travail en famille-travail dans une entreprise familiale
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 18/09/2017 à 17h35
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Question d'origine :
Bonjour
je recherche les écrits sur les relations de travail lorsque l'on travaille en famille ou lorsque l'on travaille dans une entreprise familiale : quelles sont les précautions à prendre pour éviter les conflits, les bonnes pratiques pour articuler vie perso - vie pro, les impacts sur les relations perso quand on travaille en famille ...
Plutôt du point de vue des relations, risque de conflits, différences de générations et non pas le côté gestion du patrimoine et des aspects financiers.
Je suis davantage intéressée par les PME - TPE que par les retours des familles de grands groupes (Peugeot, ..)
merci pour votre aide dans cette recherche.
Isabelle PRIOL
Psychologue du travail
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 20/09/2017 à 12h45
Bonjour,
L’ouvrage Travailler en famille avec plaisir : bien vivre et réussir sa carrière en entreprise familiale par Anne Juvanteny devrait tout spécialement vous intéresser car, tout en exposant des situations complexes, il aide à différencier liens hiérarchiques et familiaux, décisions managériales avec conflit de valeur ou relationnels.
Vous pourrez prendre connaissance du contenu via google livres qui en publie quelques extraits.
Dans une moindre mesure, vous pouvez aussi parcourir La gouvernance de l'entreprise familiale: 77 conseils pratiques aux administrateurs, actionnaires et dirigeants par Pascal Viénot,Christine Blondel,Thierry Colatrella,Serge Gautier,Agnès Touraine
Vous trouverez dans la presse, consultable via Europresse, de nombreux retours d’exppérience.
Calérie Chrzavzez dans l’article « Entreprise familiale. Plus d'avantages que d'inconvénients », publié dans Transport Info, no. No 506, 2016 explique ainsi que « Dans de nombreuses entreprises de transport on travaille en famille. Les parents ont lancé l'affaire et les nouvelles générations, souvent plus diplômées et mieux formées, prennent le relais dans des sociétés qui se sont développées. Mais si les transporteurs aiment tant travailler en famille, c'est aussi pour partager leur passion. »
Et rapporte différents cas dont celui de Stéphane Rychter, « transporteur en moins de 3,5 tonnes à Tigy (45) depuis 1991. Son entreprise, qui porte son nom, emploie 14 personnes, dont trois membres de sa famille. C'est sa femme Roseline qui a été la première à être embauchée comme conductrice. "L'avantage c'est que nous avons pu adapter son emploi du temps afin que nos trois fils n'aillent pas chez une assistante maternelle." Des enfants aujourd'hui âgés de 13, 22 et 25 ans. L'aîné, Jordy, a toujours voulu travailler dans le transport. S'il a commencé chez un transporteur pour qui il s'occupait de logistique, il a très vite saisi l'opportunité de rejoindre son père dans l'entreprise familiale. Le cadet, Adrien, n'avait pas envisagé d'exercer une activité dans le transport. Bon élève, passionné d'informatique, il avait prévu de faire une école d'ingénieur en alternance, mais n'ayant pas trouvé d'entreprise d'accueil, il a opté pour le plan B consistant, au moins pour un temps, à travailler avec ses parents, pour le plus grand bonheur de son père. Pour impliquer et motiver ses enfants, Stéphane Rychter est en train de modifier les statuts de la société afin de les faire entrer au capital. "Je garde tout de même la majorité", précise-t-il. A 45 ans, le patron pense déjà à sa succession et voit en son aîné le candidat idéal. Mais d'ici là, Stéphane Rychter se félicite de pouvoir désormais partir en vacances l'esprit tranquille, en laissant son fils à la barre. Pour lui, travailler en famille est un bonheur. "On se voit tous les jours, on s'entend très bien, même si de temps en temps on s'engueule." Il n'y aurait donc que des avantages ? "Certes si l'entreprise allait mal on serait quatre à se retrouver au chômage... mais cela fait 25 ans que cela fonctionne, j'espère que cela durera."
DES ENFANTS REPRENEURS PLUS DIPLÔMÉS
Les frères Panon, Jean-Paul et Philippe, fils de transporteurs, étaient trop jeunes pour succéder à leur père lorsqu'en 1988 celui-ci a vendu son affaire de 100 personnes pour prendre sa retraite. Alors, en 1995, Jean-Paul Panon crée Orléans Transports seul, mais avec l'idée que son frère, de 11 ans son cadet, chauffeur routier, le rejoigne rapidement. Dix mois plus tard, c'était fait. "Nous faisions principalement de l'international avec l'Allemagne. Mais ça c'était avant. Les Polonais, Bulgares et Lituaniens nous ont pris ces trafics. On s'est adaptés." Aujourd'hui Orléans Transports, ce sont 32 salariés, dont les deux fils de Jean-Paul. Des enfants dont le patron autodidacte annonce fièrement le pedigree "bac 5 en transport". Richard, l'aîné, a commencé sa carrière en Grande-Bretagne, chez Damco. "Quand on se voyait, on évoquait souvent la possibilité de faire quelque chose ensemble." Ce sera chose faite en avril 2010. Après quatre ans outre-Manche, Richard revient en France, passe ses permis et prend la tête de l'exploitation d'Orléans Transports. Jean-Paul Panon s'en félicite
(…)
Et c'est là que Grégoire, le deuxième fils de Jean-Paul Panon, est appelé en renfort. Il quitte le transporteur chez qui il travaillait pour faire profiter l'entreprise familiale de ses compétences et devient responsable de la messagerie palettisée. En 2013, Jean-Paul Panon a fait rentrer "les jeunes" dans le capital de l'entreprise en créant une holding et en leur distribuant 33 % de parts à chacun. "La succession est assurée. Maintenant, c'est leur boîte, ça les motive", se félicite le patriarche qui dit ne pas leur avoir forcé la main. "Je leur ai proposé de me rejoindre, mais ce sont eux qui ont décidé, il n'y avait rien d'obligatoire." Jean-Paul Panon ne voit que des avantages à travailler en famille. "C'est plus facile de dire les choses et nous sommes complémentaires. Ils ont apporté leurs connaissances qui s'ajoutent à mon expérience. Cela a été très bénéfique pour l'entreprise qui a réalisé 4,8 millions d'euros de CA en 2015." 70 % en location de véhicules avec chauffeur et lot complet, 20 % en messagerie et 10 % en stockage. Quant à Philippe, il est toujours dans l'entreprise, "c'estl'homme qui sait tout faire. Quand il y a un problème, il intervient. Il adore rouler, mais remplace aussi les absents durant les vacances et est responsable de la partie technique et des contrôles des 24 tracteurs, 47 semi et 2 porteurs"...
QUAND ON Y EST NÉ, ON Y RESTE
L'histoire des Transports Peixoto et fils à Saint-Vincent-de-Tyrosse commence avec Manuel qui crée son entreprise en 1991. S'il a depuis pris sa retraite, le patriarche est toujours président de son entreprise qui fait, ou a fait travailler, un certain nombre de membres de sa famille. A commencer par son épouse Maria qui a été chauffeur de VUL, puis ce fut au tour de sa fille aînée Sylvie. Après avoir commencé sa carrière comme chef de cuisine, la jeune femme profite de la croissance de l'entreprise pour la rejoindre comme conducteur PL en 1995. "A l'époque il y avait peu de filles", se souvient son petit frère Frédéric qui, malgré ses dix ans de moins, a participé très tôt à la vie de l'entreprise. "Dès que j'ai eu 16 ans on m'a confié les facturations et la comptabilité. Je m'en occupais après mes cours. Comme mon père, portugais, n'était pas allé à l'école, il appréciait que je m'occupe de l'administratif." Son entrée officielle dans l'entreprise, Frédéric la fera à 18 ans, comme conducteur. (…)
L'ASPECT AFFECTIF EST PLUS FORT QU'AILLEURS
Et le fait de travailler en famille contribue à ce plaisir. Ce qui n'est pas toujours simple : "La frontière vie privée, vie professionnelle est mince, voire inexistante." Et les choses ne sont pas près de s'arranger puisque le jeune homme a trouvé l'amour dans l'entreprise. Frédéric Peixoto reconnaît aussi que c'est parfois plus compliqué de travailler avec des membres de sa famille qu'avec des collaborateurs. "Parce quand ça clashe, c'est au boulot, mais aussi à la maison. Quand mon père dit quelque chose, on ne sait jamais si c'est le père ou le patron qui parle. Et on dit les choses avec moins de diplomatie quand on s'adresse à la famille que lorsque c'est un collègue. Cela ne me choque pas, je n'ai rien connu d'autre, mais je comprends que vu de l'extérieur cela puisse surprendre." Aujourd'hui, chaque membre de la fratrie possède 20 % de l'entreprise, Manuel en a gardé 40 %. Quant à sa succession, les choses ont été décidées par le clan : "Ce sera moi", assure Frédéric Peixoto. "Il faudra que je démontre que je le mérite." En attendant que Manuel passe la main, les rôles ont été distribués de la manière suivante : "Je suis directeur commercial, mon frère dirige l'exploitation et ma soeur est directrice administrative. Nous avons tous en commun de vouloir pérenniser l'entreprise. Nous jouons collectif, pas personnel, il n'y a pas de compétition entre nous." Pour les autres salariés de l'entreprise, ce n'est pas toujours évident de trouver sa place au milieu de cette famille. "Quand on vient d'une entreprise normale, on nous prend parfois pour des fous, parce que mon père prend souvent des décisions comme un père. Dans notre entreprise l'aspect affectif est plus fort qu'ailleurs." …
LA FAMILLE, CE N'EST PAS UNE GARANTIE DE SUCCÈS
Travailler en famille n'est pas une martingale qui fonctionne à coup sûr. Il faut avant tout que cela soit un choix délibéré. La famille Lopez l'a appris à ses dépens. En 2008, Marcel Lopez et son épouse avaient pris la décision de racheter trois petites entreprises de transport avec comme objectif de travailler avec leur fille bac + 5 en transport et leur gendre louageur. Le problème c'est que le jeune couple avait d'autres projets et a préféré partir tenter l'aventure au bout du monde. Les parents se sont donc retrouvés avec leur entreprise sur les bras qu'ils ont fini par céder à leurs salariés. Ce qui devait être une aventure familiale s'est finalement soldé par une brouille de famille. »
Didier Bert, dans La Tribune (12 septembre 2017), présente les tribulations de « Baud Industries, l’union sacrée » :
« Je vous donne tout et je pars vivre dans le sud, parce que je dois être à au moins trois heures de l'entreprise pour ne pas venir vous casser les pieds », leur expliquera le père de famille. Il transfère ses actions à ses descendants, qui s'entendent pour nommer Lionel Baud PDG. Chacun garde sa direction transversale... tout en dirigeant une usine pour rester sur le terrain. Chaque site dispose d'une autonomie, renforcée par le fait qu'il est orienté vers un marché différent. De cette façon, « ce groupe a une capacité à aller chercher de nouveaux marchés, analyse André Montaud. Ils sont agiles au point d'être capables de prendre des décisions importantes en un jour. » Pour se coordonner, le secret de la fratrie réside dans le déjeuner du lundi. « C'est une ambiance de vestiaire de sport, décrit Lionel Baud. On se dit tout. Et quand on en sort, nous allons tous dans la même direction. » Si ce rendez-vous hebdomadaire est rituel, il n'a pas toujours lieu au même endroit. « On préfère changer parce que cela peut faire du bruit ! », rit Lionel Baud.
Cette union est le liant de la relation des trois frères qui transpire à tous les niveaux et leur permet d'avancer main dans la main. « Ils ont cette volonté de travailler ensemble, cette conscience qu'ensemble on est plus fort, observe Jérôme Akmouche, directeur du Syndicat national du décolletage (SNDEC). De plus, ils disposent de cette force de conserver cette proximité caractéristique des entreprises familiales, dans un groupe qui compte désormais plus de 500 personnes. » En 2000, Marcel Baud achève la transition. « On lui parlait au téléphone tous les matins, puis les appels se sont espacés », relate le PDG. Les trois frères sont désormais, seuls, aux commandes de l'entreprise. « Leur réussite tient au fait de savoir mettre en avant l'entreprise avant leur sort personnel, témoigne Guy Métral, lui-même président d'une entreprise de décolletage. On observe une vraie complicité entre eux. »
Nous vous laissons découvrir l'article L'entreprise familiale au coeur de la troisième révolution industrielle.
En guise de conclusion, nous vous suggérons deux ouvrages, plus généraux sur l’entreprise familiale (y compris les grands groupes)
L'entreprise familiale: un modèle pour l'avenir et pour tous Valérie Tandeau de Marsac, 2014.
Les 100 000 familles: Plaidoyer pour l’entreprise familiale Par Cyrille Chevrillon.
L’ouvrage Travailler en famille avec plaisir : bien vivre et réussir sa carrière en entreprise familiale par Anne Juvanteny devrait tout spécialement vous intéresser car, tout en exposant des situations complexes, il aide à différencier liens hiérarchiques et familiaux, décisions managériales avec conflit de valeur ou relationnels.
Vous pourrez prendre connaissance du contenu via google livres qui en publie quelques extraits.
Dans une moindre mesure, vous pouvez aussi parcourir La gouvernance de l'entreprise familiale: 77 conseils pratiques aux administrateurs, actionnaires et dirigeants par Pascal Viénot,Christine Blondel,Thierry Colatrella,Serge Gautier,Agnès Touraine
Vous trouverez dans la presse, consultable via Europresse, de nombreux retours d’exppérience.
Calérie Chrzavzez dans l’article « Entreprise familiale. Plus d'avantages que d'inconvénients », publié dans Transport Info, no. No 506, 2016 explique ainsi que « Dans de nombreuses entreprises de transport on travaille en famille. Les parents ont lancé l'affaire et les nouvelles générations, souvent plus diplômées et mieux formées, prennent le relais dans des sociétés qui se sont développées. Mais si les transporteurs aiment tant travailler en famille, c'est aussi pour partager leur passion. »
Et rapporte différents cas dont celui de Stéphane Rychter, « transporteur en moins de 3,5 tonnes à Tigy (45) depuis 1991. Son entreprise, qui porte son nom, emploie 14 personnes, dont trois membres de sa famille. C'est sa femme Roseline qui a été la première à être embauchée comme conductrice. "L'avantage c'est que nous avons pu adapter son emploi du temps afin que nos trois fils n'aillent pas chez une assistante maternelle." Des enfants aujourd'hui âgés de 13, 22 et 25 ans. L'aîné, Jordy, a toujours voulu travailler dans le transport. S'il a commencé chez un transporteur pour qui il s'occupait de logistique, il a très vite saisi l'opportunité de rejoindre son père dans l'entreprise familiale. Le cadet, Adrien, n'avait pas envisagé d'exercer une activité dans le transport. Bon élève, passionné d'informatique, il avait prévu de faire une école d'ingénieur en alternance, mais n'ayant pas trouvé d'entreprise d'accueil, il a opté pour le plan B consistant, au moins pour un temps, à travailler avec ses parents, pour le plus grand bonheur de son père. Pour impliquer et motiver ses enfants, Stéphane Rychter est en train de modifier les statuts de la société afin de les faire entrer au capital. "Je garde tout de même la majorité", précise-t-il. A 45 ans, le patron pense déjà à sa succession et voit en son aîné le candidat idéal. Mais d'ici là, Stéphane Rychter se félicite de pouvoir désormais partir en vacances l'esprit tranquille, en laissant son fils à la barre. Pour lui, travailler en famille est un bonheur. "On se voit tous les jours, on s'entend très bien, même si de temps en temps on s'engueule." Il n'y aurait donc que des avantages ? "Certes si l'entreprise allait mal on serait quatre à se retrouver au chômage... mais cela fait 25 ans que cela fonctionne, j'espère que cela durera."
DES ENFANTS REPRENEURS PLUS DIPLÔMÉS
Les frères Panon, Jean-Paul et Philippe, fils de transporteurs, étaient trop jeunes pour succéder à leur père lorsqu'en 1988 celui-ci a vendu son affaire de 100 personnes pour prendre sa retraite. Alors, en 1995, Jean-Paul Panon crée Orléans Transports seul, mais avec l'idée que son frère, de 11 ans son cadet, chauffeur routier, le rejoigne rapidement. Dix mois plus tard, c'était fait. "Nous faisions principalement de l'international avec l'Allemagne. Mais ça c'était avant. Les Polonais, Bulgares et Lituaniens nous ont pris ces trafics. On s'est adaptés." Aujourd'hui Orléans Transports, ce sont 32 salariés, dont les deux fils de Jean-Paul. Des enfants dont le patron autodidacte annonce fièrement le pedigree "bac 5 en transport". Richard, l'aîné, a commencé sa carrière en Grande-Bretagne, chez Damco. "Quand on se voyait, on évoquait souvent la possibilité de faire quelque chose ensemble." Ce sera chose faite en avril 2010. Après quatre ans outre-Manche, Richard revient en France, passe ses permis et prend la tête de l'exploitation d'Orléans Transports. Jean-Paul Panon s'en félicite
(…)
Et c'est là que Grégoire, le deuxième fils de Jean-Paul Panon, est appelé en renfort. Il quitte le transporteur chez qui il travaillait pour faire profiter l'entreprise familiale de ses compétences et devient responsable de la messagerie palettisée. En 2013, Jean-Paul Panon a fait rentrer "les jeunes" dans le capital de l'entreprise en créant une holding et en leur distribuant 33 % de parts à chacun. "La succession est assurée. Maintenant, c'est leur boîte, ça les motive", se félicite le patriarche qui dit ne pas leur avoir forcé la main. "Je leur ai proposé de me rejoindre, mais ce sont eux qui ont décidé, il n'y avait rien d'obligatoire." Jean-Paul Panon ne voit que des avantages à travailler en famille. "C'est plus facile de dire les choses et nous sommes complémentaires. Ils ont apporté leurs connaissances qui s'ajoutent à mon expérience. Cela a été très bénéfique pour l'entreprise qui a réalisé 4,8 millions d'euros de CA en 2015." 70 % en location de véhicules avec chauffeur et lot complet, 20 % en messagerie et 10 % en stockage. Quant à Philippe, il est toujours dans l'entreprise, "c'estl'homme qui sait tout faire. Quand il y a un problème, il intervient. Il adore rouler, mais remplace aussi les absents durant les vacances et est responsable de la partie technique et des contrôles des 24 tracteurs, 47 semi et 2 porteurs"...
QUAND ON Y EST NÉ, ON Y RESTE
L'histoire des Transports Peixoto et fils à Saint-Vincent-de-Tyrosse commence avec Manuel qui crée son entreprise en 1991. S'il a depuis pris sa retraite, le patriarche est toujours président de son entreprise qui fait, ou a fait travailler, un certain nombre de membres de sa famille. A commencer par son épouse Maria qui a été chauffeur de VUL, puis ce fut au tour de sa fille aînée Sylvie. Après avoir commencé sa carrière comme chef de cuisine, la jeune femme profite de la croissance de l'entreprise pour la rejoindre comme conducteur PL en 1995. "A l'époque il y avait peu de filles", se souvient son petit frère Frédéric qui, malgré ses dix ans de moins, a participé très tôt à la vie de l'entreprise. "Dès que j'ai eu 16 ans on m'a confié les facturations et la comptabilité. Je m'en occupais après mes cours. Comme mon père, portugais, n'était pas allé à l'école, il appréciait que je m'occupe de l'administratif." Son entrée officielle dans l'entreprise, Frédéric la fera à 18 ans, comme conducteur. (…)
L'ASPECT AFFECTIF EST PLUS FORT QU'AILLEURS
Et le fait de travailler en famille contribue à ce plaisir. Ce qui n'est pas toujours simple : "La frontière vie privée, vie professionnelle est mince, voire inexistante." Et les choses ne sont pas près de s'arranger puisque le jeune homme a trouvé l'amour dans l'entreprise. Frédéric Peixoto reconnaît aussi que c'est parfois plus compliqué de travailler avec des membres de sa famille qu'avec des collaborateurs. "Parce quand ça clashe, c'est au boulot, mais aussi à la maison. Quand mon père dit quelque chose, on ne sait jamais si c'est le père ou le patron qui parle. Et on dit les choses avec moins de diplomatie quand on s'adresse à la famille que lorsque c'est un collègue. Cela ne me choque pas, je n'ai rien connu d'autre, mais je comprends que vu de l'extérieur cela puisse surprendre." Aujourd'hui, chaque membre de la fratrie possède 20 % de l'entreprise, Manuel en a gardé 40 %. Quant à sa succession, les choses ont été décidées par le clan : "Ce sera moi", assure Frédéric Peixoto. "Il faudra que je démontre que je le mérite." En attendant que Manuel passe la main, les rôles ont été distribués de la manière suivante : "Je suis directeur commercial, mon frère dirige l'exploitation et ma soeur est directrice administrative. Nous avons tous en commun de vouloir pérenniser l'entreprise. Nous jouons collectif, pas personnel, il n'y a pas de compétition entre nous." Pour les autres salariés de l'entreprise, ce n'est pas toujours évident de trouver sa place au milieu de cette famille. "Quand on vient d'une entreprise normale, on nous prend parfois pour des fous, parce que mon père prend souvent des décisions comme un père. Dans notre entreprise l'aspect affectif est plus fort qu'ailleurs." …
LA FAMILLE, CE N'EST PAS UNE GARANTIE DE SUCCÈS
Travailler en famille n'est pas une martingale qui fonctionne à coup sûr. Il faut avant tout que cela soit un choix délibéré. La famille Lopez l'a appris à ses dépens. En 2008, Marcel Lopez et son épouse avaient pris la décision de racheter trois petites entreprises de transport avec comme objectif de travailler avec leur fille bac + 5 en transport et leur gendre louageur. Le problème c'est que le jeune couple avait d'autres projets et a préféré partir tenter l'aventure au bout du monde. Les parents se sont donc retrouvés avec leur entreprise sur les bras qu'ils ont fini par céder à leurs salariés. Ce qui devait être une aventure familiale s'est finalement soldé par une brouille de famille. »
Didier Bert, dans La Tribune (12 septembre 2017), présente les tribulations de « Baud Industries, l’union sacrée » :
« Je vous donne tout et je pars vivre dans le sud, parce que je dois être à au moins trois heures de l'entreprise pour ne pas venir vous casser les pieds », leur expliquera le père de famille. Il transfère ses actions à ses descendants, qui s'entendent pour nommer Lionel Baud PDG. Chacun garde sa direction transversale... tout en dirigeant une usine pour rester sur le terrain. Chaque site dispose d'une autonomie, renforcée par le fait qu'il est orienté vers un marché différent. De cette façon, « ce groupe a une capacité à aller chercher de nouveaux marchés, analyse André Montaud. Ils sont agiles au point d'être capables de prendre des décisions importantes en un jour. » Pour se coordonner, le secret de la fratrie réside dans le déjeuner du lundi. « C'est une ambiance de vestiaire de sport, décrit Lionel Baud. On se dit tout. Et quand on en sort, nous allons tous dans la même direction. » Si ce rendez-vous hebdomadaire est rituel, il n'a pas toujours lieu au même endroit. « On préfère changer parce que cela peut faire du bruit ! », rit Lionel Baud.
Cette union est le liant de la relation des trois frères qui transpire à tous les niveaux et leur permet d'avancer main dans la main. « Ils ont cette volonté de travailler ensemble, cette conscience qu'ensemble on est plus fort, observe Jérôme Akmouche, directeur du Syndicat national du décolletage (SNDEC). De plus, ils disposent de cette force de conserver cette proximité caractéristique des entreprises familiales, dans un groupe qui compte désormais plus de 500 personnes. » En 2000, Marcel Baud achève la transition. « On lui parlait au téléphone tous les matins, puis les appels se sont espacés », relate le PDG. Les trois frères sont désormais, seuls, aux commandes de l'entreprise. « Leur réussite tient au fait de savoir mettre en avant l'entreprise avant leur sort personnel, témoigne Guy Métral, lui-même président d'une entreprise de décolletage. On observe une vraie complicité entre eux. »
Nous vous laissons découvrir l'article L'entreprise familiale au coeur de la troisième révolution industrielle.
En guise de conclusion, nous vous suggérons deux ouvrages, plus généraux sur l’entreprise familiale (y compris les grands groupes)
L'entreprise familiale: un modèle pour l'avenir et pour tous Valérie Tandeau de Marsac, 2014.
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