Question d'origine :
Bonjour,
que signifie esperluette ?Sons sens, son symbole.
Certaines personnes portent ce "signe" en médaille.
Merci de m'aider.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 22/01/2018 à 15h23
Bonjour,
Ligature d'origine mérovingienne signifiantET , l'esperluette symbolise le lien, la relation, l'union mais aussi le noeud :
" L'esperluette doit se situer comme l'une des grandes figures du nœud dont elle « assume », peu ou prou, toute la symbolique. Il y a d'abord l'antique symbole de la tresse et de la torsade (fil, ficelle, cheveux). Originairement, l'entrelacs est un nœud de magie, ou un nœud de mémoire (dont le plus commun est le nœud à son mouchoir). Le nœud - « poing » d'impact visuel - tel qu'il apparaît dans ce que Vox appelait « une phonétique de l'œil » est un appel à l'attention. Le labyrinthe est l'ultime figure du nœud. C'est un nœud plus complexe, au sens freudien du mot. Il révèle ce qui se cache dans les entrelacs du nœud. Mais à l'opposé de ce nœud inextricable il y a le nœud simple à double boucle : le « lac d'amour », la cordelette emblématique, celle, par exemple, des armes de Louise de Savoie. Ce nœud métaphorique, c'est l'esperluette - union symbole au n-ième degré de l'union mystique après l'avoir été de l'union physique. "
source : Nœuds & esperluettes / Blanchard Gérard. In: Communication et langages, n°92, 2ème trimestre 1992. pp. 85-101.
Un article de la Tribune de Genève nous explique l'origine de ce caractère :
Pour commencer, esperluète, ou esperluette, ou perluète, c'est un mot délicieux. Ça pourrait être le nom d'une héroïne de Pagnol. Ou d'une calanque provençale. Et ce n'est pas le moindre de ses charmes. Car l'esperluète désigne unsigne topographique aux courbes gracieuses et à l'histoire millénaire . Soit le «&», qui figure au-dessus du chiffre six ou sept selon les claviers et abrège la coordination «et» . Ce drôle de symbole-là organise donc la ligature du «e» et du «t» . Voilà deux lettres qui s'enlacent, qui ne font plus une, qui se lovent tendrement l'une contre l'autre. Touchant, non?
D'où vient-il, ce «&»?
De loin, assurément. De la Rome antique, en tout cas. On en attribue l'invention au secrétaire de Cicéron,Marcus Tullius Tiro . Quelques siècles plus tard, les copistes médiévaux en font un usage intensif. «A l'époque, on emploie énormément d'abréviations et de ligatures, raconte Thierry Dubois, conservateur des imprimés anciens à la Bibliothèque de Genève. Les textes manuscrits sont coûteux. La main fatigue. On cherche à faire des économies, en somme. »
Calvin et Rabelais
Débarquent ensuite ce bon Gutenberg et l'imprimerie avec, qui «reprend les caractères de l'écriture manuscrite, continue Thierry Dubois. Les abréviations et ligatures, d'abord conservées, sont ensuite peu à peu abandonnées, sauf l'esperluète, qui demeure comme le reliquat d'une très vieille pratique. » Quiconque a le courage de se plonger dans les textes originaux de Jean Calvin constate que les«&»grouillent pour lier les noms communs. Tout comme chez Rabelais d'ailleurs, dans un genre littéraire plus distrayant, il est vrai.
Considérée pendant des siècles comme la «27e lettre de l'alphabet» (lire encadré), l'esperluète, en italique surtout, devient le terrain de jeu favori des créateurs de caractères. Une signature, une vitrine, un morceau de bravoure typographique où ils laissent éclater leur brio, leur inventivité, leur virtuosité. On l'emberlificote. On l'entortille. On l'alambique. On l'épure aussi parfois. «Plus qu'un simple caractère, il devient souvent ornemental, remarque l'imprimeur et éditeur genevois Alain Berset. Jusqu'à devenir un peu précieux dans certaines polices. »
Le symbole perd pourtant de sa superbe au XIXe siècle. Il disparaît gentiment de la langue imprimée, en ne décrochant plus guère que des méchants rôles deconjonction dans les enseignes et raisons sociales . Voilà la perluète devenue le «et commercial» . Comme dans Smith & Wesson, H&M, C&A,Science & Vie, & Co.
[...]
On l'utilise fréquemment dans les logos, slogans publicitaires, motifs. Il se prête à maintes interprétations, de la plus simple à la plus lyrique. »
Comme quoi, même si elle a perdu de sa fougue littéraire d'antan, l'étreinte du «e» & du «t» n'est pas près de se rompre.
source : Grandeur & décadence de l'esperluète / Estebe - Tribune de Genève - vendredi 10 septembre 2010, p. 27
A lire aussi :
- Les aventures de perluète
- Esperluète
Si vous voyez des personnes portant un pendentif esperluète au cou, il peut aussi s'agir de fans de Julien Doré (dont l'un des albums s'appelle ainsi) ou d'amateurs.trices de ... France Télecom !
Ligature d'origine mérovingienne signifiant
" L'esperluette doit se situer comme l'une des grandes figures du nœud dont elle « assume », peu ou prou, toute la symbolique. Il y a d'abord l'antique symbole de la tresse et de la torsade (fil, ficelle, cheveux). Originairement, l'entrelacs est un nœud de magie, ou un nœud de mémoire (dont le plus commun est le nœud à son mouchoir). Le nœud - « poing » d'impact visuel - tel qu'il apparaît dans ce que Vox appelait « une phonétique de l'œil » est un appel à l'attention. Le labyrinthe est l'ultime figure du nœud. C'est un nœud plus complexe, au sens freudien du mot. Il révèle ce qui se cache dans les entrelacs du nœud. Mais à l'opposé de ce nœud inextricable il y a le nœud simple à double boucle : le « lac d'amour », la cordelette emblématique, celle, par exemple, des armes de Louise de Savoie. Ce nœud métaphorique, c'est l'esperluette - union symbole au n-ième degré de l'union mystique après l'avoir été de l'union physique. "
source : Nœuds & esperluettes / Blanchard Gérard. In: Communication et langages, n°92, 2ème trimestre 1992. pp. 85-101.
Un article de la Tribune de Genève nous explique l'origine de ce caractère :
Pour commencer, esperluète, ou esperluette, ou perluète, c'est un mot délicieux. Ça pourrait être le nom d'une héroïne de Pagnol. Ou d'une calanque provençale. Et ce n'est pas le moindre de ses charmes. Car l'esperluète désigne un
De loin, assurément. De la Rome antique, en tout cas. On en attribue l'invention au secrétaire de Cicéron,
Calvin et Rabelais
Débarquent ensuite ce bon Gutenberg et l'imprimerie avec, qui «reprend les caractères de l'écriture manuscrite, continue Thierry Dubois. Les abréviations et ligatures, d'abord conservées, sont ensuite peu à peu abandonnées, sauf l'esperluète, qui demeure comme le reliquat d'une très vieille pratique. » Quiconque a le courage de se plonger dans les textes originaux de Jean Calvin constate que les«&»grouillent pour lier les noms communs. Tout comme chez Rabelais d'ailleurs, dans un genre littéraire plus distrayant, il est vrai.
Le symbole perd pourtant de sa superbe au XIXe siècle. Il disparaît gentiment de la langue imprimée, en ne décrochant plus guère que des méchants rôles de
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Comme quoi, même si elle a perdu de sa fougue littéraire d'antan, l'étreinte du «e» & du «t» n'est pas près de se rompre.
source : Grandeur & décadence de l'esperluète / Estebe - Tribune de Genève - vendredi 10 septembre 2010, p. 27
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Si vous voyez des personnes portant un pendentif esperluète au cou, il peut aussi s'agir de fans de Julien Doré (dont l'un des albums s'appelle ainsi) ou d'amateurs.trices de ... France Télecom !
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