Question d'origine :
Bonjour, je me demandais pourquoi la noblesse utilisait de la poudre pour blanchir le visage sous l'Ancien Régime. Je trouve des différentes explications mais je n'arrive pas à trouver une réponse définitive. Merci!
Réponse attendue le 05/11/2017 - 14:06
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 02/11/2017 à 17h00
Bonjour,
Si l’on en croit Catherine Lanoë qui a beaucoup écrit sur la question, en plus d’être esthétique, l’attrait pour la blancheur résulte d’une logique socio-culturelle au sein de l’aristocratie. Dans La Poudre et le Fard, Une histoire des cosmétiques de la renaissance aux lumières, (voir pp. 28-48), elle écrit : « dès le XVIe et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la quête de la blancheur s’impose en France à la manière d’une véritable tyrannie, car l’albâtre de la peau constitue le fondement même de la beauté, son origine et son principe. […] Par leur blancheur, les aristocrates entendent se distinguer des ordres subalternes voués à offrir leur visage au soleil et aux intempéries, susceptibles d’altérer leur carnation. Les symboles du christianisme participent de la construction de ces images. Le blanc n’est pas seulement une couleur, mais il s’affirme aussi comme une valeur. A la confluence entre registre physique et registre moral, l’albâtre du visage est regardé comme le signe de la pureté, de la netteté de l’âme ».
Dans cet article intitulé Céruse et cosmétiques sous l’Ancien Régime, XVIe-XVIIIe siècles, elle écrit également à ce propos : « Sous le règne de Catherine de Médicis, le modèle de la société de cour s’installe en France et, avec lui, s’introduit l’usage des fards, blanc et rouge. […]Dans le cadre de la cour, le blanc du visage est de la même nature que le blanc du vêtement : il témoigne de la distinction de l’aristocrate. Grâce au maquillage, le visage devient donc « un instrument symbolique ». Depuis la cour, l’usage des fards se répand parmi l’aristocratie et la bourgeoisie parisienne. Au XVIIIe siècle, à la cour comme à la ville, la blancheur du teint reste une exigence et, bientôt, comme l’a écrit Philippe Perrot, le maquillage masque les conditions. A ces élites qui veulent conserver des signes distinctifs, les vertus retrouvées du naturel offrent un ultime recours : les fards se font plus discrets, la pâleur reste toutefois ».
Vous pouvez également consulter cet article du même auteur : L’invention de la peau. Les techniques de blanchiment du visage à l’époque moderne, XVIe-XVIIIe siècle
Pour le philosophe Dominique Paquet, « le blanc est destiné à provoquer un effet de statuaire et, souvenir du Moyen Age, à évoquer la virginité. Il donne l'illusion d'un visage pur, exempt de toutes taches, de toutes cicatrices, et il permet de dissimuler les rougeurs, les couperoses et les dermatoses provoquées par la nourriture très épicée et par les vins capiteux. Les précieuses se blanchissent et bannissent le hâle: lors des promenades, elles portent un masque qu'elles tiennent par un bouton entre les dents, ce qui d'ailleurs évite la conversation ». (source : L’Express)
Voir aussi : Maquillage et cosmétiques sous l’Ancien Régime
A propos de Catherine de Médicis, voir cette Histoire de la Beauté Féminine à travers les âges, Geneviève Leroy et Muguette Vivian, Acropole, pp 127-142.
Bonne lecture.
Si l’on en croit Catherine Lanoë qui a beaucoup écrit sur la question, en plus d’être esthétique, l’attrait pour la blancheur résulte d’une logique socio-culturelle au sein de l’aristocratie. Dans La Poudre et le Fard, Une histoire des cosmétiques de la renaissance aux lumières, (voir pp. 28-48), elle écrit : « dès le XVIe et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la quête de la blancheur s’impose en France à la manière d’une véritable tyrannie, car l’albâtre de la peau constitue le fondement même de la beauté, son origine et son principe. […] Par leur blancheur, les aristocrates entendent se distinguer des ordres subalternes voués à offrir leur visage au soleil et aux intempéries, susceptibles d’altérer leur carnation. Les symboles du christianisme participent de la construction de ces images. Le blanc n’est pas seulement une couleur, mais il s’affirme aussi comme une valeur. A la confluence entre registre physique et registre moral, l’albâtre du visage est regardé comme le signe de la pureté, de la netteté de l’âme ».
Dans cet article intitulé Céruse et cosmétiques sous l’Ancien Régime, XVIe-XVIIIe siècles, elle écrit également à ce propos : « Sous le règne de Catherine de Médicis, le modèle de la société de cour s’installe en France et, avec lui, s’introduit l’usage des fards, blanc et rouge. […]Dans le cadre de la cour, le blanc du visage est de la même nature que le blanc du vêtement : il témoigne de la distinction de l’aristocrate. Grâce au maquillage, le visage devient donc « un instrument symbolique ». Depuis la cour, l’usage des fards se répand parmi l’aristocratie et la bourgeoisie parisienne. Au XVIIIe siècle, à la cour comme à la ville, la blancheur du teint reste une exigence et, bientôt, comme l’a écrit Philippe Perrot, le maquillage masque les conditions. A ces élites qui veulent conserver des signes distinctifs, les vertus retrouvées du naturel offrent un ultime recours : les fards se font plus discrets, la pâleur reste toutefois ».
Vous pouvez également consulter cet article du même auteur : L’invention de la peau. Les techniques de blanchiment du visage à l’époque moderne, XVIe-XVIIIe siècle
Pour le philosophe Dominique Paquet, « le blanc est destiné à provoquer un effet de statuaire et, souvenir du Moyen Age, à évoquer la virginité. Il donne l'illusion d'un visage pur, exempt de toutes taches, de toutes cicatrices, et il permet de dissimuler les rougeurs, les couperoses et les dermatoses provoquées par la nourriture très épicée et par les vins capiteux. Les précieuses se blanchissent et bannissent le hâle: lors des promenades, elles portent un masque qu'elles tiennent par un bouton entre les dents, ce qui d'ailleurs évite la conversation ». (source : L’Express)
Voir aussi : Maquillage et cosmétiques sous l’Ancien Régime
A propos de Catherine de Médicis, voir cette Histoire de la Beauté Féminine à travers les âges, Geneviève Leroy et Muguette Vivian, Acropole, pp 127-142.
Bonne lecture.
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