Question d'origine :
S.V.P. Quelle est la situation exacte et actuelle des deux, voire trois langues parlées, par nos voisins et amis Belges dans le Royaume de Belgique ?
J'ai entendu dire , récemment, que, depuis quelques années, le français n'était plus enseigné systématiquement dans les écoles élémentaires du pays flamand;de même que le néerlandais en pays wallon ! Qu'en est t il réellement ?
A une époque, pas si lointaine, tous les petits belges, d'où qu'ils étaient, apprenaient et, en principe, maîtrisaient correctement les deux langues, et souvent l'allemand aussi..
Cela ne m'a pas empêché, dans les années 70, prés de la gare de Bruxelles -midi, de m'entendre dire , par un commerçant philatélique, flamand flamingant,assez sectaire quant à la langue française : "je ne parle pas le français" !!! tu parles !!! merci.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 16/12/2017 à 10h58
Bonjour,
Vous vous interrogez sur la situation exacte des langues actuellement parlées en Belgique, et en particulier sur l’enseignement de ces différentes langues au sein des grandes régions composant ce pays.
Situation linguistique de la Belgique
En Belgique, les langues officielles sont le néerlandais, le français et l’allemand.
Le site belgium.be qui regroupe les « informations et services officiels » sur ce pays associe la coexistence de ces trois langues au caractère fédéral de l’Etat, dans l’article La Belgique, un Etat fédéral :
« La Belgique accède à l'indépendance en 1830. Entre 1970 et 1993, le pays a évolué vers une structure fédérale efficiente. Pour en arriver là, cinq réformes de l'État ont été nécessaires (en 1970, 1980, 1988-89, 1993 et 2001). C'est pourquoi, aujourd'hui et pour la première fois, l'article premier de la Constitution belge déclare : "La Belgique est un État fédéral qui se compose des communautés et des régions". […]
Les Communautés
La répartition des compétences au travers des réformes successives de l'État a évolué selon deux axes principaux. Le premier se rattache à la langue et, de manière plus large, à la culture. Les Communautés en sont issues. Le concept de "Communauté" renvoie aux personnes qui la composent et aux liens qui les réunissent, à savoir la langue et la culture. Notre pays connaît trois langues officielles: le néerlandais, le français et l'allemand. La Belgique actuelle est donc composée de trois Communautés: la Communauté flamande, la Communauté française et la Communauté germanophone. Elles correspondent à des groupes de population. »
Par conséquent la situation linguistique de la Belgique est complexe et implique plus de langues que ces trois langues officielles, comme le montre le long article Wikipedia intitulé Les langues en Belgique.
Dans son ouvrage paru en 2013 Les secrets de la Belgique, et plus précisément dans le chapitre 14 « Schtroumpf vert et vert schtroumpf – La guerre linguistique : mythes et réalités », l’historien Pascal Dayez-Burgeon présente ainsi la complexité de la situation belge : « s’il doit se contenter de frontières exigües, le pays sert lui-même de frontière à des entités linguistiques, culturelles et même politiques bien plus vastes. D’un côté la France et le monde latin, étatique, centralisé, individualiste, de l’autre la Flandre et le monde germanique, communaliste, fédéraliste, clanique. La guerre linguistique belge n’est que la mouture locale de ce front pluriséculaire et mouvant. Unitaire à ses débuts et donc plutôt francophone, la Belgique s’est rapprochée du monde germanique en se fédéralisant au bénéfice des Flamands depuis les années 70. »
Plus précisément, aujourd’hui les trois langues officielles coexistent de la manière suivante :
- La région flamande, au Nord, est « officiellement unilingue néerlandophone »
- La région de Bruxelles-capitale, au centre du pays, est « officiellement bilingue (français et néerlandais) ». Il s’agit d’une enclave au sein de la région flamande.
- La région wallonne, au Sud, est « officiellement unilingue francophone »
- Sur une étroite bande à l’Est du pays se situe la communauté germanophone
Légende : Communauté flamande (en vert)
Communauté française (en rouge)
Région Bruxelles-Capitale (où les 2 communautés ont des compétences, striée vert et rouge)
Communauté germanophone (en bleu)
Enseignement des langues en Belgique
La rubrique Maternel et primaire du site belgium.be expose ainsi le cadre légal et officiel de l’enseignement des langues à l’école primaire :
« L’enseignement primaire s’adresse aux enfants de six à douze ans et est obligatoire. Il comprend six années d’études et se base principalement sur l’apprentissage de la lecture et des mathématiques. L’enseignement primaire est sanctionné par le "certificat d’études de base" (CEB) pour la Communauté française, par le "getuigschrift basisonderwijs" pour la Communauté flamande et par l' "Abschlusszeugnis der Grundschule" pour la Communauté germanophone. Ce certificat donne accès aux études secondaires. […]
Apprentissage des langues et écoles en immersion
En Communauté française, l'apprentissage d'une seconde langue est obligatoire à partir de la 5e primaire en Wallonie et à partir de la 3e primaire à Bruxelles et dans certaines communes wallonnes. Les langues proposées sont le néerlandais, l'anglais et l'allemand.
Par ailleurs, certaines écoles maternelles et primaires participent à un programme d’immersion linguistique. Ce programme consiste à donner des cours (autres que les cours de langue) dans une autre langue.
En Communauté flamande, l’apprentissage du français est obligatoire à partir de la 5e année primaire pour les communes de Flandre et à partir de la 3e année pour les communes à facilités en périphérie de la région bruxelloise.
En Communauté germanophone, l'apprentissage du français (1ère langue) débute dès la maternelle à travers des activités ludiques et se poursuit en primaire sous la forme d'un cours plus systématique. De plus, dans certaines, écoles, l'éducation physique, les ateliers artistiques... se déroulent en français. »
Néanmoins, l’enseignement des langues officielles au sein de chaque région et communauté du pays entre en résonnance avec les tensions linguistiques et politiques propres à la Belgique :
« Les Flamands, néerlandophones, n’apprécient pas que les Wallons et les Bruxellois, francophones, prennent leurs aises dans les villes flamandes, envoient leurs enfants dans leurs propres écoles, ne leur fassent pas apprendre le flamand et souhaitent en plus avoir leurs propres représentants politiques. Les francophones, en revanche, ont peur pour leurs privilèges linguistiques et demandent comme par réflexe que leurs droits soient reconnus par écrit. Les uns (les Flamands) font référence au droit du sol – quand on vit en territoire flamand, on doit s’adapter à la langue et au mode de vie flamands –, les autres (les francophones) se réfèrent aux droits civiques et à leur langue : les Wallons et les Bruxellois doivent pouvoir parler et voter librement en français. »
Source : Un conflit historique et éternel, article paru sur le site de Courrier international le 09/06/2010
Autres sources à consulter concernant l’enseignement des langues :
- La Flandre autorise les élèves "allophones" à parler leur langue à l'école, article du 27/11/2017 paru sur le site rtbf.be
- Le français est une chance (3/4) : « Le français en Belgique, une chance ou une pomme de discorde ? » / documentaire radiophonique de Pierre Magos et Baptiste Hupin, disponible sur le site de France Culture depuis le 20/03/2013 dans le cadre de l’émission « Sur les docks »
- Plurilinguisme et minorisation en Belgique : d'étranges rapports aux langues “étrangères” / Philippe Hambye. Article paru dans la revue Langage et société, 2009/3 (n° 129), p. 29-46.
- Langues à l'école: imposées ou au choix, un peu ou beaucoup / Sophie Lebrun, article publié le 07/01/2003 sur le site lalibre.be
Ressources utiles :
- Belgique – La période contemporaine, article de Xavier Mabille et Jean Faniel paru sur Encyclopædia Universalis en ligne.
- Belgique : l'utopie d'une nation : idées reçues sur les Belges d'hier et d'aujourd'hui / Thomas Beaufils (2012)
- La Belgique : hier et aujourd'hui / Georges-Henri Dumont (2002)
Bonne journée
Vous vous interrogez sur la situation exacte des langues actuellement parlées en Belgique, et en particulier sur l’enseignement de ces différentes langues au sein des grandes régions composant ce pays.
Situation linguistique de la Belgique
En Belgique, les langues officielles sont le néerlandais, le français et l’allemand.
Le site belgium.be qui regroupe les « informations et services officiels » sur ce pays associe la coexistence de ces trois langues au caractère fédéral de l’Etat, dans l’article La Belgique, un Etat fédéral :
« La Belgique accède à l'indépendance en 1830. Entre 1970 et 1993, le pays a évolué vers une structure fédérale efficiente. Pour en arriver là, cinq réformes de l'État ont été nécessaires (en 1970, 1980, 1988-89, 1993 et 2001). C'est pourquoi, aujourd'hui et pour la première fois, l'article premier de la Constitution belge déclare : "La Belgique est un État fédéral qui se compose des communautés et des régions". […]
Les Communautés
La répartition des compétences au travers des réformes successives de l'État a évolué selon deux axes principaux. Le premier se rattache à la langue et, de manière plus large, à la culture. Les Communautés en sont issues. Le concept de "Communauté" renvoie aux personnes qui la composent et aux liens qui les réunissent, à savoir la langue et la culture. Notre pays connaît trois langues officielles: le néerlandais, le français et l'allemand. La Belgique actuelle est donc composée de trois Communautés: la Communauté flamande, la Communauté française et la Communauté germanophone. Elles correspondent à des groupes de population. »
Par conséquent la situation linguistique de la Belgique est complexe et implique plus de langues que ces trois langues officielles, comme le montre le long article Wikipedia intitulé Les langues en Belgique.
Dans son ouvrage paru en 2013 Les secrets de la Belgique, et plus précisément dans le chapitre 14 « Schtroumpf vert et vert schtroumpf – La guerre linguistique : mythes et réalités », l’historien Pascal Dayez-Burgeon présente ainsi la complexité de la situation belge : « s’il doit se contenter de frontières exigües, le pays sert lui-même de frontière à des entités linguistiques, culturelles et même politiques bien plus vastes. D’un côté la France et le monde latin, étatique, centralisé, individualiste, de l’autre la Flandre et le monde germanique, communaliste, fédéraliste, clanique. La guerre linguistique belge n’est que la mouture locale de ce front pluriséculaire et mouvant. Unitaire à ses débuts et donc plutôt francophone, la Belgique s’est rapprochée du monde germanique en se fédéralisant au bénéfice des Flamands depuis les années 70. »
Plus précisément, aujourd’hui les trois langues officielles coexistent de la manière suivante :
- La région flamande, au Nord, est « officiellement unilingue néerlandophone »
- La région de Bruxelles-capitale, au centre du pays, est « officiellement bilingue (français et néerlandais) ». Il s’agit d’une enclave au sein de la région flamande.
- La région wallonne, au Sud, est « officiellement unilingue francophone »
- Sur une étroite bande à l’Est du pays se situe la communauté germanophone
Légende : Communauté flamande (en vert)
Communauté française (en rouge)
Région Bruxelles-Capitale (où les 2 communautés ont des compétences, striée vert et rouge)
Communauté germanophone (en bleu)
La rubrique Maternel et primaire du site belgium.be expose ainsi le cadre légal et officiel de l’enseignement des langues à l’école primaire :
« L’enseignement primaire s’adresse aux enfants de six à douze ans et est obligatoire. Il comprend six années d’études et se base principalement sur l’apprentissage de la lecture et des mathématiques. L’enseignement primaire est sanctionné par le "certificat d’études de base" (CEB) pour la Communauté française, par le "getuigschrift basisonderwijs" pour la Communauté flamande et par l' "Abschlusszeugnis der Grundschule" pour la Communauté germanophone. Ce certificat donne accès aux études secondaires. […]
Apprentissage des langues et écoles en immersion
En Communauté française, l'apprentissage d'une seconde langue est obligatoire à partir de la 5e primaire en Wallonie et à partir de la 3e primaire à Bruxelles et dans certaines communes wallonnes. Les langues proposées sont le néerlandais, l'anglais et l'allemand.
Par ailleurs, certaines écoles maternelles et primaires participent à un programme d’immersion linguistique. Ce programme consiste à donner des cours (autres que les cours de langue) dans une autre langue.
En Communauté flamande, l’apprentissage du français est obligatoire à partir de la 5e année primaire pour les communes de Flandre et à partir de la 3e année pour les communes à facilités en périphérie de la région bruxelloise.
En Communauté germanophone, l'apprentissage du français (1ère langue) débute dès la maternelle à travers des activités ludiques et se poursuit en primaire sous la forme d'un cours plus systématique. De plus, dans certaines, écoles, l'éducation physique, les ateliers artistiques... se déroulent en français. »
Néanmoins, l’enseignement des langues officielles au sein de chaque région et communauté du pays entre en résonnance avec les tensions linguistiques et politiques propres à la Belgique :
« Les Flamands, néerlandophones, n’apprécient pas que les Wallons et les Bruxellois, francophones, prennent leurs aises dans les villes flamandes, envoient leurs enfants dans leurs propres écoles, ne leur fassent pas apprendre le flamand et souhaitent en plus avoir leurs propres représentants politiques. Les francophones, en revanche, ont peur pour leurs privilèges linguistiques et demandent comme par réflexe que leurs droits soient reconnus par écrit. Les uns (les Flamands) font référence au droit du sol – quand on vit en territoire flamand, on doit s’adapter à la langue et au mode de vie flamands –, les autres (les francophones) se réfèrent aux droits civiques et à leur langue : les Wallons et les Bruxellois doivent pouvoir parler et voter librement en français. »
Source : Un conflit historique et éternel, article paru sur le site de Courrier international le 09/06/2010
Autres sources à consulter concernant l’enseignement des langues :
- La Flandre autorise les élèves "allophones" à parler leur langue à l'école, article du 27/11/2017 paru sur le site rtbf.be
- Le français est une chance (3/4) : « Le français en Belgique, une chance ou une pomme de discorde ? » / documentaire radiophonique de Pierre Magos et Baptiste Hupin, disponible sur le site de France Culture depuis le 20/03/2013 dans le cadre de l’émission « Sur les docks »
- Plurilinguisme et minorisation en Belgique : d'étranges rapports aux langues “étrangères” / Philippe Hambye. Article paru dans la revue Langage et société, 2009/3 (n° 129), p. 29-46.
- Langues à l'école: imposées ou au choix, un peu ou beaucoup / Sophie Lebrun, article publié le 07/01/2003 sur le site lalibre.be
Ressources utiles :
- Belgique – La période contemporaine, article de Xavier Mabille et Jean Faniel paru sur Encyclopædia Universalis en ligne.
- Belgique : l'utopie d'une nation : idées reçues sur les Belges d'hier et d'aujourd'hui / Thomas Beaufils (2012)
- La Belgique : hier et aujourd'hui / Georges-Henri Dumont (2002)
Bonne journée
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