Question d'origine :
Bonjour,
Sous quelle juridiction était Tours en 1239? Quelles étaient les démarches pour pouvoir vendre sur les marchés et foires de Tours?
Merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 26/09/2017 à 12h21
Bonjour,
En raison des sources que nous avons trouvées, pour vous répondre nous partirons de la situation du générale des marchands au Moyen-Age pour aller plus précisément sur la région qui vous intéresse.
Si l'on doit compter à partir des XIIe et XIIIe siècles avec une distinction plus grande entre marchés hebdomadaires, marchés annuels et grandes foires, la dimension locale est cependant toujours demeurée importante. Même épisodiques, les grandes foires, comme les marchés plus petits, restaient pour le marchand une source de produits proches et d'informations régionales et personnelles. On n'insiste peut-être pas suffisamment sur le fait que les foires, quand elles fonctionnent en système et "à calendrier continu", renforcent ou ruinent, par la réputation, l'influence d'un marchand ou d'une compagnie. [...] Même s'il ne s'agit pas là d'une spécificité marchande, l'amélioration des voies de circulation fut cependant essentielle au grand et au petit commerce. Derrière le transport, il ne faut pas seulement imaginer le déplacement lointain d'un Marco Polo, mais les quelques kilomètres qui font sortir de la ville ou de la seigneurie. [...] C'est en tout cas sur les marchés que se rencontrent économie locale et économie lointaine, que s'échangent les produits, mais aussi qu'évoluent et que s'évaluent les groupes sociaux. En outre, , c'est par le marché que le marchand rencontre l'étranger, qu'il entre au contact des pouvoirs, se frotte aux droits et aux coutumes (péages, conduits, procédures juridiques.)
Source : article "Marchands" du Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval
Les cycles des marchés (importance et rythmes) au XIIe siècle ont grandement influencé la naissance d'un droit de marché (paix de marché) et du droit urbain en général, favorisant la naissance d'associations marchandes, d'instance de contrôle (gardes de foires en Champagne) et d'une réglementation générale de la vie économique. Le droit de marché a finalement conduit à l'établissement de monopoles, dont le mieux connu et le plus répandu était le droit d'étape (l’obligation de vendre certaines denrées dans des endroits spécifiques, parfois à des moments spécifiques) ou encore l'obligation de faire passer les transactions par l'intermédiaire de courtiers locaux)
Pour en savoir plus : article "Commerce" du Dictionnaire du Moyen Age
Nous vous invitons à consulter les quelques documents suivants sur la création et l'organisation des marchés hebdomadaires :
La création des marché hebdomadaires / Isabelle Theiller
L’économie de marchés au Moyen Age. Quelques approches de médiévistes sur le marché
Villes, marchés et marchands au Moyen Age / Henri Pirenne (Lecture gratuite mais nécessité de s'enregistrer)
Droit d'étape
Nous vous proposons quelques pistes afin d'être plus précis géographiquement :
La Touraine est une des anciennes provinces de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones, dont elle tire son nom. Les comtes d'Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d'une reprise capétienne séculaire, Philippe-Auguste s'impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine (et pas seulement la portion de la ville de Saint Martin de Tours) et quelques places fortes est sous l'égide de la maison royale de France.
La Touraine est possédée par la maison d'Anjou, qui, par sa branche aînée Plantagenêt, va cumuler les terres sous l'imperium du royaume d'Angleterre. Henri II se révèle, d'après les archives, un bienfaiteur pour la Touraine. Partout, une administration régulière et mesurée entreprend d'étendre, de consolider ou d'agrandir les levées, n'hésite pas à construire les ponts nécessaires en pierre. Le souverain protège et développe Tours. Ses enfants, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, vivent une époque troublée, accablée de guerres. Le dernier tue le duc Artus Ier de Bretagne, allié de la France à qui devait revenir la Touraine. Victorieux sur la maison d'Anjou-Plantagenêt, le roi de France, Philippe Auguste, impose une occupation militaire au terme des conquêtes, nommant en 1204, Guillaume des Roches, seigneur de Rochecorbon, sénéchal héréditaire de Touraine. Il faut attendre le traité de Chinon, en 1214, pour que Jean sans Terre abandonne ses droits.
Source : Wikipedia : Comté d'Anjou
A la rivalité qui opposait en Touraine les comtes de Blois à ceux d'Anjou succède l'opposition entre les Angevins et les rois capétiens. Celle-ci se termine par la volonté de Philippe Auguste d'expulser de Tours les Plantagenêt. Le roi de France prend la ville en 1189 mais la reperd au profit de Richard Coeur de Lion cinq ans plus tard. tours ne devient définitivement "française" qu'en 1203, mais la ville est dévastée et mettra plusieurs années à se relever. Suit une période de troubles et de rivalités entre droits du Roi, du comte et de l'archevêque.
Source : Tours, éditions Bonneton
Il pourrait être utile (indispensable ?) de voir les collections patrimoniales de la bibliothèque ou les archives municipales de Tours, voire les archives départementales d’Indre-et-Loire.
Bibliographie complémentaire
Les foires dans la France médiévale / Henri Dubois (article dans Genèse des marchés)
Histoire de la Touraine / Pierre Leveel (panorama très général de la région)
Le travail au Moyen Age (intéressant car montre les évolutions des marchés de villages ou de villes, la montée en puissance des foires au XIIe siècle)
Atlas historique des provinces et régions de France
Bonnes recherches !
En raison des sources que nous avons trouvées, pour vous répondre nous partirons de la situation du générale des marchands au Moyen-Age pour aller plus précisément sur la région qui vous intéresse.
Si l'on doit compter à partir des XIIe et XIIIe siècles avec une distinction plus grande entre marchés hebdomadaires, marchés annuels et grandes foires, la dimension locale est cependant toujours demeurée importante. Même épisodiques, les grandes foires, comme les marchés plus petits, restaient pour le marchand une source de produits proches et d'informations régionales et personnelles. On n'insiste peut-être pas suffisamment sur le fait que les foires, quand elles fonctionnent en système et "à calendrier continu", renforcent ou ruinent, par la réputation, l'influence d'un marchand ou d'une compagnie. [...] Même s'il ne s'agit pas là d'une spécificité marchande, l'amélioration des voies de circulation fut cependant essentielle au grand et au petit commerce. Derrière le transport, il ne faut pas seulement imaginer le déplacement lointain d'un Marco Polo, mais les quelques kilomètres qui font sortir de la ville ou de la seigneurie. [...] C'est en tout cas sur les marchés que se rencontrent économie locale et économie lointaine, que s'échangent les produits, mais aussi qu'évoluent et que s'évaluent les groupes sociaux. En outre, , c'est par le marché que le marchand rencontre l'étranger, qu'il entre au contact des pouvoirs, se frotte aux droits et aux coutumes (péages, conduits, procédures juridiques.)
Source : article "Marchands" du Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval
Les cycles des marchés (importance et rythmes) au XIIe siècle ont grandement influencé la naissance d'un droit de marché (paix de marché) et du droit urbain en général, favorisant la naissance d'associations marchandes, d'instance de contrôle (gardes de foires en Champagne) et d'une réglementation générale de la vie économique. Le droit de marché a finalement conduit à l'établissement de monopoles, dont le mieux connu et le plus répandu était le droit d'étape (l’obligation de vendre certaines denrées dans des endroits spécifiques, parfois à des moments spécifiques) ou encore l'obligation de faire passer les transactions par l'intermédiaire de courtiers locaux)
Pour en savoir plus : article "Commerce" du Dictionnaire du Moyen Age
Nous vous invitons à consulter les quelques documents suivants sur la création et l'organisation des marchés hebdomadaires :
La création des marché hebdomadaires / Isabelle Theiller
L’économie de marchés au Moyen Age. Quelques approches de médiévistes sur le marché
Villes, marchés et marchands au Moyen Age / Henri Pirenne (Lecture gratuite mais nécessité de s'enregistrer)
Droit d'étape
Nous vous proposons quelques pistes afin d'être plus précis géographiquement :
La Touraine est une des anciennes provinces de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones, dont elle tire son nom. Les comtes d'Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d'une reprise capétienne séculaire, Philippe-Auguste s'impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine (et pas seulement la portion de la ville de Saint Martin de Tours) et quelques places fortes est sous l'égide de la maison royale de France.
La Touraine est possédée par la maison d'Anjou, qui, par sa branche aînée Plantagenêt, va cumuler les terres sous l'imperium du royaume d'Angleterre. Henri II se révèle, d'après les archives, un bienfaiteur pour la Touraine. Partout, une administration régulière et mesurée entreprend d'étendre, de consolider ou d'agrandir les levées, n'hésite pas à construire les ponts nécessaires en pierre. Le souverain protège et développe Tours. Ses enfants, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, vivent une époque troublée, accablée de guerres. Le dernier tue le duc Artus Ier de Bretagne, allié de la France à qui devait revenir la Touraine. Victorieux sur la maison d'Anjou-Plantagenêt, le roi de France, Philippe Auguste, impose une occupation militaire au terme des conquêtes, nommant en 1204, Guillaume des Roches, seigneur de Rochecorbon, sénéchal héréditaire de Touraine. Il faut attendre le traité de Chinon, en 1214, pour que Jean sans Terre abandonne ses droits.
Source : Wikipedia : Comté d'Anjou
A la rivalité qui opposait en Touraine les comtes de Blois à ceux d'Anjou succède l'opposition entre les Angevins et les rois capétiens. Celle-ci se termine par la volonté de Philippe Auguste d'expulser de Tours les Plantagenêt. Le roi de France prend la ville en 1189 mais la reperd au profit de Richard Coeur de Lion cinq ans plus tard. tours ne devient définitivement "française" qu'en 1203, mais la ville est dévastée et mettra plusieurs années à se relever. Suit une période de troubles et de rivalités entre droits du Roi, du comte et de l'archevêque.
Source : Tours, éditions Bonneton
Il pourrait être utile (indispensable ?) de voir les collections patrimoniales de la bibliothèque ou les archives municipales de Tours, voire les archives départementales d’Indre-et-Loire.
Bibliographie complémentaire
Les foires dans la France médiévale / Henri Dubois (article dans Genèse des marchés)
Histoire de la Touraine / Pierre Leveel (panorama très général de la région)
Le travail au Moyen Age (intéressant car montre les évolutions des marchés de villages ou de villes, la montée en puissance des foires au XIIe siècle)
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Bonnes recherches !
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