Question d'origine :
Lyon est-elle la 1ere ville au monde/française à avoir des murs peints ?
Je vous remercie.
Très belles Fêtes @ toute l'équipe !
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 21/12/2017 à 15h11
Premier art connu de l’homme, la peinture murale est l’aboutissement d’une longue évolution qui débute 35 000 ans avant notre ère, au Paléolithique (âge de la pierre taillée,-100 000 à -10 000), lorsque des hommes de Cro-Magnon tracent pour la première fois des signes avec de l’ocre sur les parois de leur caverne.
C’est autour de 30 000 avant Jésus Christ qu’apparaissent, un peu partout en Europe, les premières représentations figuratives d’animaux puis des mains, des silhouettes et des organes humains.
En résumant beaucoup, on peut cependant relever :
Chez les Romains, les peintures murales, les mosaïques et les stucs polychromes sont forts nombreux dans tout l’Empire, et des sites comme Herculanum et Pompéi, sont de véritables conservatoire de ces techniques à la fin de l’Antiquité. Le musée de la Civilisation gallo-romaine de Lyon recèle d’extraordinaires mosaïques qui correspondent aux sujets habituels des peintres romains.
A la fin de la Renaissance, la technique du trompe-l’œil, qui respecte perspectives, ombres et couleurs, donnant ainsi l’illusion de la réalité et du relief, commence à se développer. Les anges musiciens de l’église Saint-Paul (1490) en sont les rares traces lyonnaises.
Le XIXe siècle est le grand siècle de la peinture murale à Lyon essentiellement dans les églises et les chapelles.
La Bourse du travail à Lyon est ornée en façade d’une mosaïque de F. Fargeot. Réalisée en 1934, elle nécessita trente-cinq mosaïstes pour la mise en place de ses centaines de milliers de fragments.
Au début du XXe siècle, la peinture murale extérieure envahit d’immenses parois à des fins publicitaires. Sans les lois de 1913, 1943 et 1976 qui en limitent l’usage et les surfaces que serait-elle devenue ? Cependant, certaines véritables œuvres d’art publicitaire sont peut-être à la source des mouvements qui vont renouveler les principes de l’art mural dans le dernier quart du XXe siècle.
Les nouveaux matériaux, comme la peinture acrylique, et la constitution d’équipes de peintres désireux de travailler dans la rue à un art public et populaire, vont faciliter la naissance de cette peinture murale monumentale qui s’empare des pignons aveugles des bâtiments.
Grâce à des organismes comme Mur’Art ou Cité de la Création, ainsi qu’à quelques peintres indépendants comme le professeur Gérard Gasquet, la peinture murale prend son essor à Lyon au début des années 80, à peine quatre ou cinq ans après les précurseurs parisiens.
On pourrait parler également des graffitis qui en 1969 dans le Bronx new-yorkais, au sein des minorités défavorisées noires et latino-américaines deviennent le support d’une affirmation existentielle individuelle par une signature personnalisée associant un surnom et un numéro de rue.
Dès 1970, les thèmes se développèrent en de grandes compositions, avant d’en arriver à des équipes de plusieurs taggueurs créant et organisant sur maquette des fresques grandioses, ensuite taggues en raids éclairs sur murs ou sur wagons.
En France, dans les années 80, c’est d’abord dans les banlieues que ces formes artistiques nouvelles fleurissent sur les murs. Tracées à la bombe avec une sorte de ligne claire type B.D., elles sont fortes du même symbolisme issu d’un métissage des cultures.
Peint pour la première fois en 1987, avec 1200 m2 d’un seul tenant, le Mur des Canuts est le plus grand trompe-l’œil d’Europe.
Avec ces 25 fresques le Musée urbain Tony Garnier conçu par Cité de la Création constitue un ensemble de référence unique au monde.
Extraits de : Murs peints de Lyon d’hier et d’aujourd’hui par Gérald Gambier, Ed. La Taillanderie, 2002
On peut dire que Lyon occupe réellement une place importante dans l’art mural aujourd’hui du fait de la quantité de ses murs peints (plus de 150 intra-muros). Ils font partie bien sûr des spécificités lyonnaises et du patrimoine lyonnais, on peut dire d’ailleurs que Lyon possède aussi une véritable expertise en art mural.
Dans l’ouvrage Lyon en capitale(s) de Corinne Poirieux, éd. 2017, un chapitre est intitulé « Lyon capitale des murs peints », un extrait :
La centaine de fresques murales de Lyon et de ses environs, signée CitéCréation, place la ville comme l’une des capitales mondiales du mur peint en trompe l’œil et dévoile son histoire autant que son âme.
Une école de peinture murale, la première au monde, est née à Lyon. ECohlCité forme au sein de la célèbre école de dessin Emile-Cohl, des muralistes aux multiples talents (…)
Vous pourriez consulter aussi par exemple :
-L’art public : peintures murales contemporaines, peintures populaires traditionnelles / éd. Jacques Damas, 1981 dans lequel il est question par exemple de l’implantation du muralisme dans des villages de Sardaigne à partir de 1968. D’autres chapitres traitent des murs peints en RFA, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, en Inde, en Afrique, en Chine…
-Chicanos : murs peints des Etats-Unis traite de l’émergence d’abord en Californie du muralisme chicano à la fin des années 60. Une imagerie tour à tour militante et propagandiste, réaliste et naïve, mystique et utopique. Une façon de renouer, dans un contexte nouveau, avec la tradition murale mexicaine des années 20-30. Remis à l’honneur sous une forme nouvelle au terme de la Révolution mexicaine qui dura de 1910 à 1921, l’art mural a de tout temps été pratiqué au Mexique. Le Mexique est l’un des rares pays à pouvoir se flatter d’avoir connu au cours de son histoire une continuité de ce mode d’expression.
-Notre article en ligne sur l’influx
-A propos des murs peints de Lyon, un article en ligne et une vidéo sur cette page d’ONLYLYON
-L’ espace Diego Rivera à Lyon
-Un article en ligne intitulé :Lyon, capitale mondiale des murs peints
-Lyon, la folie des murs peints, article de l’Express, avril 2014.
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