Question d'origine :
Bonjour, Comment se fait il, qu'on ne mentionne pratiquement nulle part, dans les différents médias français, cet événement historique mondial que constitue le centenaire de la Révolution d'Octobre 1917 en Russie ?
Quoiqu'on puisse en penser pour la suite,cela constitue un événement majeur dans l'histoire de l'humanité, au, même titre que la Révolution Française, dont le bicentenaire a été célébré avec faste et éclat en 1989, en France et même ailleurs.A moins que cela soit du au décalage de date, et dans ce cas, on en parlera peut être davantage début novembre ...d'ailleurs, pourquoi ce décalage de date: révolution dite d'octobre en novembre, je n'ai jamais trés bien compris ?
Auriez vous connaissance de manifestations culturelles, expositions, conférences ou que sais je encore, relatifs à cet anniversaire, à Lyon, en France ou ailleurs ?Savez vous en particulier si la Russie de W.Poutine donnera un éclat particulier à ce centenaire dans quelques jours ? Sans doute une parade spéciale sur la Place rouge à Moscou ! En France, en tous les cas, pour l'instant c'est l'embargo total... étonnant tout de même ! merci.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/10/2017 à 12h54
Bonjour,
Si vous avez raison de souligner l’absence de grandes commémorations en Russie, il est faux, en revanche, de dire que le centenaire de la révolution d’Octobre n’a pas été relayé par les médias. De premières recherches sur Europresse vous permettront en effet de constater que tous les journaux ont abordé le sujet et soulevé d’ailleurs, la question du « devoir de mémoire » et donc aussi des commémorations vis-à-vis de cet évènement. Ces articles expliquent clairement pourquoi la Russie évite de « donner un éclat particulier » à cet anniversaire.
Ainsi, le 21 octobre 2017, Challenges reprend une nouvelle de l’AFP qui indique que « La Russie célèbre sans éclat le centenaire de la révolution d'Octobre, séisme politique majeur du XXe siècle, le Kremlin craignant par dessus tout de donner une image positive d'un changement de régime par la force.
La révolution "apporte toujours du sang, la mort, la destruction et des désastres" et les Russes connaissent "la valeur de la stabilité", a déclaré un responsable de la célébration du centenaire, Sergueï Narychikne, le directeur des services de renseignement extérieurs (SVR) et président de la Société russe d'histoire.
(…)
Alors que l'anniversaire de la Révolution était célébré en grande pompe à l'ère soviétique, avec un immense défilé militaire sur la Place Rouge le 7 novembre (25 octobre du calendrier julien en vigueur en 1917), le programme du centenaire se contente très modestement d'expositions et de colloques entre spécialistes .
Les rares commémorations impliquant le grand public seront pour les autorités l'occasion de mettre l'accent sur l'importance de l'unité nationale et de la réconciliation, en évitant d'évoquer les sujets sensibles.
Le comité créé pour les commémorations reflète la prudence du président Vladimir Poutine en la matière. Y siègent des personnalités indépendantes et critiques du pouvoir, des ministres et des responsables de l'Eglise orthodoxe, mais aucun membre du Parti communiste actuel ou représentant de la tendance monarchiste.
Plusieurs centaines de manifestations, conférences, tables rondes, expositions ou festivals sont prévus, qui évoqueront les événements "contradictoires" de 1917 selon le coprésident du comité, l'historien Anatoli Torkounov.
Sergueï Narychkine avait fixé en 2016 la ligne générale à suivre : cet anniversaire "n'est pas fait pour organiser des événements solennels ou pour être fêté", mais pour en "tirer des leçons". »
Toujours le 21 octobre, Libération consacre un article à « Octobre 1017. En Russie, l'impossible mémoire » :
« Cent ans après le renversement du tsarisme,les Russes entretiennent un rapport compliqué, fait de tabous et de théâtralisation, à la révolution qui a bouleversé leur histoire nationale et inauguré un siècle de régime communiste.
Une longue file piétine depuis le petit matin aux abords du mausolée de Lénine sur la place Rouge. En ce 22 avril 2017, jour anniversaire de la naissance du père de la révolution russe, un insolite cortège de retraités nostalgiques en bérets surannés munis d'oeillets rouges, jeunes enthousiastes à la mémoire courte ou touristes curieux, s'avance dans un silence solennel. Rappelant l'interminable serpentin de l'époque soviétique, quand la visite du sanctuaire communiste, étape obligatoire de tout visiteur de la capitale, était même inscrite au programme scolaire.
(…)
En 2017, les défilés aux couleurs communistes n'éveillent plus grand intérêt.Mais de février à octobre, en cette année de centenaire d'une révolution qui a bouleversé l'histoire russe et mondiale, ils auront été les seuls, ou presque, à revendiquer l'importance de l'anniversaire . N'ayant toujours pas repensé en profondeur et de manière critique leur douloureux XXe siècle, les Russes entretiennent un rapport tourmenté à 1917 .
Cent ans après la révolution bolchevique, un quart de siècle après la fin du régime communiste, le paysage physique et mental des Russes demeure saturé de vestiges de ces soixante-dix années qui ont vu l'avènement et la chute du seul empire qui, de toute l'histoire, n'aura pas eu de nom propre, mais pour intitulé un principe général et abstrait. Le PC n'est plus qu'une force politique secondaire et l'économie de marché a définitivement transformé la société russe, mais de Kaliningrad à Vladivostok, des statues de Lénine continuent de diriger le regard vers un avenir radieux, noyé dans la modernité capitaliste.
(…)
La Russie, pourtant friande d'anniversaires et de jubilés, n'était pas préparée à célébrer le centenaire. Ni le pouvoir, qui préside à la mémoire officielle, ni la société, qui porte la mémoire populaire, n'avaient tranché. Malgré les tentatives de divers conseillers de la présidence, députés de la Douma et fonctionnaires de l'Education nationale, il n'existe pas, à ce jour, de version officielle et encore moins de vision arrêtée, validée, plus ou moins consensuelle qui ferait histoire. Ni des événements pour ce qu'ils ont été ni des leçons qu'il faut en tirer.
Que faut-il commémorer au juste ? 1917, c'est aussi bien la mort brutale dans le sang d'un royaume dévot que la naissance laborieuse dans les larmes d'une puissance moderne; la fin d'une monarchie anachroniquement autoritaire et le début d'une dictature totalitaire inouïe; l'abolition des derniers privilèges et l'apparition des premiers camps. En bref, la libération du prolétariat et l'aliénation du peuple.
(…)
Vladimir Poutine, lui, a choisi d'appeler à la «réconciliation en vue du renforcement de la sphère publique» . Comme s'empresse de le rappeler le vice-ministre de la Culture, Vladimir Aristarkhov : «Ce n'est pas l'occasion de chercher des coupables, mais un moment où nous devons tirer des leçons du passé et atteindre une réconciliation, tout d'abord avec nous-mêmes. Ceux qui se sont battus de part et d'autres des barricades sont morts depuis longtemps. C'étaient des héros des deux côtés, qui ont lutté sincèrement pour leurs idéaux, pour les intérêts de la Russie, chacun à sa façon.»
(…)
En réalité, c'estun appel à l'oubli que lance le chef de l'Etat russe : ne remuons pas le souvenir, ne ranimons pas la meurtrissure . Ce que le sociologue Lev Goudkov dénonce comme une entreprise hégémonique : «Par là même, le pouvoir se dédouane, tout en monopolisant le droit de produire un discours unique sur le passé, et par conséquent le présent et l'avenir.» Au lieu de saisir l'occasion de l'anniversaire pour engager un débat et une révision de fond, pour dénombrer les séquelles laissées par sept décennies de terreur, pour prévenir les méfaits de l'historiographie sélective, les élites politiques préfèrent se réfugier derrière un consensus simpliste : il faut désamorcer le fait de la révolution. Car il n'en va pas seulement d'un souvenir embarrassant, d'une mémoire clivante, mais aussi et surtout d'un concept nocif et toujours actif. Pour preuve, selon le Kremlin, les insurrections qui ont secoué de leurs couleurs les anciennes républiques soviétiques depuis 2003, rose en Géorgie, orange en Ukraine, jaune tulipe au Kirghizistan et ce, jusqu'à l'Euromaidan de Kiev, en 2013-2014. Devenu synonyme de la destruction de l'ordre établi, de la déposition de dirigeants légitimes par une foule manipulée, depuis l'étranger, par l'ennemi extérieur et se faisant elle-même l'ennemi intérieur, le mot «révolution» est désormais tabou dans la Russie de Vladimir Poutine, institué en incarnation de la stabilité. Aussi commémorer 1917 tourne-t-il au problème insoluble".
Le 25 octobre, Isabelle Mandraud dans Le Monde écrit sur « Le Parti communiste russe défend l'héritage d'octobre 1917 »:
« A la veille du centenaire de la révolution bolchevique, survenue le 7 novembre 1917, le 25 octobre 1917 selon le calendrier julien alors en vigueur, les héritiers entrent en scène. Dans un contexte national oùl'événement embarrasse plus qu'il ne suscite d'enthousiasme vis-à-vis d'une époque qui malmène encore la mémoire , le KPRF, le Parti communiste de la Fédération de Russie, a présenté devant la presse, lundi 23 octobre, à Moscou, un bilan impeccable de son prédécesseur soviétique et de son illustre chef de file, Lénine.
Ruban rouge à la boutonnière, Guennadi Ziouganov, 73 ans, président du KPRF depuis 1993, dont les apparitions se sont faites plutôt rares ces derniers temps, a vanté la « grandeur d'une révolution qui a ouvert une nouvelle ère dans le monde » - « en mieux », comme le précise la « une » du journal ¬Pravda du 19 octobre, ex-fleuron soviétique repris par le parti et distribué à la sortie.
M. Ziouganov a aussi promis un programme de festivités : concert des komsomols, ainsi que l'on désignait autrefois l'organisation de la jeunesse communiste, rassemblements et défilés le 7 novembre - bien loin cependant des grandes parades d'hier - et accueil de 128 délégations étrangères. Version XXIe siècle, le hashtag #jerespectelegrandoctobre verra le jour pour soutenir ces initiatives sur les réseaux sociaux.
« Ecoutez, ça va vous plaire, a-t-il détaillé. A Saint-Pétersbourg-Léningrad, nous visiterons l'Institut Smolny [le quartier général de l'insurrection bolchevique], le Musée de l'Ermitage, la plus grande réserve culturelle du monde, puis le croiseur Aurore, le bateau légendaire, ensuite nous irons à Moscou voir le mausolée de Lénine, la place Rouge, le Kremlin... » Ce n'est pourtant pas d'un programme touristique dont il s'agissait ici. Pour le numéro un du KPRF entouré de ses adjoints arborant tous le même ruban rouge et donnant du « chers camarades » à l'auditoire, le plus important consiste à raviver la flamme d'une idéologie engloutie qui tourmente encore le pays.
Un siècle après la révolution d'octobre 1917, les acquis demeurent, aux yeux des dirigeants ¬communistes d'aujourd'hui, empreints de nostalgie qui citent pêle-mêle Youri Gagarine, héros de l'exploration spatiale, la puissance nucléaire de l'ex-URSS, l'éducation, la gratuité du sport, de l'habitat, l'absence de licenciements, autant de « conquêtes sociales sans précédent dans le monde » et de « succès perdus dans la Russie d'aujourd'hui . Sur le plan de la médecine, « Cuba dispose toujours du meilleur système, mieux qu'en France même, tandis que chez nous, il faut s'y prendre deux mois à l'avance pour obtenir un rendez-vous », constate M. Ziouganov, qui n'oublie
(…)
alors que le 30 octobre, Moscou s'apprête à inaugurer le mur du Chagrin, un monument érigé en mémoire des vic¬times des « répressions politiques », en présence notamment de Natalia Soljenitsyna, la veuve de l'auteur du célèbre Archipel du goulag, Alexandre Soljenitsyne, il était assez malvenu, ce lundi, de demander comptabilité du coût humain d'une révolution et d'un système politique qui a broyé des millions de vies.
« Nous ne mettons pas dans le même sac la révolution de février, celle d'octobre et la guerre civile, ce sont des événements tout à fait distincts, tranche Dmitri Novikov, vice-président du KPRF. Octobre a permis de sortir de l'impasse dans laquelle nous nous trouvions et la guerre n'a pas commencé en 1917 mais au printemps 1918 avec l'intervention des étrangers. » « La révolution d'Octobre n'a pas fait ¬couler le sang », a insisté M. Ziouganov en tenant pour acquis son propre recensement des victimes de la période stalinienne, « 829 000 fusillés en trente-deux ans, criminels et bandits compris … »
Ce jeudi 26 octobre, L’Lumanité revient sur « Cent ans après la révolution d'Octobre, un proscrit nommé Lénine ».
Par ailleurs, les récentes publications sur cette période, montrent clairement, étant donné leur nombre, que l’évènement n’a pas été oublié. Vous pourrez ainsi prochainement trouver à la Bibliothèque municipale de Lyon les ouvrages suivants :
• L’échec des russes blancs : l’échec d’une restauration inavouéen : 1917-1920, Jean-Jacques Marie.
• Le mythe bolchevick : journal 1920-1922, Alexandre Berkman.
• Les secrets du Kremlin : 1917-2017, Bernard Lecomte
• Dix jours qui ébranlèrent le monde, John Reed
• Pétrograd rouge : la révolution dans les usines : de février 1917 à juin 1918, Stephen Anthony Smith
• Que faire de 1917 ? : une contre-histoire de la révolution russe, Olivier Besancenot
• Octobre 1917 : une lecture très critique de l’historiographie dominante, Lucien Sève
• Les révolutions russes, Nicolas Werth
• La révolution russe : histoire critique et vécue. Suivi de Le Fasciscme rouge, Voline (1882-1945)
• Lénine, scénario Antoine Ozanam, dessin Denis Rodier
• Octobre 2017, scénario Patrick Rotman, dessin Benoït Blary
• Les Russes : l’esprit d’un peuple, Marc Ferro
Il n’a pas non plus été éludé de l’enseignement : centeaine de la révolution d’octobre 1917
La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) présente du 18 octobre 2017 2017 au 18 février 2018 aux Invalides, à Paris, une exposition consacrée à la Révolution russe.
Des projections et colloques sont aussi organisés :et 1917 devient révolution
Les bibliothèques parisiennes propsoent tout un cycle sur la révolution russe.
A Lyon, la Bibliothèque municipale de Lyon tout comme celle de Diderot ont déjà organisé des conférences et rencontres sur ce thème.
Pour finir, vous pourrez réécouter sur France culture, « Révolutions russes. La Russie en 1917, état des lieux » et sur France inter, « Octobre 1917, la révolution de Lénine ».
Si vous avez raison de souligner l’absence de grandes commémorations en Russie, il est faux, en revanche, de dire que le centenaire de la révolution d’Octobre n’a pas été relayé par les médias. De premières recherches sur Europresse vous permettront en effet de constater que tous les journaux ont abordé le sujet et soulevé d’ailleurs, la question du « devoir de mémoire » et donc aussi des commémorations vis-à-vis de cet évènement. Ces articles expliquent clairement pourquoi la Russie évite de « donner un éclat particulier » à cet anniversaire.
Ainsi, le 21 octobre 2017, Challenges reprend une nouvelle de l’AFP qui indique que «
La révolution "apporte toujours du sang, la mort, la destruction et des désastres" et les Russes connaissent "la valeur de la stabilité", a déclaré un responsable de la célébration du centenaire, Sergueï Narychikne, le directeur des services de renseignement extérieurs (SVR) et président de la Société russe d'histoire.
(…)
Les
Le comité créé pour les commémorations reflète la prudence du président Vladimir Poutine en la matière. Y siègent des personnalités indépendantes et critiques du pouvoir, des ministres et des responsables de l'Eglise orthodoxe, mais aucun membre du Parti communiste actuel ou représentant de la tendance monarchiste.
Plusieurs centaines de manifestations, conférences, tables rondes, expositions ou festivals sont prévus, qui évoqueront les événements "contradictoires" de 1917 selon le coprésident du comité, l'historien Anatoli Torkounov.
Sergueï Narychkine avait fixé en 2016 la ligne générale à suivre : cet anniversaire "n'est pas fait pour organiser des événements solennels ou pour être fêté", mais pour en "tirer des leçons". »
Toujours le 21 octobre, Libération consacre un article à « Octobre 1017. En Russie, l'impossible mémoire » :
« Cent ans après le renversement du tsarisme,
Une longue file piétine depuis le petit matin aux abords du mausolée de Lénine sur la place Rouge. En ce 22 avril 2017, jour anniversaire de la naissance du père de la révolution russe, un insolite cortège de retraités nostalgiques en bérets surannés munis d'oeillets rouges, jeunes enthousiastes à la mémoire courte ou touristes curieux, s'avance dans un silence solennel. Rappelant l'interminable serpentin de l'époque soviétique, quand la visite du sanctuaire communiste, étape obligatoire de tout visiteur de la capitale, était même inscrite au programme scolaire.
(…)
En 2017, les défilés aux couleurs communistes n'éveillent plus grand intérêt.
Cent ans après la révolution bolchevique, un quart de siècle après la fin du régime communiste, le paysage physique et mental des Russes demeure saturé de vestiges de ces soixante-dix années qui ont vu l'avènement et la chute du seul empire qui, de toute l'histoire, n'aura pas eu de nom propre, mais pour intitulé un principe général et abstrait. Le PC n'est plus qu'une force politique secondaire et l'économie de marché a définitivement transformé la société russe, mais de Kaliningrad à Vladivostok, des statues de Lénine continuent de diriger le regard vers un avenir radieux, noyé dans la modernité capitaliste.
(…)
Que faut-il commémorer au juste ? 1917, c'est aussi bien la mort brutale dans le sang d'un royaume dévot que la naissance laborieuse dans les larmes d'une puissance moderne; la fin d'une monarchie anachroniquement autoritaire et le début d'une dictature totalitaire inouïe; l'abolition des derniers privilèges et l'apparition des premiers camps. En bref, la libération du prolétariat et l'aliénation du peuple.
(…)
Vladimir Poutine, lui, a choisi d'appeler à la «réconciliation en vue du renforcement de la sphère publique» . Comme s'empresse de le rappeler le vice-ministre de la Culture, Vladimir Aristarkhov : «Ce n'est pas l'occasion de chercher des coupables, mais un moment où nous devons tirer des leçons du passé et atteindre une réconciliation, tout d'abord avec nous-mêmes. Ceux qui se sont battus de part et d'autres des barricades sont morts depuis longtemps. C'étaient des héros des deux côtés, qui ont lutté sincèrement pour leurs idéaux, pour les intérêts de la Russie, chacun à sa façon.»
(…)
En réalité, c'est
Le 25 octobre, Isabelle Mandraud dans Le Monde écrit sur « Le Parti communiste russe défend l'héritage d'octobre 1917 »:
« A la veille du centenaire de la révolution bolchevique, survenue le 7 novembre 1917, le 25 octobre 1917 selon le calendrier julien alors en vigueur, les héritiers entrent en scène. Dans un contexte national où
Ruban rouge à la boutonnière, Guennadi Ziouganov, 73 ans, président du KPRF depuis 1993, dont les apparitions se sont faites plutôt rares ces derniers temps, a vanté la « grandeur d'une révolution qui a ouvert une nouvelle ère dans le monde » - « en mieux », comme le précise la « une » du journal ¬Pravda du 19 octobre, ex-fleuron soviétique repris par le parti et distribué à la sortie.
« Ecoutez, ça va vous plaire, a-t-il détaillé. A Saint-Pétersbourg-Léningrad, nous visiterons l'Institut Smolny [le quartier général de l'insurrection bolchevique], le Musée de l'Ermitage, la plus grande réserve culturelle du monde, puis le croiseur Aurore, le bateau légendaire, ensuite nous irons à Moscou voir le mausolée de Lénine, la place Rouge, le Kremlin... » Ce n'est pourtant pas d'un programme touristique dont il s'agissait ici. Pour le numéro un du KPRF entouré de ses adjoints arborant tous le même ruban rouge et donnant du « chers camarades » à l'auditoire, le plus important consiste à raviver la flamme d'une idéologie engloutie qui tourmente encore le pays.
Un siècle après la révolution d'octobre 1917, les acquis demeurent, aux yeux des dirigeants ¬communistes d'aujourd'hui, empreints de nostalgie qui citent pêle-mêle Youri Gagarine, héros de l'exploration spatiale, la puissance nucléaire de l'ex-URSS, l'éducation, la gratuité du sport, de l'habitat, l'absence de licenciements, autant de « conquêtes sociales sans précédent dans le monde » et de « succès perdus dans la Russie d'aujourd'hui . Sur le plan de la médecine, « Cuba dispose toujours du meilleur système, mieux qu'en France même, tandis que chez nous, il faut s'y prendre deux mois à l'avance pour obtenir un rendez-vous », constate M. Ziouganov, qui n'oublie
(…)
alors que le 30 octobre, Moscou s'apprête à inaugurer le mur du Chagrin, un monument érigé en mémoire des vic¬times des « répressions politiques », en présence notamment de Natalia Soljenitsyna, la veuve de l'auteur du célèbre Archipel du goulag, Alexandre Soljenitsyne, il était assez malvenu, ce lundi, de demander comptabilité du coût humain d'une révolution et d'un système politique qui a broyé des millions de vies.
« Nous ne mettons pas dans le même sac la révolution de février, celle d'octobre et la guerre civile, ce sont des événements tout à fait distincts, tranche Dmitri Novikov, vice-président du KPRF. Octobre a permis de sortir de l'impasse dans laquelle nous nous trouvions et la guerre n'a pas commencé en 1917 mais au printemps 1918 avec l'intervention des étrangers. » « La révolution d'Octobre n'a pas fait ¬couler le sang », a insisté M. Ziouganov en tenant pour acquis son propre recensement des victimes de la période stalinienne, « 829 000 fusillés en trente-deux ans, criminels et bandits compris … »
Ce jeudi 26 octobre, L’Lumanité revient sur « Cent ans après la révolution d'Octobre, un proscrit nommé Lénine ».
Par ailleurs, les récentes publications sur cette période, montrent clairement, étant donné leur nombre, que l’évènement n’a pas été oublié. Vous pourrez ainsi prochainement trouver à la Bibliothèque municipale de Lyon les ouvrages suivants :
• L’échec des russes blancs : l’échec d’une restauration inavouéen : 1917-1920, Jean-Jacques Marie.
• Le mythe bolchevick : journal 1920-1922, Alexandre Berkman.
• Les secrets du Kremlin : 1917-2017, Bernard Lecomte
• Dix jours qui ébranlèrent le monde, John Reed
• Pétrograd rouge : la révolution dans les usines : de février 1917 à juin 1918, Stephen Anthony Smith
• Que faire de 1917 ? : une contre-histoire de la révolution russe, Olivier Besancenot
• Octobre 1917 : une lecture très critique de l’historiographie dominante, Lucien Sève
• Les révolutions russes, Nicolas Werth
• La révolution russe : histoire critique et vécue. Suivi de Le Fasciscme rouge, Voline (1882-1945)
• Lénine, scénario Antoine Ozanam, dessin Denis Rodier
• Octobre 2017, scénario Patrick Rotman, dessin Benoït Blary
• Les Russes : l’esprit d’un peuple, Marc Ferro
Il n’a pas non plus été éludé de l’enseignement : centeaine de la révolution d’octobre 1917
La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) présente du 18 octobre 2017 2017 au 18 février 2018 aux Invalides, à Paris, une exposition consacrée à la Révolution russe.
Des projections et colloques sont aussi organisés :et 1917 devient révolution
Les bibliothèques parisiennes propsoent tout un cycle sur la révolution russe.
A Lyon, la Bibliothèque municipale de Lyon tout comme celle de Diderot ont déjà organisé des conférences et rencontres sur ce thème.
Pour finir, vous pourrez réécouter sur France culture, « Révolutions russes. La Russie en 1917, état des lieux » et sur France inter, « Octobre 1917, la révolution de Lénine ».
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