Question d'origine :
Bonjour
Je me demande comment Charles Martel a pu sillonner et conquérir autant de territoires éloignés les uns des autres ( de la Frise à l'Aquitaine) en faisant parfois des allers et retours entre ces deux extrêmes.
Une renaissance dans l'utilisation du cheval dans l'armée me semble probable. Elle serait d'ailleurs en phase avec la stratégie militaire arabe développée depuis les années 630.... et nouvelle compte tenu des moyens de déplacement attribués (peut-être dans le but d'une ridiculisation) aux mérovingien
Pourriez-vous m'informer et me donner quelques sources?
Avec mes remerciements
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 05/12/2017 à 11h32
Bonjour,
Plusieurs interrogations dans une même question, auxquelles nous allons essayer de répondre.
En préambule : un aperçu des dynasties en présence au VIIIe siècle
La première dynastie arabe, celle des Ommeyades (661-750), lance l’expansion musulmane et bâtit un empire allant des rives de l’Indus à la péninsule ibérique en englobant toute l’Afrique du Nord. Cet immense empire est administré par des émirs tels Abd Al Rahman, général omeyyade, émir de Cordoue et gouverneur d’al-Andalus en 721 puis en 731-732. En face, la « France » est gouvernée par les Mérovingiens de la fin du Ve siècle à la moitié du VIIIe siècle. Le royaume franc comprend l’Austrasie, cœur du royaume (est de la France, Belgique et région rhénane, avec Tournai comme capitale), la Neustrie (nord-ouest de la France actuelle, sans la Bretagne) et la Bourgogne (Bourgogne actuelle et centre de la France). Mais en ce début de VIIIe siècle, le pouvoir des rois mérovingiens est très affaibli par l’ascension d’une famille aristocratique d’Austrasie, les Pépinides qui, en tant que « maires du palais », exercent la réalité du pouvoir. Afin de contrer l’aristocratie neustrienne qui entre en fronde contre les Pépinides, Charles Martel, fils bâtard de Pépin II, exhume un Mérovingien d’un monastère pour en faire le roi Thierry IV. Mais ce dernier ne possédera jamais la réalité du pouvoir ; à sa mort, en 737, Charles Martel est tellement influent qu’il se passera de roi jusqu’à son propre trépas en 741. Son fils Pépin III, dit « le Bref », sera le fondateur de la dynastie carolingienne….
L’armée omeyyade est essentiellement formée de sa cavalerie, tandis que l’armée franque est principalement constituée de fantassins en armure qui forment, à la manière romaine, une palissade humaine.
Revue les cahiers de l’orient
Dans le Dictionnaire de la France médiévale vous pouvez lire à l’article « cavalerie » :
C’est probablement au contact des arabes que les Francs, déjà familiers de l’équitation militaire, redécouvrent vers le milieu du VIIIe siècle les services que peut rendre la cavalerie de guerre, surtout alors que l’élargissement du royaume allonge les distances et ajoute un temps de route au temps des combats. Emprunté aux Arabes, l’usage de l’étrier favorise le combat à cheval. Cette constitution d’une armée de cavaliers est lourde de conséquences. Elle retarde et raccourcit les campagnes annuelles : C’est alors que le Champ de mai (qui se tiendra parfois en juin, voire en juillet) remplace le Champ de mars. Elle creuse le fossé entre l’homme libre capable de financer un armement complet, l’armure et la nourriture du cheval,et celui qui n’en a pas les moyens. Elle privilégie l’établissement des fidèles sur les terres, qui est à l’origine du bienfait et du précaire, puis du fief, par rapport à l’entretien des fidèles à la cour.
Etrier : emprunté aux Arabes à la faveur des premières confrontations au VIIIe siècle, l’étrier bouleverse l’équitation et l’escrime cavalière, le cavalier peut exercer une force plus grande dans le maniement de sa lance et supporter des chocs qui l’eussent désarçonner. L’usage de l’étrier est général au IXe siècle
L’importance du cheval chez les arabes :
On ne soulignera jamais assez l’importance du cheval dans l’expansion de l’islam. La technique, chère à la cavalerie sarrasine, de la virevolte et de l’attaque par vagues successives, ne s’est imposé que grâce à la légèreté et à la taille du cheval dit « arabe ». Elle a souvent été déterminante dans un assaut, voire dans une bataille.
Chez les anciens arabes, le cheval est un être sacré, et sacralisé. En attestent les Dits du prophète exhortant le croyant aux plus grands soins de sa monture.. Les poètes l’ont chanté…Les récits de bataille lui attribuent des noms, tel El-Mortadjiz, une des montures du prophète…le cheval figure en bonne place dans le dogme du combattant »on ne divise que par cinq pour le répartir que le butin fait dans les incursions effectuées avec des éléments montés… on n’attribue de part du butin qu’à ceux qui ont participé au combat…le malade et le cheval handicapé- à la suite d’opérations de guerre-ont aussi leurs, parts. On attribue deux parts au chevalet une au cavalier…
In Abd er Rahman contre Charles Martel, la véritable histoire de la bataille de Poitiers
Les sources permettant d’identifier l’existence de cavaliers dans l’armée mérovingienne:
Dictionnaire des francs les temps merovingiens
L’archéologie funéraire pour les régions où elles semblent avoir été le fidèle reflet de la réalité historique, accrédite la thèse traditionnelle selon laquelle les armées franques étaient constituées d’une majorité de fantassins. De fait, seul un nombre limité de sépultures de riches guerriers contenaient des pièces de harnachement prouvant qu’on est en présence de cavaliers : mors de filet, harnais, garniture de selle ou éperons, ces derniers n’étant pas encore portés par paire. Cependant comme Philippe Contamine l’a remarqué, le témoignage de l’archéologie funéraire doit sans doute être corrigé par celui des textes. Un passage de Grégoire de Tours, par exemple, relatif à la campagne de Thierry Ier » contre les Thuringiens, atteste ainsi la présence d’une cavalerie franque en cette seconde moitié du Vie siècle. Il faut donc supposer que seuls les cavaliers de haut rang se faisaient enterrer avec des pièces de harnachement. Autant qu’on en puisse juger, la cavalerie franque ne joua pas de rôle essentiel sur les champs de bataille avec la diffusion des étriers en Occident. Attestés en Chine dès le Ve siècle, dans le monde byzantin au Vie siècle, chez les Iraniens et les Avars à la fin du VIIe siècle, ces équipements n’apparaissent dans les tombes de riches guerriers du monde germanique occidental qu’au cours du VIIIe siècle. Il faudra cependant attendre le règne de Pépin le Bref (751-768), et plus vraisemblablement celui de Charlemagne (768-814), pour voir la généralisation de l’étrier au sein de la cavalerie franque…L’introduction de ces pièces de harnachement en occident fut en tous cas décisive puisqu’elle favorisa le développement de la cavalerie lourde, les étriers permettant au cavalier de se dresser pour manier l’épée pus de force ou de charger à la lance en faisant réellement corps avec sa monture.
Dictionnaire des Francs, les temps mérovingiens, par Pierre Riche
Venons-en àl’armement et à l’art militaire :
Armée de fantassins, les Francs combattaient selon la formule traditionnelle chez les germains : le coin. Un puissant cri de guerre accompagnait l’assaut… cependant les Francs comptaient aussi des cavaliers, parmi les chefs, ce que confirment les témoignages archéologiques, mais aussi historiques. Dès la seconde moitié du VIe siècle, des raids étaient le fait des cavaliers : dans les années 570, le roi Sigebert désira prendre la ville d’Arles aux dépens de son frère Gontran. Il mobilisa les Auvergnats. Il mobilisa les auvergnats… « dépouillés de leurs affaires, démunis de leur chevaux, ils sont rendus à leur patrie non sans une profonde humiliation »…Un autre passage de Grégoire de Tours montre le rôle des chevaux dans le dispositif franc. Il s’agit des Thuringiens, qui pour repousser les troupes de Thierry Ier (511-534), utilisèrent la ruse suivante : « Ils creusèrent des fosses dans le champ où le combat devait avoir lieu ils rendirent ensuite les ouvertures de ces fosses semblables à du terrain en les couvrant d’épaisses mottes de gazon ; lorsqu’ils commencèrent à combattre sur les fosses, beaucoup de cavaliers francs s’y précipitèrent… »
Depuis le VIIIe siècle, l’étrier s »est répandu, permettant une meilleure assise, mais il ne semble pas que ce soit avant le XIe siècle que l’habitude se soit prise de charger lance couchée et tenue sous le bras. Avec les Carolingiens, nous sommes à une étape intermédiaire, qui accorde toutefois nettement plus d’importance à la cavalerie qu’à l’époque mérovingienne. Peut-être la diffusion de l’étrier joue-t-elle un certain rôle ou le contact avec les cavaleries arabes et basque, l’une et l’autre réputées. Il faut aussi faire intervenir l’étendue des distances. En tous cas, nous sommes à une époque où, au cœur des armées, il y a déjà des cavaliers lourds qui possèdent une richesse ou un statut social leur permettant ce type de combat. Du cavalier carolingien au cheval féodal –ce centaure- il’ n’y a pas de solution de continuité…
Histoire militaire de la France
Vous trouverez dans l’ouvrage de Pierre Riché, Les Carolingiens : une famille qui fit l’Europe un panorama des conquêtes de Charles Martel et les moyens qui lui permirent d’y parvenir, comme l’instauration de relations de vassalité avec les subalternes, la domination de territoires par personnes interposées et le recours à une cavalerie dont les Francs, avant le VIIe siècle, ne disposaient pas encore :
« Ces derniers étaient des guerriers fantassins qui combattaient avec la hache, arme de jet, la lance, l’épée à 2 tranchants qui avait jusque-là quatre-vingt-dix centimètres de long et l’épée courte (…) Certains d’entre eux étaient déjà montés sur des chevaux, comme le note Grégoire de Tours, mais ils étaient très rares. Equiper un cheval représente une mise de fonds considérable (…). L’étrier dont les Avars ont fait connaître l’usage au VIIe siècle permet au cavalier d’utiliser avec plus de succès sa lance et son épée qu’il tient à deux mains. Pourtant l’armée franque ne s’est pas brusquement transformée d’armée de fantassins en une armée de cavaliers. Il est possible que l’enrichissement des guerriers et l’utilisation de l’étrier aient favorisé l’évolution des techniques militaires et aient permis les victoires de Charles. (…) Tout en se faisant respecter dans le nord du royaume Charles reprend pied dans les principautés périphériques par ses guerriers et par les missionnaires. » (p. 54)
Dans le Dictionnaire Perrin des guerres et des batailles de l'histoire de France, bataille de Poitiers 732:
...D'autre. part,les problèmes logistiques et la lenteur des déplacement de troupes le dissuadent de convoquer des combattants originaires des régions trop éloignées du théâtre d'opérations. Aussi est-il probable que pour intervenir aux côtés de ce qui reste de l'armée aquitaine, Charles Martel a recours à quelques troupes austrasiennes, mais surtout aux contingents de Neustrie.Au sein des troupes du duc des Francs, si l'infanterie compte probablement encore pour une large part, la cavalerie constitue un élément dont l'importance est non négligeable, bien qu'il soit impossible d'en estimer la proportion...
Autre source : histoire et sortilèges:
Rôle des troupes montées
Il est évident que par rapport à leurs prédécesseurs les Mérovingiens, les Carolingiens en général et Charlemagne en particulier (voir articles de L. Ganshof, " A propos de la cavalerie dans les armées de Charlemagne ", Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,II, 1952, p. 531-537 et Charlemagne's Army , Providence, 1968 ainsi que J. F. Verbruggen, " L'armée et la stratégie de Charlemagne ", Karl der Grosse, I, ed. W. Braunfels, Düsseldorf, 1965, p. 420-434 et The Art of Warfare in Western Europe during the Middle Ages : From the Eighth Century to 1340, Amsterdam, 1977, p. 24-25, 280-283) disposèrent toujours d'une bonne cavalerie. [/i]
Armement médiéval
Avec le temps, et pour toutes sortes de raisons, notamment à cause des vastes distances à parcourir lors des campagnes militaires sous les Carolingiens, la qualité déclinante de l’infanterie et celle de la cohésion relative des tribus germaniques finirent par soulever de plus en plus de doutes sur la pertinence d’employer des fantassins sur les champs de bataille, qu’ils soient conscrits ou non. De plus, l’amélioration constante des tactiques et des équipements relatifs au combat à cheval, une variante conséquente de l’introduction de l’étrier et de meilleures procédures d’élevage, n’annonça rien de bon pour l’avenir de l’infanterie, du moins à terme. Par ailleurs, le besoin d’une force mobile et puissante se fit sentir dans le contexte des invasions et des raids menés par les Vikings, les pirates musulmans et les réputés et dangereux cavaliers hongrois.
En clair, la cavalerie lourde finit par devenir l’élément le plus important du champ de bataille. Il est à noter par contre que cette prédominance émergente de la cavalerie lourde dès l’époque carolingienne ne signifia nullement la disparition de l’infanterie. Dans les faits, la balance entre le cheval et le fantassin à pied, en termes d’effectifs employés à cette époque, est toujours sujette à débat. Précisons toutefois qu’au moment où débute le IXe siècle en Europe, la prédominance de la cavalerie semble de plus en plus évidente, prédominance qui durera au moins jusqu’au XIVe siècle.
Pratique de la guerre
Voir aussi cette autre question du guichet
source : cartes de France.fr
Bonnes lectures
Plusieurs interrogations dans une même question, auxquelles nous allons essayer de répondre.
En préambule : un aperçu des dynasties en présence au VIIIe siècle
La première dynastie arabe, celle des Ommeyades (661-750), lance l’expansion musulmane et bâtit un empire allant des rives de l’Indus à la péninsule ibérique en englobant toute l’Afrique du Nord. Cet immense empire est administré par des émirs tels Abd Al Rahman, général omeyyade, émir de Cordoue et gouverneur d’al-Andalus en 721 puis en 731-732. En face, la « France » est gouvernée par les Mérovingiens de la fin du Ve siècle à la moitié du VIIIe siècle. Le royaume franc comprend l’Austrasie, cœur du royaume (est de la France, Belgique et région rhénane, avec Tournai comme capitale), la Neustrie (nord-ouest de la France actuelle, sans la Bretagne) et la Bourgogne (Bourgogne actuelle et centre de la France). Mais en ce début de VIIIe siècle, le pouvoir des rois mérovingiens est très affaibli par l’ascension d’une famille aristocratique d’Austrasie, les Pépinides qui, en tant que « maires du palais », exercent la réalité du pouvoir. Afin de contrer l’aristocratie neustrienne qui entre en fronde contre les Pépinides, Charles Martel, fils bâtard de Pépin II, exhume un Mérovingien d’un monastère pour en faire le roi Thierry IV. Mais ce dernier ne possédera jamais la réalité du pouvoir ; à sa mort, en 737, Charles Martel est tellement influent qu’il se passera de roi jusqu’à son propre trépas en 741. Son fils Pépin III, dit « le Bref », sera le fondateur de la dynastie carolingienne….
Revue les cahiers de l’orient
Dans le Dictionnaire de la France médiévale vous pouvez lire à l’article « cavalerie » :
C’est probablement au contact des arabes que les Francs, déjà familiers de l’équitation militaire, redécouvrent vers le milieu du VIIIe siècle les services que peut rendre la cavalerie de guerre, surtout alors que l’élargissement du royaume allonge les distances et ajoute un temps de route au temps des combats. Emprunté aux Arabes, l’usage de l’étrier favorise le combat à cheval. Cette constitution d’une armée de cavaliers est lourde de conséquences. Elle retarde et raccourcit les campagnes annuelles : C’est alors que le Champ de mai (qui se tiendra parfois en juin, voire en juillet) remplace le Champ de mars. Elle creuse le fossé entre l’homme libre capable de financer un armement complet, l’armure et la nourriture du cheval,et celui qui n’en a pas les moyens. Elle privilégie l’établissement des fidèles sur les terres, qui est à l’origine du bienfait et du précaire, puis du fief, par rapport à l’entretien des fidèles à la cour.
Etrier
On ne soulignera jamais assez l’importance du cheval dans l’expansion de l’islam. La technique, chère à la cavalerie sarrasine, de la virevolte et de l’attaque par vagues successives, ne s’est imposé que grâce à la légèreté et à la taille du cheval dit « arabe ». Elle a souvent été déterminante dans un assaut, voire dans une bataille.
Chez les anciens arabes, le cheval est un être sacré, et sacralisé. En attestent les Dits du prophète exhortant le croyant aux plus grands soins de sa monture.. Les poètes l’ont chanté…Les récits de bataille lui attribuent des noms, tel El-Mortadjiz, une des montures du prophète…le cheval figure en bonne place dans le dogme du combattant »on ne divise que par cinq pour le répartir que le butin fait dans les incursions effectuées avec des éléments montés… on n’attribue de part du butin qu’à ceux qui ont participé au combat…le malade et le cheval handicapé- à la suite d’opérations de guerre-ont aussi leurs, parts. On attribue deux parts au chevalet une au cavalier…
In Abd er Rahman contre Charles Martel, la véritable histoire de la bataille de Poitiers
Dictionnaire des francs les temps merovingiens
L’archéologie funéraire pour les régions où elles semblent avoir été le fidèle reflet de la réalité historique, accrédite la thèse traditionnelle selon laquelle les armées franques étaient constituées d’une majorité de fantassins. De fait, seul un nombre limité de sépultures de riches guerriers contenaient des pièces de harnachement prouvant qu’on est en présence de cavaliers : mors de filet, harnais, garniture de selle ou éperons, ces derniers n’étant pas encore portés par paire. Cependant comme Philippe Contamine l’a remarqué, le témoignage de l’archéologie funéraire doit sans doute être corrigé par celui des textes. Un passage de Grégoire de Tours, par exemple, relatif à la campagne de Thierry Ier » contre les Thuringiens, atteste ainsi la présence d’une cavalerie franque en cette seconde moitié du Vie siècle. Il faut donc supposer que seuls les cavaliers de haut rang se faisaient enterrer avec des pièces de harnachement. Autant qu’on en puisse juger, la cavalerie franque ne joua pas de rôle essentiel sur les champs de bataille avec la diffusion des étriers en Occident. Attestés en Chine dès le Ve siècle, dans le monde byzantin au Vie siècle, chez les Iraniens et les Avars à la fin du VIIe siècle, ces équipements n’apparaissent dans les tombes de riches guerriers du monde germanique occidental qu’au cours du VIIIe siècle. Il faudra cependant attendre le règne de Pépin le Bref (751-768), et plus vraisemblablement celui de Charlemagne (768-814), pour voir la généralisation de l’étrier au sein de la cavalerie franque…L’introduction de ces pièces de harnachement en occident fut en tous cas décisive puisqu’elle favorisa le développement de la cavalerie lourde, les étriers permettant au cavalier de se dresser pour manier l’épée pus de force ou de charger à la lance en faisant réellement corps avec sa monture.
Dictionnaire des Francs, les temps mérovingiens, par Pierre Riche
Venons-en à
Armée de fantassins, les Francs combattaient selon la formule traditionnelle chez les germains : le coin. Un puissant cri de guerre accompagnait l’assaut… cependant les Francs comptaient aussi des cavaliers, parmi les chefs, ce que confirment les témoignages archéologiques, mais aussi historiques. Dès la seconde moitié du VIe siècle, des raids étaient le fait des cavaliers : dans les années 570, le roi Sigebert désira prendre la ville d’Arles aux dépens de son frère Gontran. Il mobilisa les Auvergnats. Il mobilisa les auvergnats… « dépouillés de leurs affaires, démunis de leur chevaux, ils sont rendus à leur patrie non sans une profonde humiliation »…Un autre passage de Grégoire de Tours montre le rôle des chevaux dans le dispositif franc. Il s’agit des Thuringiens, qui pour repousser les troupes de Thierry Ier (511-534), utilisèrent la ruse suivante : « Ils creusèrent des fosses dans le champ où le combat devait avoir lieu ils rendirent ensuite les ouvertures de ces fosses semblables à du terrain en les couvrant d’épaisses mottes de gazon ; lorsqu’ils commencèrent à combattre sur les fosses, beaucoup de cavaliers francs s’y précipitèrent… »
Depuis le VIIIe siècle, l’étrier s »est répandu, permettant une meilleure assise, mais il ne semble pas que ce soit avant le XIe siècle que l’habitude se soit prise de charger lance couchée et tenue sous le bras. Avec les Carolingiens, nous sommes à une étape intermédiaire, qui accorde toutefois nettement plus d’importance à la cavalerie qu’à l’époque mérovingienne. Peut-être la diffusion de l’étrier joue-t-elle un certain rôle ou le contact avec les cavaleries arabes et basque, l’une et l’autre réputées. Il faut aussi faire intervenir l’étendue des distances. En tous cas, nous sommes à une époque où, au cœur des armées, il y a déjà des cavaliers lourds qui possèdent une richesse ou un statut social leur permettant ce type de combat. Du cavalier carolingien au cheval féodal –ce centaure- il’ n’y a pas de solution de continuité…
Histoire militaire de la France
Vous trouverez dans l’ouvrage de Pierre Riché, Les Carolingiens : une famille qui fit l’Europe un panorama des conquêtes de Charles Martel et les moyens qui lui permirent d’y parvenir, comme l’instauration de relations de vassalité avec les subalternes, la domination de territoires par personnes interposées et le recours à une cavalerie dont les Francs, avant le VIIe siècle, ne disposaient pas encore :
« Ces derniers étaient des guerriers fantassins qui combattaient avec la hache, arme de jet, la lance, l’épée à 2 tranchants qui avait jusque-là quatre-vingt-dix centimètres de long et l’épée courte (…) Certains d’entre eux étaient déjà montés sur des chevaux, comme le note Grégoire de Tours, mais ils étaient très rares. Equiper un cheval représente une mise de fonds considérable (…). L’étrier dont les Avars ont fait connaître l’usage au VIIe siècle permet au cavalier d’utiliser avec plus de succès sa lance et son épée qu’il tient à deux mains. Pourtant l’armée franque ne s’est pas brusquement transformée d’armée de fantassins en une armée de cavaliers. Il est possible que l’enrichissement des guerriers et l’utilisation de l’étrier aient favorisé l’évolution des techniques militaires et aient permis les victoires de Charles. (…) Tout en se faisant respecter dans le nord du royaume Charles reprend pied dans les principautés périphériques par ses guerriers et par les missionnaires. » (p. 54)
Dans le Dictionnaire Perrin des guerres et des batailles de l'histoire de France, bataille de Poitiers 732:
...D'autre. part,
Autre source : histoire et sortilèges:
Rôle des troupes montées
Il est évident que par rapport à leurs prédécesseurs les Mérovingiens, les Carolingiens en général et Charlemagne en particulier (voir articles de L. Ganshof, " A propos de la cavalerie dans les armées de Charlemagne ", Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,II, 1952, p. 531-537 et Charlemagne's Army , Providence, 1968 ainsi que J. F. Verbruggen, " L'armée et la stratégie de Charlemagne ", Karl der Grosse, I, ed. W. Braunfels, Düsseldorf, 1965, p. 420-434 et The Art of Warfare in Western Europe during the Middle Ages : From the Eighth Century to 1340, Amsterdam, 1977, p. 24-25, 280-283) disposèrent toujours d'une bonne cavalerie. [/i]
Armement médiéval
Avec le temps, et pour toutes sortes de raisons, notamment à cause des vastes distances à parcourir lors des campagnes militaires sous les Carolingiens, la qualité déclinante de l’infanterie et celle de la cohésion relative des tribus germaniques finirent par soulever de plus en plus de doutes sur la pertinence d’employer des fantassins sur les champs de bataille, qu’ils soient conscrits ou non. De plus, l’amélioration constante des tactiques et des équipements relatifs au combat à cheval, une variante conséquente de l’introduction de l’étrier et de meilleures procédures d’élevage, n’annonça rien de bon pour l’avenir de l’infanterie, du moins à terme. Par ailleurs, le besoin d’une force mobile et puissante se fit sentir dans le contexte des invasions et des raids menés par les Vikings, les pirates musulmans et les réputés et dangereux cavaliers hongrois.
En clair, la cavalerie lourde finit par devenir l’élément le plus important du champ de bataille. Il est à noter par contre que cette prédominance émergente de la cavalerie lourde dès l’époque carolingienne ne signifia nullement la disparition de l’infanterie. Dans les faits, la balance entre le cheval et le fantassin à pied, en termes d’effectifs employés à cette époque, est toujours sujette à débat. Précisons toutefois qu’au moment où débute le IXe siècle en Europe, la prédominance de la cavalerie semble de plus en plus évidente, prédominance qui durera au moins jusqu’au XIVe siècle.
Pratique de la guerre
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source : cartes de France.fr
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