Question d'origine :
Bonjour,
Dans une émission de La Grande Table, sur France Culture, le 11 juillet 2017, était invité, entre autres, Olivier Py : https://www.franceculture.fr/emissions/ ... du-theatre
Il évoque en début d'émission la gratuité du feuilleton théâtral auquel Christine taubira a participé (à partir de la 5e minute) et cite indirectement Alain Badiou qui aurait forgé l'idée que "la gratuité confèrerait de la valeur"
Après une recherche rapide dans ma bibliothèque et sur les internets, je n'ai pas trouvé de référence évoquant cette idée.
Votre équipe de philosophes peut-elle m'en dire plus ?
Merci à vous !
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 22/09/2017 à 14h21
Bonjour,
En écoutant l’émission que vous évoquez, La Grande Table, France-Culture, 11 juillet 2017, on entend effectivement Olivier Py déclarer : « C’est Alain Badiou qui a imaginé que la gratuité confèrerait de la valeur ».
Dans les différents ouvrages de Badiou que nous avons pu consulter, nous n’avons pas trouvé de phrase alliant explicitementgratuité et valeur . Cependant, cette idée n’est pas étrangère à la philosophie et à l’engagement politique de l’auteur. A de nombreuses reprises il évoque les biens communs intellectuels et la nécessité de leur gratuité.
Dans son ouvrage publié en 2007,De quoi Sarkozy est-il le nom ? au chapitre 3, Point 3 intitulé "La science qui est intrinsèquement gratuite l’emporte absolument sur la technique, même et surtout profitable ", on peut lire, p. 63-64 : « Il élabore, notre président, une ontologie du profit : ce qui n’a pas de profitabilité n’a pas de raison d’être, et si quelques hurluberlus continuent à être attachés à des activités mentales gratuites, qu’ils se débrouillent tout seuls, ils n’auront pas un sou !
Tenir ce point signifie que ce qui a une valeur universelle, et donc soutient une relation avec les vérités dont l’humanité est capable, n’est pas du tout homogène à ce qui a une valeur marchande. Il est tout à fait important que ce qui a une valeur universelle soit mis à sa place, la première, et honoré comme tel. (…) C’est la même chose pour les sciences. Ce qui relève, quoiqu’à la fois difficile et lumineux, de la gratuité essentielle de l’activité pensante, doit être soutenu et honoré dans son essence même, contre la norme de la technicité profitable. »
Le « feuilleton théâtral » de Christiane Taubira, On aura tout, avait eu un précédent, en 2015, quand La République de Platon revue par Badiou, avait été donnée lors du Festival d’Avignon, tous les jours à midi au jardin Ceccano, Olivier Py étant le directeur du Festival d’Avignon.
Voilà ce que l’on peut lire sur le site de laSNCF , partenaire de l’évènement :
« Tous les jours, plusieurs centaines de personnes se pressaient pour entendre résonner ce texte vieux de 25 siècles, réécrit par Alain Badiou. “La gratuité pour La République a donné de la valeur au spectacle” s’est félicité le philosophe. »
Sur le site de l’Institut Français d’Athènes , vous trouverez le texte de « La philosophie et la jeunesse du monde », conférence prononcée par Alain Badiou en 2009. L’idée de la gratuité conférant de la valeur nous semble y être bien énoncée :
« Contre le corps méritant, qui utilise le savoir, la connaissance, pour mieux se disposer dans la carrière, le recours du sujet réside dans la gratuité de l’invention intellectuelle véritable, dans les joies gratuites de la science et de l’art, dans l’insubordination de l’idée à l’univers monétaire de la technique. »
Bonnes lectures !
En écoutant l’émission que vous évoquez, La Grande Table, France-Culture, 11 juillet 2017, on entend effectivement Olivier Py déclarer : « C’est Alain Badiou qui a imaginé que la gratuité confèrerait de la valeur ».
Dans les différents ouvrages de Badiou que nous avons pu consulter, nous n’avons pas trouvé de phrase alliant explicitement
Dans son ouvrage publié en 2007,
Tenir ce point signifie que ce qui a une valeur universelle, et donc soutient une relation avec les vérités dont l’humanité est capable, n’est pas du tout homogène à ce qui a une valeur marchande. Il est tout à fait important que ce qui a une valeur universelle soit mis à sa place, la première, et honoré comme tel. (…) C’est la même chose pour les sciences. Ce qui relève, quoiqu’à la fois difficile et lumineux, de la gratuité essentielle de l’activité pensante, doit être soutenu et honoré dans son essence même, contre la norme de la technicité profitable. »
Le « feuilleton théâtral » de Christiane Taubira, On aura tout, avait eu un précédent, en 2015, quand La République de Platon revue par Badiou, avait été donnée lors du Festival d’Avignon, tous les jours à midi au jardin Ceccano, Olivier Py étant le directeur du Festival d’Avignon.
Voilà ce que l’on peut lire sur le site de la
« Tous les jours, plusieurs centaines de personnes se pressaient pour entendre résonner ce texte vieux de 25 siècles, réécrit par Alain Badiou. “La gratuité pour La République a donné de la valeur au spectacle” s’est félicité le philosophe. »
Sur le site de l’
« Contre le corps méritant, qui utilise le savoir, la connaissance, pour mieux se disposer dans la carrière, le recours du sujet réside dans la gratuité de l’invention intellectuelle véritable, dans les joies gratuites de la science et de l’art, dans l’insubordination de l’idée à l’univers monétaire de la technique. »
Bonnes lectures !
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