Coprophagie et survie
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 09/01/2018 à 14h09
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Question d'origine :
Bonjour,
avec des collegues, on se demandait combien de temps il etait possible de survivre en ne mangeant que ses excrements ?
Merci pour toutes vos reponses !
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 11/01/2018 à 10h54
Bonjour,
Si la coprophagie, comportement qui consiste à se nourrir d’excréments, est un mode d’alimentation normal pour de nombreuses espèces animales, ce n’est pas le cas de l’homme.
Chez l’humain, la coprophagie est un symptôme psychiatrique :
« elle est considérée comme normale chez le petit enfant au stade sadique-anal (de deux à quatre ans) ; chez le sujet plus âgé, elle suppose des états d'arrêt ou de régression psychique profonds (idiotie, dernier stade de la schizophrénie et de la démence) ; on la rencontre aussi dans le gâtisme. Elle aurait une signification auto-érotique ; la matière qui a déjà excité la zone érogène anale répète son excitation dans la zone érogène buccale. La même interprétation d'équivalent onanistique est donnée par les éthologues de la coprophagie observée chez les grands singes en captivité. […]
Krafft-Ebing rapproche la coprophagie de la coprolagnie ; il souligne sa parenté avec le cunnilingus anal et y décèle aussi la possibilité de l'expression d'un masochisme ou d'une volonté d'humiliation. C'est ainsi que sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690) léchait les excréments des malades dans un souci de mortification. »
Source : Georges Torris, Coprophagie, psychopathologie, Encyclopædia Universalis
A la question « manger ses selles est-il dangereux ? », le Dr Philippe Godeberge, gastro-entérologue et Lionel Bueno, directeur de recherche neuro-gastroentérologie apportent la réponse suivante :
"Quand on mange ses selles, on parle de coprophagie. On ne connaît la coprophagie que dans le règne animal. Le rat ré-ingère ses excréments... C'est pour lui un moyen de récupérer certains minéraux. Le lapin fait deux types d'excréments, notamment des excréments plus humides qu'il ré-ingère pour récupérer de l'azote et des protéines."
"Les enfants qui jouent avec leurs selles, cela fait partie du développement pas anormal de la psyché. Mais la coprophagie est une maladie psychiatrique plus ou moins lourde et souvent associée à d'autres troubles du comportement. Il faut rappeler que ce qui a permis d'allonger l'espérance de vie et donc de réduire les infections a été le tout-à-l'égout. L'eau courante et le tout-à-l’égout ont permis de faire disparaître de nombreuses maladies qui se transmettaient par voie oro-fécale."
Concernant leurqualité nutritive , les fèces étant des déchets digestifs la réponse paraît évidente :
«Composition
La composition des selles varie avec le régime alimentaire.Elles sont composées à 75 % d'eau . Ce pourcentage connaît des variations ; la diarrhée se caractérise par une proportion d'eau plus importante. Plus les intestins sont longs, plus les selles sont pauvres en eau.[réf. nécessaire]
Parmi les 25 % restants, un tiers (soit 1/12 de la totalité) correspond à des bactéries mortes et un tiers à des aliments non digérés, comme la cellulose.
Les électrolytes fécaux sont mesurés en rapportant leur concentration à 1 litre d'« eau fécale ». Les selles normales ne contiennent que 20 à 25 % d'eau libre. Le potassium est l'ion principal des selles : toute diarrhée s'accompagne d'une perte de potassium.
L'intestin sécrète de l'albumine mais celle-ci est digérée et ne se retrouve pas dans les selles. On trouve quelques enzymes encore actives dans les selles, comme la chymotrypsine et de nombreuses bactéries de la flore intestinale. Lorsque les graisses fécales dépassent 5 g/24 h on parle de stéatorrhée. Lorsque l'azote fécal dépasse 1,5 g/24 h on parle de créatorrhée. Stéatorrhée et créatorrhée sont les signes d'une digestion insuffisante.
Selles dites normales
Les selles (de 150 à 200 g par jour ) sont le résidu de la digestion des aliments après leur passage dans le système digestif (transit digestif) auquel s'ajoutent des bactéries de la flore intestinale ainsi que les cellules épithéliales de la paroi intestinale, en perpétuel renouvellement.
Leur composition est fonction de la pratique alimentaire1. Les selles dites normales contiennent 75 à 85 % d'eau et 18 à 22 % de matières sèches.
Ces matières sèches sont elles-mêmes constituées essentiellement de :
• 85 à 90 % de composés organiques (fibres de cellulose, constituant essentiel des végétaux et des fibres musculaires non digestibles)
• 5 à 7 % d'azote ;
• 3 à 5 % de phosphore (P2O5) ;
• 1 à 2,5 % de potassium (K2O). À noter que toute diarrhée s'accompagne d'une fuite de potassium ;
• et les habituels germes saprophytes (non dangereux pour la santé) constituant la flore intestinale.
L'intestin sécrète bien de l'albumine, mais celle-ci est digérée et ne se retrouve pas dans les selles. On y trouve par contre quelques enzymes encore actives, comme la chymotrypsine, et de nombreuses bactéries.
Leur coloration brune est due aux pigments biliaires : stercobiline et urobiline.
Chez une personne dite saine,on n'y trouve que peu de lipides, mais beaucoup de fibres et de graisses non digérables .
Le rapport C/N, qui indique la vitesse à laquelle se dégrade un composé organique, oscille entre 5 et 10. »
Source : Wikipedia
Autrement dit, si une personne se nourrissait uniquement de ses propres matières fécales, elle ingérerait au mieux entre 150 et 200g par jour d’un « aliment » composé à 75% d’eau et à 25% de matières non digérables.
En supposant que cette personne parvienne à s’hydrater normalement,elle ne pourra donc pas survivre plus longtemps que si elle subissait un jeûne total :
« Pourvu qu'elle continue de boire de l'eau, une personne adulte peut résister deux mois sans manger et d'autant plus longtemps que ses réserves en graisse sont abondantes. Mais quand l'organisme est obligé de puiser dans les protéines, les séquelles peuvent être graves, jusqu'à la mort.
Un adulte moyen pourrait, en théorie, tenir entre soixante-dix et quatre-vingts jours sans manger, à une condition : boire de l'eau. Sans apport hydrique, il ne peut pas espérer vivre plus de trois jours. C'est ce que rapporte un groupe de médecins qui a suivi des grévistes de la faim entre 2003 et 2004. Mais cette durée peut varier largement en fonction des individus, puisque nous n'avons pas tous les mêmes réserves au départ.
Ainsi, dans ce même rapport, les médecins rappellent que des patients obèses soumis à un jeûne thérapeutique sont capables de résister cent jours. Alors que chez un sujet lambda, la mort peut survenir dès le quarantième jour. »
Source : Combien de temps peut-on se priver de nourriture ? science-et-vie.com
«Les effets sur le corps d’un manque de nourriture
Lorsque l'on arrête de manger, notre corps puise dans ses réserves. Quelques heures seulement après le dernier repas, le manque de glucides — d'eau et de sel également — commence à se faire sentir. Notre corps pompe alors, pendant quelque 72 heures, dans ses réserves de sucres. Et nous maigrissons à vue d'œil.
Jusqu'à la fin des deux premières semaines, notre corps puise ensuite dans ses réserves de graisse et dans nos muscles. Des faiblesses commencent à se faire sentir. Résultat : notre rythme cardiaque diminue et notre tension artérielle s'effondre.
Ensuite, notre corps va devoir piocher dans nos réserves de protéines. En d'autres mots, nous allons commencer à dégrader nos tissus. En conséquence apparaissent des maux de tête, des difficultés de concentration, des douleurs musculaires, etc. Au-delà de 30 à 50 % de protéines perdues, des complications plus sévères encore sont enregistrées et il devient alors difficile de survivre. »
Source : Combien de temps peut-on vivre sans manger ? futura-sciences.com
Pour aller plus loin :
- Tout savoir sur nos excréments, allodocteurs.fr
- 10 choses à savoir sur les selles, passeportsante.net
- Transplantation fécale : des bactéries greffées pour guérir l’intestin, e-sante.fr
- La fabuleuse histoire des excréments (DVD), Thierry Berrod, Quentin Russel
- Histoire et bizarreries des excréments : des origines à nos jours, Martin Monestier
- Une vieille histoire de la merde, Alfredo Lopez Austin
Bon appétit.
Si la coprophagie, comportement qui consiste à se nourrir d’excréments, est un mode d’alimentation normal pour de nombreuses espèces animales, ce n’est pas le cas de l’homme.
« elle est considérée comme normale chez le petit enfant au stade sadique-anal (de deux à quatre ans) ; chez le sujet plus âgé, elle suppose des états d'arrêt ou de régression psychique profonds (idiotie, dernier stade de la schizophrénie et de la démence) ; on la rencontre aussi dans le gâtisme. Elle aurait une signification auto-érotique ; la matière qui a déjà excité la zone érogène anale répète son excitation dans la zone érogène buccale. La même interprétation d'équivalent onanistique est donnée par les éthologues de la coprophagie observée chez les grands singes en captivité. […]
Krafft-Ebing rapproche la coprophagie de la coprolagnie ; il souligne sa parenté avec le cunnilingus anal et y décèle aussi la possibilité de l'expression d'un masochisme ou d'une volonté d'humiliation. C'est ainsi que sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690) léchait les excréments des malades dans un souci de mortification. »
Source : Georges Torris, Coprophagie, psychopathologie, Encyclopædia Universalis
A la question « manger ses selles est-il dangereux ? », le Dr Philippe Godeberge, gastro-entérologue et Lionel Bueno, directeur de recherche neuro-gastroentérologie apportent la réponse suivante :
"Quand on mange ses selles, on parle de coprophagie. On ne connaît la coprophagie que dans le règne animal. Le rat ré-ingère ses excréments... C'est pour lui un moyen de récupérer certains minéraux. Le lapin fait deux types d'excréments, notamment des excréments plus humides qu'il ré-ingère pour récupérer de l'azote et des protéines."
"Les enfants qui jouent avec leurs selles, cela fait partie du développement pas anormal de la psyché. Mais la coprophagie est une maladie psychiatrique plus ou moins lourde et souvent associée à d'autres troubles du comportement. Il faut rappeler que ce qui a permis d'allonger l'espérance de vie et donc de réduire les infections a été le tout-à-l'égout. L'eau courante et le tout-à-l’égout ont permis de faire disparaître de nombreuses maladies qui se transmettaient par voie oro-fécale."
Concernant leur
«
La composition des selles varie avec le régime alimentaire.
Les électrolytes fécaux sont mesurés en rapportant leur concentration à 1 litre d'« eau fécale ». Les selles normales ne contiennent que 20 à 25 % d'eau libre. Le potassium est l'ion principal des selles : toute diarrhée s'accompagne d'une perte de potassium.
L'intestin sécrète de l'albumine mais celle-ci est digérée et ne se retrouve pas dans les selles. On trouve quelques enzymes encore actives dans les selles, comme la chymotrypsine et de nombreuses bactéries de la flore intestinale. Lorsque les graisses fécales dépassent 5 g/24 h on parle de stéatorrhée. Lorsque l'azote fécal dépasse 1,5 g/24 h on parle de créatorrhée. Stéatorrhée et créatorrhée sont les signes d'une digestion insuffisante.
Les selles (
Leur composition est fonction de la pratique alimentaire1. Les selles dites normales contiennent 75 à 85 % d'eau et 18 à 22 % de matières sèches.
• 85 à 90 % de composés organiques (fibres de cellulose, constituant essentiel des végétaux et des fibres musculaires non digestibles)
• 5 à 7 % d'azote ;
• 3 à 5 % de phosphore (P2O5) ;
• 1 à 2,5 % de potassium (K2O). À noter que toute diarrhée s'accompagne d'une fuite de potassium ;
• et les habituels germes saprophytes (non dangereux pour la santé) constituant la flore intestinale.
L'intestin sécrète bien de l'albumine, mais celle-ci est digérée et ne se retrouve pas dans les selles. On y trouve par contre quelques enzymes encore actives, comme la chymotrypsine, et de nombreuses bactéries.
Leur coloration brune est due aux pigments biliaires : stercobiline et urobiline.
Chez une personne dite saine,
Le rapport C/N, qui indique la vitesse à laquelle se dégrade un composé organique, oscille entre 5 et 10. »
Source : Wikipedia
Autrement dit, si une personne se nourrissait uniquement de ses propres matières fécales, elle ingérerait au mieux entre 150 et 200g par jour d’un « aliment » composé à 75% d’eau et à 25% de matières non digérables.
En supposant que cette personne parvienne à s’hydrater normalement,
« Pourvu qu'elle continue de boire de l'eau, une personne adulte peut résister deux mois sans manger et d'autant plus longtemps que ses réserves en graisse sont abondantes. Mais quand l'organisme est obligé de puiser dans les protéines, les séquelles peuvent être graves, jusqu'à la mort.
Un adulte moyen pourrait, en théorie, tenir entre soixante-dix et quatre-vingts jours sans manger, à une condition : boire de l'eau. Sans apport hydrique, il ne peut pas espérer vivre plus de trois jours. C'est ce que rapporte un groupe de médecins qui a suivi des grévistes de la faim entre 2003 et 2004. Mais cette durée peut varier largement en fonction des individus, puisque nous n'avons pas tous les mêmes réserves au départ.
Ainsi, dans ce même rapport, les médecins rappellent que des patients obèses soumis à un jeûne thérapeutique sont capables de résister cent jours. Alors que chez un sujet lambda, la mort peut survenir dès le quarantième jour. »
Source : Combien de temps peut-on se priver de nourriture ? science-et-vie.com
«
Lorsque l'on arrête de manger, notre corps puise dans ses réserves. Quelques heures seulement après le dernier repas, le manque de glucides — d'eau et de sel également — commence à se faire sentir. Notre corps pompe alors, pendant quelque 72 heures, dans ses réserves de sucres. Et nous maigrissons à vue d'œil.
Jusqu'à la fin des deux premières semaines, notre corps puise ensuite dans ses réserves de graisse et dans nos muscles. Des faiblesses commencent à se faire sentir. Résultat : notre rythme cardiaque diminue et notre tension artérielle s'effondre.
Ensuite, notre corps va devoir piocher dans nos réserves de protéines. En d'autres mots, nous allons commencer à dégrader nos tissus. En conséquence apparaissent des maux de tête, des difficultés de concentration, des douleurs musculaires, etc. Au-delà de 30 à 50 % de protéines perdues, des complications plus sévères encore sont enregistrées et il devient alors difficile de survivre. »
Source : Combien de temps peut-on vivre sans manger ? futura-sciences.com
- Tout savoir sur nos excréments, allodocteurs.fr
- 10 choses à savoir sur les selles, passeportsante.net
- Transplantation fécale : des bactéries greffées pour guérir l’intestin, e-sante.fr
- La fabuleuse histoire des excréments (DVD), Thierry Berrod, Quentin Russel
- Histoire et bizarreries des excréments : des origines à nos jours, Martin Monestier
- Une vieille histoire de la merde, Alfredo Lopez Austin
Bon appétit.
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