17e convoi de colons 1849 - les lyonnais
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 11/11/2017 à 00h38
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Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche des informations sur les lyonnais, qui faisant partie du 17e convoi de colons, sont partis pour l'Algérie le 28 mars 1849.
Existe-t-il des délibérations du Conseil Municipal de Lyon à ce propos, une liste des 200 personnes parties de Lyon, ou autre...?
merci beaucoup pour votre aide
Cordialement
réponse attendue le 16/11/2017 à 01:38
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 14/11/2017 à 15h44
Bonjour,
La collection du Bulletin municipal de Lyon conservé par la bibliothèque débute en 1882.
Nos recherches dans le Salut Public, nous ont permis de mettre au jour les informations suivantes concernant vos recherches :
C'est dans le Moniteur Algérien que vous aurez le plus de chance de trouver ce genre d'information. Il existe une collection de ce titre à la BNF (voir leur catalogue). Un extrait de ce journal est cité dans un article du Salut Public daté du 18 janvier 1849 ; il concerne malheureusement le 16ème convoi:
Le paquebot de la compagnie Bazin-Pérîer le Pharamond, capitaine Aubert, entré hier matin à Marseille, nous apporte le courrier d'Afrique du 10 janvier.
Les journaux de cette date ne contiennent rien d'important.
Le Moniteur algérien publie les renseignements suivants sur le dernier convoi de colons envoyés à Bone :
« Le 16* convoi d'émigrants parisiens est arrivé à Bone le 30 décembre dernier, à neuf heures du matin. Ce convoi, qui représente une population de 225 concessionnaires, se compose de 574 hommes et femmes, 234 enfants au-dessus de 12 ans, et 32 au-dessous de 2 ans. Le débarquement s'est fait avec facilité; les colons ont été placés dans les casernes, où tout avait été préparé pour les recevoir. L'insuffisance du matériel de transport, dont une partie était déjà employée au transport des matériaux, n'a pas permis le débarquement immédiat des bagages. Le personnel même n'a été dirigé que successivement de Bone sur Guelma. Les colons seront répartis en deux centres, sur le territoire auquel on a donné le nom de Millesimo. On est content de leur docilité et de la reconnaissance qu'ils témoignent pour les soins dont ils sont l'objet.
« La situation des colonies antérieurement fondées est satisfaisante. A Robertville, 110 familles sont logées dans les baraques, et déjà un certain nombre de maisons définitives ont leurs maçonneries commencées. 509 sacs de blé et 166 d'orge ont été semés. Les colons ont mis eux-mêmes en terre les pommes de terre qui leur ont été distribuées. Gastonville achevé ses baraquements. Les terres sont ensemencés; les colons font leurs défrichements et ont aussi semé leurs pommes de terre. Jemmapes a été retardé par le manque de moyens de transports. Les colons y ont été dirigés par petites troupes et à dos de mulets; Les 11e et 14e convois sont complètement installés dans les centres de Mondovi, Heliopolis et Gnelma. Les baraquements sont à peu près terminés sur tous ces points. On manque de renseignements précis sur les cultures. L'état sanitaire est satisfaisant.
Le nombre de colons lyonnais dans le 17e convoi s'élevait à 139 personnes, comme nous l’apprend le Salut Public du 19 mars 1849 :
Une commission prise dans le sein du conseil municipal de Lyon, a procédé à la désignation des 139 colons lyonnais qui doivent faire partie du prochain convoi dirigé su-Algérie. Cette commission s'est inspirée «es motifs les plus sages et les plus justes pour établir ses préférences ; elle a tenu compte de la position pécuniaire des solliciteurs, du nombre et de l'âge de leurs enfants, de leur aptitude à la vie nouvelle qu'ils vaut embrasser, et ses choix sont aussi irréprochables que possible.
Néanmoins, parmi ceux qui n'auront pas été admis, il y aura sans doute des réclamations; déjà quelques plaintes se sont élevées, mais de ce que des désirs ont été froissés et des espérances trompées, il ne s'ensuit pas que ce soit la faute de personne. La ville de Lyon ne devait fournir que 139 colons et il s'en présentait plus de 1,000. Il y a donc 861 mécontents ; cela était inévitable, mais nous le répétons, afin d'aller au-devant de toute récrimination, la commission municipale a rempli son devoir avec conscience et impartialité.
le 17eme convoi a été embarqué de Marseille sur l'Infernal, une frégate à vapeur (Salut Public du 02 avril 1849)
Le dernier convoi de colons algériens, parmi lesquels se trouvent des Lyonnais, est arrivé à Marseille le 50. Nos compatriotes étaient en bonne santé; ils ont été embarqués sur la frégate à vapeur l’Infernal, qui doit les transporter en Algérie.
Les colons lyonnais ont été dispersés sur trois villages : Millésimo 1 et 2, et Leopolis nous apprend un article du 18 septembre 1849 :
Nous avons sous les yeux une lettre d'un colon lyonnais dont nous extrayons quelques renseignements qui sont une réponse péremptoire aux déclamations mensongères qu'ont répandues à leur retour quelques colons parisiens. Ces émigrants qui n'allaient pas chercher en Algérie du travail, mais un Eldorado, n'ont vu qu'un avenir sombre dès qu'il a fallu mettre la main à l'œuvre, et, soit pour cela, soit parce que leur conduite avait nécessité leur renvoi, ils ne trouvent rien de mieux à faire que de justifier leur retour par des paroles injustes et calomnieuses.
Celui qui se comporte bien dans les villages colonisés, jouit de tout autant de liberté qu'en France. Quant à la nourriture, dont nous trouvons rémunération dans la lettre précitée, elle ne laisse rien à désirer. Rien n'est encore réglé ni ordonné en ce qui concerne le travail. Les travaux de culture ne sont pas très avancés, parce que les colons sont arrivés trop tard pour les exécuter ; mais les jardins sont déjà ensemencés ; on a même fait quelques récoltes. Chaque famille a reçu deux hectares de terrain, et l'on en accordera davantage à ceux qui voudront en cultiver une plus grande quantité. Les premiers travaux ont été ceux du jardinage; puis on a fauché les foins chacun pour soi. Ceux qui ont fauché pour la commune ont été payés à raison de 7 fr. le mille. Après cela est venue la moisson. Les hommes ont été divisés pour le travail, par brigade de six ou huit. Le paiement était de 30 fr. l'hectare et d'un litre de vin par jour. Quant au paiement, le gouvernement se charge de tout. On commence à prélever le grain pour la semence de la prochaine année. Le reste est vendu, et lorsque les journées qui ont été payées aux colons et les frais de transport (tout cela est considéré comme avance) ont été retenus, le surplus de la vente est partagé entre tous les colons.
Des baraques en planches servent de logement, en attendant que des maisons eu pierre soient construites (plusieurs le sont déjà) ; mais ces constructions ne vont pas très vite, parce que les ouvriers en bâtiments manquent, les maçons principalement, qui gagnent 5 et 6 frs. par jour, et qui peuvent se faire une journée plus forte lorsqu'ils sont à la tâche.
Les mineurs, tuiliers et chaufourniers arrivent aussi à une bonne journée ; mais les menuisiers, qui abondent dans tous les centres, ne sont pas aussi pressés de travail. Toute la serrurerie vient de France. Les ouvriers d'autres états qui ne trouvent pas d'emploi pour leur spécialité sont occupés comme manœuvres à 2 fr. ou 2 fr. 50 c. par jour. Le gouvernement fait l'avance de la chaussure et du linge, et tout cela est remboursé à mesure que les colons réalisent quelques bénéfices.
La personne qui envoie les renseignements que nous consultons, dit qu'il n'y a pas eu de malades jusqu'à la fin du mois de juillet. Depuis cette époque, quelques fièvres sont survenues, mais elles sont de courte dorée et peu dangereuses.
Un conseil est encore donné à ceux qui voudraient émigrer : c'est d'emporter de France tout ce qu'ils peuvent. Le moindre objet est utile, tout ustensile trouve sa place on son emploi, car tout se vend assez cher. Il n'y a que la laine non filée qui soit à bas prix.
Nous avons voulu reproduire tous ces détails sans les embellir comme sans les présenter sous un jour défavorable. Avec leur entière exactitude, il en ressort que les ouvriers sérieux qui ont été envoyés en Afrique comme colons, sont certains, avec du travail, de s'y faire une position aisée et indépendante. Nous ne nions pas que les commencements soient rudes, et la doit résulter nécessairement du changement de climat et surtout d'habitudes. Mais soutenus et aidés par le gouvernement, les colons honnêtes et laborieux ne peuvent manquer de recueillir un fruit abondant des épreuves difficiles qu'ils auront eues à traverser.
Les colons qui sont partis de Lyon ont été dispersés sur trois villages : Millésimo 1 et 2, et Leopolis. C'est dans une lettre datée de Millésimo 1 que nous avons puisés les détails que nous publions.
(un autre article du même journal orthographie le nom de ces villes différemment - Salut Public du 09 avril 1849 )
Les familles de ceux de nos concitoyens qui ont fait partie du dernier convoi de colons pour l'Algérie, doivent être impatientes d'avoir de leurs nouvelles ; aussi, regrettons-nous d'avoir été obligés de retarder d'un jour la publication de la note que nous a envoyée la mairie de Lyon. Il résulte de la lettre écrite à M. le maire, par M. Renaux-Segers, que les colons lyonnais, partis le 28 mars, sont arrivés le 29 à Marseille , ont quitté cette dernière ville le 31, et ont débarqué à Bone le 3 avril au matin, après une traversée de 61 heures.
Aucun d'eux n'a eu à souffrir des fatigues du voyage. Le 4 avril ils sont partis de Bone pour être dirigés sur divers points ; quelques-uns sont envoyés à Mondovi, à 4 lieues de Bone ; les autres ne seront pas séparés, et se rendront tous ensemble à Guelma, à Mdésino et à Héliopolis , trois villages distants d'une heure au plus les uns des autres, et situés dans la partie la plus fertile et la plus saine de la province de Constanline , à 61 kilomètres de Bone. Dans l'attention qu'on a eue de disséminer le moins possible nos émigrants parmi les centres agricoles éloignés les uns des autres, nous aimons à voir encore un effet de la sollicitude déployée à leur égard par nos autorités; car, sans nul doute, elles auront fait des démarches, afin d'assurer à nos compatriotes l'avantage, si grand loin de son pays, de pouvoir communiquer avec des amis et des connaissances.
D'autre part, des articles pourraient également vous intéresser, qui décrivent bien les conditions d'installations de ces colons (Le Courrier de Lyon par exemple, daté du 19 novembre 1849) :
A propos de la note dans laquelle nous annoncions avant-hier le retour en France d'un assez grand nombre de colons algériens, nous avons reçu quelques observations, desquelles il résulte que le découragement qui a pu se manifester parmi les émigrants, sans parler encore de ceux qui n'avaient voulu faire qu'une promenade aux frais de l'Etat, doit être attribué pour une part notable à la circonstance vraiment exceptionnelle de la température.
Effectivement, cette année, la chaleur a été telle en Algérie, qu'on n'en avait pas éprouvé de semblable depuis bien des années, ce qui a déterminé de nombreuses maladies dont la terminaison a été fatale pour beaucoup de colons, parmi lesquels nous pourrions malheureusement citer plusieurs de nos concitoyens qui avaient obtenu de faire partie du convoi spécial du mois de mars dernier. Ces maladies ont surtout frappé les enfants en bas âge, ce qui est venu tristement justifier les exclusions qu'avait cru devoir prescrire la commission lyonnaise, contre laquelle, à l'époque, s'élevèrent à ce propos des récriminations bien irréfléchies. Les fièvres pernicieuses auxquelles n'ont point échappé les Arabes eux-mêmes, ne sont survenues qu'au mois de juillet ; car, jusqu'alors, l'état sanitaire avait été des plus satisfaisants, ce qui explique le contentement véritable qui se reflétait dans les lettres des émigrants sérieux.
Parmi les centres agricoles où avaient été répartis les Lyonnais, il paraît que le village de Millesimo n°2 a été le plus cruellement éprouvé par les fièvres, après le rude labeur des moissons et des fauchaisons, sous une température de 50 à 55 degrés. Du reste, un fait consolant, c'est que la maladie a été combattue par tous les moyens possibles, ainsi que le reconnaissent les hommes de bonne foi, à en juger par une lettre récente où se trouvent ces mots : « il n'est sorte de soins dont le gouvernement ne nous entoure. »
Le Salut Public et le Courrier de Lyon sont consultables en version numérique dans la salle de lecture de la documentation régionale à la bibliothèque de la Part-Dieu.
Nous vous invitons à orienter vos recherches auprès des archives municipales de Lyon pour accéder au compte rendu des délibérations du conseil municipal.
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