aide sur les savoirs- les pratiques et les identités
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 30/11/2017 à 10h25
557 vues
Question d'origine :
Bonjour ,
Depuis la rentrée j'ai un cours sur les pratiques et les identités professionnels à l'université ( je suis en L2 sciences de l'éducation)
Si je m'adresse à vous c'est qu'il y a quelques concepts de mon cours ( et j'ai un dossier à rendre pour très bientôt )
que je n'ai pas compris qui sont :
- le concept de l'agentivité
- le concept du processus de la reconnaissance
- le rapport positif à l'activité
Voilà si vous pouvez m'éclairer sur c'est choses là vous me sauvez la vie !
Bonne journée
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 02/12/2017 à 11h41
Bonjour,
Dans le cadre de votre licence en sciences de l’éducation, vous cherchez à comprendre 3 concepts relatifs aux pratiques et aux identités professionnelles à l’université. N'étant pas spécialistes du sujet, nous pouvons vous indiquer différentes pistes pour cerner ces concepts.
Le concept d’agentivité
L’ouvrage de Françoise Raynal et Alain Rieunier Pédagogie, dictionnaire des concepts clés : apprentissage, formation, psychologie cognitive (2012) propose une définition synthétique de l’agentivité :
« Dans la théorie sociocognitive de Bandura (Auto-efficacité : le sentiment d'efficacité personnelle / Albert Bandura, 2012), capacité que l’individu possède d’être un agent pouvant mobiliser des moyens pour produire des performances.
Le concept d’agentivité ou plutôt d’état argentique a été utilisé par Milgram (1974) dans l’expérience célèbre de la soumission à l’autorité (voir Influence sociale) pour décrire « l’état d’appréciation dans lequel le sujet ne se percevait pas comme agissant de manière autonome mais comme simple agent de l’autorité. Il déléguerait sa responsabilité et les considérations morales ne serviraient plus de guide à son comportement comme dans les situations où les comportements qu’ils auraient à produire ne seraient pas exigés par une autorité mais sous la responsabilité du sujet lui-même » (Psychologie de la manipulation et de la soumission / Nicolas Guéguen, 2014).
L’agentivité correspond donc à la manière dont l’individu se sent ou non responsable de ce qu’il fait en fonction du degré de liberté qui préside à la prise de décision.
Si on veut développer l’autonomie, il faut que l’individu se sente « agent » et non « sujet ». En conséquence, les pédagogiques de projet dans lesquelles l’individu a librement défini son projet les moyens de le mener à bien, ont sûrement beaucoup plus de chances de conduire à un individu véritablement autonome et responsable que les pédagogies plus traditionnelles.
Corrélats : acteur de sa formation / autonomie / influence sociale / pédagogie du projet / pédagogie traditionnelle / théorie sociocognitive (TSC). »
Une approche complémentaire de l’agentivité, reliant ce concept à la psychologie cognitive, est proposée par Elisabeth Pacherie dans son article « Neurosciences cognitives et agentivité » paru dans l’Encyclopedia Universalis accessible à distance pour les personnes abonnés à la Bibliothèque municipale de Lyon et sur place dans les bibliothèques du réseau de la BML. Voici l’introduction de cet article :
« L'agentivité renvoie à la conscience subjective que nous avons de causer volontairement nos actions, d'en contrôler le cours et d'en maîtriser les effets. Elle constitue ainsi une composante importante de la conscience de soi, jouant un rôle essentiel dans la compréhension que nous avons de nous-mêmes comme des agents actifs de notre propre vie et, comme tels, responsables de nos actes.
Depuis la fin des années 1990, de nombreux travaux en psychologie et neurosciences cognitives ont tenté d'élucider les processus qui sont à la source du phénomène d'agentivité et d'en identifier les bases neurales. Deux approches ont initialement été proposées pour rendre compte de ce phénomène : l'approche dite de la prédiction motrice – ou des comparateurs – et l’approche de la reconstruction cognitive. »
Autres sources traitant de l’agentivité :
« Bandura : une psychologie pour le XXIe siècle ? » / Carré Philippe, article paru dans la revue Savoirs, 2004/5 (Hors série), p. 9-50.
La volition et l’agentivité transformatrice : perspective théorique de l’activité / Yrjö Engeström et Annalisa Sannino, article paru dans la Revue internationale du CRIRES : innover dans la tradition de Vygotsky, [S.l.], v. 1, n. 1, p. 4-19, mai 2013.
Le concept du processus de la reconnaissance
D’après nos recherches, ce concept aurait été développé ou approfondi par la chercheuse Yvette Garnier-Moulin, dans le cadre de sa thèse Reconnaissance et éducation informelle. Etude à partir de la formation diplômante des assistantes familiales. Dans sa présentation sur le site de l’Université Paris 13, elle évoque ce concept : « Nous référant aux apports de la psychologie du développement et de la sociologie critique, nous montrons que toute expérience relationnelle de reconnaissance participe d’un processus formatif et normatif du développement identitaire de l’individu et de sa socialisation tout au long de la vie, prenant en compte à la fois ses possibilités d’autonomie et ses interdépendances. »
Ce concept est également évoqué dans ce document relatif à l’éducation tout au long de la vie.
Autre source le mentionnant en lien avec le thème de l’identité professionnelle : « Les adultes dans le processus de reconnaissance et de validation des acquis de l’expérience : quelles transitions et (trans)formations ? » / Cavaco Carmen, article paru dans la revue Pensée plurielle, 2016/1 (n° 41), p. 69-80.
Le concept de rapport positif à l’activité
Ce concept est évoqué dans le Dossier « Choix didactiques et pédagogiques » de la revue EP.S. n°309 parue en 2004 dans une partie consacrée à la fonction d’enseignant d’EPS : « Comment créer chez les élèves un rapport positif à l'activité ? Comment permettre à tous de s'engager dans une pratique signifiante, adaptée et continue ? En d'autres termes comment s'assurer de créer les conditions nécessaires et indispensables pour que les élèves puissent apprendre et se transformer ? Autant d'interrogations qui placent au centre la question du sens (signification attribuée par le sujet de façon consciente et inconsciente aux pratiques), élément déterminant pour l'appropriation réelle de savoirs scolaires. »
Le rapport positif à l'activité en lien avec l'identité professionnelle "désigne [...]chez Chantal Nicole-Drancourt, le fait de vouloir continuer à avoir un emploi, de refuser tout modèle alternatif (femme au foyer chez les femmes, c'est moins clair chez les hommes) et de lier sa réalisation personnelle à son activité professionnelle" selon Claude Dubar dans L'insertion comme articulation temporelle du biographique et du structurel, article paru dans la Revue française de sociologie (Année 1994 Volume 35 Numéro 2 pp. 283-291). La chercheuse Chantal Nicole-Drancourt aurait développé sa réflexion sur le rapport positif à l'activité dans l'ouvrage Le labyrinthe de l'insertion (1991).
Pour approfondir votre réflexion sur ces thèmes dans le cadre de votre cursus en sciences de l’éducation :
- Parcours professionnels : des métiers pour autrui entre contraintes et plaisir / Annette Gonnin-Bolo (2007). Résumé : « Les systèmes professionnels se sont profondément transformés depuis les années 80. A partir de vingt-cinq entretiens avec des enseignants, travailleurs sociaux, formateurs, animateurs, éducateurs, pris dans les contradictions, contraintes et paradoxes de leur travail, cet ouvrage tente de comprendre comment ils donnent sens à leurs parcours. Les personnes interrogées appartiennent à la catégorie des professions intermédiaires et spécialement de celles qui pratiquent un travail pour ou sur autrui. Face à des injonctions contradictoires de la part des institutions et des organisations, à des modèles professionnels qui évoluent, à une impossibilité de se projeter réellement dans l'avenir, elles intériorisent leurs difficultés et y répondent par de l'angoisse et de la souffrance, due à la non-reconnaissance sociale de leur travail et parfois de leur identité. Livrant leurs réponses, stratégies individuelles, espoirs, elles expliquent comment elles trouvent du plaisir dans l'exercice de leur activité, au quotidien et dans l'estime de leurs proches. Identité pour soi valorisée, épicurisme entre plaisir et sagesse, telles sont les hypothèses de nouveaux rapports au travail et de constructions de soi qui émergent de ces témoignages. »
- Le café pédagogique, site rassemblant « toute l’actualité pédagogique sur internet »
Bonne journée
Dans le cadre de votre licence en sciences de l’éducation, vous cherchez à comprendre 3 concepts relatifs aux pratiques et aux identités professionnelles à l’université. N'étant pas spécialistes du sujet, nous pouvons vous indiquer différentes pistes pour cerner ces concepts.
L’ouvrage de Françoise Raynal et Alain Rieunier Pédagogie, dictionnaire des concepts clés : apprentissage, formation, psychologie cognitive (2012) propose une définition synthétique de l’agentivité :
« Dans la théorie sociocognitive de Bandura (Auto-efficacité : le sentiment d'efficacité personnelle / Albert Bandura, 2012), capacité que l’individu possède d’être un agent pouvant mobiliser des moyens pour produire des performances.
Le concept d’agentivité ou plutôt d’état argentique a été utilisé par Milgram (1974) dans l’expérience célèbre de la soumission à l’autorité (voir Influence sociale) pour décrire « l’état d’appréciation dans lequel le sujet ne se percevait pas comme agissant de manière autonome mais comme simple agent de l’autorité. Il déléguerait sa responsabilité et les considérations morales ne serviraient plus de guide à son comportement comme dans les situations où les comportements qu’ils auraient à produire ne seraient pas exigés par une autorité mais sous la responsabilité du sujet lui-même » (Psychologie de la manipulation et de la soumission / Nicolas Guéguen, 2014).
L’agentivité correspond donc à la manière dont l’individu se sent ou non responsable de ce qu’il fait en fonction du degré de liberté qui préside à la prise de décision.
Si on veut développer l’autonomie, il faut que l’individu se sente « agent » et non « sujet ». En conséquence, les pédagogiques de projet dans lesquelles l’individu a librement défini son projet les moyens de le mener à bien, ont sûrement beaucoup plus de chances de conduire à un individu véritablement autonome et responsable que les pédagogies plus traditionnelles.
Corrélats : acteur de sa formation / autonomie / influence sociale / pédagogie du projet / pédagogie traditionnelle / théorie sociocognitive (TSC). »
Une approche complémentaire de l’agentivité, reliant ce concept à la psychologie cognitive, est proposée par Elisabeth Pacherie dans son article « Neurosciences cognitives et agentivité » paru dans l’Encyclopedia Universalis accessible à distance pour les personnes abonnés à la Bibliothèque municipale de Lyon et sur place dans les bibliothèques du réseau de la BML. Voici l’introduction de cet article :
« L'agentivité renvoie à la conscience subjective que nous avons de causer volontairement nos actions, d'en contrôler le cours et d'en maîtriser les effets. Elle constitue ainsi une composante importante de la conscience de soi, jouant un rôle essentiel dans la compréhension que nous avons de nous-mêmes comme des agents actifs de notre propre vie et, comme tels, responsables de nos actes.
Depuis la fin des années 1990, de nombreux travaux en psychologie et neurosciences cognitives ont tenté d'élucider les processus qui sont à la source du phénomène d'agentivité et d'en identifier les bases neurales. Deux approches ont initialement été proposées pour rendre compte de ce phénomène : l'approche dite de la prédiction motrice – ou des comparateurs – et l’approche de la reconstruction cognitive. »
Autres sources traitant de l’agentivité :
« Bandura : une psychologie pour le XXIe siècle ? » / Carré Philippe, article paru dans la revue Savoirs, 2004/5 (Hors série), p. 9-50.
La volition et l’agentivité transformatrice : perspective théorique de l’activité / Yrjö Engeström et Annalisa Sannino, article paru dans la Revue internationale du CRIRES : innover dans la tradition de Vygotsky, [S.l.], v. 1, n. 1, p. 4-19, mai 2013.
D’après nos recherches, ce concept aurait été développé ou approfondi par la chercheuse Yvette Garnier-Moulin, dans le cadre de sa thèse Reconnaissance et éducation informelle. Etude à partir de la formation diplômante des assistantes familiales. Dans sa présentation sur le site de l’Université Paris 13, elle évoque ce concept : « Nous référant aux apports de la psychologie du développement et de la sociologie critique, nous montrons que toute expérience relationnelle de reconnaissance participe d’un processus formatif et normatif du développement identitaire de l’individu et de sa socialisation tout au long de la vie, prenant en compte à la fois ses possibilités d’autonomie et ses interdépendances. »
Ce concept est également évoqué dans ce document relatif à l’éducation tout au long de la vie.
Autre source le mentionnant en lien avec le thème de l’identité professionnelle : « Les adultes dans le processus de reconnaissance et de validation des acquis de l’expérience : quelles transitions et (trans)formations ? » / Cavaco Carmen, article paru dans la revue Pensée plurielle, 2016/1 (n° 41), p. 69-80.
Ce concept est évoqué dans le Dossier « Choix didactiques et pédagogiques » de la revue EP.S. n°309 parue en 2004 dans une partie consacrée à la fonction d’enseignant d’EPS : « Comment créer chez les élèves un rapport positif à l'activité ? Comment permettre à tous de s'engager dans une pratique signifiante, adaptée et continue ? En d'autres termes comment s'assurer de créer les conditions nécessaires et indispensables pour que les élèves puissent apprendre et se transformer ? Autant d'interrogations qui placent au centre la question du sens (signification attribuée par le sujet de façon consciente et inconsciente aux pratiques), élément déterminant pour l'appropriation réelle de savoirs scolaires. »
Le rapport positif à l'activité en lien avec l'identité professionnelle "désigne [...]chez Chantal Nicole-Drancourt, le fait de vouloir continuer à avoir un emploi, de refuser tout modèle alternatif (femme au foyer chez les femmes, c'est moins clair chez les hommes) et de lier sa réalisation personnelle à son activité professionnelle" selon Claude Dubar dans L'insertion comme articulation temporelle du biographique et du structurel, article paru dans la Revue française de sociologie (Année 1994 Volume 35 Numéro 2 pp. 283-291). La chercheuse Chantal Nicole-Drancourt aurait développé sa réflexion sur le rapport positif à l'activité dans l'ouvrage Le labyrinthe de l'insertion (1991).
Pour approfondir votre réflexion sur ces thèmes dans le cadre de votre cursus en sciences de l’éducation :
- Parcours professionnels : des métiers pour autrui entre contraintes et plaisir / Annette Gonnin-Bolo (2007). Résumé : « Les systèmes professionnels se sont profondément transformés depuis les années 80. A partir de vingt-cinq entretiens avec des enseignants, travailleurs sociaux, formateurs, animateurs, éducateurs, pris dans les contradictions, contraintes et paradoxes de leur travail, cet ouvrage tente de comprendre comment ils donnent sens à leurs parcours. Les personnes interrogées appartiennent à la catégorie des professions intermédiaires et spécialement de celles qui pratiquent un travail pour ou sur autrui. Face à des injonctions contradictoires de la part des institutions et des organisations, à des modèles professionnels qui évoluent, à une impossibilité de se projeter réellement dans l'avenir, elles intériorisent leurs difficultés et y répondent par de l'angoisse et de la souffrance, due à la non-reconnaissance sociale de leur travail et parfois de leur identité. Livrant leurs réponses, stratégies individuelles, espoirs, elles expliquent comment elles trouvent du plaisir dans l'exercice de leur activité, au quotidien et dans l'estime de leurs proches. Identité pour soi valorisée, épicurisme entre plaisir et sagesse, telles sont les hypothèses de nouveaux rapports au travail et de constructions de soi qui émergent de ces témoignages. »
- Le café pédagogique, site rassemblant « toute l’actualité pédagogique sur internet »
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