Question d'origine :
Quel était le nombre estimé de moulins à :
eaux
vent
en activité au XVII° siècle sous Louis XIV° avant le révocation de l'Edit de Nantes en 1685
Quelle était la puissance de tel moulin ?
D'avance merci
A+
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 14/12/2017 à 16h54
Bonjour,
Le moulin à eau précède le moulin à vent : il est utilisé déjà par les civilisations antiques. Les premiers moulins à vent apparaissent en Perse vers l’an 620 et se développent considérablement en Europe au cours du XIIème siècle, dans les régions venteuses et les littoraux.
Plus tard, des manèges sont parfois installés dans les moulins à vent pour que des chevaux équipés de harnais, une des grandes inventions de la période médiévale, puissent prendre le relais lorsque le vent est insuffisant. Dans l'Est de la France notamment, l’énergie hydraulique restera très importante, faute de vent : elle présente en outre l’avantage de la constance et de la régularité.
Il demeure difficile d’évaluer le nombre de moulins dans le royaume de France avant l’Edit de Nantes.
On considère toutefois que l’âge d’or du moulin à eau se situe entre le Xème et le XIIIème siècle. (Histoire de l’énergie hydraulique, Pierre-Louis Viollet, page 48). On sait en outre que sous l’ère carolingienne, la quasi-totalité des grands domaines monastiques étaient pourvus de moulins. « Ils étaient même assez nombreux pour que des paysans puissent avoir accès à plusieurs moulins ». (cf. Moulins, maîtres des eaux, maîtres des vents, Jean Bruggeman, page 20). D’autre part, la comparaison des cartes de Cassini (XVIIIème siècle) avec le haut Moyen Age permet de savoir que 16 % des sites équipés en 1789 ne l’étaient pas au IXe siècle.
Nous possédons davantage d’informations statistiques quant au nombre de moulins à partir du XIXème siècle. Une cartographie est réalisée en 1809 qui fait état de 15 887 moulins à vent en activité et 82 300 moulins à eau, 48 544 à roue verticale et 33 756 à roue horizontale. Il faut toutefois être prudent quant au nombre de moulins à eau qui a pu être confondu avec le nombre de roues (Moulins, maîtres des eaux, maîtres des vents, Jean Bruggeman, page 28)
Ces installations étant confrontées aux éléments naturels, elles en subissent parfois les conséquences et des moulins sont régulièrement détruits. Ainsi « un témoin a relaté dans sa chronique journalière que le 27 mars 1686, plus de cent moulins furent abattus entre Lille et Douai […] lors d’un grande tempête » (Moulins, maîtres des eaux, maîtres des vents, page 36)
Quant à la puissance de ces moulins, elle est bien sûr variable selon les infrastructures.
« L’évaluation de la puissance développée par les ailes d'un moulin à vent n'est pas un problème simple en raison de la complexité des phénomènes aérodynamiques accompagnant leur rotation. Bien que les moulins à vent aient commencé à se développer en Occident à partir du XIIème siècle, il a fallu attendre le XVIIIème siècle pour que les physiciens commencent à établir les premières bases théoriques permettant d'aborder cette évaluation » (cf. Fédération des Moulins de France)
« Charles Augustin Coulomb et Daniel Bernouilli connus pour être à l’origine de la théorie sur la cinétique des gaz sont les auteurs des premières études théoriques. A côté de ces études, l’ingénieur anglais John Smeaton s’est livré à des expérimentations sur les ailes de moulins hollandais pour constater dans un premier temps que la puissance des moulins était proportionnelle au cube de la vitesse du vent, puis déterminer que celle que pouvaient développer ces moulins était proche de 40 ch., afin que les pertes par les engrenages en bois et les frottements qui en résultaient, réduisaient cette puissance sur les meules à 15 ch.» (cf. Vents et Moulins du Lauragais, Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol, LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE - N°15 - 2010)
Quant aux moulins à eau, la puissance dépendra du débit de l’eau que la roue est capable de charrier et de la chute de l’eau. On estime qu’un moulin à eau est capable de produire une puissance de 3000 à 30000 watts.
« Vers 1670, sous Louis XIV, la ville de Paris achète des moulins du pont Notre-Dame, et y installe une autre machine, selon le même principe que la machine du Pont-Neuf, mais cette fois-ci, pour le bénéfice des Parisiens. Cette nouvelle machine remontait un débit de 2 000 m3 par jour. » (op. cit. Histoire de l’énergie hydraulique, page 93)
« Le 16 juin 1684, après quatre ans de travaux, la machine de Marly est mise en service en présence du roi, elle élève un débit qui devait être de 6 000m3/jour, mais qui est plutôt de la moitié seulement de cette valeur, à la hauteur impressionnante, de 153m au-dessus des eaux de la Seine, dans un château d’eau (la tour) d’où une simple aqueduc fonctionnant par écoulement gravitaire conduit l’eau vers les châteaux de Marly, puis Versailles, dès 1685. Parce qu’il n’existe pas encore à cette époque, de tuyaux capables de résister à la pression des 153 m de colonne d’eau, on est amené à utiliser deux réservoirs intermédiaires, ou puisards, tous deux munis de pompes qui sont situées en hauteur reçoivent leur énergie depuis la Seine grâce à vingt chaines de transmission mécaniques » (op. cit. Histoire de l’énergie hydraulique, page 94).
Pour poursuivre vos recherches, vous pouvez par exemple consulter la revue Le Monde des Moulins.
Vous pouvez également vous rapprocher de la Fédération française des Associations de Sauvegarde des Moulins ou de la Fédération des Moulins de France.
Bonne lecture.
Le moulin à eau précède le moulin à vent : il est utilisé déjà par les civilisations antiques. Les premiers moulins à vent apparaissent en Perse vers l’an 620 et se développent considérablement en Europe au cours du XIIème siècle, dans les régions venteuses et les littoraux.
Plus tard, des manèges sont parfois installés dans les moulins à vent pour que des chevaux équipés de harnais, une des grandes inventions de la période médiévale, puissent prendre le relais lorsque le vent est insuffisant. Dans l'Est de la France notamment, l’énergie hydraulique restera très importante, faute de vent : elle présente en outre l’avantage de la constance et de la régularité.
Il demeure difficile d’évaluer le nombre de moulins dans le royaume de France avant l’Edit de Nantes.
On considère toutefois que l’âge d’or du moulin à eau se situe entre le Xème et le XIIIème siècle. (Histoire de l’énergie hydraulique, Pierre-Louis Viollet, page 48). On sait en outre que sous l’ère carolingienne, la quasi-totalité des grands domaines monastiques étaient pourvus de moulins. « Ils étaient même assez nombreux pour que des paysans puissent avoir accès à plusieurs moulins ». (cf. Moulins, maîtres des eaux, maîtres des vents, Jean Bruggeman, page 20). D’autre part, la comparaison des cartes de Cassini (XVIIIème siècle) avec le haut Moyen Age permet de savoir que 16 % des sites équipés en 1789 ne l’étaient pas au IXe siècle.
Nous possédons davantage d’informations statistiques quant au nombre de moulins à partir du XIXème siècle. Une cartographie est réalisée en 1809 qui fait état de 15 887 moulins à vent en activité et 82 300 moulins à eau, 48 544 à roue verticale et 33 756 à roue horizontale. Il faut toutefois être prudent quant au nombre de moulins à eau qui a pu être confondu avec le nombre de roues (Moulins, maîtres des eaux, maîtres des vents, Jean Bruggeman, page 28)
Ces installations étant confrontées aux éléments naturels, elles en subissent parfois les conséquences et des moulins sont régulièrement détruits. Ainsi « un témoin a relaté dans sa chronique journalière que le 27 mars 1686, plus de cent moulins furent abattus entre Lille et Douai […] lors d’un grande tempête » (Moulins, maîtres des eaux, maîtres des vents, page 36)
Quant à la puissance de ces moulins, elle est bien sûr variable selon les infrastructures.
« L’évaluation de la puissance développée par les ailes d'un moulin à vent n'est pas un problème simple en raison de la complexité des phénomènes aérodynamiques accompagnant leur rotation. Bien que les moulins à vent aient commencé à se développer en Occident à partir du XIIème siècle, il a fallu attendre le XVIIIème siècle pour que les physiciens commencent à établir les premières bases théoriques permettant d'aborder cette évaluation » (cf. Fédération des Moulins de France)
« Charles Augustin Coulomb et Daniel Bernouilli connus pour être à l’origine de la théorie sur la cinétique des gaz sont les auteurs des premières études théoriques. A côté de ces études, l’ingénieur anglais John Smeaton s’est livré à des expérimentations sur les ailes de moulins hollandais pour constater dans un premier temps que la puissance des moulins était proportionnelle au cube de la vitesse du vent, puis déterminer que celle que pouvaient développer ces moulins était proche de 40 ch., afin que les pertes par les engrenages en bois et les frottements qui en résultaient, réduisaient cette puissance sur les meules à 15 ch.» (cf. Vents et Moulins du Lauragais, Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol, LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE - N°15 - 2010)
Quant aux moulins à eau, la puissance dépendra du débit de l’eau que la roue est capable de charrier et de la chute de l’eau. On estime qu’un moulin à eau est capable de produire une puissance de 3000 à 30000 watts.
« Vers 1670, sous Louis XIV, la ville de Paris achète des moulins du pont Notre-Dame, et y installe une autre machine, selon le même principe que la machine du Pont-Neuf, mais cette fois-ci, pour le bénéfice des Parisiens. Cette nouvelle machine remontait un débit de 2 000 m3 par jour. » (op. cit. Histoire de l’énergie hydraulique, page 93)
« Le 16 juin 1684, après quatre ans de travaux, la machine de Marly est mise en service en présence du roi, elle élève un débit qui devait être de 6 000m3/jour, mais qui est plutôt de la moitié seulement de cette valeur, à la hauteur impressionnante, de 153m au-dessus des eaux de la Seine, dans un château d’eau (la tour) d’où une simple aqueduc fonctionnant par écoulement gravitaire conduit l’eau vers les châteaux de Marly, puis Versailles, dès 1685. Parce qu’il n’existe pas encore à cette époque, de tuyaux capables de résister à la pression des 153 m de colonne d’eau, on est amené à utiliser deux réservoirs intermédiaires, ou puisards, tous deux munis de pompes qui sont situées en hauteur reçoivent leur énergie depuis la Seine grâce à vingt chaines de transmission mécaniques » (op. cit. Histoire de l’énergie hydraulique, page 94).
Pour poursuivre vos recherches, vous pouvez par exemple consulter la revue Le Monde des Moulins.
Vous pouvez également vous rapprocher de la Fédération française des Associations de Sauvegarde des Moulins ou de la Fédération des Moulins de France.
Bonne lecture.
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