Cage escaliers lyon croix-rousse
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 18/09/2017 à 19h01
967 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Pourquoi les cages d'escalier sont ouvertes dans le quartier de La croix rousse à Lyon ?
Merci
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 20/09/2017 à 07h20
Bonjour,
Nous avons contacté l’Association Renaissance du Vieux Lyon et leur service « Le sésame du Vieux-Lyon.» C‘est un outil destiné au grand public où chacun peut poser toute question d'ordre documentaire ou relative à une information historique ou patrimoniale sur les quartiers du Vieux-Lyon. Nous les remercions pour leur réponse détaillée :
La personne doit sans doute s’étonner devant le fait que de nombreuses montées d’escaliers lyonnaises restent ouvertes aux quatre vents. Il me semble qu’il en a toujours été ainsi.
Les escaliers des quartiers les plus anciens (le Vieux-Lyon) sont construits en spirale (escaliers en vis) dans des tours élevées dans les cours des « maisons ». Ces montées d’escaliers, éclairées et aérées par des ouvertures, desservaient les deux corps de logis : celui donnant sur la rue, celui donnant sur la cour.
À chaque étage, une galerie (ou loggia), également ouverte, reliait l’escalier à l’un des corps de logis, pour permettre aux habitants éloignés de la montée d’escaliers d’accéder à leur appartement.
Tours d’escaliers et galeries étaient, à l’origine, la propriété d’une famille qui, tout en occupant l’étage noble, louait les autres étages aux autres habitants.
Au XIXe siècle, avec le déclin du Vieux-Lyon, le mode de propriété a évolué vers ce que nous appelons aujourd’hui la copropriété, et des réaménagements ont pu être faits, les nouveaux habitants prenant souvent l’habitude de s’attribuer la loggia conduisant à leur logement pour en faire une pièce supplémentaire, n’hésitant pas à fermer celle-ci par un mur, lui-même flanqué d’ouvertures.
Après la loi Malraux (1962) et la création des secteurs sauvegardés (1964), les « maisons » du Vieux-Lyon ont peu à peu été restaurées. Beaucoup d’entre elles ont retrouvé leur aspect originel, les tours d’escaliers et les loggias se voyant ré-ouvertes.
D’autres ont conservé les transformations opérées par les nouveaux propriétaires, ce qui fait qu’aujourd’hui les deux modèles co-existent.
Les immeubles de la Croix-Rousse, essentiellement construits à partir du XIXe siècle (sauf, bien entendu, les « maisons » qui longent les « montées » historiques, comme celle de la Grande-Côte, et qui sont les véritables « sœurs » de celles du Vieux-Lyon) présentent des montées d’escaliers à volées droites. Ces montées d’escaliers, apparues dès le XVIIe siècle dans le Vieux-Lyon, ont la particularité d’être plus commodes et mieux adaptées aux usages « modernes » que les montées d’escaliers en vis.
La plupart d’entre elles sont également ouvertes, l’une des plus célèbres (sinon la plus célèbre) étant sans conteste la montée d’escaliers de l’immeuble des « Voraces ».
Le fait de laisser ainsi « ouvertes » ces parties communes fait peut-être partie d’une singularité de Lyon, ville à la fois du midi et du nord, soumise à des changements importants de température d’une saison à la suivante.
Aérer et faire pénétrer la lumière dans un tissu urbain particulièrement dense, donc propice à la diffusion de toutes sortes de maladies, est probablement une bonne explication de cette façon de faire.
Ce mode de construction n’est pas seulement propre aux escaliers. Ainsi, lorsque Pierre-Louis Baltard construit le nouveau palais de Justice sur les bords de la Saône, il ne prévoit pas de fermer la salle des pas perdus, qui fut d’abord un immense espace ouvert aux quatre vents. La pose de baies ne se fera que plus tard.
De même, les Halles de la Martinière furent-elles, à l’origine, des édifices très largement « ouverts » avant de se voir murés.
L’actuelle restauration invente un compromis, les murs bâtis entre les colonnes étant remplacés par du verre, qui protège des courants d’airs et laisse passer le jour.
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