Qui était Mocquesouris?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 10/12/2017 à 14h03
2713 vues
Question d'origine :
Bonjour,
J'ai habité une rue Mocquesouris à Sens (89). Je n'arrive pas à avoir des renseignements sur ce nom. C'est un quartier où il y a des noms de généraux..Foch, Dubois....Et juste à coté une rue du nom de coup de pied de Mocquesouris.
Cela m'intrigue, merci de m'aider..
Cordialement
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/12/2017 à 14h09
Bonjour,
Le toponyme « Mocquesouris » et ses variantes se rencontrent dans plusieurs départements, parmi lesquels l’Yonne, la Seine et Marne, la Vendée.
L’analyse la plus complète que nous trouvons de cette forme se trouve dans l’ouvrage Histoire et animal, études réunies et présentées par Alain Couret et Frédéric Oge (p.139) :
« […] Le cas de Mocquesouris est plus complexe. Ce genre de syntagme est communément expliqué par un verbe (à l’impératif : type Chantemerle) et d’un sujet. Mais c’est précisément dans ce genre d’explication que se dissimulent les pires extravagances. Aujourd’hui, elles ne sont plus qu’implicites dans les dictionnaires de toponymie, qui font la part belle aux noms de lieux forgés sur des noms d’animaux, mais qui, de la sorte, n’affirment pas autre chose que ce que certains toponymistes pensent tout haut : « moquer, vieille expression française employée dans le sens de tromper, avec le composant souris a formé Mocquesouris (Yonne) et Mocsouris (Aisne et Seine-et-Marne), noms qui s’appliquent à d’anciens moulins mal achalandés où les souris étaient fatalement déçues dans leur désir de bien vivre » […]. On conçoit d’après ce tour de force de psychologie animale, la souris ne se moque point tant du meunier que du savant !... Que faire de ce terme, lorsqu’on le trouve seul (La Mocque, Nièvre) ou, dans l’hypothèse faunistique, des morphèmes qui connotent par ailleurs « mo(c)q- » : Moquepannier, Moquebarril (et sa variante Moquetonneau), Moquepoix, Moquefeu ?... Nous reviendrons là-dessus dans une étude de détail. Qu’il suffise de constater que ce terme est presque toujours accompagné […] d’un thème qui évoque une hauteur, une éminence (penna, pennis, ou penno, bar-, podium). Faut-il dès lors voir dans « mo(c)que » / « mo(r)cq » un terme préceltique, celtique ou latin employé en redondance (les solutions ne manquent pas : déformation locale de « mont », racine prélat. *musk « rocher », …etc.) ? Quant à « souris », ses formes anciennes sont Séry / Séris, ce qui tendrait à imposer une origine anthroponymique (sur Serius ou Saturius). Bref, qu’il s’agisse d’un lieu élevé ou d’un domaine (comme dans Mocquetière, Cher), la leçon à retirer est que nous sommes en présence d’un toponyme de situation et que, par conséquent, la « souris » a accouché d’une montagne… »
Bonne journée.
Le toponyme « Mocquesouris » et ses variantes se rencontrent dans plusieurs départements, parmi lesquels l’Yonne, la Seine et Marne, la Vendée.
L’analyse la plus complète que nous trouvons de cette forme se trouve dans l’ouvrage Histoire et animal, études réunies et présentées par Alain Couret et Frédéric Oge (p.139) :
« […] Le cas de Mocquesouris est plus complexe. Ce genre de syntagme est communément expliqué par un verbe (à l’impératif : type Chantemerle) et d’un sujet. Mais c’est précisément dans ce genre d’explication que se dissimulent les pires extravagances. Aujourd’hui, elles ne sont plus qu’implicites dans les dictionnaires de toponymie, qui font la part belle aux noms de lieux forgés sur des noms d’animaux, mais qui, de la sorte, n’affirment pas autre chose que ce que certains toponymistes pensent tout haut : « moquer, vieille expression française employée dans le sens de tromper, avec le composant souris a formé Mocquesouris (Yonne) et Mocsouris (Aisne et Seine-et-Marne), noms qui s’appliquent à d’anciens moulins mal achalandés où les souris étaient fatalement déçues dans leur désir de bien vivre » […]. On conçoit d’après ce tour de force de psychologie animale, la souris ne se moque point tant du meunier que du savant !... Que faire de ce terme, lorsqu’on le trouve seul (La Mocque, Nièvre) ou, dans l’hypothèse faunistique, des morphèmes qui connotent par ailleurs « mo(c)q- » : Moquepannier, Moquebarril (et sa variante Moquetonneau), Moquepoix, Moquefeu ?... Nous reviendrons là-dessus dans une étude de détail. Qu’il suffise de constater que ce terme est presque toujours accompagné […] d’un thème qui évoque une hauteur, une éminence (penna, pennis, ou penno, bar-, podium). Faut-il dès lors voir dans « mo(c)que » / « mo(r)cq » un terme préceltique, celtique ou latin employé en redondance (les solutions ne manquent pas : déformation locale de « mont », racine prélat. *musk « rocher », …etc.) ? Quant à « souris », ses formes anciennes sont Séry / Séris, ce qui tendrait à imposer une origine anthroponymique (sur Serius ou Saturius). Bref, qu’il s’agisse d’un lieu élevé ou d’un domaine (comme dans Mocquetière, Cher), la leçon à retirer est que nous sommes en présence d’un toponyme de situation et que, par conséquent, la « souris » a accouché d’une montagne… »
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter