Est ce que mon chat peut comprendre la mort
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 30/09/2017 à 10h22
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Question d'origine :
J ai un chat qui un jour a vu un poussin mort . Il a commencer a mioler d une maniere que je n ai jamais entendu avant. Et il a commencé a faire des gestes avec ses mains . Comme si il nous disait de l enterrer . Est ce possible qu il a compris la mort
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 02/10/2017 à 11h46
Bonjour,
En premier lieu précisons que pour les chats, les oiseaux (et donc les poussins) sont naturellement des proies. Vous dites que votre chat a miaulé d’une manière particulière à la vue de ce poussin ; s’agirait-il d’un miaulement de chasse ?
Pour revenir sur votre question, la conscience ou la perception de la mort chez les chats, voici une anecdote que nous trouvons dans l’ouvrage de Frantz Cappé, Mon chat, mon chien va partir :
« Oscar est un chat américain qui vit au Steere House Nursing and Rehabilitation Center, un établissement de Providence, une ville du Rhode Island, qui accueille des malades en fin de vie atteints de démence sénile. Oscar est un chat de gouttière, tigré et blanc, pas particulièrement câlin mais vivant sa bonne petite vie de matou au troisième étage. Systématiquement, entre deux et quatre heures avant le décès d’un patient, Oscar miaule à sa porte et, si la famille le laisse entrer, il vient apaiser et réconforter le mourant s’il est conscient ou sa famille qui l’entoure, ne repartant qu’après le décès. La légende veut que ce soit un sixième sens. En 2007, dans le New England Journal of Medicine, le Dr David Dosa avança l’hypothèse d’une perception par le chat de la destruction cellulaire et de la dégradation des hydrates de carbone en corps cétoniques. Plus d’une cinquantaine de fois, Oscar ne se trompa pas et sa perception valut pronostic pour l’équipe médicale. Une plaque a été apposée au centre pour lui rendre hommage. »
Les chats ont en revanche moins d’égards pour leurs congénères que pour leur maître :
« Lorsqu’il perd son propre maître, il n’est pas rare de voir un chat perdre l’appétit ou ne plus vouloir reproduire les habitudes qu’il avait avant le décès. Mais entre eux, les chats sont souvent plus cruels que les chiens. Le chat malade ou âgé devient plus fragile et ses congénères n’hésitent pas à lui disputer le fauteuil le mieux placé ou l’accès à la nourriture, parfois en recourant à des gestes violents : une course-poursuite pour faire sortir le plus vieux matou de la maison, une attitude d’intimidation du plus fort, qui obstrue le passage vers la nourriture ou tente de faire peur au plus vieux. […]
A la mort de leur compagnon, le chien ou le (ou les) chats de la maison sont un peu désorientés et cherchent la trace de celui qui est parti, reniflant les marques sur le territoire ou effaçant méticuleusement les signes de la vie précédente. Il n’est pas rare de voir le chat qui reste être beaucoup plus heureux dans la maison maintenant qu’il ne doit plus la partager. Mais dans un second temps, qui apparaît dans un délai très variable, le chat s’ennuie. C’est à ce moment qu’il est possible de lui présenter un nouveau compagnon, chien ou chat, d’ailleurs. Finalement, le chat respecte un temps de deuil, lui aussi. »
Source : Mon chat, mon chien va partir, Frantz Cappé
De manière générale, c’est face à la mort d’un compagnon ou d’un membre du groupe que les animaux expriment du chagrin :
« Les animaux ont de la peine, cela ne fait aucun doute. […] on reconnaît très nettement les signes universels du chagrin lorsque les animaux réagissent à la mort d’un compagnon, d’un parent ou d’un ami. Les animaux, comme les humains, peuvent souffrir très profondément d’une séparation ou d’un décès. Lorsqu’ils sont en deuil, ils se retirent de leur groupe et recherchent l’isolement, insensibles à tous les efforts que déploient les autres pour les faire sortir d’eux-mêmes. Ils s’asseyent à un endroit, immobiles, le regard perdu dans le vide. Ils ne mangent plus, ne copulent plus. Ils deviennent parfois obsédés par celui qu’ils ont perdu : ils cherchent à le ramener à la vie, et comme ils n’y parviennent pas, ils restent près du cadavre pendant des jours. »
Source : Les Emotions des animaux, Marc Bekoff
Dans le même ouvrage, l’auteur évoque une scène a laquelle il a assisté : l’enterrement d’un renard :
« J’ai vu en bas de la rue un petit renard roux, une femelle, qui essayait de recouvrir le cadavre [d’un renard tué deux jours plus tôt par un puma]. J’étais fasciné : elle orientait délibérément son corps de manière à ce que la terre qu’elle rejetait avec ses pattes arrière recouvre son ami (peut-être son compagnon). Une famille de renards a vécu non loin de ma maison pendant près de dix ans. Cette femelle était probablement une parente, ou au moins une amie intime de la victime. Elle projetait la terre, s’arrêtait, regardait le cadavre et se remettait délibérément au travail. J’ai observé ce « rituel » pendant près d’une minute. La femelle a continué à rôder autour du corps, la queue basse. Je suis retourné voir la dépouille quelques heures plus tard : elle était entièrement ensevelie.
Avais-je assisté à l’enterrement d’un renard ? J’ai eu l’impression que la femelle essayait d’ensevelir le mort. Ses actes et son attitude reflétaient sans aucun doute la tristesse et la peine. J’ai eu la chance d’assister à ce spectacle. Une bonne part de ce qui se produit dans la vie complexe des animaux échappe à nos regards, et c’est quelque chose que nous ne pourrons jamais recréer en laboratoire. Alors, lorsqu’on a la chance d’observer les animaux à l’œuvre, c’est un événement merveilleux qui en dit long sur leurs sentiments intimes. »
Les éléphants sont célèbres pour la manière dont ils traitent leurs morts :
« Cynthia Moss passa de nombreuses années à observer les éléphants africains, elle écrit : « Un éléphant âgé décéda. Tout le groupe social fit arrêt et encercla leur compagnon défunt. Ils le touchèrent de leur trompe puis marchèrent lentement autour du cadavre. Ils s’arrêtaient un instant puis recommençaient leur cérémonial. Finalement ils récupérèrent des branches et de la végétation qu’il déposèrent autour et sur le cadavre. »
Jadis on croyait que les éléphants s’en allaient mourir dans leur cimetière ce qui d’après C. Moss est entièrement erroné. Toutefois au terme de longues observations, elle est convaincue que ces animaux ont un certain concept de la mort. Ils ont le plus grand intérêt pour les ossements de leurs congénères mais pas pour ceux des autres espèces animales. En présence d’ossements d’éléphants, ils les touchent de leur trompe, les retournent et parfois même les transportent pour les déposer ailleurs. Ils ont un intérêt tout particulier pour les défenses et le crâne de leurs congénères défunts. »
Source : La communication et l'intelligence chez les animaux ou Smart faune, Jean-Pierre Jost
Pour aller plus loin :
- L'animal est-il un philosophe ? : poussins kantiens et bonobos aristotéliciens, Yves Christen
- Révolutions animales : comment les animaux sont devenus intelligents, Eric Baratay, Marc Bekoff, Gilles Boeuf...
Bonne journée
En premier lieu précisons que pour les chats, les oiseaux (et donc les poussins) sont naturellement des proies. Vous dites que votre chat a miaulé d’une manière particulière à la vue de ce poussin ; s’agirait-il d’un miaulement de chasse ?
Pour revenir sur votre question, la conscience ou la perception de la mort chez les chats, voici une anecdote que nous trouvons dans l’ouvrage de Frantz Cappé, Mon chat, mon chien va partir :
« Oscar est un chat américain qui vit au Steere House Nursing and Rehabilitation Center, un établissement de Providence, une ville du Rhode Island, qui accueille des malades en fin de vie atteints de démence sénile. Oscar est un chat de gouttière, tigré et blanc, pas particulièrement câlin mais vivant sa bonne petite vie de matou au troisième étage. Systématiquement, entre deux et quatre heures avant le décès d’un patient, Oscar miaule à sa porte et, si la famille le laisse entrer, il vient apaiser et réconforter le mourant s’il est conscient ou sa famille qui l’entoure, ne repartant qu’après le décès. La légende veut que ce soit un sixième sens. En 2007, dans le New England Journal of Medicine, le Dr David Dosa avança l’hypothèse d’une perception par le chat de la destruction cellulaire et de la dégradation des hydrates de carbone en corps cétoniques. Plus d’une cinquantaine de fois, Oscar ne se trompa pas et sa perception valut pronostic pour l’équipe médicale. Une plaque a été apposée au centre pour lui rendre hommage. »
Les chats ont en revanche moins d’égards pour leurs congénères que pour leur maître :
« Lorsqu’il perd son propre maître, il n’est pas rare de voir un chat perdre l’appétit ou ne plus vouloir reproduire les habitudes qu’il avait avant le décès. Mais entre eux, les chats sont souvent plus cruels que les chiens. Le chat malade ou âgé devient plus fragile et ses congénères n’hésitent pas à lui disputer le fauteuil le mieux placé ou l’accès à la nourriture, parfois en recourant à des gestes violents : une course-poursuite pour faire sortir le plus vieux matou de la maison, une attitude d’intimidation du plus fort, qui obstrue le passage vers la nourriture ou tente de faire peur au plus vieux. […]
A la mort de leur compagnon, le chien ou le (ou les) chats de la maison sont un peu désorientés et cherchent la trace de celui qui est parti, reniflant les marques sur le territoire ou effaçant méticuleusement les signes de la vie précédente. Il n’est pas rare de voir le chat qui reste être beaucoup plus heureux dans la maison maintenant qu’il ne doit plus la partager. Mais dans un second temps, qui apparaît dans un délai très variable, le chat s’ennuie. C’est à ce moment qu’il est possible de lui présenter un nouveau compagnon, chien ou chat, d’ailleurs. Finalement, le chat respecte un temps de deuil, lui aussi. »
Source : Mon chat, mon chien va partir, Frantz Cappé
De manière générale, c’est face à la mort d’un compagnon ou d’un membre du groupe que les animaux expriment du chagrin :
« Les animaux ont de la peine, cela ne fait aucun doute. […] on reconnaît très nettement les signes universels du chagrin lorsque les animaux réagissent à la mort d’un compagnon, d’un parent ou d’un ami. Les animaux, comme les humains, peuvent souffrir très profondément d’une séparation ou d’un décès. Lorsqu’ils sont en deuil, ils se retirent de leur groupe et recherchent l’isolement, insensibles à tous les efforts que déploient les autres pour les faire sortir d’eux-mêmes. Ils s’asseyent à un endroit, immobiles, le regard perdu dans le vide. Ils ne mangent plus, ne copulent plus. Ils deviennent parfois obsédés par celui qu’ils ont perdu : ils cherchent à le ramener à la vie, et comme ils n’y parviennent pas, ils restent près du cadavre pendant des jours. »
Source : Les Emotions des animaux, Marc Bekoff
Dans le même ouvrage, l’auteur évoque une scène a laquelle il a assisté : l’enterrement d’un renard :
« J’ai vu en bas de la rue un petit renard roux, une femelle, qui essayait de recouvrir le cadavre [d’un renard tué deux jours plus tôt par un puma]. J’étais fasciné : elle orientait délibérément son corps de manière à ce que la terre qu’elle rejetait avec ses pattes arrière recouvre son ami (peut-être son compagnon). Une famille de renards a vécu non loin de ma maison pendant près de dix ans. Cette femelle était probablement une parente, ou au moins une amie intime de la victime. Elle projetait la terre, s’arrêtait, regardait le cadavre et se remettait délibérément au travail. J’ai observé ce « rituel » pendant près d’une minute. La femelle a continué à rôder autour du corps, la queue basse. Je suis retourné voir la dépouille quelques heures plus tard : elle était entièrement ensevelie.
Avais-je assisté à l’enterrement d’un renard ? J’ai eu l’impression que la femelle essayait d’ensevelir le mort. Ses actes et son attitude reflétaient sans aucun doute la tristesse et la peine. J’ai eu la chance d’assister à ce spectacle. Une bonne part de ce qui se produit dans la vie complexe des animaux échappe à nos regards, et c’est quelque chose que nous ne pourrons jamais recréer en laboratoire. Alors, lorsqu’on a la chance d’observer les animaux à l’œuvre, c’est un événement merveilleux qui en dit long sur leurs sentiments intimes. »
Les éléphants sont célèbres pour la manière dont ils traitent leurs morts :
« Cynthia Moss passa de nombreuses années à observer les éléphants africains, elle écrit : « Un éléphant âgé décéda. Tout le groupe social fit arrêt et encercla leur compagnon défunt. Ils le touchèrent de leur trompe puis marchèrent lentement autour du cadavre. Ils s’arrêtaient un instant puis recommençaient leur cérémonial. Finalement ils récupérèrent des branches et de la végétation qu’il déposèrent autour et sur le cadavre. »
Jadis on croyait que les éléphants s’en allaient mourir dans leur cimetière ce qui d’après C. Moss est entièrement erroné. Toutefois au terme de longues observations, elle est convaincue que ces animaux ont un certain concept de la mort. Ils ont le plus grand intérêt pour les ossements de leurs congénères mais pas pour ceux des autres espèces animales. En présence d’ossements d’éléphants, ils les touchent de leur trompe, les retournent et parfois même les transportent pour les déposer ailleurs. Ils ont un intérêt tout particulier pour les défenses et le crâne de leurs congénères défunts. »
Source : La communication et l'intelligence chez les animaux ou Smart faune, Jean-Pierre Jost
- L'animal est-il un philosophe ? : poussins kantiens et bonobos aristotéliciens, Yves Christen
- Révolutions animales : comment les animaux sont devenus intelligents, Eric Baratay, Marc Bekoff, Gilles Boeuf...
Bonne journée
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