Question d'origine :
Bonjour quelle différence entre une chapelle et une église dans le pays bigouden
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 11/12/2017 à 15h27
Bonjour
D’après nos recherches, dans le Pays Bigouden, chapelles et églises diffèrent par leur destination, et souvent par leurs dimensions, comme dans les autres localités françaises. Cependant, il existe certaines spécificités dans le Pays Bigouden en Bretagne : la présence d'une multitude de chapelles, parfois dites "frairiennes", et d’églises et de chapelles « décapitées ».
-La présence de nombreuses chapelles
Une chapelle est un « lieu dédié au culte et comportant un autel, soit à l’intérieur d’une église, soit à l’extérieur et dépendant d’elle, soit encore pour les besoins religieux d’une communauté particulière, religieuse ou non […] ; mais l’exercice du culte y est toujours subordonné à l’autorité ecclésiastique. On raconte que les rois de France transportaient le manteau de saint Martin (capa) lors de leurs batailles et que la tente abritant cette relique avait été appelée capelle, d’où chapelle ». Source : Théo : l'encyclopédie catholique pour tous / dirigé par Michel Dubost (2007)
La Bretagne se caractérise par la présence de nombreuses chapelles :
« L’âge d’or breton, quand les toiles de chanvre et de lin se déploient sur l’Europe, permet aux paroisses de construire leur chapelle. L’art du vitrail est particulièrement développé. La charpente est souvent lambrissée, s’apparentant à une coque de bateau. L’abondance des chapelles permet d’honorer une armée de saints, prêts à rendre service, en échange de prières et de rites originaux. Servan soignerait les furoncles, Mériadeg la surdité, Gwenn les maladies de peau…Sans ordonnance ! » Source : Patrimoine religieux sur le site officiel du tourisme en Bretagne tourismebretagne.com
« La ferveur du peuple breton s'est aussi exprimée à travers une floraison de chapelles, croix et calvaires qui, dispersés à travers la campagne, suscitent toujours l'émotion. Plusieurs chapelles, construites au bout d'un chemin creux, parfois à l’écart de toute habitation, mais très souvent associées à une fontaine sacrée, témoignent de la christianisation d'un ancien culte des sources.
Aujourd'hui, comme hier, les chapelles tiennent une grande place dans la vie des Bretons, comme le montrent les innombrables associations de sauvegarde. » Source : Eglises et chapelles sur le site bretagne.com, dédié au tourisme et aux loisirs en Bretagne.
Dans le pays Bigouden, la chapelle de Tronoën est considérée comme remarquable, associée au calvaire du même nom, qui est le plus ancien de Bretagne, selon le site de la communauté de communes du pays Bigouden
Ces chapelles sont dites « frairiennes ». « En Bretagne, chaque hameau possède sa chapelle frairienne, désormais entretenues par des associations. Chaque année, lors de la fête patronale, un pardon y est célébré. Il s'agit d'une messe votive, avec procession de la bannière et de la statue du saint vénéré. Une fête populaire se déroule ensuite, dont les bénéfices aident à l'entretien du lieu et aux œuvres charitables. » Source : Article Wikipedia sur la chapelle.
L'adjectif "frairienne" provient du nom "frairie" qui désigne la "fête patronale d'un village". Source : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.
-L’histoire des églises et chapelles décapitées
Cette histoire est évoquée dans l’article de Wikipedia dédié au pays Bigouden : « En 1675, la révolte antifiscale du papier timbré agite d'abord les villes. Elle commence à Bordeaux en mars, et gagne la Bretagne (notamment Rennes et Nantes en avril, puis en mai). Elle s'étend à partir du 9 juin aux campagnes de Basse-Bretagne. Le mouvement propre aux campagnes est connu sous le nom de révolte des Bonnets rouges. […] Les cloches qui ont sonné le tocsin pour mobiliser les paysans sont descendues, par exemple à Languivoa, en Plonéour. Les clochers de six édifices religieux sont même décoiffés à coups de canon :
• à Tréguennec, où l'on ignore s'il s'agit du clocher de l'ancienne église paroissiale (détruite au XIXe siècle) ou de celui de la chapelle Notre-Dame-de-Pitié (actuelle église paroissiale), située à l'extérieur du bourg78 ;
• celui de la chapelle Notre-Dame de Languivoa, dans la paroisse de Plonéour ;
• celui de l'église paroissiale Saint-Philibert de Lanvern ;
• celui de l'église tréviale Saint-Honoré (trève de Lanvern) ;
• celui de l'église paroissiale de Combrit ;
• celui de l'église tréviale de Lambour (alors trève de Combrit). »
Dans un entretien paru en 2015 dans le journal Ouest France sous le titre Les racines historiques de l’identité bigoudène, l’historien spécialiste du pays bigouden Serge Duigou apporte les précisions suivantes sur le contexte de cette décapitation de clochers :
« D'où vient l'image de frondeur que porte le Bigouden ?
Quand la coupe était pleine, le Bigouden le faisait savoir ! En 1675, la révolte des Bonnets rouges a beaucoup marqué le pays. Elle n'est pas née ici, mais y a été très active. Elle a démarré localement avec l'assassinat du seigneur de Combrit, Nicolas de Kersalaun, mort sous les coups des paysans dans l'église de Combrit, après la grand-messe du dimanche matin. Il n'y a qu'en Pays bigouden que des clochers ont été décapités par Louis XIV ! […] »
Dans l’article Clochers arasés pour humilier les Bonnets rouges paru en 2013, Serge Duigou analyse ainsi ce fait historique :
« Serge Duigou pense que les clochers ont été arasés non seulement pour empêcher les gens de s'appeler en sonnant le tocsin, mais surtout pour les humilier. « Les clochers ont certes été utilisés pour sonner le tocsin pendant la révolte. Mais quand, début septembre 1675, les soldats du roi arasent les clochers, la révolte en Pays bigouden est terminée. Et surtout, si tel avait été l'objectif, on aurait aussi décapité les chambres des cloches. Or celles-ci ont été épargnées. » Seules les flèches ont été démolies, précise l'historien qui fait valoir qu'a contrario, la paroisse de Plumelec dans l'évêché de Vannes a été sommée de descendre les cloches de son église, mais pour autant le clocher n'a pas été décapité. Punir, humilier, stigmatiser. Serge Duigou pense qu'en Pays bigouden la mesure a surtout été d'ordre symbolique. « Il s'agissait de punir, d'humilier et de stigmatiser les trois paroisses qui avaient refusé « l'abolition » proposée par le duc de Chaulnes, soit Combrit, Plonéour et Lanvern (à l'époque, Plonéour et Lanvern étaient deux paroisses séparées). » »
Vous pouvez approfondir ce sujet en consultant la réponse du Guichet du savoir à la question suivante : Quand certaines chapelles ont été décapitées en pays bigouden ? Lesquelles ? Pourquoi
A consulter :
- Les Chapelles du pays bigouden / Serge Duigou (1976)
- Histoire de Bretagne / Henri Poisson, Jean-Pierre Le Mat (2000)
Bonne journée
D’après nos recherches, dans le Pays Bigouden, chapelles et églises diffèrent par leur destination, et souvent par leurs dimensions, comme dans les autres localités françaises. Cependant, il existe certaines spécificités dans le Pays Bigouden en Bretagne : la présence d'une multitude de chapelles, parfois dites "frairiennes", et d’églises et de chapelles « décapitées ».
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Une chapelle est un « lieu dédié au culte et comportant un autel, soit à l’intérieur d’une église, soit à l’extérieur et dépendant d’elle, soit encore pour les besoins religieux d’une communauté particulière, religieuse ou non […] ; mais l’exercice du culte y est toujours subordonné à l’autorité ecclésiastique. On raconte que les rois de France transportaient le manteau de saint Martin (capa) lors de leurs batailles et que la tente abritant cette relique avait été appelée capelle, d’où chapelle ». Source : Théo : l'encyclopédie catholique pour tous / dirigé par Michel Dubost (2007)
La Bretagne se caractérise par la présence de nombreuses chapelles :
« L’âge d’or breton, quand les toiles de chanvre et de lin se déploient sur l’Europe, permet aux paroisses de construire leur chapelle. L’art du vitrail est particulièrement développé. La charpente est souvent lambrissée, s’apparentant à une coque de bateau. L’abondance des chapelles permet d’honorer une armée de saints, prêts à rendre service, en échange de prières et de rites originaux. Servan soignerait les furoncles, Mériadeg la surdité, Gwenn les maladies de peau…Sans ordonnance ! » Source : Patrimoine religieux sur le site officiel du tourisme en Bretagne tourismebretagne.com
« La ferveur du peuple breton s'est aussi exprimée à travers une floraison de chapelles, croix et calvaires qui, dispersés à travers la campagne, suscitent toujours l'émotion. Plusieurs chapelles, construites au bout d'un chemin creux, parfois à l’écart de toute habitation, mais très souvent associées à une fontaine sacrée, témoignent de la christianisation d'un ancien culte des sources.
Aujourd'hui, comme hier, les chapelles tiennent une grande place dans la vie des Bretons, comme le montrent les innombrables associations de sauvegarde. » Source : Eglises et chapelles sur le site bretagne.com, dédié au tourisme et aux loisirs en Bretagne.
Dans le pays Bigouden, la chapelle de Tronoën est considérée comme remarquable, associée au calvaire du même nom, qui est le plus ancien de Bretagne, selon le site de la communauté de communes du pays Bigouden
Ces chapelles sont dites « frairiennes ». « En Bretagne, chaque hameau possède sa chapelle frairienne, désormais entretenues par des associations. Chaque année, lors de la fête patronale, un pardon y est célébré. Il s'agit d'une messe votive, avec procession de la bannière et de la statue du saint vénéré. Une fête populaire se déroule ensuite, dont les bénéfices aident à l'entretien du lieu et aux œuvres charitables. » Source : Article Wikipedia sur la chapelle.
L'adjectif "frairienne" provient du nom "frairie" qui désigne la "fête patronale d'un village". Source : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.
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Cette histoire est évoquée dans l’article de Wikipedia dédié au pays Bigouden : « En 1675, la révolte antifiscale du papier timbré agite d'abord les villes. Elle commence à Bordeaux en mars, et gagne la Bretagne (notamment Rennes et Nantes en avril, puis en mai). Elle s'étend à partir du 9 juin aux campagnes de Basse-Bretagne. Le mouvement propre aux campagnes est connu sous le nom de révolte des Bonnets rouges. […] Les cloches qui ont sonné le tocsin pour mobiliser les paysans sont descendues, par exemple à Languivoa, en Plonéour. Les clochers de six édifices religieux sont même décoiffés à coups de canon :
• à Tréguennec, où l'on ignore s'il s'agit du clocher de l'ancienne église paroissiale (détruite au XIXe siècle) ou de celui de la chapelle Notre-Dame-de-Pitié (actuelle église paroissiale), située à l'extérieur du bourg78 ;
• celui de la chapelle Notre-Dame de Languivoa, dans la paroisse de Plonéour ;
• celui de l'église paroissiale Saint-Philibert de Lanvern ;
• celui de l'église tréviale Saint-Honoré (trève de Lanvern) ;
• celui de l'église paroissiale de Combrit ;
• celui de l'église tréviale de Lambour (alors trève de Combrit). »
Dans un entretien paru en 2015 dans le journal Ouest France sous le titre Les racines historiques de l’identité bigoudène, l’historien spécialiste du pays bigouden Serge Duigou apporte les précisions suivantes sur le contexte de cette décapitation de clochers :
« D'où vient l'image de frondeur que porte le Bigouden ?
Quand la coupe était pleine, le Bigouden le faisait savoir ! En 1675, la révolte des Bonnets rouges a beaucoup marqué le pays. Elle n'est pas née ici, mais y a été très active. Elle a démarré localement avec l'assassinat du seigneur de Combrit, Nicolas de Kersalaun, mort sous les coups des paysans dans l'église de Combrit, après la grand-messe du dimanche matin. Il n'y a qu'en Pays bigouden que des clochers ont été décapités par Louis XIV ! […] »
Dans l’article Clochers arasés pour humilier les Bonnets rouges paru en 2013, Serge Duigou analyse ainsi ce fait historique :
« Serge Duigou pense que les clochers ont été arasés non seulement pour empêcher les gens de s'appeler en sonnant le tocsin, mais surtout pour les humilier. « Les clochers ont certes été utilisés pour sonner le tocsin pendant la révolte. Mais quand, début septembre 1675, les soldats du roi arasent les clochers, la révolte en Pays bigouden est terminée. Et surtout, si tel avait été l'objectif, on aurait aussi décapité les chambres des cloches. Or celles-ci ont été épargnées. » Seules les flèches ont été démolies, précise l'historien qui fait valoir qu'a contrario, la paroisse de Plumelec dans l'évêché de Vannes a été sommée de descendre les cloches de son église, mais pour autant le clocher n'a pas été décapité. Punir, humilier, stigmatiser. Serge Duigou pense qu'en Pays bigouden la mesure a surtout été d'ordre symbolique. « Il s'agissait de punir, d'humilier et de stigmatiser les trois paroisses qui avaient refusé « l'abolition » proposée par le duc de Chaulnes, soit Combrit, Plonéour et Lanvern (à l'époque, Plonéour et Lanvern étaient deux paroisses séparées). » »
Vous pouvez approfondir ce sujet en consultant la réponse du Guichet du savoir à la question suivante : Quand certaines chapelles ont été décapitées en pays bigouden ? Lesquelles ? Pourquoi
A consulter :
- Les Chapelles du pays bigouden / Serge Duigou (1976)
- Histoire de Bretagne / Henri Poisson, Jean-Pierre Le Mat (2000)
Bonne journée
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