Question d'origine :
Le manuscrit Ashburham 1376 Cher Guichet, cette page de titre de manuscrit présente un titre d'ouvrage avec son auteur et une date (1556). Entre les deux, sur un papier collé en forme de cercle se trouvait autrefois un dessin qui renvoyait à l'auteur du livre, Gabriele Simeoni. Ce n'est que dans un second temps que la vignette a été arrachée pour laisser place virtuellement à "l'enseigne du libraire". Simeoni a pour habitude d'orner les pages de titre de ses manuscrits de présentation de ce type de dessin. Il fait de même dans les livres qu'il publie à compte d'auteur. J'ai donc deux questions : quel est le nom consacré pour ces marques d'auteur ornant les pages de titres de manuscrits et des livres imprimés ? Est-il possible qu'une "marque d'auteur" puisse aussi orner la page de titre d'un livre, commande de libraire et non pas livre publié à compte d'auteur ? Je vous remercie pour votre réponse toujours éclairante.
Réponse du Guichet
Bonjour,
Après confrontation des expériences des divers membres du Fonds ancien spécialisés dans les imprimés anciens, nous devons admettre, à notre connaissance et selon toute vraisemblance, qu'il n'existe pas de terme défini pour qualifier ce que vous appelez des "marques d'auteur".
Les illustrations autographes de Gabriele Simeoni figurant sur la page de titre de ses ouvrages imprimés "à compte d'auteur" semblent relever d'une pratique propre à cet auteur.
Il n'est pas en revanche le seul à orner ses manuscrits de dessins figurant en diverses positions (premier feuillet, dans le corps du texte, dans les marges...).
Dans le cas du manuscrit Ashburnham conservé à la Biblioteca Laurenziana de Florence, il semble à peu près certain que le dessin initial de Simeoni ait été gratté afin de ne pas faire concurrence à la future marque typographique du libraire, dont la présence souhaitée est précisée par l'annotation manuscrite L'enseigne du libraire.
Cette précision nous mène à votre deuxième question concernant l'illustration de la page de titre par une marque. Lorsque marque il y a, elle est toujours celle du libraire (c'est-à-dire l'éditeur commercial qui va vendre l'ouvrage) ou de l'imprimeur, ces deux fonctions étant souvent partagées par un même personnage.
Cette marque typographique est un repère commercial visant à identifier et promouvoir la production d'un artisan, qui reste avant tout un commerçant cherchant à écouler un stock. Il ne semble donc pas qu'il y ait de raison pour qu'il renonce, à l'instar de nos pratiques commerciales contemporaines, à une "griffe" qui demeure pour son public un signe de reconnaissance.
Lorsque c'est néanmoins le cas, la marque typographique est soi absente, soit remplacée par une illustration en rapport direct avec le sujet de l'ouvrage. Cet ornement est souvent un bois gravé représentant par exemple les armoiries de France ou celles d'un grand personnage pour des actes officiels.
Prenons l'exemple de l'imprimeur-libraire François Muguet (1630?-1702).
Une de ses marques personnelles est un bois gravé comportant son monogramme FM.
Tractatus evangelici. De summa Dei gloria in Christo..., 1664
Il lui arrive très fréquemment de remplacer cette marque par les armes de France pour la publication d'actes royaux, comme c'est le cas ci-dessous.
Edit du Roy portant attribution pour la petite voirie..., 1697
Dans ce cas, ces bois gravés sont fournis par le commanditaire ou façonnés à dessein mais nous ne connaissons pas d'exemples où ils seraient directement dus à la main de l'auteur de l'ouvrage.
Nous espérons avoir pu vous apporter quelque éclairage sur cette question.
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