Question d'origine :
S.V.P.
Quelles sont les causes, et le processus -signes et manifestations physiologiques chronologiques-, qui peuvent amener jusqu'à la mort par épuisement, principalement physique ?
Mis à part le cerveau et le coeur -organes naturellement et heureusement protégés en priorité -, quels sont les organes ou appareils qui souffrent en premier; car je ne pense pas que seul l'appareil musculaire, aussi défaillant soit il, puisse seul amener jusqu'à la mort ? merci.
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 18/11/2017 à 10h55
Bonjour,
Vous vous interrogez sur les causes et processus physiques qui mènent à la mort. Effectivement, la mort est principalement provoquée par des lésions sur les organes vitaux : le cerveau, le coeur, les reins, le foie et les poumons. Mais l’être humain ne meurt pas « d’un seul coup ». Les organes s’épuisent à des vitesses et à des moments différents avant leur arrêt définitif. Quand le décès devient imminent, une redistribution de la circulation sanguine s’opère en faveur des organes vitaux internes et du cerveau. Simultanément, une chute de la tension artérielle affecte en particulier la capacité fonctionnelle des reins. La mort proprement dite représente un effondrement de l’activité coordonnée des organes vitaux dont la fonction principale est d’alimenter le cerveau en glucose et en oxygène. Le signe extérieur de cet effondrement est l’arrêt de l’activité respiratoire et cardiaque. C'est pour cette raison que les médecins déclarent souvent un décès par arrêt cardio-respiratoire. Hélas, peu d'études sont faites sur ses décès naturels. Les médecins sont parfois eux-mêmes surpris de la façon dont leurs patients meurent. Enfin, le milieu médical est "poussé" à essayer de combattre la mort de l'organisme au lieu de l'accompagner, de l'accepter et de s'y préparer. D'où une surmédicalisation des derniers instants, parfois contre la volonté des patients. A lire, l'excellent ouvrage sur La fin de vie de Gian Domenico Borasio qui approfondit très bien le sujet.
Ci-dessous, des extraits de documents consultés :
« Pourquoi mourons-nous ? » s’interroge Clara (13 ans)
Réponse d’un docteur sur Rts.ch :
"Notre corps fonctionne comme une mécanique, par exemple comme une voiture, en ce sens qu'il est constitué d'une multitude d'organes qui dépendent les uns des autres. A cette différence près que nos organes doivent fonctionner 24h sur 24, 7 jours sur 7. Si un seul de nos organes cesse de fonctionner normalement, cela met en péril notre santé ou notre vie.
Tout mécanisme s'use avec les années et, en général, la mort provient d'une défaillance d'un organe vital (cerveau, coeur, poumons, foie, etc.)
Toutefois, notre corps possède, jusqu'à un certain point, la propriété de "s'auto-réparer". Mais, hélas, même cette merveilleuse ressource finit elle-même par se fatiguer.
Y aurait-il un intérêt à être immortel? Sur le plan de l'évolution darwinienne, il semblerait que non. Tout d'abord, une espèce immortelle accroîtrait sa population indéfiniment et elle finirait par manquer de moyens de subsistance, car elle atteindrait à un certain moment les limites des ressources de son milieu vital.
De plus, la disparition des individus les plus âgés et leur remplacement progressif par des plus jeunes semble présenter des avantages, sous la forme d'une meilleure adaptabilité au milieu. Si les vieux ont de l'expérience, les jeunes sont, quant à eux, infiniment plus adaptables, voire créatifs, et il semblerait que ces deux qualités confèrent plus d'avantages que la première."
Un extrait d'un livre de Gian Domenico Borasio, précise :
"La mort est aussi l’aboutissement de processus biologiques que l’on commence à comprendre ou que l’on redécouvre depuis peu. Fait révélateur, la mort naturelle n’est pas mentionnée dans la classification internationale des maladies (CIM-10). Quand une personne meurt, il faut apparemment que ce soit d’une maladie. Mourir « de vieillesse », comme on disait autrefois, n’est pas dans le radar de la médecine contemporaine. Il n’est donc pas étonnant que les médecins se sentent obligés d’intervenir en permanence dans le déroulement du décès de leurs patients : ils ne savent pas – leur formation ne les y a pas préparés – qu’il existe un processus de mort naturelle : il se prépare, se reconnaît et s’accompagne ; et dans l’idéal il ne faudrait jamais le perturber.
[…]
Malheureusement la mort a aussi fait l’objet d’une médicalisation croissante durant la deuxième moitié du 20e siècle. Les succès époustouflants de la chirurgie et des soins intensifs ont fait naître un sentiment de toute-puissance dans le corps médical. Si bien que la mort finit par être considérée comme une ennemie et son arrivée est ressentie comme un échec, voire une vexation narcissique."
Dans un autre livre du même auteur, La fin de vie : ce que l'on sait, ce que l'on peut faire, comment s'y préparer, sont détaillés les différentes façons de mourir : la mort cellulaire, la mort des organes, la mort de l’organisme, la mort cardio-vasculaire, pulmonaire, hépatique…
Concernant la mort de l’organisme, l’auteur écrit :
"La cause immédiate de la mort la plus souvent indiquée sur les certificats de décès est l’arrêt cardio-respiratoire, c’est-à-dire l’arrêt de la fonction cardiaque et de la circulation sanguine. Or, dans la plupart des cas, l’arrêt cardio-respiratoire n’est pas la cause du décès mais seulement un signe visible de celui-ci. Cette méprise reflète notre ignorance. Qu’est-ce qui provoque vraiment la mort d’un organisme ? Quand survient-elle exactement ? Les études sont rares. Elles seraient pourtant très utiles, car les médecins sont souvent les premiers surpris par le déroulement du décès de leurs patients. [L’auteur indique des témoignages de médecins]
[…]
Nous savons avec certitude que l’être humain ne meurt pas « d’un seul coup ». Les organes s’épuisent à des vitesses et à des moments différents avant leur arrêt définitif. Quand le décès devient imminent, une redistribution de la circulation sanguine s’opère en faveur des organes vitaux internes et du cerveau. Simultanément, une chute de la tension artérielle affecte en particulier la capacité fonctionnelle des reins. La mort proprement dite représente un effondrement de l’activité coordonnée des organes vitaux dont la fonction principale est d’alimenter le cerveau en glucose et en oxygène. Le signe extérieur de cet effondrement est l’arrêt de l’activité respiratoire et cardiaque.
En principe, la perte de la capacité fonctionnelle de chaque organe vital peut entraîner la mort. Sont concernés le cœur, les poumons, le foie, les reins et le cerveau. Tous les processus qui mènent au décès découlent d’une lésion directe ou indirecte de plusieurs de ces organes vitaux."
Le site de la police scientifique vient corroborer :
"La mort naturelle :
La mort est dite naturelle quand elle résulte d’un état pathologique ou physiologique connu ou non. La mort est naturelle uniquement si la mort violente (violence physique ou intoxication aigue) peut être écartée.
Contrairement aux idées reçues, la mort naturelle peut avoir des implications judiciaires importantes et donc potentiellement intéresser l’autorité judiciaire et le médecin légiste. En effet, la mort naturelle pourrait très bien être accompagnée d’une non assistance à personne en danger (Art. 223-6 du Code Pénal) ou survenir dans un contexte de faute médicale (Art 221-6 du Code Pénal). La mort naturelle peut également survenir après des actes de violences (coup, accident de la route etc.) et pourra être qualifiée en violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner (Art 222-7 de Code Pénal).
Dans un contexte médico-légal, la plupart des morts naturelles sont d’origine cardiaque et par conséquent intimement liées à la mort subite :
• Athérosclérose des artères coronaires
• Cardiomyopathies
• Myocardites etc.
En dehors des causes cardiaques, le décès peut survenir par :
• Rupture d’anévrisme
• Embolie pulmonaire
• Accident vasculaire cérébral (AVC)
• Pneumopathie
• Hémorragie digestive
• Trouble métabolique du diabète
• Cancers "
Cordialement,
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