Usages à la cour de Louis XIV
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 09/10/2017 à 17h11
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Question d'origine :
Questions concernant les usages à la cour de Louis XIV, en 1685. Malgré de nombreuses recherches je n'ai pas trouvé ces détails.
Une fille d'huissier du roi (famille noble, donc) pouvait-elle être logée avec son père dans le Grand Commun?
Cette fille (de 10 ans environ) est servie par une petite bonne
Qui commande les petites bonnes, au château? Une femme de chambre plus âgée, qui les supervise?
Si c'est bien le cas, cette femme de chambre (ou autre titre) est appelée Madame + son nom de famille?
Comment une petite bonne s'adressera-t-elle à sa supérieure ? En lui disant "Madame" ?
Et à sa jeune maîtresse (noble qui a le même âge qu'elle) ?
Merci d'avance!
Bien cordialement
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 10/10/2017 à 10h06
Bonjour,
Il semble que la situation décrite soit assez improbable : à l’exception des enfants royaux, les enfants étaient absents de la vie à Versailles :
«Enfant à Versailles (l’)
L’enfant est très peu visible à la cour de Versailles et semble même caché. Si ce ne sont les enfants princiers et ceux des grands officiers courtisans, ils ne paraissent pratiquement jamais au palais. En effet, la grande majorité des domestiques, subalternes, loge dans de petits espaces qui empêchent d’y convier sa famille. Les mémorialistes n’évoquent généralement les enfants que lors de leur naissance et/ou de leur mort prématurée. Ils sont élevés en dehors de la cour et, dans leur premier âge, ils bénéficient de nourrices hors de leur logis avant de rejoindre, pour les garçons, le collège comme pensionnaires. Il n’est pas un enfant de courtisan qui ne soit allé dans un collège ou n’ait eu son précepteur. Même les enfants royaux ne semblent être officiellement présentés qu’à l’âge de sept ans, l’ « âge de raison » où les garçons « passent aux hommes » et cessent de porter des robes au profit des culottes. Jusque-là, ils vivent dans des appartements qui leur sont réservés avec la gouvernante des enfants de France au premier étage du château et ils ne voient leurs parents que quelques instants par jour. […]
Le XVIIIe siècle voit l’image de la famille se renforcer et l’enfant prend alors une place plus importante dans la société, notamment grâce aux écrits de Rousseau et à son livre Emile ou De l’éducation (1762) en particulier. Cet ouvrage suggère que les parents doivent reprendre le dessus sur l’éducation de leur progéniture, jusque-là délaissée à des gouvernantes, précepteurs, valets et autres personnes extérieures à la famille. Cette idée marque sensiblement la haute société et plusieurs grandes dames de la cour (Mme d’Epinay, Mme de Genlis, etc.) et jusqu’à Marie-Antoinette elle-même reprennent à leur compte ce principe d’éducation. La dernière reine de Versailles semble ainsi être la seule à avoir témoigné publiquement son amour à ses enfants, comme en témoigne le très beau portrait d’Elisabeth Vigée-Le Brun où la souveraine est représentée avec ses enfants en 1786. »
Source : Versailles : histoire, dictionnaire et anthologie sous la direction de Mathieu Da Vinha et Raphaël Masson
Concernant la hiérarchie du personnel féminin à la cour, les rôles les plus élevés sont ceux de surintendante, dame d’honneur, dame d’atour et première femme de chambre :
« La charge de dame d’atour existe dans les Maisons de la reine et des princesses royales depuis le premier tiers du XVIe siècle et est occupée par une femme de la noblesse. Dans la hiérarchie de la Maison, la dame d’atour se situe entre la dame d’honneur et la première femme de chambre. Elle est responsable de la garde-robe et assiste sa maîtresse quand elle s’habille et se coiffe, ce qui lui permet de l’approcher au quotidien. En l’absence de la dame d’honneur, elle occupe les fonctions honorifiques de cette dernière et sert sa maîtresse à table. […]
La charge de dame d’honneur existe dans toutes les Maisons féminines royales de France depuis le premier quarrt du XVIe siècle. En l’absence d’une surintendante, charge souvent vacante, la dame d’honneur est la personne la plus haut placée du personnel féminin. Occasionnellement, une seconde dame d’honneur peut être nommée ; elle est placée sous l’autorité de la première, qui joue un rôle essentiel dans la direction de la Maison et de la Chambre. La dame d’honneur contrôle le fonctionnement et l’accès à la Chambre en surveillant les audiences qui s’y déroulent. Elle veille au respect de l’étiquette et enseigne les usages de la cour de France à sa maîtresse, si celle-ci est d’origine étrangère. Sa prééminence s’exprime dans les gestes du quotidien : le matin, elle tire les rideaux du lit de sa maîtresse et l’aide à mettre sa robe de chambre. Elle se tient à ses côtés lors des audiences et lui présente la serviette quand elle se met à table. Quand sa maîtresse se déplace, elle l’accompagne en prenant place en son carrosse.
La dame d’honneur intervient aussi dans la gestion administrative et financière de la Maison. Elle est responsable des comptes de l’argenterie et des achats pour la Chambre […]. Elle peut vendre une partie des charges de la Maison et reçoit le serment des hommes et femmes qui travaillent dans la Chambre. »
Source : Versailles : histoire, dictionnaire et anthologie sous la direction de Mathieu Da Vinha et Raphaël Masson
Citons en exemple de premières femmes de chambre Mme Campan qui a laissé des Mémoires, ou encore Marie Poisson dont le parcours est raconté dans l’ouvrage de Mathieu da Vinha : Au service du roi : dans les coulisses de Versailles.
Pour en savoir plus sur le personnel de Versailles :
- Les inconnus de Versailles, Jacques Levron
- La petite cour de Versailles : services et serviteurs à la cour de Versailles au XVIIIe siècle, William Ritchey Newton
Bonne journée.
Il semble que la situation décrite soit assez improbable : à l’exception des enfants royaux, les enfants étaient absents de la vie à Versailles :
«
L’enfant est très peu visible à la cour de Versailles et semble même caché. Si ce ne sont les enfants princiers et ceux des grands officiers courtisans, ils ne paraissent pratiquement jamais au palais. En effet, la grande majorité des domestiques, subalternes, loge dans de petits espaces qui empêchent d’y convier sa famille. Les mémorialistes n’évoquent généralement les enfants que lors de leur naissance et/ou de leur mort prématurée. Ils sont élevés en dehors de la cour et, dans leur premier âge, ils bénéficient de nourrices hors de leur logis avant de rejoindre, pour les garçons, le collège comme pensionnaires. Il n’est pas un enfant de courtisan qui ne soit allé dans un collège ou n’ait eu son précepteur. Même les enfants royaux ne semblent être officiellement présentés qu’à l’âge de sept ans, l’ « âge de raison » où les garçons « passent aux hommes » et cessent de porter des robes au profit des culottes. Jusque-là, ils vivent dans des appartements qui leur sont réservés avec la gouvernante des enfants de France au premier étage du château et ils ne voient leurs parents que quelques instants par jour. […]
Le XVIIIe siècle voit l’image de la famille se renforcer et l’enfant prend alors une place plus importante dans la société, notamment grâce aux écrits de Rousseau et à son livre Emile ou De l’éducation (1762) en particulier. Cet ouvrage suggère que les parents doivent reprendre le dessus sur l’éducation de leur progéniture, jusque-là délaissée à des gouvernantes, précepteurs, valets et autres personnes extérieures à la famille. Cette idée marque sensiblement la haute société et plusieurs grandes dames de la cour (Mme d’Epinay, Mme de Genlis, etc.) et jusqu’à Marie-Antoinette elle-même reprennent à leur compte ce principe d’éducation. La dernière reine de Versailles semble ainsi être la seule à avoir témoigné publiquement son amour à ses enfants, comme en témoigne le très beau portrait d’Elisabeth Vigée-Le Brun où la souveraine est représentée avec ses enfants en 1786. »
Source : Versailles : histoire, dictionnaire et anthologie sous la direction de Mathieu Da Vinha et Raphaël Masson
Concernant la hiérarchie du personnel féminin à la cour, les rôles les plus élevés sont ceux de surintendante, dame d’honneur, dame d’atour et première femme de chambre :
« La charge de dame d’atour existe dans les Maisons de la reine et des princesses royales depuis le premier tiers du XVIe siècle et est occupée par une femme de la noblesse. Dans la hiérarchie de la Maison, la dame d’atour se situe entre la dame d’honneur et la première femme de chambre. Elle est responsable de la garde-robe et assiste sa maîtresse quand elle s’habille et se coiffe, ce qui lui permet de l’approcher au quotidien. En l’absence de la dame d’honneur, elle occupe les fonctions honorifiques de cette dernière et sert sa maîtresse à table. […]
La charge de dame d’honneur existe dans toutes les Maisons féminines royales de France depuis le premier quarrt du XVIe siècle. En l’absence d’une surintendante, charge souvent vacante, la dame d’honneur est la personne la plus haut placée du personnel féminin. Occasionnellement, une seconde dame d’honneur peut être nommée ; elle est placée sous l’autorité de la première, qui joue un rôle essentiel dans la direction de la Maison et de la Chambre. La dame d’honneur contrôle le fonctionnement et l’accès à la Chambre en surveillant les audiences qui s’y déroulent. Elle veille au respect de l’étiquette et enseigne les usages de la cour de France à sa maîtresse, si celle-ci est d’origine étrangère. Sa prééminence s’exprime dans les gestes du quotidien : le matin, elle tire les rideaux du lit de sa maîtresse et l’aide à mettre sa robe de chambre. Elle se tient à ses côtés lors des audiences et lui présente la serviette quand elle se met à table. Quand sa maîtresse se déplace, elle l’accompagne en prenant place en son carrosse.
La dame d’honneur intervient aussi dans la gestion administrative et financière de la Maison. Elle est responsable des comptes de l’argenterie et des achats pour la Chambre […]. Elle peut vendre une partie des charges de la Maison et reçoit le serment des hommes et femmes qui travaillent dans la Chambre. »
Source : Versailles : histoire, dictionnaire et anthologie sous la direction de Mathieu Da Vinha et Raphaël Masson
Citons en exemple de premières femmes de chambre Mme Campan qui a laissé des Mémoires, ou encore Marie Poisson dont le parcours est raconté dans l’ouvrage de Mathieu da Vinha : Au service du roi : dans les coulisses de Versailles.
- Les inconnus de Versailles, Jacques Levron
- La petite cour de Versailles : services et serviteurs à la cour de Versailles au XVIIIe siècle, William Ritchey Newton
Bonne journée.
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