Question d'origine :
Où puis-je trouver des informations sur l'accouchement à domicile dans les années 1920 (en France) ?
saga91
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/06/2005 à 13h47
Dans nos collections, nous n’avons trouvé que des histoires générales de l’accouchement telles que :
* Histoire de naître : de l’enfantement primitif à l’accouchement médicalisé de Fernand Leroy
* Naissances : l’accouchement avant l’âge de la clinique de Mireille Laget
* La sage-femme ou le médecin : une nouvelle conception de la vie
Sur Internet, le site de la Société d’histoire de la naissance vous donnera quelques informations rapides sur les pratiques aux Etats-Unis, desquelles ont découlé ensuite les pratiques françaises :
« Les années 1920 marquent un tournant concernant les pratiques en matière d’accouchement à domicile.
Selon l'infirmière sage-femme et auteur Faith Gibson, l'establishment médical américain commença, entre les années 1910 et 1920, une campagne organisée contre les sages-femmes qui se poursuit encore aujourd'hui, au même moment où les femmes n'avaient pas encore le droit de vote. Gibson, dans son traité "Le plan médical officiel pour l'élimination des sages-femmes entre 1910 et 1930", rappelle les propos d'un médecin en 1911 : "Le matériel éducatif à New-York est taxé à l'excès. Les 50000 cas assistés par des sages-femmes ne sont pas disponibles pour cet usage. Est-ce que cette abondance de matériel éducatif ne pourrait-elle pas être graduellement disponible pour entraîner les médecins?"
Jusque dans les années 1920 et, même, dans la France rurale des années 1950, l'accouchement se passe, le plus souvent, à la maison, avec l'assistance d'une sage-femme ou d'un médecin généraliste. La mortalité maternelle commence à diminuer à partir des années 1920.
Dans les années 1920, les femmes de la classe moyenne ont commencé à avoir leurs bébés à l'hôpital, en partie pour des raisons de sécurité. Vers le milieu de cette décennie, la moitié des naissances en milieu urbain avaient lieu à l'hôpital et, vers 1939, la moitié de toutes les femmes et 75% de celles du milieu urbain accouchaient à l'hôpital. »
Ce site propose de nombreux liens vers des associations ainsi qu’un site portail où vous pourrez sans doute continuer votre recherche.
Il semblerait que l’abandon de l’accouchement à domicile soit justifié par le fort taux de mortalité qu’il entraîne : « Dés les années 30, va naître chez les médecins "une véritable obsession sociale autour de la maternité", contre la mortalité infantile (6) et la mortalité intra-utérine. Cette époque connaît trois grands fléaux : la tuberculose, la syphilis, la fièvre puerpérale (7) contre lesquelles la médecine n'aura de cesse de lutter au nom "du renouvellement de la Nation". L'enfant n'a pas de prix, il est précieux pour la population française, plus précieux qu'une mère à l'agonie. A partir de 1930, on fait comprendre à la femme qu'il vaut mieux qu'elle accouche à la maternité, dans une salle propre et claire, que dans de mauvaises conditions chez elle.
De même, pour diminuer le taux de mortalité infantile, le suivi des parturientes va fortement se développer et devenir de plus en plus contraignant. Il s'agit de changer la conception de la maternité dans les esprits "populaires". Elle ne doit plus être pensée comme un processus physiologique mais comme "une aventure dangereuse" pour la mère et l'enfant. En 1933, la caisse décide pour stimuler chez les futures mères une assiduité aux consultations anté-natales et de leur octroyer une prime de 10 francs à chaque examen effectué . On assiste donc à une véritable médecine de contrôle social, dont le but est d'éduquer les parturientes, de les rendre dociles et de limiter leur autonomie. Il faut chasser les préjugés transmis par les grands-mères et les matrones selon lesquelles la grossesse serait un "acte naturel", qui nécessite aucune intervention médicale(9).
Les pouvoirs publics vont intensifier ce système de contrôle en envoyant des assistantes sociales enquêter sur chaque femme enceinte (création des centres de Protection Maternelle et Infantile, PMI) et surveiller la fréquentation des consultations. Ainsi, naquit dans les années 30, l'idée de sécurité. » cf L’expérience de la maternité sous influence médicale de Béatrice Jacques.
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