La Revue Blanche
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 18/11/2017 à 16h34
2528 vues
Question d'origine :
Bonjour ! On se demandait : En quoi la Revue Blanche s’inscrit elle dans la vie littéraire et artistique de son époque ?
Merci d'avance !
Votre principe de question/ réponse sur votre site est super méga chouette ! Merci de cette initiative.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 20/11/2017 à 16h37
Bonjour,
Pour obtenir une réponse approfondie à votre question, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage de Paul-Henri Bourrelier, La Revue blanche : une génération dans l'engagement 1890-1905. En voici quelques extraits :
« A la sortie du lycée Condorcet, vers 1890, des jeunes gens, qui ne doutent de rien, forment la confrérie des peintres nabis, le Cercle des Escholiers et la Maison de l’Œuvre, insufflent un second souffle au symbolisme littéraire, inventent l’humour moderne et constituent des réseaux libertaires. Sept ans plus tard, cette génération affronte le déferlement antisémite de l’affaire Dreyfus et s’indigne des premiers massacres de l’époque contemporaine : c’est pour elle une épreuve initiatique. Revenue à la vie débridée de la Belle Epoque, elle reprend ensuite son cycle d’éducation culturelle et politique qui s’achève en 1905, année de transmission du relais à la génération suivante.
Un essaim de « petites revues » constitue le ferment de cette période étonnamment inventive, fondatrice de notre modernité.
Entre toutes, la Revue Blanche s’identifie à l’avant-garde de sa génération, ralliant ses personnalités en germe qui, écrira Gide, lui devront toutes « un large tribut de reconnaissance » . Précédée, deux ans durant, par une publication belge, elle est lancée en octobre 1891. En reprenant l’héritage de plusieurs périodiques et en s’adjoignant un hebdomadaire, Le Cri de Paris, elle devient en quelques années, le fer de lance des artistes et « intellectuels » qui se refusent à séparer la culture de la politique . Imprégnée des Lumières et fille de la Révolution, elle observe lucidement une mondialisation qui recèle des dérives autoritaires et les expressions du Mal. Elle cesse de paraître en 1903, prolongée par quelques opérations éditoriales, dont L’Humanité dans sa première année, n’est pas la moindre incarnation.
Observatoire, laboratoire d’essai, centre d’impulsion, la Revue Blanche a combattu sur de nombreux fronts. Avec une audace qui compensait la modicité de ses moyens, elle s’est proclamée libérale et cosmopolite, n’a pas craint de provoquer les esprits chauvins, le nationalisme et le colonialisme, ni de promouvoir de nouvelles valeurs esthétiques et un changement de société, la Paix. Témoignant d’un rare équilibre, elle n’a pas cessé d’être en même temps un foyer de fête et de création ludique. »
(Avant-propos)
« La Revue blanche, dont l'aventure n'a guère duré plus de dix ans, a joué en France un rôle-charnière essentiel.La plupart des écrivains, peintres, musiciens, hommes politiques, intellectuels les plus marquants de la fin du XIXe et du début du XXe siècle y ont collaboré ou l'ont côtoyée. Créée, financée et dirigée par les trois frères Natanson, jeunes Juifs polonais, avec la complicité enthousiaste de leurs condisciples du lycée Condorcet, La Revue blanche devient vite un lieu de débat sur tous les sujets qui agitent la France. Elle mène des combats politiques sous l'impulsion d'anarchistes comme Fénéon, Mirbeau ; de socialistes, tels Blum, G. Moch, Péguy ; de dreyfusards et de fondateurs de la Ligue des droits de l'homme, comme Reinach et Pressensé. En témoignent ses campagnes dénonçant le génocide arménien, les dérives coloniales, la barbarie des interventions, européenne en Chine, anglaise en Afrique du Sud, et la diffusion des pamphlets de Tolstoï, Thoreau, Nietzsche, Stirner… Elle promeut les peintres nabis, les néo-impressionnistes et l'Art nouveau, anticipe le fauvisme, le futurisme et les arts premiers. Toulouse-Lautrec, Bonnard, Vuillard, Vallotton, Hermann-Paul, Cappiello illustrent les articles de la revue et les ouvrages publiés par ses Éditions. Après avoir soutenu fidèlement Mallarmé, La Revue blanche accueille Proust, Gide, Claudel, Jarry, Apollinaire qui y débutent , tandis qu'elle édite une nouvelle traduction des Mille et une nuits et Quo vadis ?, le premier best-seller du siècle. Elle salue l'innovation dramatique avec Antoine et Lugné-Poe, Ibsen, Strindberg et Tchékhov, sans oublier le triomphe de l'école française de musique avec Debussy. Humour et esprit de fête, liberté, engagement et créativité, pacifisme, laïcité, mondialisation sont les valeurs promues par cette génération emportée dans le sillage de La Revue blanche. »
(résumé de quatrième de couverture)
Parmi les collaborateurs de la revue, on croise donc les noms Blum, Jarry, Apollinaire, Debussy, Gide, Mallarmé, Renard, Verlaine, Claudel, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Tolstoï, Twain, Austen, Nietzsche, Wagner, Tchekhov, Dostoïevski…
Voici en outre ce que nous lisons dans L’Histoire par l’image :
«Le rayonnement de La Revue blanche
Très étroitement lié aux peintres nabis, le cercle fondateur de La Revue blanche contribue fortement à valoriser leur art. Ce soutien passe par les textes critiques de Thadée Natanson et par la diffusion des œuvres. De 1893 à 1895, chaque numéro présente en frontispice une estampe originale ; des expositions sont organisées, et des affiches commandées à Bonnard ou à Toulouse-Lautrec. Vallotton occupe une place privilégiée avec la reproduction de ses bois gravés dans plus de soixante livraisons. La revue offre ainsi une visibilité non négligeable à ces peintres qui évoluent hors des milieux officiels. Elle prend également parti en faveur de l’Art nouveau et joue un rôle de mécène quand elle commande l’aménagement de ses bureaux à Henry Van de Velde en 1900. La finesse de ses choix en matière littéraire et théâtrale contribue également à son rayonnement, grâce à la participation critique d’André Gide, de Gustave Kahn, d’Alfred Jarry et à la publication de textes de Verlaine, de Jules Laforgue ou de Mallarmé.
Enfin,La Revue blanche se distingue par ses tendances anarchistes à travers son secrétaire de rédaction, Félix Fénéon, et par son engagement politique en faveur de Dreyfus. Ses prises de positions lui vaudront d’ailleurs de tirer, à son apogée, jusqu’à 10 000 exemplaires, chiffre considérable pour une revue d’avant-garde. »
Pour aller plus loin :
- "La Revue blanche" : tout l'esprit d'une époque, lemonde.fr
- Une esthétique de la rue. La Revue blanche au cœur de la ville, Dessy, Clément, Romantisme, vol. 171, no. 1, 2016, pp. 74-88.
- La Revue blanche et les Nabis. Une esthétique de la fragmentation, Clément Dessy, TRANS, 8 | 2009
Bonne journée.
Pour obtenir une réponse approfondie à votre question, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage de Paul-Henri Bourrelier, La Revue blanche : une génération dans l'engagement 1890-1905. En voici quelques extraits :
« A la sortie du lycée Condorcet, vers 1890, des jeunes gens, qui ne doutent de rien, forment la confrérie des peintres nabis, le Cercle des Escholiers et la Maison de l’Œuvre, insufflent un second souffle au symbolisme littéraire, inventent l’humour moderne et constituent des réseaux libertaires. Sept ans plus tard, cette génération affronte le déferlement antisémite de l’affaire Dreyfus et s’indigne des premiers massacres de l’époque contemporaine : c’est pour elle une épreuve initiatique. Revenue à la vie débridée de la Belle Epoque, elle reprend ensuite son cycle d’éducation culturelle et politique qui s’achève en 1905, année de transmission du relais à la génération suivante.
Un essaim de « petites revues » constitue le ferment de cette période étonnamment inventive, fondatrice de notre modernité.
Observatoire, laboratoire d’essai, centre d’impulsion, la Revue Blanche a combattu sur de nombreux fronts. Avec une audace qui compensait la modicité de ses moyens, elle s’est proclamée libérale et cosmopolite, n’a pas craint de provoquer les esprits chauvins, le nationalisme et le colonialisme, ni de promouvoir de nouvelles valeurs esthétiques et un changement de société, la Paix. Témoignant d’un rare équilibre, elle n’a pas cessé d’être en même temps un foyer de fête et de création ludique. »
(Avant-propos)
« La Revue blanche, dont l'aventure n'a guère duré plus de dix ans, a joué en France un rôle-charnière essentiel.
(résumé de quatrième de couverture)
Parmi les collaborateurs de la revue, on croise donc les noms Blum, Jarry, Apollinaire, Debussy, Gide, Mallarmé, Renard, Verlaine, Claudel, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Tolstoï, Twain, Austen, Nietzsche, Wagner, Tchekhov, Dostoïevski…
Voici en outre ce que nous lisons dans L’Histoire par l’image :
«
Enfin,
- "La Revue blanche" : tout l'esprit d'une époque, lemonde.fr
- Une esthétique de la rue. La Revue blanche au cœur de la ville, Dessy, Clément, Romantisme, vol. 171, no. 1, 2016, pp. 74-88.
- La Revue blanche et les Nabis. Une esthétique de la fragmentation, Clément Dessy, TRANS, 8 | 2009
Bonne journée.
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