?)
En
En conclusion, il n'y a pas d'équivalent au Est-ce que français.
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